Page images
PDF
EPUB

Sientor, par un monument de fa fagcffe, adreffé à h poftérité il les aura, réintégrés tous dans le devoir aufter de veiller imperturbablement à la défense des loix, fondement de fon empire & de fa gloire.

C'est pour nous rappeller à ce glorieux miniftere, que Begent aujourd'hui parmi nous les dépositaires dignes de fa confiance. Des qualités éminentes, Monfieur, des fer. vices diftingués, un attachement toujours foutenu par le zele, vous mériterent la plus haute eftime du feu roi, dont vous fates l'ami bien plus encore que le courtifan; la candeur, la vérité, la religion, l'intrigue même acharnée les bannir de la cour, ou à leur nuire, femblerent s'ac corder, Monfieur, pour vous affurer fur la vénération publique des droits qu'une maiffance illuftre, & des ancêtres recommandables en tout genre, peuvent bien promais ne donnent pas toujours. Vous en acquérez de plus particuliers fur nous, Monfieur, par l'ufage des fonctions qui vous font confiées dans cette province, dont la voix vous demandoit à S. M. en même tems que la vertu vous défignoit pour fixer fon choix.

mettre

Chargé longtems, Monfieur, de la cenfure publique, dans une compagnie dont vous fites la gloire & les délices, par les qualités aimables du cœur & de l'efprit, yous avez porté dans le confeil du roi les fruits d'une langue expérience, & les principes les plus avantageux à l'adminiftration à laquelle vous venez d'être plus par ticulierement appellé, par une adjonction également flate teufe pour vous, Monfieur, & pour le magiftrat cher à votre cœur, dont vous partagerez les travaux. La part que le choix du roi vous donne à l'éclatante cérémonie qui nous raffemble, eft une nouvelle preuve pour vous, Monfieur, de fa confiance, & pour nous de fa bonté.

Quel jour, Melieurs, quel jour! C'eft celui d'un roi, pere de fes peuples; c'eft celui de là juftice, fatisfaite de voir tous fes ministres; c'est celui des loix, dont le triomphe affure l'empire; c'eft celui d'un important reffore, dont le vœu général eft rempli, c'eft, Meffieurs, plus particulierement le nôtre, puifqu'il confomme notre gloire, notre réunion, notre reconnoiffance.

Confacrons-en l'époque, Meffieurs, mais par des traits capables d'en perpétuer le fouvenir & la célébrité, par une dignité de conduite qui réponde toujours à la digni té de notre miniftere, par 1: concert & la bonne intel ligence inféparables du maintien de l'ordre & du bien Public; qu'une fermeté fage & éclairée dans des rems

difficiles, nous ferve utilement à ramener, dans des jour plus tranquilles, l'obfervance des regles anciennes, des vrais principes, des grandes maximes des libertés du royaume, & des conftitutions de la monarchie; enfin, n'oublions jamais que l'amour du bien, qui anime toujours les grands corps, le zele pour la gloire du roi, le dévouement le plus abfolu pour fa perfonne, l'émulation noble de concourir aux vœux de fes miniftres pour l'avantage de l'état, doivent être, pour ainfi parler, le code de nos démarches, de notre attachement nos devoirs, & de l'exemple que nous laifferons à imiter. Tels font, Meffieurs, les fentimens de cette augufte compagnie, dong je me feas honoré d'être aujourd'hui l'organe, fentimens qui, par leur fincérité, par leur immutabilité, ont droit (nous nous en flattons ) de trouver une place diftinguée dans le compte que vous rendrez à S. M. de l'exécution de fes ordres.

On voit à la fuite du même procès-verbal le. récit de ce qui a précédé & fuivi la rentrée du parlement; nous en extrairons les principaux traits, A la lettre de cachet & de rappel pour le Sr. le Berthon, premier préfident de cette compagnie, exilé à fa terre de Virelade, le garde des fceaux ajouta une lettre des plus flatteufes. Le roi, difoit ce digne chef de la juftice, va bientôt vous rendre à vos fonctions. Je fuis pénétré de reconnoiffance de la grace que S. M. m'a faite en me chargeant d'annoncer cette agréable nouvelle à un homme pour qui je fuis plein d'eftime & de refpect, & qui eft fils d'un pere dont le fouvenir fera toujours cher à la nation. Un pareil éloge ne fait pas moins d'honneur au miniftre éclairé qui le donne, qu'au vertueux magiftrat qui le reçoit.

Les clercs des procureurs & les étudians en droit, en uniforme bieu & vert, portant une couronne de laurier fufpendue à leurs côtés, par un large ruban de foie, allerent à cheval au-devant du Sr. le Berthon, à 4 lieues de Bordeaux. Ils étoient accompagnés de plufieurs troupes de cavaliers de tous les états; cet illuftre magiftrat entra dans Bordeaux au bruit du canon & au mi

hieu des cris répétés de Vive le roi! Vive M. l Berthon! Le peuple le fuivit jufques dans fa falle de compagnie; & les tranfports d'allégreffe furent alors fi vifs, que le refpectable chef du parlement ne put s'empêcher de répandre des larmes, Tous les états vinrent le complimenter. On y vit même les porteurs de chaifes, avec leurs bricoles par-deffus leurs plus beaux habits, & les harangeres parées à leur maniere. Celle qui devoit porter la parole au nom de fes compagnes, héfitoit, parce qu'elle ne prononçoit pas bien le françois Parlez patois, lui dit le premier préfident, je vous entendrai bien. – J'ai une grace à vous demander, reprit-elle alors en fon langage; c'eft de vous embraffer. = Volontiers, lui répondit ce magiftrat populaire; & auffi-tôt toute fa troupe l'embraffa. Le chevalier du Vigier lui préfenta une branche de laurier, en lui difant : elle eft bien petite, Monfieur, pour un homme qui en a mérité de fi grandes. = Il eft vrai, Monfieur, reprit ingénieufement le vertueux magiftrat, qu'elle eft bien petite pour une main qui en a tant moifJonné. Le chevalier du Vigier a fervi longtems avec la plus grande diftinction, dans le régiment du roi, infanterie.

Le 2 Mars, les clercs de procureurs, au nombre de plus de 150, en habits noirs, & une branche de laurier à la main, allerent chez le premier préfident, & précéderent fon carroffe, en ordre, jufqu'au palais. Ce magiftrat trouva au marché des couronnes de laurier, fufpendues par des guirlandes au deffus de fon écusson entouré de Vive le roi! Vive M. le Berthon! Les harangeres fe fignalerent encore en cette rencontre : elles joncherent tout le chemin de laurier & de myrthe, jufqu'au palais; & après avoir complimenté de nouveau le premier préfident, fous un arc de triomphe qu'on avoit élevé au mar

ché, elles lui préfenterent un fi prodigieux bouquet, qu'on ne put le placer que fur l'impériale du carroffe. Enfin, le peuple, fe livrant de plus en plus à fes tranfports, voulut dételer les chevaux du carroffe du Sr. le Berthon, pour le conduire lui-même au palais; mais ce vertueux magiftrat rejetta cette marque de zele avec une indignation mêlée de bonté, ajoutant qu'il aimeroit mieux aller toute fa vie à pied, que de voir une feule fois fon carrofle traîné par fes concitoyens.

Le procès-verbal de la réintégration du parlement de Toulouse, contient le cérémonial qui s'y eft obfervé; deux édits, l'un portant fuppreffion du confeil fupérieur de Nîmes; & l'autre, portant rétabliffement des offices du parlement. Nous renvoyons les lecteurs aux détails donnés à ce fujet dans la Ire. quinz. de Mai, pag. 57 & 58.

Le rétabliffement du parlement de Bourgogne s'eft opéré le 3 Avril dernier. Le marquis de la Tour du Pin, maréchal de camp, lieutenant-général au comté de Charolois, & commandant en chef dans la province, & le Sr. Feydeau de Mar-ville, conseiller d'état, furent les commiffaires nommés par le roi pour l'exécution des ordres de S. M. Le procès-verbal de la réintégration de cette cour, offre quelques détails de la cérémonie de cette féance, & contient 3 édits qui ont été enregistrés; le premier eft celui qui rétablit les offices du parlement; le fecond porte ordonnance pour ce tribunal, & le 3e. concerne les préfidiaux.

Ordre de la marche & des cérémonies qui ont été obfervées au facre & couronnement de S. M. Louis XVI, avec les noms & qualités des prindes pairs, des grands-officiers de la courondes feigneurs & de toutes les perfonnes qui y ont fait quelques funcions.

ces,

ne,

Le roi, ayant fixé au dimanche de la trinité, 1 Juia

1775, l'augufte cérémonie de fon facre, partit de Ver Tailles les, avec la reine, les princes fes freres, les prin ces du fang, les grands-officiers de la couronne, les feigneurs & dames de la cour, & les miniftres, pour le rendre à Compiegne, où S. M. refta jufqu'au 8, qu'elle en repartit pour aller à Fimes, petite ville diftante, de lieues, de Reims.

Le 9, fur les deux heures après midi, le roi repartit de Fimes pour fe rendre à quelque diftance de la ville de Reims.

1

S. M. fut reçue dans toutes les villes par où elle paffa, au fon des cloches, au bruit de l'artillerie, aux æclamations du peuple, & fut complimentée par les ma giftrats.

Le 9, le roi étant arrivé près des faubourgs de la ville de Reims, trouva les troupes de fa maifon fous les ar mes, qui l'accompagnerent dans fon entrée, qui se fit dans l'ordre fuivant.

Après que M. le due de Bourbon, gouverneur de Champagne, eat préfenté à S. M. les clefs de la ville, un détachement des moufquetaires, des gendarmes de la gar de marchoit devant un carroffe du roi, dans lequel étoient fes écuyers, & le carroffe étoit précédé du vol du cabinet. Dans le fecond carroffe, étoient les grands officiers de la couronne. Enfuite les pages de la grande & de la petite écurie, qui précédoient le magnifique carroffe où étoit S. M., accompagnée de Monfieur, de Mgr, le comte d'Artois, de Mgr. le duc d'Orléans, de Mgr. te duc de Chartres, de Mgr. le prince Condé, de Mgr. le prince de Conti, & du comte de la Masche. Les capitaines des gardés de quartier, à cheval, étoient aux portieres du carrofle, qui étoit environné de 24 valets de pied.

Les gardes-du-corps qui ont accompagné le roi dans fon voyage, & les chevaux-légers, fuivoient le carroffe de S. M., qui étoit précédé par le gouverneur & lieutenant-général de Champagne, tous deux à cheval. Le grand-maitre & le maître des cérémonies marchoient enfuite. Le guet des gardes du corps, fuivi de celui des gendarmes, fermoit cette pompeufe marche.

S. M., ayant paffé fous les arcs de triomphe, traver fa la grande rue du faubourg de Vefle, où étoient rangées en haye les gardes françoifes & fuiffes jufqu'à la porte principale de l'églife métropolitaine, où le roi, étant arrivé & defcendu de carroffe, fut reçu par le Cardinal de la Roche- Aymon, archevêque, duc de Reims,

« PreviousContinue »