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ca, & préfenta dans fon fein un berceau formé. autour de l'axe du monde, & lous ce berceau une table de douze couverts, offrant à l'hôte augufte tout ce que la terre produit de plus exquis. Ce prince, fa fuite, quelques feigneurs de la cour, & M. le directeur entrerent dans le globe. Les armes de Gothland y paroiffoient par tout, entrelacées de fleurs. M. le comte s'y ar rêta une demi-heure; & en fortant du globe, il témoigna à M. de Domafchnew fon admiration dans les termes les plus flatteurs. En paffant dans les imprimeries de l'académ e, il ramaffa une euille qui fembla tomber, par hazard, de lá pref fe: c'étoit fon portrait, avec des vers relatifs à lui en plufieurs langues. L'illuftre voyageur pa21 rut très-flatté de toutes ces attentions: il en témoigna fa fenfibilité au directeur, & l'invita à dîner avec lui, honneur que M. de Domafchnew ne put accepter, ayant prié chez lui tous les membres de l'académie, & quelques cavaliers de la fuite du prince.

ALLEMAGNE.

On a vu dans la rere. quinzaine de Septembre, que le roi de Pruffe avoit acheté d'un paysan de Silélie un remede éprouvé contre la morfure des chiens enragés. C'eft un bienfait précieux à l'hu-, manité, & que nous nous empreffons de faire connoître.

Le college fupérieur de médecine a confervé, dans la recette, publiée par ordre de ce monarque, les propres termes du payfan, autant qu'il a été poffible de le faire fans obfcurcir le fens: il a, outre cela, placé avant la recette quelques. obfervations utiles que nous traduirons d'autant plus fidelement, que c'eft de-là que dépend toute l'efficacité du fecret, dans la composition duquel

entrent deux efpeces de vers, dont le nom vulga re eft différent d'un pays à l'autre.

d'in

Le ver de Mai, ou du mois de Mai (c'eft le terme allemand qui défigne deux fortes fectes que nous allons décrire). Le ver de Maieft un infecte que le chevalier de Linné range dans la claffe des Coleopteri, & qu'il nomme Moloe: le mot allemand mayhaefer, qui eft proprement le nom du hanneton, Scarabæus melolontha de Linné, ne convient point au ver dont il s'agit, & qui fe divife en deux familles.

La premiere eft le meloe profcarabaus de Linné: on le nomme auffi anticantharus : il eft de l'épaiffeur d'un doigt, & quelquefois de la lon gueur d'un pouce & demi: la femelle eft plus grande que le mâle. Il n'a point d'aîles, mais de petites couvertures d'aîles,qui ne couvrent que la moitié de fon corps; elles font douces comme le cuir qu'on nomme cordouan, noires, pointile lées, & ne reluifent point : cet infecte ne vole pas, & il marche très-lentement. Il a tout le corps en général mou, & noir, bariolé de bleu, de verd, & de jaune : la tête, les pattes, & le ventre font plus rouges que violets. Il a 12 jointures aux antennes; celles du milieu font plus épaifles que celles de la fin les partes de devant & celles du milieu ont 5 jointures; celles de derriere n'en ont que 4. Si l'on met cet infe&te dans de l'huile, il meurt auffitôt. Il a une propriété particu liere lorfqu'on le touche, il répand une matiere huileufe & gluante, de couleur jaunâtre,qui fort de toutes les jointures de fon corps, & qui teint les doigts de celui qui le touche. Cette matiere graffe, auffi bien que l'infecte même, rend une odeur agréable, quand on l'écrafe.

La feconde efpece de ver de Mai, car c'est celui-ci qui mérite ce nom à bon titre, eft le me loe majalis de Linné: cet infecte eft plus pe

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tit; il à des anneaux rouges à la partie inférieure du corps, qui le diftinguent du premier; mais il jette, comme lui, une liqueur épaiffe, graffe & huileufe: ce font les deux ingrédiens principaux de l'onguent contre la morfure des chiens enragés. On les trouve le plus communément dans les jacheres, les prés, & les côteaux expofés au foleil, le tems de les prendre eft le mois de Mai, quand il fait beau.

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Comme, au moindre attouchement, ils répandent la liqueur ci-deffus, qui eft le premier ingrédient néceffaire, il faut, pour éviter cet inconvénient, les ramaffer avec de petites buchettes, au lieu de pincettes, & les mettre fans les preffer, dans un pot ou dans un verre, mais toujours fans les toucher avec les doigts. Dès qu'on les a au logis, il faut, pendant qu'ils font vivans, leur couper fubtilement la tête avec de petits cifeaux tranchans, au-deffus d'un pot ou d'un verre où il y ait du miel, & que l'on ferme, après y avoir jetté le corps de l'infecte, fans rien perdre de fa liqueur, qui doit couler dans le vafe où eft le miel. On peut ainfi conferver ces infectes pendant 2 ou 3 ans, en remettant du miel à mefure qu'il en manque.

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On prend 200 des vers noirs, ou 150 des autres, qui font couleur d'or, pour une quarte de miel (la quarte de Berlin revient à une pinte de France mefure ordinaire), de forte qu'il n'eft pas néceffaire de fe procurer les deux efpeces: alors on conferve le verre ou le pot où font les vers & le miel dans un endroit frais & bien tempéré : il faut que le vafe foit exactement fermé.

Recette du remede.

Vingt-quatre vers de Mai, confervés dans du miel; 4 lots de thériaque, ou marmelade de genievre, fi l'on n'a point de thériaque; 2 dragmes

de bois de cedre; I drag. de racine de ferpentaire de Virginie; i dragme de limaille de plomb; 20 grains deberes Schwamm ( c'est l'agaric du cochêne ou forbier des oifeleurs, fungus forbi aucuparia,) enfin encore un peu de miel où l'on a confervé les infectes dont il s'agit.

Voici comment il faut préparer ces ingrédiens. 1o.Dès qu'on a tiré les infectes du pot au miel, on les écrafe fur une affiete avec un coûteau ou une fpatule, & on les réduit en une espece de pâté. 2. Alors on y joint la thé iaque. 3°. Il faut de même raper le bois d'ébene en une poudre trèsfine, qu'on paffe par un tamis, avant que de la mêler à la maffe. 4°. On pulvérife de même la racine de ferpentaire. 5o. Lese. ingrédient de même, & on mêle le tout à mesure qu'on avance dans la préparation. 6o. La limaille de plomb ayant été mife dans la maffe, on en fait une pâte qu'il faut bien pêtrir en y mêlant autant qu'il faut du miel ci-deffus, pour faire du tout une efpece de marmelade. On obfervera furtout de bien remuer & mêler la maffe.

On conferve le tout dans un verre ou un pot d'argille bien fermé qu'on dépofe dans un lieu bien tempéré : il vaut mieux faire plus souvent le remede, que d'en préparer en trop grande quantité, parce qu'il eft fujet à la moififfure, qui lui ôte fa vertu.

Maniere d'adminiftrer ce remede, eu égard à la nature & à la force du tempérament.

Aux hommes depuis 25 ans jufqu'à 80, 2 dragmes, & aux femmes du mêine âge, une dragme 30 grains; au-deffous de 25 ans, une dragme 30 grains pour les hommes & une dragme 15 grains pour les femmes ; au-deffous de 15 ans, une dragme, pour les hommes, & 15 grains pour les femmes; depuis 6 jufqu'à 10 ans, 40 grains aux hommes, & 30 aux femmes depuis

3 jufqu'à 5 ans, 30 grains pour les hommes, & 26 pour les femmes; enfin, à un & à deux ans, 24 & 20 grains. ( C'est à la nourrice à prendre la potion, lorfqu'un enfant encore à la mamelle a été mordu. ) Aux chevaux, bœufs & vaches (en deux fois, l'une le matin, & l'autre le foir), 3 dragmes 30 grains; aux jeunes veaux & poulains d'un ou deux ans, une dragme 45 grains;à ceux de quelques femaines, une dragme; aux porcs,2 dragmes 30 grains; à ceux de moyenâge, une dragine 50 grains, & au-deffous une dragme; aux brebis & chevres, une dragme 50 grains, chevreaux & agneaux, une dragme; aux chiens, au-deffus de 2 ans, deux dragmes; audeffus de 8 mois une dragme 30 grains; audeffous de 8 mois, une dragme 10 grains; à la volaille, 35 grains.

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Regime. Lorfqu'une perfonne mordue d'un chien enragé a pris la potion indiquée, elle doit s'abftenir de manger pendant 24 heures, & de boire, pendant 12. Si au bout de ce tems, elle eft trop oppreffée de la foif, il faut lui donner un peu de thé de fureau ou de fleur de genevrier, ou, faute de cela, du thé ordinaire.

Le malade ne doit point prendre l'air pendant toute la cure ; il doit fuer dans un appartement tempéré, & paffer les 12 premieres heures au lit. Au bout de 24 heures, il faut lui faire mettre une chemise blanche, & brûler celle qu'il avoit, parce que cette fueur eft contagieufe. En hyver, il faut avoir foin de tenir l'appartement chaud. Si la morfure a fait une plaie, il faut la laver avec du vin, ou du vinaigre de biere, où, l'on met un peu de fel; faute de vinaigre, on prend de l'eau où l'on a détrempé du fel. Cette eau doit être chaude, & il faut laver la plaie plufieurs fois par jour, & la panfer avec de l'onguent de bafilic, ou avec du beurre frais bien fa

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