qui devront, comme l'année derniere, fervir à couvrir les côtes contre toute entreprise des corfaires barbarefques: fur l'avis qu'on a eu que quatre galiotes de ces derniers avoient paru dans la partie méridionale de cette ifle, Don Barcelo a mis auffi-tôt à la voile avec fon efcadre pour aller à leur pourfuite. I eft attendu d'un moment à l'autre pour remplir l'objet de fa miífion, & doit paffer à Barcelone. Il laiffera ici le chebec le Hardi avec la demi-galere, qui ferviront pendant l'hiver prochain à garantir ces cô tes des infultes des Maures.

Il eft arrivé, depuis peu de jours, un exprès de Barcelone avec ordre de faire embarquer pour Cadix 150 dragons du régiment de Numance, de la garnifon de cette ifle. On a fre té pour cet effet deux chebecs du pays qui mirent à la voile le 20 de ce mois; ils n'empor→ tent avec eux que leurs armes, & le moins de bagage poffible.

CADIX (le 4 Août. ) Les vaiffeaux de l'efcadre du roi, commandée par Don Michel Gafton font rentrés dans ce port les 24 & 25 du mois dernier. L'objet effentiel de la commiffion de ce chef d'efcadre n'eft pas mieux connu actu ellement qu'avant fon départ de ce port.

Les 29 & 31, les premier & fecond bataillons du régiment de Cordoue arriverent ici, venant de Ceuta. On attend inceffamment auffi le régiment de Guadalazara, qui eft à Malaga, de forte qu'il y aura en cette place 6 régimens de 2 bataillons, fans y comprendre celui d'artillerie. Le général comte O-Reilly eft arrivé ici pour faire la revue de ces troupes, qui font deftinées à pailer en Amérique, & dont le nombre fera, dit-on, porté a 10 ou 12 mille hommes.

Tous ces régimens ont ordre de fe tenir prêts

à marcher au premier ordre, ce qui ne doit pas tarder beaucoup. Il y a actuellement dans ce Fort 30 vaifleaux ou frégates prêts à partir; on y arme en guerre toutes les frégates frétées au compte du roi, dont le nombre eft déjà de plus de 120, & les ordres font donnés d'arrêter pour le fervice de S. M., dans tous les ports de la monarchie, les autres bâtimens nationaux qui viennent des Indes ou d'ailleurs. Les recrues continuent de fe faire avec tant de fuccès qu'on en a enrôlé 2 mille en un jour dans le royaume. On fait à Seville 4 mille habits complets de toile, & l'on travaille ici à un pareil nombre de veítes & culottes auffi de toile. On fçait que les troupes qui vont en Amérique n'ont pas d'autres habillemens.

Il est arrivé le 9 Juillet, de Philadelphie en cette baye deux navires marchands anglois avec des cargaifons de farines pour Cadix; il paroît, d'après le rapport des capitaines qui les commandent, qu'ils en étoient partis avec un convoi de plufieurs autres bâtimens anglo-américains chargés de diverfes denrées pour différens ports de l'Europe, & qu'ils avoient rencontré à la hauteur des ifles Terceres un con.. voi de 60 voiles angloifes, fous l'escorte de quelques frégates de guerre de la même nation, qui faifoient route pour l'Amérique; ils ajoutent que les habitans des colonies angloiles continuent de prendre toutes les mesures pour fe mettre dans le meilleur état de défense & qu'une frégate de 44 canons, nommée le Robock, accompagnée de deux floops de guerre, ayant tenté de remonter la riviere de Lawar pour s'approcher de Philadelphie, malgré les chaînes, chevaux-de frife & barricades dont cette riviere eft hériffée, fut tout-à-coup affaillie par quantité de galiotes armées qui l'obligerent de

retrograder, ce qu'elle ne put faire fans échouer: on ne fçait pas même fi elle aura pu fe remettre à flot, & échapper aux Américains. Il paroît, d'après les mêmes nouvelles, qu'il n'étoit encore arrivé à cette époque ni vaiffeaux ni troupes d'Angleterre fur les côtes de Penfilvanie.

Depuis le 12 du mois dernier jufqu'à préfent, il est arrivé ici fept bâtimens marchands efpagnols venant de la Havane, avec des cargaifons de fucre, cuirs, coton, poivre, giroffle, cire & jalap. Un de ces bâtimens portoit deux mâtelots anglois, faif.nt partie de vingt-deux provenant de trois navires de la même nation, qui, allant de la Jamaïque en Angleterre avec des cargaifons de fucre & autres productions, ont été pris à la hauteur de l'ifle de Cuba par deux belan tres anglo-américaines ces deux corfaires ont emmené avec eux les trois vaiffeaux & leurs équipages, à la réferve de ces vingt-deux mâtelots, qui, profitant de la liberté que les corfaires leur laiffoient de les fuivre ou de s'en féparer, fe font rendus à Cuba dans une chaloupe. On attend inceffamment de la Havane les vingt autres qui doivent arriver ici fur des bâtimens efpagnols.

FRANC E.

or

VERSAILLES (le 6 Septembre.) Le roi a accordé les entrées de fa chambre au marquis de Serént. S. M. a nommé à l'abbaye de Flines, dre de Citeaux, diocefe d'Arras, la dame de Ste. Aldegonde, religieufe de cette abbaye.

La reine étant à Choify depuis le 17 du mois dernier, y a été attaquée d'une fievre tierce qui a accéléré le retour de S. M. ici, où elle est arrivée le 20- Cette incommodité ne donne aucune inquiétude fur une fanté auffi précieuse; elle a feulement avancé le retour du roi, qui re

B s

vint ici le 21 avec toute la cour.

M. le duc de Chartres, de retour du voyage qu'il vient de faire, eut le 21, l'honneur de faire fa cour à Leurs Maj.

Le 23, le comte Jules de Polignac, meftrede-camp-lieutenant du régiment du roi, cavalerie, eut l'honneur d'être préfenté au roi par le due de Fleury, pair de France, premier gentilhomme de la chambre, & de faire fes remercîmens à S. M. pour la place de premier écuyer de la reine, en furvivance du comte de Tetlé, dont le roi a bien voulu lui accorder l'agrément. Le 24, il eut l'honneur de prêter ferment entre les mains de la reine.

Le 25, fête de St. Louis, les princes & princeffés, les feigneurs & dames de la cour eurent l'honneur de rendre leurs refpects au roi à l'occafion de la fête de S. M. Plusieurs morceaux de mufique furent exécutés à fon lever par fes muficiens ordinaires, fous la conduite du Sr. d'Auvergne, furintendant de la mufique du roi, en furvivance du Sr. Francœur.

Le même jour, les députés des états de Corfe eurent une audience du roi. Ils furent préfentés à S. M. par le marquis de Monteynard, gouverneur de cette ifle, & par le comte de St. Germain, miniftre & fecrétaire d'état ayant le département de la guerre. La députation étoit compofée, pour le clergé, de l'évêque d'Alèria qui portoit la parole; pour la nobleffe, de M. Simoni de Petriconi, colonel d'infanterie, & pour le le tiers-état, de M. Ceneditti.

Le 28, M. le duc de Chartres prêta ferment entre les mains du roi, en qualité de gouverneur & lieutenant-général du Poitou.

Le 29, le comte de Monteynard, miniftre plénipotentiaire du roi près l'électeur de Cologue, ayant fupplié S. M. de lui accorder fon

rappel, eut, à fon arrivée ici, l'honneur d'être présenté au roi par le comte de Vergennes, iniftre & fecrétaire d'état ayant le département des ffaires étrangeres.

Le 1er. de ce mois, le corps de ville de Paris ayant à la tête le duc de Cofé, gouverneur de la ville, eut audience du roi, auquel il fut préfenté par M. Amelot, fecrétaire d'état. M. M. Levé & Chapus de Malaffis, nouveaux échevins, prêterent le ferment dont M. Amelot fit la lecture. Le corps de ville eut enfuite l'honneur de rendre fes relpects à la famille royale.

Le même jour, M. le Prettre de Château-Giron, l'ancien des préfidens du grand confeil, accompagné de deux préfidens de cette cour, fe rendit ici, en conformité des ordres du roi, pour y fçavoir les intentions de S. M. fur les remontrances qui lui avoient été apportées, & pour remplir en même tems une miffion particuliere dont cette compagnie les avoit chargés auprès de S. M.

PARIS (le 7 Septembre.) Un édit du roi, du mois d'Août, enregistré au parlement le 23 du même mois, porte création de 5 corps de marchands, & de 44 communautés d'arts & métiers, Il eft dit dans le préambule, « que S. M. a jugé néceflaire, en créant de nouveau 6 corps de. marchands & quelques communautés d'arts & métiers, de conferver libres certains genres de métier ou de commerce qui ne doivent être affujettis à aucuns réglemens particuliers, de réunir les profeffions analogues, & d'établir à l'a venir des regles dans le régime defdits corps & communautés, à la faveur defquelles la difcipline intérieure & l'autorité domeftique des maîtres fur les ouvriers feront maintenus, &c. &c. Cet edit, compofé de 51 articles, & fuivi des états des