fubalternes, & 210 hommes furent faits prifonniers. Nous tenons de ceux-ci que le nombre des ennemis montoit à 2000 hommes, avant l'action, & qu'ils étoient puiffamment fortifiés; le détachement anglois, fous les ordres du brigadier Frazer, n'étoit que de 850 hommes, ceux qui avoient été laiffés à Ticonderago le jour précédent, n'a yant pu le joindre. Pour bien louer une pareille action, Il ne faut qu'en faire le récit; fi l'on demandoit pour quoi, fans attendre les Allemands, le brigadier s'eft engagé dans une pareille attaque, avec une inégalité de nombre fi marquée, il faut confidérer qu'un délai eût pu être le falut de l'ennemi; que les gardes avancées fe trouvoient infenfiblement trop près pour pouvoir éviter d'en venir aux mains fans pouvoir fe retirer, & que d'ailleurs le brigadier croyoit que les troupes allemandes étoient très-près de lui. Ce n'eft qu'au hazard que l'on peut attribuer la différence qui fe trouve entre le tems de leur arrivée : le major-général Reidesel se hâta de partager la gloire, & il arriva à tems pour l'acquérir. Je n'ai rien a ajouter relativement à cet événement, finon que la conduite du brigadier Frazer n'eft qu'une fuite de cette intelligence toujours uniforme, de cetteactivité, de ce courage, qui l'ont diftingué dans toutes les Occafions, & qui lui donnent le droit d'être recommandé de la maniere la plus particuliere à l'attention de S. M.: les autres officiers & foldats de ce corps ont rendu im. poffible toute espece de diftinction entr'eux, s'étant com portés avec un courage abfolument égal. Le même jour (7 Juillet), des payfans des environs de Skenesborough ayant donné avis qu'une partie des ennemis continuoit fa retraite für Wood-Creek, on détacha le 9me. régiment, pour aller prendre pofte au Fort-Anne, 'afin d'obferver les mouvemens de l'ennemi. Cette tentative réuffit, quoiqu'avec bien de la peine, les chemins étant très-mauvais, & tous les ponts rompus Le refte des troupes fut employé ce jour-là & la nuit fuivante, à traîner 50 bateaux le long des cataractes, afin de faciliter la marche du refte de la premiere brigade vers le Fort-Anne,pour en déloger l'ennemi. Le 8 Juillet, le lieutenant-colonel, Hill commandant le 9me. régiment, nous fit dire que l'ennemi avoit reçu un renfort confidérable de troupes fraîches pendant la nuit; qu'il ne fouffriroit pas que fon régiment fe retirât en face des rebelles, & qu'il tiendroit ferme. Les deux autres régimens de la premiere brigade commandés par le brigadier Powell, reçurent ordre de forcer leur marche. Sur un feCond avis de l'augmentation des forces de l'ennemi, & au bruit du feu de la moufqueterie, le 20e. régiment-matcha en avant, & le major-général Philipps fut envoyé avec quelques pieces de canon pour prendre le comman dement: une grande pluie, qui dura toute la journée, em. pêcha les troupes de gagner le Fort-Anne auffitôt qu'on fe l'étoit propofé; mais ce délai fournit au 9me. régiment l'occafion de fe diftinguer en tenant ferme, & repouffant les ennemis, quoique fix fois plus nombreux. L'ennemi s'appercevant que la pofition de nos gens étoit telle qu'il ne pourroit les attaquer de front, chercha à les envelopper. Sa fupériorité en nombre faifoit craindre que cette tentative ne réufsit, en conféquence, le lieutenant-colonel Hill jugea à propos de changer fa pofition durant la chaleur de l'action; un ordre aufli difficile fut exécuté par le régiment avec la plus grande ponctualité, & le courage le plus déterminé ; enfin, l'ennemi fut entierement repouffé avec une perte confidérable; après un combat de trois heures, il prit la fuite vers le Fort-Edouard, après avoir mis le feu à celui d'Anne, fans cependant avoir touché à un moulin à fcies, ni à un petit fort dont les troupes du roi s'emparerent; durant cette affaire, le gme. régiment fit trente prifonniers, fe faifit de quelques bagages & de munitions, ainfi que des drapeaux du fecond régiment de Hamps hire. Nos pertes font légeres en comparaifon de ces fuc-. cès: le fervice a perdu un officier d'un courage univerfellement reconnu, dans la perfonne du major Grant. On ne peut refufer les mêmes regrets aux officiers qui ont été tués. Dès le commencement de l'action, le capitaine Montgommery du 9e. régiment, homme d'un grand mérite, fut bleffé à la jambe ; il étoit entre les mains du chirurgien, lorfque le régiment fit fon évolution, dans cet état, hors de défenfe, ils ont été l'un & l'autre faits prifonniers par les ennemis: j'ai appris qu'on le traitoit fort bien à Albani, & qu'on comptoit beaucoup fur fa prompte con. valefcence. Les 9 & 10 Juillet, l'armée harraffée, une partie ayant manqué de provifions pendant deux jours, & prefque tout le refte n'ayant ni tentes ni bagages, fe raffembla, & eft aduellement poftée de la maniere fuivante. L'aile droite rangée fur deux lignes, occupe les éminences de Skene f borough; fon flanc droit eft couvert par les dragons de Reide fel difpofés en potence, & fon flanc gauche eft vers Woodcreek. Les troupes de Brunswick, commandées par le major-général Reidefel, ainfi que le corps de Breimen font fur la riviere Caftleton, au pont de communication des chemins qui conduisent à Pultney & à Rutland, le régiment de Hesse-Hanau ef à Faftcreek, pour affures une communication entre l'armée & Caftleton, & mettre en même tems les bateaux en fureté. Le corps du géné.. ral Frazer eft au centre, afin de pouvoir fe porter à la droite ou à la gauche de l'armée. Le reste de l'armée de Ticonderago occupe le FortEdouard, où les rebelles ont reçu un renfort confidérable de troupes fraîches. On a ouvert des chemins pour marcher vers dux par le Fort-Anne & l'on s'occupe à retirer de la crique du bois (Wood-Creck) les arbres, les pierres, & les autres obftacles, afin d'assurer un paffage aux bateaux chargés d'artillerie, de munitions de guerre, & de bouche, ainfi que des équipages de campagne. Ces opérations font fatigantes; mais le zele & le courage de nos troupes font capables de les furmonter. Cependant on fait à Ticonderago toute la diligence poffible pour embarquer le train d'artillerie, ceux chargés de provifions, &c. Sur le lac St. George, un gros de l'armée prendra la même route qui fera celle des magazins, & l'on fe propose de se réunir au Fort-Edouard. J'envoie en même tems à V. E. un état des morts & blef. fés, ainfi que de l'artillerie, des provifions & munitions prifes fur les ennemis; il eft auffi complet qu'on a pu fe fatter de le faire en fi peu de tems. On voit par les regiftres trouvés dans la maifon du commiffaire des guer. res à Ticonderago que fix milles & quelques cens perfonnes avoient reçu l'étape dans les magafins, le jour qui précéda l'évacuation. On dit que les dernieres dépêches que la cour a reçues de Quebec le 27, annoncent la prise du Fort-Edouard par les troupes du général Burgoyne; que, dans cette circonftance, le général américain Schuyler a été fait prifonnier avec 1500 hommes qui faifoient auparavant partie de la garnifon de Ticonderago; que l'armée du roi s'avançoit à grands pas vers Albanie, s'empa rant en chemin de tous les petits forts, fans éprouver la moindre résistance de la part des infurgens, qui fe retiroient de pofte en pofte fur le gros de leur armée, qui doit fe trouver fur les frontieres de la Nouvelle-Angleterre. Le congrès ayant reçu avis que le général Howe avoit deffein de fe porter fur Bofton, a fait avancer vers cette ville un renfort de 6000 hommes & 500 chevaux; la garnison eft occupée nuit &-jour à élever des batteries fur les remparts, & à placer des barricades dans toutes les rues. NAISSANCES. Mme. la ducheffe de Chartres eft accouchée le 23 Aoûr, de deux princeffes. L'une s'appellera Mlle. d'Orléans, & l'autre Mlle. de Chartres. A vendre une charge de premier-président du bureau des finances de la généralité des Trois-Evêchés & d'Alface. Cette charge rapporte 2062 liv. de gages, fans compter tes émolumens du palais, qui, en faisant fon fervice, vont année commune, de 3 à 500 liv. Elle rapporte encore 4 minots de fel, donne toutes les prérogatives des charges des parlements, & confere le premier degré de noblesse. On l'évalue à 51 mille liv. Il faut s'adreffer à Metz, M. de Carriere, rue de la grande maifon. |
