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mis le feu dans une très-grande maison, où il a péri avec fa femme & fes deux enfans. Le Sr. de Galifet, qui commande dans cette partie de la ville pour le roi de Sardaigne, occupoit la même maifon, & il y a perdu fes provifrons & fes meubles. Un grand nombre de charpentiers, que la construction d'un palais destiné à recevoir Mme. Clotilde fors de fon paffage en Savoie, y réunit actuellement, ont fait les plus grands & les plus heureux' efforts pour arrêter cet incendie.

Les états de la province de Bourgogne firent le 8 du mois dernier, à Dijon, l'ouverture de leurs féances. Cette affemblée, qui fe tient tous les trois ans, n'avoit jamais été fi nombreuse, ni fi brillante. Après les formalités ordinaires de la préfentation & de l'enregistrement de fes lettres de commiffion, le prince de Condé, gouverneur de la province, prononça un difcours, remarquable par les fentimens patriotiques & la fenfibilité qui y éclate à l'égard de la province. En voici le contenu.

MESSIEURS,

Les fentimens qui m'attachent à cette province, vous font trop connus pour que vous douriez de tout le charme que j'éprouve dans un moment qui me réunit avec vous: le malheur des tems m'a privé de cette fatisfaction; je la retrouve avec bonheur, & j'en jouis avec un attendraffement qu'il m'est plus difficile de contenir que d'éprouver.

e ne chercherai pas à vous rappeller, pour exciter vofre zele, toutes les preuves d'attachement que vous avez données constamment au feu roi ; nous l'avons perdu, ce prince fi longtems l'objet de notre amour, roi pacifique, allé dele, bon martre, & tendre pere; il dut ce furnom glorieux, au digne de la nation fenfible qui fçut le trouver, que du monarque heureux qui s'en fir honneur, à ce abord affable qui prévient les peuples, à cette bon té douce & facile qui peut quelquefois tromper le cœur des fouverains, mais qui ne peut jamais celler d'être une vertu parmi les hommies.

Nos larmes Couleroient encore, fi la feule confolation

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qui peut en tárir la fource, n'avoit pas forcé mos regrets de céder à nos efpérances. Eh! pourrions-nous n'en pas former, en voyant un roi de vingt ans fe retrancher des plaifirs dans un âge où il eft pardonnable de les multiaimer la vérité dans un rang où c'eft préfque un

Be de la pardonner, rompre tous les liens de l'exil,'

rendre à la juftice tout fon éclat, n'avoir d'autre pallion que l'amour du bien, & s'occuper fans reláche de cour stui qu'il n'a pas encore eu le tems de répandre? Nous

de

motifs de condance dans

pour reine dont la uneffe pare les Vertus & dont Fame bienfaisante-embellit encore pouz résoles graces. benchs

Vous vous trouvez, Mellieurs, pour la premiere fois portée de prouver à Louis XVI, que la ndélité la plus exacte eft toujours le guide & le refultat de vos délibé rations. A l'exemple du monarque, dont les premiers pas ont été des bienfaits, vos premiers hommages vobriété › des tributs d'attachement, & dé reconnoiffance, Puiffe co rapport heureux referrer à jamais les liens qui doivent unit, coumition t'amour bonheur de tous, la bienfaisance a Pauto

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La bonté paternelle du roi auroit bien voulu vous épargner les demandés que la fageffe de fon adoitaiftras, tion le force à vous faire mais l'état a des fons malheureufement impérieux; & le plus grand intérêt de tous les membres eft de concourir à fon foulagement. Je vous vois tous pénétrés de cette vérité, Medieurs; & vos cœurs offrent déjà les fecours que vous allez bienot accorderibhol zollot an 1

-Quit, eft heureux pour moi, que, par une conduire aufii foutenue, yous me me tiez a portée d'appuyer auprès du roi vos juftes demandes, de lui faire connoire ves befoins, vos intérêts, vos droits & votre zele ! C'est le plus cher de mes devoirs ; la reconnoiffance le dicte, mon cœur le remplira.

&

Ge difcours, prononcé du ton le plus nobles avec toute la chaleur & la vérité du fertiment, fut fuivi des plus vives acclamations. Les applau diffemens de l'a emblée, répétés à plufients reprifes, firent connoitre au prince la reconnoif ance & la fatisfaction dont tous les cours étoient pénétrés. Enfuite les trois ordres des états, reti rés chacun dans leurs chambres, délibérerens

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unanimement d'envoyer à 3. A. S. une députa tion folemnelle, pour la fupplier de vouloir bien leur communiquer fon difcours, & permettre qu'il fút retenu fur les regiflres des états, comme un monument de fa bonté & de fa tendreffe paternelle pour la province.

Le 21 du même mois, le prince de Condé & le duc de Bourbon fe rendirent à Besançon, où ils recurent de tous les corps eccléfiaftiques, militaires, de nobleffe & de juftice, les honneurs qui font dus à leur qualité de princes du fang. Ils fou perent enfuite chez le marquis de St. Simon, lieutenant-de- roi & commandant en fecond dans la province de Franche-Comté. Le 22, ils allerent voir la citadelle, les fortifications, pafferent en revue les troupes de lá garnison, entrerent dans l'églife métropolitaine pour y voir le St. fuaire; fe rendirent au poligone, où le régiment du corps royal d'Auxonne fit, en leur préfence, les exercices de l'artillerie. Ces princes affifterent le foir à un fpectacle dans lequel on fit entrer un intermede relatif à la circonftance. Ils fouperent chez le Sr. de la Corée, intendant de la ville, & la fête qu'on avoit cherché à rendre digne d'eux fut terminée par un bal. Leurs alteffes féréniffimes fe retirerent, après avoir témoigné toute leur fatisfaction au Sr. de là Corée: le lendemain' 23; elles partirent pour l'Alface.

A

L'abbé Hallet, régent à Eclaron, bourg, près Sr. Didier en Champagne, rappella à la vie, le 22 Mai dernier, un enfant âgé de 18 mois, qui étoit tombé dans un foffé plein d'eau à la hauteur de 7 à 8 pieds, & y étoit refté près d'une heure. Les procédés qu'il a employés ont été de fouffler dans la bouche de l'enfant, qu'il lui ouvrit avec beaucoup de peine; de lui faire une friction univerfelle, & de le faire mettre dans des cendres chaudes, dont il augmentoit par degré la chaleur. C'est le

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fecond enfant que cet al bé arrache à la mort. On vient de publier une Lettre du feu abbé Plu che, fur la fainte ampoule & fur le facre de nos rois à Reims. Voici ce qu'elle contient de plus intéreflant. «La fainte ampoule, dit l'auteur, eft une petite fiole de cryftal, qui tire fon nom du mot ampulla, qui fignifioit une espece de fiole égale à celle-ci. Son cou paroit tranfparent & blanchâtre, parce qu'il eft vuide: le refte eft un peu diaphane, & rouge brun. La matiere qu'elle repferme, n'eft plus une liqueur, mais une espece de cotignac defléché, & condenfé fur les parois du vafe. On en racle au befoin quelque parcelle avec une aiguille d'or ; & cette parcelle communique une couleur rougeâtre au chrême dans lequel on la délaie au facre de nos rois. A mesure qu'on extrait de cette matiere, il en refte moins dans la fiole; elle n'augmente en aucun tems... On m'accufera peut-être de réduire la Ste. ampoule à rien, de lui ôter ce qu'elle avoit de plus beau, puifqu'el le s'intéreffoit pour la perfonne de nos rois, qu'el le croiffoit quand ils étoient en fanté, & qu'elle étoit malade & baiffoit avec eux... Je me conten. te de ne rien prêter à l'ampoule, & je n'ai garde de prétendre que l'état préfent de la matière qu'elle contient, faffe preuve en faveur de l'origine miraculeufe qu'on lui attribue... La tradition de l'églife de Reims & prefque tous les hiftoriens parlent d'une huile donnée miraculeusement à St. Remi, & confervée à Reims, On retrouve dans le tombeau du faint un vafe qu'on affure être celui où l'on a confervé cette huile, & qu'on ne peut prouver être venu d'ailleurs. C'eft donc au moins un préjugé raisonnable que ce vafe peut bien être une partie des reliques du faint, & qu'on l'a confervé avec le même refpect que fon corps. On connoit une préface de la mefle de St. Remi, antérieure à Charlemagne, & peut être fort approchante da

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tems de cet apôtre des Gaules, puifqu'elle eft felon le rite galican, & que le rite romain fut introduit en France fous Charlemagne. Cette préface, entre plufieurs merveilles opérées par St. Remi, rapporte le miracle d'une huile multipliée à fa priere, pour baptifer & confirmer un moribond. En voici les termes : Dùm autem cuidam ægroto baptizando chrifma quæreretur & nihil inveniretur, fie ampullas vacuas fuper altare juffit mitti, ut ipfe fe interim in oratione profterneret: tùm cœlefti rore chrifmatis benedidio profunditur. Or, ce miracle de l'huile conftaté, on a pu conferver le refte d'une liqueur fi refpectable, & ce peut être la même qui fert à l'onction de nos rois, & dont St. Remi put fe fervir au baptême de Clovis : ce qui aura donné occasion à Hincmar & à Flodoard' de dire que le chrême miraculeux confervé à Reims avoit été apporté du ciel par une colombe... J'ai lu quelque part, qu'anciennement on suspendoit dans l'églife le St. chrême, comme la fainte euchariftie, dans un vale fait en forme de colombe; & l'histoire de la colombe peut être venue de-là. Quoiqu'il en foit, il demeure certain qu'on a, de soute ancienneté, confervé à Reims une partie de Phuile miraculeufel de St. Remi, & que c'est là ce qu'on appelle la fainte ampoule... C'eft la naiffan se & non pas l'onction qui fait les rois ; & il n'y avoit que des ligueurs qui puffent dire : Point de roi fans onion, point d'onction fans la fainte ampoule. L'églife de Reims ne s'attribue donc rien; elle jouit feulement de ce qui lui a été attribué par la raison. Reims eft de berceau du chriftianif me de nos rois; ils y viennent pour fanctifier la qualité de roi par celle de chrétien... Cet ufage, dont l'origine remonte au se. fiecle; & s'eft continué de roi en roi depuis les 9e. & 10, fiecles jufqu'à nous, fuffit pour établir une légitime poffeffion. Les rois même de la feconde race, qui

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