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jufqu'à préfent, on a exécuté, de part & d'autre, avec L'exactitude la plus fcrupuleufe, toutes les conditions de ce traité, dont les effets fe réduifent aux articles fui

vans.

I. Le grand nombre des chrétiens qui étoient tom bés en efclavage, a déjà vu fes fers fe brifer; tous fe préparent avec joie à revenir dans leur patrie, où ils feront à l'abri de tout danger.

II. Les Ruffes que le fort des armes avoit réduits à la captivité, ont été remis en liberté, & confiés aux foins du colonel Péterfon, notre chargé d'affaires à Constantinople.

III. Les habitans des duchés de Moldavie & de Valachie, qui profeffent la religion orthodoxe grecqueorientale, ont été réintégrés dans leurs anciens droits, libertés & privileges, & ont obtenu l'exemption de tous impôts ou tributs pendant l'efpace de deux années.

IV. Cette même religion orthodoxe, que nous pro feffons, fera protégée à l'avenir, fous la foi des traités dans les provinces où elle a pris naifance, par notre puiffance impériale, contre toute perfécution & vio

lence.

V. L'indépendance qui conftitue le nouvel état politique de la prefqu'ifle de Crimée, & en général de tous les Tartares, a été établie fur un fondement inbranlable , par le confentement folemnel de la PortaOttomane tout germe de difcorde entre cette puiflance & la Ruffie a été étouffé du côté de cette profqu'ifle, qui, plus d'une fois, a occafionné la guerre entrelles.

VI. Les frontieres de notre très chere patrie ne tou chent plus immédiatement le territoire de la Porte Ottomane: elles fe trouvent déformais à couvert de toures incurfions & invafions hoftiles, en cas que, par les décrets impénétrables du tout puiffant, il furvînt un jour quelque nouvelle guerre, contre nos vœux finceres, & nos véritables defirs, à l'occafion d'aucuns événemens imprévus & étrangers, que les foins & la prudence de l'homme ne peuvent toujours prévenir, mi détourner. VII. Il a été ouvert nos fideles fujets une nouvelle fource de richeffes, par la liberté de la navigation & du commerce; fur les mers blanche & noire; privilege dont aucun peuple de l'Europe n'a pu jufqu'ici se procurer la jouiffance, malgré tous les foins employés, & les grandes dépenfes faites pour l'obtenir.

VIII. Enfin, l'on a déjà vu flotter fur ces deux mersle pavillon ruffe : on lui a rendu des honneurs à Conftan

tinople événement glorieux dont les annales des deux empires ne fourniffent aucun exemple', & qui ne peut être attribué qu'aux victoires nombreufes & fignalées que nos troupes ont remportées pendant la derniere guerre.

Il eft inutile d'énumérer ici tous les autres avantages'. d'une paix dicée par le fuccès de nos armes. La feule le:ture du traité que nous avons ordonné de faire imprimer, afin qu'il fût connu de tout le monde, fera fentir toute l'étendue de nos foins maternels pour procurer le bienêtre de la patrie. Dans le commencement d'une guerre furvenue contre nos defirs, ces foins ne dirigecient contre nos ennemis toutes les forces & les moyens qu'il a plu à dieu de nous accorder, que pour obtenir une paix prompte, utile & glorieufe. Nos voeux, en cette occafion, fi conformes aux vues de la divine providen ce, qui ne cefle de veiller au bonheur & à l'accro:ffe. ment continuel de notre patrie, ont été exaucés. La droite du tout puiffant dirigeant partout nos braves & inuié pides armées, nous a enfin accordé cette paix avec des avantages fr grands & fi infignes, que nous ne peuvons en rendre d'affez ferventes actions de graces au feigneur, qui eft la fource de tout bien.

Il manquoit encore à l'entiere confirmation de la paix, conclue avec la Porte-Ottomane, une feule forma li: é mais indépendante des obligations réciproques qui, dès le jour même de la fignature du traité, ang commencé à être mifes à exécution, avec la bonne foi la plus rupuleufe. Cette formalité, qui n'eft qu'un cérể. monial d'ufage entre les puissances contractanres, confike dans une ratification folemnelle par les fouverains mêmes. Cette ratification a été accomplie de part & d'autre, & l'échange en a été fait à Conftantinople le 13 (24) du mois de Janvier dernier, avec des témoignages extraordinaires d'honneur, entre le colonel Péterfon, chargé de nos affaires, & le grand vifir même. Aiofi, la paix que nous avons conclue pour l'avantage, la gloi re & la sûreté de la patrie, étant à préfent affermie & exécutée dans tous fes points, il eft de notre devoir, & de celui de tous nos amés & fideles fujets, d'adreffer les prieres les plus ferventes à dieu tout-puissant; de lui rendre nos actions de graces, comme à la caufe unique du bonheur accordé à tout l'empire de Ruffie, & de lui demander fa protection toute puiffante, afin qu'il lui plaife de nous conferver déformais & pour toujours, dans fa fainte garde, & qu'il nous fasse jouir des doy:

= ceurs d'une paix & d'une tranquillité qui ne foir jamais troublée à l'avenir.

Afin de nous acquitter envers l'être fuprême de cette dette agréable & facrée, nous indiquons le-10 ( 21 ) du mois de Juillet prochain, afin que ce jour folemnel puiffe être célébré en même tems dans toutes les parties de notre empire. En conféquence, tous nos fideles fujets devront ce jour-là, joindre leurs voix & leurs cœurs aux nôtres, remplis d'une fainte ardeur, pour glorifier le nom de dieu, & implorer fes bontés à perpécuité.

Donné à Moscou le 17e. (28e. ) jour de Mars, l'an de grace 1775, & de notre regne le 13me.

L'original étoit figné de la main de S. Maj. Imp. Catherine.

Le second ukafe, de la même date que le précédent, eft conçu en ces termes.

Nous Catherine II &c. Lorfque, par la conduite de la: providence divine, nous fommes montées fur le trône de toutes les Ruffies, nous ne nous fommes proposé d'autre but que celui que nous diétoit notre penchant & notre defir de faire du bien, & nous n'avons conftamment eu en vue que de porter au plus haut degré de perfection le bonheur, tant de notre chere patrie en général, que celui de chacun de nos fideles fujets en particulier, dumoins autant que le permettoient les forces & le zele de l'homme; &, comme un tel deffein ne pouvoit qu'être agréable à dieu, & conforme à fa bonté envers les hom mes, il a daigné auffi le couronner toujours des fuccès. les plus defirables; ce que nous reconnoiffons du fond de notre cœur, au pied de fon trône, en lui rendant nos plus vives actions de graces.

Outre d'autres bienfaits innombrables que la bonté divine a répandus fur nous pendant tout le cours de no tre regne, il a plu enfin à l'ètre fuprême de mettre, pour ainfi dire, le sceau, à sa miféricorde particuliere envers nous, & de nous bénir, après une longue & trèsfâcheufe guerre, d'une paix des plus defirables, qui, nonfeulement a procuré une tranquillité ferme & folide à notre patrie, mais qui nous a comblés en même tems d'u ne gloire éclatante, acquife par les victoires les plus fignalées, & d'avantages tels que la Ruthe n'en a prefque jamais obtenu de pareils; enfin, qui nous a affuré auprès de tous les peuples de la terre, une confidération

méritée par la juftice de nos armes, & la valeur de notre armée.

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Quand nous confidérons ces voies par lefquelles i a plu a la divine providence de nous élever à un fi bam faire de gloire, nous trouvons qu'évidemment fon pou voir a daigné y intervenir d'une maniere pour ain dire, miraculeufe: & tous ceux qui fe rappelleront ces victoires qui, durant la derniere guerre, ont fait h confolation de la Ruffie & l'admiration de toute la terre, en devront fincerement convenir avec ¡nous.

Convaincues donc en notre confcience des grandes obli. gations que la bienfaisance du créateur nous a impofécs, ! nous jugeons qu'il eft pour nous d'un devoir indifpenfable de lui témoigner notre vive gratitude du fond de notre cœur, & avec fincérité. Mais comment la lui té. moignerons nous ? Ses propriétés & fon effence confif tent en fa bonté & fon amour envers les hommes ; &, pour nous fervir des expreffions de fa fainte parole, il veut de la miféricorde, & non des oblations.

C'eft par ce motif que nous avons réfolu de lui faire l'offrande de notre reconnoiffance, en accordant des gracés, des bienfaits, & des foulagemens à notre peuple, aux fils fideles & chéris de la patrie, afin qu'après avoir partagé avec nous les difficultés inévitables de la guerre, 'ils jouiffent également d'une portion des avantages que dieu nous a accordés par une paix des plus glorieufes. (L'énumération des graces & des bienfaits que l'impéra. ratrice répand fur fes fujets, fe trouve dans l'édit conte nant 47 articles, auquel cet ukafe eft relatif, & doni nous donnerons la traduction ci-dessous.)

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Par l'expofé des graces que nous accordons ainfi à no. are peuple, chacun pourra voir, combien grand eft l'amour maternel que nous portons à nos fideles sujets, puifque nous faifons attention jufqu'aux moindres cho fes qui peuvent fervir à leur foulagement; & ce, parce que nous mettons tout notre plaifir & notre unique bonheur à procurer à nos fujets une vie tranquille, abondante en toute forte de contentement.

&

En revanche auffi nous nous perfuadons que nos fideles & bien-aimés fils de la patrie, voyant des preuves de notre amour envers eux, fe joindront à nous de cœur & de bouche, pour rendre graces au tout puiffant, qui nous a bénis d'une paix fi glorieuse & fi utile, & qu'ils célebreront fes bienfaits avec des cœurs remplis d'une joie pure, invoquant en même tems fon faint fecours, afin qu'il daigne conflamment diriger toutes nos actions,

de façon qu'elles fervent toujours à fa plus grande gloire. Nous en attendant, de notre côté, afiurons tous nos fujets en général, & chacun d'eux en particulier de notre bienveillance maternelle & invariable.

Donné à Mofcou, le 17 (28) Mars de l'an de

grace 1775 & de notre regne le 13me.

L'original eft figné de la propre main de S. M. Imp. Catherine.

Détail des graces que S. M. I. accorde à fes fujets.

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ART. I. Les nobles ou gentilshommes qui fervent dans notre armée avec le grade d'officier fubalterne, feront traités à l'avenir, quant aux punitions qu'on leur infligera, de la même maniere que les officiers d'un gra de fupérieur.

ne

II. Aucun des bas officiers ou foldats qui forment les rangs dans nos armées de terre ou de mer, pourra à l'avenir être foumis aux peines du batog, du cofchki,

ы

f

car

ou

piness une fentcace prédia

ne point une fimple cor

rection, mais de véritables fupplices.

III. Nous ordonnons que la ration de gruaux qu'on diftribue aux foldats, fait augmentée d'un demi gaτεις ( 2 ).

IV. Nous voulons que toutes perfonnes d'état militaire, de quelque rang ou condition qu'elles foient, qui ont jufqu'ici volontairement déferté du fervice, reCoivent leur pardon, fi elles comparoiffent dans le cerme d'un an, ou de deux ans fi elles fe trouvent dans les pays étrangers, & fe préfentent à un de nos commandans; ordonnant de les, recevoir de nouveau à notre fervice, fans leur infliger aucune punition, après leur 9 avoir, de nouveau fait prêter ferment.

2

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1

Nous abrogeons & fupprimons dès ce moment tous les impôts dont la perception devoit ceffer a la conclufion de la paix, en vertu de notre très gracieufe pro

(1) Le fupplice du bato confifte en des bâtons fort minces & longs d'environ un pied & demi, avec lesquels ordinairement deux hommes frappent le patiens étendu par terre. Le cofchki eft une espece de fouet ou de verge armée de pointes de fer...

(2) Le garer eft une certaine mefure, fervant à diftribuer les rations aux foldats.`

AS

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