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On parle beaucoup d'un panégyrique de St. Auguftin, prononcé par l'abbé Maury, vicairegénéral & official de Lombez, à l'alemblée du clergé. La mâle éloquence qu'il a déployée, les vertus paftorales de l'évêque d'Hyppone, qu'il a mifes dans tout leur jour, & qu'il a propofées à imiter, fa charité envers les hérétiques même, la tolérance que l'orateur chrétien a recommandée de la maniere la plus énergique & la plus touchante au clergé, d'après les écrits & l'exemple des peres de la primitive églife, lui ont fait un honneur infini, & mérité l'approbation d'un auditoire nombreux & diftingué.

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On affure que le gouvernement a deffein de prendre le couvent des petits auguftins du faubourg St. Germain, pour exécuter le nouveau projet des meffageries. L'emplacement eft confidérable, & a deux iffues, l'une par la rue des Petits Peres, l'autre par celle des Petits Auguftins; on pourra même s'en ménager une troisieme par la rue de l'univerfité; ce qui donneroit les débouchés néceffaires pour l'exploitation de cette grande affaire. On a eu lieu d'être fatisfait de la nouvelle régie des carroffes de la cour, pendant tout le . voyage de Fontainebleau. On y alloit & on en revenoit tout de fuite en 7 h., au moyen des relais établis à Effonne. Les régiffeurs fe propo❤ fent d'accélérer encore la marche l'année prochai.ne. Le Sr. Bernard, qui, par l'arrêt du 7 Août dernier, avoit été nommé le premier des adminiftrateurs, a déja reçu fa démiffion. On dit qu'il avoit été obligé de fortir de Pruffe, où il avoit propofé un établiffement femblable à celui qui s'exécute aujourd'hui.

Les lettres de Pau ne font mention que des tranfports de joie qui y ont éclaté à la nouvelle du retour certain des membres du parlement éloignés & profcrits depuis 10 ans. On y a tiré Décembre. are. quinz. 1775. C

le canon, fonné toutes les cloches & illuminé toutes les maisons.

On écrit de Franche-Comté que le roi ayant donné 25, 000 liv. à cette province pour subvenir aux befoins de fes pauvres en les employant à des travaux publics, l'intendant a diftrait de cette fomme principale celle de 6000 liv. pour l'attelier établi près de la ville de Vesoul, dont les travaux ont commencé le 22 Mai dernier, & n'ont fini que le 21 Octobre, après avoir été fufpendus pendant le tems des fauchaifons, moiffons, vendanges & femailles. Le nombre des travailleurs employés à cet attelier a été très-confi dérable; ils ont fait au panier & à la hotte plus de mille toifes cubes de remblai, dont les matériaux étoient tirés à plus de 200 toifes d'éloignement; ce qu'on ne peut attribuer, qu'à la fatisfaction & même à la gaieté avec laquelle ils fe font livrés à un travail où ils trouvoient une subfiftance honnête, qu'ils auroient bien difficilement cherchée dans des momens de cherté. Le dernier jour du travail a été précédé d'une meffe folemnelle célébrée à fix heures du matin par le Sr. Flavigni, chanoine & curé de la ville de Vefoul, pendant laquelle tous les ouvriers employés à cet attelier, ayant à leur tête le Sr. Ferjeux, fubdélégué de l'intendance, chargé de l'infpection de ces travaux, ont, par les vœux les plus ardens pour la profpérité du regne de S. M., manifefté aux pieds des autels toute l'étendue de leur reconnoiffance.

Mgr. le comte d'Artois ayant acquis de S. M. par échange la ville & principauté de Cognac en Angoumois, les officiers municipaux de cette ville ont célébré la prife de poffeffion de ce prince & en même tems la naiffance de Mgr. le duc d'Angoulême, par une fête folemnelle & une meffe en actions de graces. Le 29 du mois dernier, Mgr.

le comte d'Artois, pour premier acte de propriété, avoit accordé un fecours confidérable aux pauvres de Cognac, & cette bienfaifance, digne d'us frere de S. M., n'a fait qu'accroître encore le zele & les tranfports des habitans de tous les ordres du pays. Le Te Deum, chanté le foir de la même. journée, fut fuivi d'un feu d'artifice. L'intendant des finances du prince fit diftribuer du vin & de l'argent au peuple, & le baron de Courville, capitaine des challes de l'Angoumois, pour donner des preuves de fon zele, termina les réjouiffances par un bal qui dura jufqu'au matin. Plufieurs officiers de Mgr. le comte d'Artois ont af fifté à ces fêtes, & ont été témoins de la joie avec laquelle les citoyens de Cognac fe vouoient à l'heureuse dépendance de leur nouveau maitre.. On écrit de St. Malo que comme le feu qu'on allumoit pour la sûreté des navigateurs fur le cap Tréhal, ne donnoit pas régulierement une lumiere égale, on a fubftitué fur le même cap un fanal à réverbere, & on efpere que pouvant être entretenu, plus facilement & avec plus d'exactitude, il remplira mieux l'objet, auquel il est deftiné.

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Les lettres de Toulon portent qu'on y arme en' toute diligence deux vaiffeaux de guerre deftit és pour, Malte. Celles de Breft anoncent qu'on y ame, pour les ifles, les frégates la Dédaigneufe & la Licorne, commandées par les Srs., Deshayes de Cry, & de Rets de Breil, & les corvettes l'Elourdi & le Sérin, aux ordres du comte le Bégon & du chevalier de Marigny. On apprend que plufieurs bâtimens français,& entr'autres 5 du port de Marfeille ont péri en fortant des bancs de terre-neuve, à la pêche de la morue.

Le Sr. Phlipeaux, étudiant en médecine à l'univerfité de cette ville, fut fuffoqué dans les derniers jours du mois d'Ocbre, par la vapeur du

charbon: on lui fit prendre d'abord quelques queurs fpiritueufes, qui, loin de le rappeller à la vie,ne parurent qu'augmenter la léthargie. Son frere qui cultive la chirurgie, & qui connoifioit le traitement que le Sr. Portal a configné dans fon rapport publié par ordre de l'académie des fciences, & nouvellemer.t réimprimé aux frais du gouvernement, fit ceffer, auffi-tôt qu'il parut Pufage des cordiaux, & ordonna qu'on tranfportat le corps du fuffoqué au grand air, & qu'on le frorât avec du vinaigre; on lui en fit même avaler à plusieurs reprifes, & ce fut par cette méthode que le jeune étudiant recouvra l'usage de fes fens. Il fe plaignit, quelques momens après, d'un violent mal de tête, qui céda encore à l'usage de l'oxicrat ou du vinaigre avec de l'eau.

Le Sieur Mercklein, allemand, mécanicien établi ici, a inventé pour le foulagement des malades un doffier d'un mouvement fimple, qu'on peut appliquer à tous lits, & qui procure à la perfonne malade cu fouffante toutes les pofitions & points d'appui que le foulagement ou la facilité du fervice & de l'adminiftration des divers remedes peuvent requérir. Ectr'autres atteftations des avantages de cette invention, le Sr. Buffon premier-médecin de Mme. la comteffe d'Artois & de Mgr. le duc d'Angoulême, a donné au Sr. Merckelein un certificat de l'ufage qu'en a fait pendant fa couche Mme. la comteffe d'Artois qui en a éprouvé le foulagement le plus marqué & qui a eu la bonté d'en témoigner fa fatisfaction à l'inventeur.

Le 14 de ce mois, l'académie royale des inf criptions & belles lettres tint fon affemblée publique d'après la St. Martin. Le Sr. Dupuy, fecrétaire perpétuel, annonça que le Sr. Larcher, de l'académie des fciences de Dijon, avoit remporté le prix, qui est une médaille d'or de 500 livres.

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Il déclara en même tems que l'académie regrettant de n'avoir pas un fecond prix à diftribuer, avoit accordé l'acceffit à l'abbé Giraud de la Chau, bibliothécaire & garde du cabinet de pierres gravées du duc d'Orléans. Il s'agifloit d'examiner quels furent les noms & les attributs divers de Vénus chez les différens peuples de la Grece & de l'Italie, &c. Le Sr. Dupuy annonça enfuite que le fujet du prix qui devoit être diftribué à pâques de l'année 1777, confiftoit à examiner quel étoit l'état de l'agriculture chez les Romains, depuis Jules-Céfar jufqu'à la mort de Théodofe en 395,& quelle a été fon influence fur le gouvernement, les mœurs, le commerce & réciproquement celle de ces trois objets fur l'agriculture. Ce fujet eft la continuation de celui que l'académie doit couronner à pâques de l'année prochaine.

Le Sr. Dupuy fit enfuite la lecture de l'Eloge hiftorique du Sr. Capperonnier: elle fut fuivie, 1o. de celle d'un Mémoire fur la guerre & la fource de fes principes, par le Sr. de Maizeroy: 2°. de la Préface qui doit être mife à la tété de la Traducion en vers de l'Odyffée, par le Sr. de Rochefort; 3°. d'un Mémoire fur la vie & les chroniques de Monftrelet, par le Sr. Dicier.

Le lendemain, l'académie royale des fciences tint fomaffemblée publique d'après la St. Martin, préfidée par le comte de Maillebois. Le fecrétaire ouvrit la féance en annonçant le prix de 4000 liv., accordé par le roi à celui qui, au jugement de l'académie, aura trouvé les meilleurs moyens de procure à la France une production & une qualité de falpetre plus abondante que celle qu'on obtient préfentement &c. ( on en a parlé précédemment) Le Sieur Demarêts lut enfuite un mémoire fur les differentes époques qui résultent des yeftiges que laiffent après elles les éruptions des volcans. Le Sr. Bailly continua la féance par un

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