en rendant à tous les marchands de bfed la liberté de fe fervir de leur mefure, pourvu qu'elle foit conforme aux matrices de l'hôtel de ville. De leur côté, les officiers municipaux ont réfolu de fournir des mefures gratuitement à tous les grenetiers qui fe préfenteront.

M. le prince de Conti s'eft enfin rendu aux inftances qui lui ont été faites de prendre un régime convenable à fa fituation; il en reffent déjà les heureux effets ; & s'il continue, on efpere de pouvoir arrêter les progrès du mal dont il eft menacé.

Le comte de Maurepas eft encore retenu ici par la goutte, dont l'accès paroit toucher à fa fin. M. Turgot, qui en eft entierement rétabli, s'eft rendu à Verfailles dès le 29 du mois dernier. On affure que ce miniftre a arrêté avec le roi, le plan d'une nouvelle administration générale des finances; ce qui comprend les impofitions & leur perception. On ajoute que le contrôleur-général defirant prévenir toute espece de contradiction, a remis ce plan aux parlemens, en les requérant d'en faire un examen réfléchi, & de lui faire part des obfervations qu'ils jugeront devoir y faire avant que ce plan ait reçu la fanction du confeil d'état.

Lorfque le comte de St. Germain revint de Fontainebleau, il alla defcendre à l'hôtel des invalides, & dit que plufieurs perfonnes lui avoient offert un logement; mais qu'il avoit préféré celui qui le mettoit à portée de voir les anciens camarades. Il a fait régaler extraordinairement les foldats. Pendant fon féjour ici, il a vifité l'école militaire, & a donné audience à tous les mili taires qui fe font préfentés. Quantité de perfonnes qui n'avoient aucune affaire, s'y font portées en foule pour y voir un général aufi célebre par fes talens militaires que par fes adversités.

On attribue à ce miniftre beaucoup de projets que nous ne rapporterons pas ici ; il fuffira de dire qu'on affure qu'ils ont pour objet de finplifier la recette & les dépenfes du département de la guerre, & que les fommes quí proviendront de ces économies feront employées à une augmentation de troupes, qui, fans rien coûter de plus à l'état, mettra le militaire fur le pied le plus refpectable.

Il paffe déjà pour certain que la compagnie des vivres de terre eft fupprimée, & que les régimens pourvoiront eux-mêmes à leur fubfiftance. On affure qu'il en réfulte une grande économie pour le roi, & un grand avantage pour les troupes.

Tous les bouchers de cette capitale ont ordre de ne plus vendre la viande que 8 fous la livre, avec défense de donner ce qu'on appelle la réjouiffance. Les quatre livres du plus beau pain font taxées à II fous 6 deniers. Cette diminution eft fort agréable au peuple, qui, depuis longtems, payoit fort cher cès denrées de premiere nécef fité.

Le clergé du royaume affemblé depuis le 15 Octobre, continue fes féances, qui n'ont jamais duré auffi longtems. On prétend que cette prolongation a été occafionnée par la queftion qui y a été agitée, de faire valider les mariages des proteftans; mais on ignore quel a été le résultat des délibérations à cet égard. Dans la féance du 27 du mois dernier, on examina s'il étoit plus avantageux de remettre les vœux des religieux à 16 ans que de les laiffer à 21 ans époque fixée par l'édit de 1768. Il y a 31 voix pour cette derniere loi, & 33 pour réclamer l'émiffion des vœux à 16 ans. En conféquence, il a été arrêté de faire des repréfentations au roi pour fixer, en 1778, l'âge où il feroit permis de faire des vœux.

C'eft à cette époque que finiffent les 10 années fixées par l'édit, pour déterminer ce que le roi prononcera définitivement fur cet objet.

I.'archevêque de cette capitale a indiqué à la même affemblée les moyens d'empêcher l'abus résultant de la facilité de prendre ici un vêtement eccléfiaftique, fans titre & fans miffion. Il a propofé aux évêques de donner des exeat aux eccléfiaftiques de leurs diocefes, & de n'en accorder qu'à ceux que des affaires indifpenfables appelleront dans cette capitale. Le zèle & la charité ont même porté ce digne prélat à offrir d'employer une partie de fes revenus pour établir une communauté dans laquelle les eccléfiaftiques des autres diocefes trouveront, à un prix modique, un logement décent & une nourriture convenable. On affure que le clergé a adopté des vues auffi fages, & qu'il paroitra bientôt un réglement fur cet objet. La même affemblée a réfolu de continuer fes emprunts à 4 pour 100, & de rembourfer, avec fes fonds, les capitaux. dont elle paie l'intérêt au denier 20.

Un inspecteur-général des domaines du roi ayant fait un mémoire pour prouver que la baronnie d'Avagour & la châtellenie de Cliffon, données en inféodation par François II, duc de Bretagne, à fon fils naturel en 1480, font réverfibles à la couronne, à défaut de mâles (ce qui cft arrivé par la mort du comte de Vertus, en 1746;) le maréchal prince de Soubife, qui jouit de ces fiefs, à titre de defcendant par filles, s'oppofe à cette prétention, & vient d'expofer fes moyens dans un mémoire: il y infifte principalement fur ce qu'il ne faut pas aflimiler le domaine ducal de Bretagne au domaine de la couronne, principe d'où il réfulte que, puifqu'il n'exiftoit point de loix domaniales en cette province avant, fa réunion, l'on ne peut donner un effet

rétroactif aux ufages de la France, furtout pour l'inféodation dont il s'agit.

Les célestins qui exiftent encore en cette capitale, quoiqu'on ait récemment envoyé en province les jeunes religieux de leur couvent, viennent auffi de répandre un mémoire contre le pro-, jet de leur fuppreffion : ils y expofent les raifons qu'ils croient devoir porter à les maintenir, & ils fe plaignent des vues que la commiffion établie pour la réforme des religieux paroit avoir à leur égard.

Quelques perfonnes prétendent que ces récla mations ne font l'ouvrage que d'un feul religieux, défefpéré d'être bientôt obligé de renoncer à la fatisfaction de dominer fur fes confreres; on ajoute que le plus grand nombre applaudit aux opérations de la commiffion, & attend impatiemment le moment qui les rendra libres avec 1500 livres de penfion. Le magnifique emplacement & les bâtimens nombreux que ces religieux ont ici; rempliroient les vues du controleur - général pour y placer toutes les meffageries, & feroient un objet d'une très-grande économie.

On renouvelle le projet déjà agité tant de fois, de détruire l'efpece des lapins dans tout le royaume. On a reconnu qu'un lapin coute un louis par an au canton qu'il dévore, & il s'en faut -de beaucoup qu'il vaille autant.

Le contrôleur-général ayant jugé qu'un des plus sûrs moyens de perfectionner dans l'intérieur du royaume la navigation, la conftruction des machines hydrauliques, & même l'architecture navale, étoit de répandre la connoif fance & le goût de l'hydrodynamique ( 1 ), a en

(1) L'hydrodynamique eft la fcience des loix que do:vent obferver les forces,qui agiffent fur un fluide, foit ca repos, foit en mouvement,

i

gagé le roi à fonder une chaire destinée à l'enfeignement public de cette fcience. Ce miniftre a écrit le 1er. Octobre dernier une lettre pleine des vues patriotiques qui le guident, à l'abbé Boffut, de l'académie des fciences, connu par d'excellens ouvrages fur cet objet, pour lui apprendre que le roi lui confioit cette utile inftruction. Ce cours nouveau s'eft ouvert le 25 du mois dernier. L'abbé Boffut donnera deux leçons par femaine, les mercredi & famedi, depuis 11 heures & demie jufqu'à une heure & demie, ou le mardi & le vendredi, en cas de fêtes. Il y aura vacance pendant la quinzaine de pâques, & depuis le 8 Septembre jufqu'au 1er. mercredi ou famedi d'après la St. Martin. La falle des démonftrations eft chez les peres de l'oratoire de la rue St. Honoré, qui fe font prêtés aux defirs du miniftre avec un défintéreffement bien digne d'une congrégation également diftinguée par les vertus & par les talens.

Le fuccès de l'établi ffement fait en faveur des noyés par les prévôt des marchands & échevins de cette ville, des boîtes fumigatoires du Sr. Piat, ancien échevin, dans les différens corps-de-garde des ports, a déterminé le lieutenantgénéral de police actuel d'y faire dépofer de même celles du. Sr. Gardanne, docteur-régent de la faculté de Paris: ces boîtes falutaires en cas de fuffocation de toute efpece, ne le font pas moins à l'égard des noyés. En conféquence, on trouvera dans tous les corps-de-garde l'inftruction que le Sr. Gardanne a rédigée fur la maniere d'employer ce remede. Les fecours qui font gratuits, feront adminiftrés par la garde, fans laquelle on ne doit rien tenter; lorfqu'ils auront le fuccès qu'on en attend, le magiftrat qui préfide à la police, & qui veille à la confervation des citoyens comme à leur sûreté, ac