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BAUMERS (MARCELLIN) naquit à Lyon, en 1774. Placé, dans son enfance, chez un respectable ecclésiastique de sa famille, curé d'Ambronay, en Bugey, il y puisa sa première instruction, qu'il compléta au grand collége de Lyon. Le succès de ses études scolastiques était attesté par les prix qu'il remportait chaque année.

En 1792, Baumers, âgé de dix-huit ans, devait songer à embrasser une profession : il se détermina pour la médecine, présumant avec raison que son ardeur pour le travail lui ferait acquérir bientôt les connaissances que le titre de médecin impose. Ses prévisions ne furent pas trompées. A peine élève de l'HôtelDieu de Lyon, il se constitua professeur particulier d'anatomie, et parvint, au moyen des rétributions de ses jeunes condisciples, dont il dirigeait l'enseignement, non-seulement à soulager sa famille, peu aisée, du fardeau des dépenses que nécessitait son éducation médicale, mais encore à se ménager les moyens de continuer ses études à Paris.

Mais les grands et terribles évènements de la révolution française vinrent interrompre le cours méthodique et régulier de ses travaux. Requis, en qualité de chirurgien sous-aide, pour les hôpitaux militaires, il trouva un refuge à l'armée des Alpes. Cependant il ne perdait pas de vue le plan de conduite qu'il devait suivre, et réussit, en 1796, malgré les refus des inspecteurs-généraux, à se rendre à Paris, pour s'y livrer tout entier à l'étude de sa profession.

De retour à Lyon, Marcellin Baumers profita des leçons de Marc-Antoine Petit, grandit sous un tel maître, et fut admis, en 1798, comme élève-interne à l'Hôtel-Dieu. A cette époque, Xavier Bichat, Dubois, Boyer, Pinel, travaillaient à la restauration de l'école médico-chirurgicale de Paris. La célébrité de ces professeurs était devenue un aimant qui attirait de toutes parts les jeunes gens désireux d'apprendre. A peine guéri d'une maladie grave, Baumers retourna à Paris pour la troisième fois, afin de recueillir les paroles si fructueuses de ces illsutres savants. Il ne se délassait des travaux pénibles des amphithéâtres et des hôpitaux qu'en se livrant, soit à des études théoriques, médi

cales et littéraires, soit aux relations d'amitié qui s'étaient établies entre lui et trois hommes de mérite: Esparron, Bilon et Ampère. Leur caractère facile et sympathique les avait réunis dans une étroite et aimable union. C'est dans cette société choisie que Marcellin Baumers passa les plus beaux jours de sa vie.

En 1807, il soutint sa thèse, qui traitait des maladies aiguës considérées chez les femmes en couches, et débuta, à Lyon, dans la carrière de la pratique. Ses premiers pas furent marqués par des succès qui devaient s'accroître. Un typhus intense et meurtrier exerçait ses ravages dans la prison de St-Joseph: c'était en 1808. Baumers, qui avait reçu, dès la seconde année de son exercice, les titres de médecin des prisons et de médecin des épidémies, justifia sa nomination en se signalant autant par son courageux dévouement, que par son talent comme médecin.

Choisi comme examinateur des jeunes conscrits appelés au service militaire pendant la durée de l'Empire, il remplit ces fonctions difficiles avec une droiture à toute épreuve.

Environné de l'estime publique et de cette douce affection qu'inspiraient ses heureuses qualités personnelles, Baumers avait épousé la sœur de son ami, le docteur Bouchet; mais une mort prématurée lui enleva bientôt la compagne qu'il avait associée à ses projets d'avenir. Profondément frappé d'un coup si imprévu et si cruel, Baumers fut longtemps sans pouvoir reprendre le cours de ses travaux; mais enfin, homme du devoir, il reparut à son poste de médecin laborieux, dévoué et toujours digne de la confiance de ses concitoyens. Après huit années de veuvage, une seconde union lui rendit ce bonheur domestique qu'il n'avait fait qu'entrevoir.

Elu deux fois président de la Société de médecine, membre du Conseil de salubrité du Rhône et de celui de la ville, où sa place en qualité de médecin des épidémies était marquée, Baumers remplissait ses fonctions avec un zèle et une exactitude que les infirmités de ses dernières années n'avaient pu ralentir. Partout et toujours, il montrait dans les discussions un esprit d'équité qu'il poussait jusqu'au scrupule. Tout en soutenant avec chaleur la cause qu'il avait embrassée, il était plein d'égard pour les opinions opposées à la sienne. Jamais une expression malveillante ne se trouvait sur ses lèvres. La rivalité, l'envie,

toutes les passions basses, ne pouvaient avoir accès dans ce cœur généreux. Bon, affectueux, ignorant la haine, même envers ceux dont il aurait pu avoir à se plaindre dans le commerce de la vie, au milieu des déceptions qui lui avaient fait perdre une portion notable de ses économies, Baumers avait de nombreux amis; on ne lui connaissait point d'ennemis. Jugeant les hommes d'après la droiture qui lui était naturelle, il leur accordait une confiance facile : c'est à cette disposition de caractère que l'on doit rapporter quelques spéculations, dont les fàcheux résultats exercèrent une influence bien nuisible sur une santé déjà compromise par des affections morbides complexes, et des infirmités appartenant à une vieillesse prématurée. Baumers appréhendait pour la famille dont il était le chef un avenir embarrassé. On conçoit que chez un homme bon époux et bon père, de telles préoccupations devaient être une cause aggravante de la maladie. Vaincu par le mal, mais plein de résignation et ne faisant entendre que des paroles qui respiraient la sérénité de son àme, Baumers mourut le 2 septembre 1843, après avoir demandé et reçu, à son heure suprême, les consolations de la religion.

Ses funérailles appelèrent un concours considérable d'amis, de médecins, de notabilités de toutes les classes de la société et de ces pauvres qui sont pour le cercueil du médecin une si digne et si touchante escorte. M. Rougier, secrétaire-général de la Société de médecine, M. de Polinière, secrétaire du Conseil de salubrité du Rhône, M. Edouard Bouchet, furent, sur la tombe de Baumers, les organes de la douleur publique. Tous les trois mêlèrent à l'expression des regrets, celle des espérances que donne le fils aîné de Baumers, élève distingué de l'école de médecine lyonnaise. M. le docteur Candy a lu à la Société de médecine, le 22 janvier 1844, un éloge historique de Marcellin Baumers, qui produisit sur la compagnie une vive impression.

FIN.

NOTE.

Nous avons dit (page 466) qu'à l'Hôtel-Dieu de Paris, la mortalité était de 1 sur 4 3/4.

Avant la Révolution elle y était, suivant Tenon, de 1 sur 4 1/2. M. de Pastoret, dans son Rapport (1816), qui embrasse une période de dix années, du 1er janvier 1804 au 1er janvier 1814, affirme que pendant cette période, la mortalité a été de sur 4 100

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Mais, depuis 1816, elle a diminué d'une manière extrêmement remarquable, par l'effet des grandes améliorations hygiéniques qui font aujourd'hui de l'Hôtel-Dieu l'hôpital le plus salubre de tout Paris. Au fur et à mesure que l'on a poursuivi le plan de réforme et que l'on a multiplié les conditions de salubrité, on a vu la mort fuir, pour ainsi dire, devant les assainissements successifs.

Ainsi, en 1818, la mortalité était de .

En 1824, elle n'est plus que de.

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Et elle se maintient, depuis plusieurs années, dans la

proportion, chiffre moyen, de.

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1 sur 5,35

1 sur 7,11

1 sur 9,15

TABLE

SELON L'ORDRE DES MATIÈRES.

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