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claré les colonies un état libre & indépendant mais qu'il a formellement déclaré la guerre l'Angleterre.

On apprend de Philadelphie & d'autres ports anglo-américains, qu'il y eft arrivé plufieurs bâtimens d'Europe, chargés d'armes & de munitions de guerre. Ces nouvelles donnent lieu de croire aux efprits inquiets que certaines puiffances fournillent des fecours à nos colonies; mais on fçait que toutes les cours de l'Europe ont exactement rempli la promeffe qu'elles ont faite de n'aider en aucune maniere les Américains, & de ne pas permettre que leurs fujets contribuent à leurs approvifionnemens. Il est poffible que quelques-uns aient fait des fpécula tions fur ce commerce; mais c'eft fans aucun aveu, & aux rifques des peines & dommages que leur indifcrétion pourroit leur attirer.

La cour fait armer une efcadre d'observation, confiftant en 10 vaiffeaux de ligne, & 6 frégates ou chaloupes.

Une lettre d'Antigoa porte qu'un particulier qui venoit d'y arriver de Londres pour fes affaires, s'imaginant fauffement qu'il pouvoit parler dans cette ifle de l'archipel américain auffi librement qu'en Angleterre, n'avoit fait aucun myftere de fa façon de penfer en faveur de la caufe des infurgens, & qu'ayant désapprouvé & condamné tout haut les procédés du gouvernement, il avoit été arrêté comme un féditieux; que les papiers qu'on avoit trouvés fur lui, confiftant en différentes lettres adreffées à des membres du congrès, avoient confirmé l'opinion qu'on avoit prise de lui, & qu'ayant été déféré à la juftice du pays, il y avoit été condamné comme traître à fon roi & à sa patrie.

On raconte un trait bien différent d'un des lords de l'administration, à qui il fait heaucoup

d'honneur: c'eft qu'ayant appris dernierement qu'un tréforier des colonies du nord de l'Amérique avoit emporté l'argent qui lui avoit été confié, & s'étoit venu rendre au parti du roi, il a été d'avis que le gouvernement, loin de profiter de cette lâcheté du tréforier, devoir, à la premiere occafion, le renvoyer à fes commettans, & que les Anglois, quoiqu'engagés dans une conteftation fur différens points de conflitution, dont il eft fort à defirer de voir la fin, devoient furtout redouter de paffer auprès des Américains pour les fauteurs de femblables brigandages.

Plufieurs familles écoffoifes chaffées de la Virginie pour s'être jointes aux amis du gouvernement, fe font retirées avec leurs effets à St. Domingue, en attendant qu'elles aient trouvé un pays où elles puiffent s'établir en sûreté.

On apprend par deux lettres d'Hallifax qu'une armée d'Indiens s'affemble dans la plaine d'Abraham, où elle attend plufieurs autres tribus qui, comme elle, fe dévouent à la défenfe des colonies.

La compagnie des Indes a reçu avis par deux navires françois arrivés de l'Inde au port de l'Orient, que de fes navires font arrivés à Ste. Hélene, & en devoient repartir immédiatement pour l'Europe, & que les troupes de la compagnie étoient en poffeffion de Tanjaour, conformément à un traité d'amitié & de commerce fait entre le prince de cette partie de l'Inde & les employés de notre compagnie. Ses navires feront efcortés depuis Ste. Hélene par un des deux vaiffeaux de guerre qui y ont été envoyés à cet effet, & qui ont reçu l'avis préalable par un paquebot parti d'ici exprès il y a quelque tems. Cette précaution eft d'autant plus néceffaire qu'on a apperçu dans l'océan & à l'entrée du canal des corfaires américains, dont quelques-uns ont de

mandé à des bâtimens de force inférieure, s'il y avoit en route des navires de la compagnie revenant de l'Inde ou de la Chine. On n'eft. pas bien raffuré fur le fort du refte de nos navires qui reviennent des Indes occidentales. & qui, quoiqu'efcortés dans les détroits, furent enfuite féparés & difperfés par le gros tems. La réfolution prife, le 15 Mai par la convention de la Virginie contient ce qui fuit:

En convention, préfens 112 membres, le IS Mai 1776.

Attendu que tous les efforts que les colonies-unies, par les représentations & les requêtes les plus décentes au roi & au parlement de la Grande-Bretagne, pour rendre la paix & la sûreté à l'Amérique fous le gouvernement britannique, & pour effectuer une réunion avec ce peuple à des conditions juftes & honnêtes, bien loin de produire un redreffement des griefs, n'ont attiré, de la part d'une adminiflration impérieufe & vindicative, qu'un furcroft d'infultes & d'oppreffion, & une tentative vigoureufe pour effectuer notre deftruction totale ; que, par un acte récent, toutes les colonies font déclarées être en rebellion, & exclues de la protection de la couronne britannique; que nos propriétés font foumifes à la confifcation ; que notre peuple, lorfqu'il eft fait prifonnier, fe voit forcé à concourir au meurtre & au pillage de fes proches & de fes compatriotes, & que toutes les rapines précédentes & les actes d'oppreffion à l'égard de l'Amérique font déclarés juftes & légaux; qu'on arme contre nous des flottes, qu'on leve des armées, & qu'on fe procure à prix d'argent le fecours de troupes étrangeres, pour foutenir l'exécution de ces deffeins deftru&teurs; que le repréfentant du roi en cette colonie a, non-feulement empêché tous les pouvoirs du gouvernement de s'employer pour notre fûreté; mais que s'étant retiré à bord d'un vaiffeau armé, il exerce une guerre corfaire & fauvage contre nous, débauchant nos efclaves par toute forte d'artifices, pour les attirer à lui, les dressant & employant contre leurs maîtres.

Confidérant que, dans cet état de danger extrême, il ne nous refte d'autre alternative qu'une foumiffion abjecte à la volonté de ces defpotes tyranniques, ou une féparation totale de la couronne & du gouvernement de la

Grande-Bretagne, en un.ffant & employant toutes les forces de l'Amérique pour fa défense, & en formant des alliances avec des puiffances étrangeres pour notre commerce, & pour nous procurer du fecours pendant la guerre.

A ces caufes, après en avoir appellé au fcrutateur des cœurs, qui connoit la fincérité de nos déclarations précédentes, par lefquelles nous avons témoigné notre defir de conferver nos liaisons avec la nation britannique; & après avoir protefté que nous fommes forcés par les confeils pervers de cette nation, & par les loix éternelles de la confervation de foi-même, à renoncer à cette inclination; il a été réfolu unanimement :

Que les délégués nommés pour repréfenter notre colonie au congrès feront munis d'inftructions pour propofer à ce corps refpectable de déclarer les coloniesunies états indépendans & abfolument libres de toute obé fance ou fubordination à la couronne ou au parlement de la Grande-Bretagne, & qu'ils feront chargés de donner le confentement de cette colonie à telle déclaration & à telles me fures, quelles qu'elles foient, qui teront jugées par le congrès convenables & néceffaires pour contracter des alliances étrangeres, & former une confédération des colonies, en tel tems & de telle maniere qu'il lui paroîtra le plus utile; pourvu que le pouvoir de former le gouvernement, & le réglement des affaires intérieures de chaque colonie foient laifés aux corps refpectifs de lég flation de chacune defdites colonies.

Réfola auffi unanimement qu'il fera établi un comité pour préparer une déclaration des droits, & tel plan de gouvernement qui paroîtra le plus convenable pour maintenir la paix & le bon ordre en cette colonie, & pour affurer une liberté réelle & égale à tout le peuple.

Signé, EDMUND PENDLETON, préfident.

JEAN TAZLEMELI, fecrétaire

de la convention.

La réfolution de la province de Rhode-Island ne le cede en rien ni en force ni en hardieffe à celle de la Virginie. Elle eft conçue en ces ter

mes:

Comme dans tous les états qui n'ont reçu leur exiftence qu'en vertu d'une convention réciproque, la protection d'un côté, & l'obéiffance de l'autre font des devoirs mutuels, & qu'on ne doit la feconde qu'en échange de la premiere; & attendu que George III, roi de la Grande-Bretagne, oubliant fa dignité, & n'ayant aucun égard

à la convention, contractée de la maniere la plus folemnelle, ratifiée & confirmée en faveur des habitans de cette colonie par fes glorieux ancêtres, & reconnue encore récemment par lui-même, au lieu de nous protéger, fait, au contraire, tous les efforts poffibles pour exterminer le bon peuple de cette province & des autres colonies-unies, envoyant dans ce deffein fes flottes & fes armées en Amérique, pour affujettir nos biens à la confiscation, pour ravager notre pays par le fer & le feu, & pour y répandre la defolation, à l'effet de nous forcer à nous foumettre à la tyrannie la plus détestable & la plus avilifante.

A ces caufes, forcés par la néceffité & par le devoir le plus cher d'employer tous les moyens que Dieu & la nature nous ont donnés, à la défenfe de nos ineftimables droits & privileges, & à'empêcher l'exercice d'un pouvoir qu'on ne dirige qu'à notre deftruction la préfente affemblée générale a réfolu de déclarer, comme elle déclare par la préfente, révoquer & annuller un acte intitulé: Ade pour affurer plus efficacement l'obéiffance envers S. M. de la part de fes fujets dans la colonie & les domaines de Rhode-Island, & plantations de la Providence.

Réfolu de plus de déclarer, comme il eft déclaré par la préfente, que dans toutes les commiffions des offices civils & militaires, & dans toutes les écritures ou procédures, foit originelles, judiciaires ou exécutoires, civi les ou criminelles, en un mot dans tous les actes où l'on a employé jufqu'ici le nom & l'autorité dudit roi on l'omettra à l'avenir, & qu'à fa place l'on fubftituera le nom & l'autorité du gouverneur & de la compagnie de cette colonie; fçavoir, les gouverneurs & compagnie de la colonie angloife de Rhode-Ifland & des plantations de la Providence: que, pour le refte, de telles commiffons, écritures, ou procédures feront de la forme & te neur qu'elles l'ont été jufqu'à préfent: que les cours de juftice ne feront plus intitulées à l'avenir ni réputées cours du roi; & qu'aucun inftrument par écrit, de quelque genre ou nature qu'il foit, public ou particulier, ne fera plus mention, dans la date, de l'année du regne dudit roi; bien entendu cependant, qu'aucune des réfolutions contenues dans la préfente ne rendra nuls ni vicieux aucune commiffion, écriture, procédure, ni inftrument, paffé ou exécuté ci-devant, à raifon du nom & de l'autorité dudit roi, dont il pourroit y être fait mention,

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