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ble & de calamité, qui ont fait gémir la nation entiere. Il nous eft enfin permis de donner un libre cours aux fentimens de nos cœurs. Qu'une fête patriotique foit le fignal de l'union, de la concorde, & du bonheur ! Le Sr. de Nicquet, premier préfident de cette cour, eft toujours ici, & n'a point done né fa démiffion. L'évêque de Metz, conjointement avec le maréchal de Broglie, continue de follici, ter vivement en faveur de cette ville-là, pour obtenir le rétabliffement de fon parlement.

Tandis que la juftice & la bonté du roi effacent toutes les traces du funefte bouleversement de la magiftra ure, on a configné, pour l'inftruc tion de la postérité, les détails de cette étonnante révolution dans un ouvrage qui a été publié ici depuis peu, fous le titre de Journal Historique de la révolution opérée dans la confticution de la monarchie françoife, par M. de Maupeou, chancelier de France, avec cette épigraphe: Quis talia fando temperet à lacrymis ? Ce livre eft en trois volumes, d'environ 400 pages chacun. On y voit (à l'imi tion du Journal de l'Etoile ) par ordre de dates, tout ce qui s'eft paffé depuis l'époque du fatal éditdu 27 Novembre 1770, jufqu'au retour des princes à la cour, fur la fin de 1772. La fidélité du récit, l'exactitude des faits, la multitude d'anec→ dotes, & l'élégance du ftyle font beaucoup rechercher cet ouvrage extrêmement rare; & l'on elpere que l'auteur le continuera jufqu'à l'époque où Louis XVI a rendu les magiftrats au vou de la nation. Ce livre, & le Recueil des Réclamations, &c. imprimé il y a deux ans en 2 volumes in-8°., ferviront de monumens pour perpétuer à jamais la honte de ceux qui ont coopéré à renverser les principes fondamentaux de la monarchie françoife, & la gloire des généreux miniftres qui ont concouru à les réta

Des lettres de Breft portent qu'il y étoit ar rivé des ordres de vifiter les magasins & les vaif feaux de guerre, pour fçavoir s'ils font bien entretenus, & fi les employés à cet effet s'acquittent de leur devoir. Ces avis ajoutent qu'outre les frégates & les corvettes destinées à exercer les officiers de marine, on y en équipe d'autres pour être employées contre les pirates dans l'Archipel.

L'intendant de la généralité de Poitou, informé que la maladie des bêtes à cornes pénétroit dans le Périgord & la Saintonge, vient de publier une ordonnance par laquelle il prend toutes les mefures convenables pour prévenir ce mal, en interdisant les moyens de communication. H défend même, par une feconde ordonnance, le débarquement de tous cuirs dans les ports ou fur les côtes de fa généralité, de quelques lieux qu'ils puiffent!

venir.

On a répandu, en même tems, dans la même province, par ordre du gouvernement, un remede préservatif, dont voici la recette. « Prenez un bâton de foufre d'environ une livre; laiffez-le pendant 8 jours dans le baquet où l'on fait boire les bœufs & les vaches. Au bout de ce tems, fubftituez un autre bâton de foufre au premier; verfez enfuite trois féaux d'eau dans le baquet, & ajoutez-y les ingrédiens fuivans; fçavoir, trois gros d'alun de Rome ou d'Angleterre, trois gros de fel marin, trois bonnes cuillerées de vinaigre ordinaire, & une poignée de fon, de farine d'orge, ou d'autre farine: mêlez & donnez à boire au bétail à fon gré, foit en total, foit en par tie. On ne donnera le foir à boire que de l'eau commune, fans autre ingrédient que le foufre qui reftera toujours dans le baquet, ainsi que l'eau préparée qui aura pu refter de la boiffon du ma n. On confeille de donner également le foir las

boiffon du matin aux bêtes que l'on foupçonneroit d'être attaquées de la maladie ».

On mande de la Rochelle un fait très-fingulier qui s'eft paffé dans l'ifle de Ré le mois. dernier c'eft ainfi qu'on le raconte. Un jeune homme qui s'étoit exercé à tirer un coup de piftolet avec une jufteffe dont on a peu d'exemples, imagina une maniere affez plaifante de perfec tionner & de montrer fon adreffe. Il adapta à un morceau de bois une lame de couteau qui préfentoit fon tranchant au dehors, & qui étoit fortement attachée au bois ; cette lame devoit lui fervir de but; il la pofa à 15 pieds de diftance, & tira avec tant de jufteffe, que la balle ayant porté fur le tranchant du couteau, fut partagée en deux par le milieu; les deux parties égales ainfi coupées, s'enfoncerent dans le bois à côté de Ta lame, à droite & à gauche. Plufieurs perfonnes furent témoins de ce coup, & en montrerent le plus grand étonnement; le tireur voulut renouveller cette preuve d'adrefle; un des affiftans, qui le connoifioit, & qui admiroit plus que perfonne, la jufteffe avec laquelle il tiroit, jeune encore, & peu réfléchi, s'avifa de lui propofer. une autre expérience; c'étoit de tirer fur la pointe de fon épée, qu'il lui préfenta, le bras tendu, & le corps effacé; tous les fpectateurs s'oppoferent à cette extravagance qui pouvoit avoir les fuités les plus fâcheufes; mais le tireur faififfant cette imagination, prend fon piflolet, & ajufte fon coup; il part; & par un bonheur inoui, la balle rencontrant la pointe de l'épée, s'enfile, & pénetre, à la longueur de 8 à 9 pouces, fur la lame qui étoit évidée. La commotion du coup caufa un tel frémiffement à la main de celui qui tenoit cette lame, qu'il fut forcé de l'abandonner; chacun crut en ce moment, qu'il avoit le poignet emporté; il ne réfléchit qu'alors à fon imprudence, aux fuites

qu'elle eût pu avoir, & il lui prit un tremblement univerfel; on fut obligé de le porter dans la marfon devant laquelle s'étoit faite cette épreuve, & où il y avoir une compagnie très nombreuse de perfonnes de tout âge, & de tout fexe: ce ne fut pas fans peine qu'on le fit revenir à lui; la compagnie elle même, qui avoit été étonnée & effrayée eut befoin de recourir à l'eau, au vin, aux liqueurs, pour fe remettre de l'émotion que ce dernier effai d'adreffe lui avoit caufée. Le 5 de ce mois, le roi a tenu un lit de juftice à Versailles, relativement à la police des grains, chercher les moyens de faire renaître l'a

&

pour bondance.

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N. B. La gazette connue depuis 1733 fous le titre de Courrier d'Avignon, & fulpendue par la réunion de cette ville à la couronne de France, va reprendre un nouveau cours. Cette feuille paroitra 2 fois par semaine, à commencer le 4 JuilJet prochain, & contiendra 4 pages d'impreffion in-4°., & rien de tout ce qui pourra la rendre in-téreffante ne fera négligé. On foufcrit chez JeanJofeph Niel, feul imprimeur du pape, rue de la balance à Avignon, moyennant 12 liv, pour les perfonnes qui prendront cet ouvrage chez l'imprimeur, & 18 liv. pour celles à qui on l'enverra par la pofte, franc de port. On s'abonnera dans tous les tems de l'année à fon choix, & l'argent fera remis franc de port &c.

GRANDE-BRETAGNE. LONDRES le 29 Avril.) La cour ayant conçu quelques inquiétudes fur les armemens que la cour d'Espagne fait dans tous fes ports, a chargé fon ambaffadeur à Madrid d'en demander la deftination. Un courier dépêché par ce miniftre arriva ici le 22 de ce mois, & remit au roi des dépêches qui contiennent, dit-on, la réponse de S. M. Cath,

On apprend de la Jamaïque, que deux frégates de l'efcadre de l'amiral Caxton ayant rencontré un vaiffeau de guerre espagnol 'aux Indes occidentales, qui emmenoit un fénaut Anglois, dont il s'étoit emparé, fous prétexte de commerce illicite, & qu'il refufoit de relâcher, il y avoit eu un combat dans lequel le vaiffeau espagnol fut dé-mâté & le fénaut repris par les frégates, qui l'emmenerent à la Jamaique avec un officier, & quelques matelots efpagnols qui étoient à bord.

Les deux chambres du parlement ont repris le 25 leurs délibérations, qui ont eu furtout pour objet de régler les fubfides néceffaires au fervice de cette année.

L'adreffe préfentée au roi par le lord maire& la corporation de cette capitale, tendoit à montrer à S. M. la bleffure profonde, & peut-être mortelle, que les nouveaux bills porteroient au commerce, la ruine des manufactures, l'accroif-fement des taxes, l'aliénation des efprits dans les colonies, & le carnage des fujets de S. M.

On y repréfentoit que c'étoit un principe inal térable de liberté qu'aucune partie des domaines ne pût être taxée fans être repréfentée; que, par conféquent, on ne pouvoit dépouiller les concitoyens de l'Amérique d'un droit auffi facré; qu'on voyoit avec confternation que les pouvoirs de l'excife fe trouvaffent étendus fur tous les objets de leurs revenus, & que l'intérieur de leurs habitations (cette efpece de fan&uaire du citoyen). fût exposé à être profané par la violence, & ouvert au caprice du moindre commis des douanes; qu'il n'étoit pas moins injufte de mettre leur liberté & leur vie dans un état précaire, par la loi qui les expoferoit à fe voir traînés fur l'océan pour venir fe faire abfoudre du crime de trabifon ou de félonie dans la Grande-Bretagne, où l'hom me le moins coupable, dénué par la diftance des

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