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ter une guerre de religion; lorfqu'il aura pris une attitude convenable vis-à-vis des Puiffances étrangeres; lorsqu'il aura fait payer les impofitions, hoc opus, hic labor; lorfqu'il aura fimplifié la grande machine, qu'il l'aura dégagée de fes rouages inutiles, comme d'un grand nombre de municipalités; lorfque fans avilir le pouvoir exécutif, il l'aura contenu dans de juftes bornes, & lui aura läiffé les rênes de la force exécutive, &., alors, magnus erit Appollo.

Quatorze millions en affignats ont été brûlés en deux fois; en les ajoutant aux 330 millions déjà éteints, il en résulte une fomme de 344 millions.

NOUVELLES DES DÉPARTEMEN S.

Parmi les départemens qui ont fait parvenir leurs félicitations à l'Affemblée Nationale on remarque l'adreffe du Confeil du département de Loire & Cher, qui exprime hautement fon mécontement fur le veto dont cette loi a été frappée. Les fociétés des amis de la Conftitution offrent de toutes parts au Corps Législatif, les témoignages de leur fatisfaction; mais quelques-unes, entr'autres, celle de Strafbourg a réfolu d'envoyer au roi une pétition fignée individuellement, pour le prier de donner fa fanction à ce même décret, dont, fuivant les membres de cette fociété, dépend le falut de l'Empire & furtout celui des départemens frontieres. La même société a arrêté d'exclure de fon fein tous ceux qui ne fe rendroient pas aux affemblées primaires.

Jufqu'à préfent, le veto fufpend tous les effets du décret, & les émigrés convaincus que la loi ne peut atteindre ni leurs perfonnes ni leurs propriétés, redoublent d'efforts; leurs armemens s'augmentent de jour en jour, & leur

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correfpondance difti e le poifon de la révolte dans les 83 départemens. La banniere aristocratique & celle de la fuperftition, font le ralliement de tous ceux qui ont juré de renverfer la Conftitution, & de s'oppofer au regne de la liberté. Les uns s'agitent & font briller leurs armes fratricides; les autres menacent les efprits foibles des peines de l'autre monde pour pouvoir regner à mais dans celui-ci. On ne doit donc pas s'étonner d'apprendre qu'un foulevement eft à peine appaifé dans un départe ment, qu'il renaît dans un autre. C'est ainsi qu'à Montpellier, les Arifttocrates ont voulu faifir l'occafion des affemblées primaires pour exciter un mouvement féditieux.On a été obligé d'ffiéger une maifon d'un procureur, dont ils avoient fait une efpece de place d'armes, & d'où étoient partis des coups de fufris; elle a été enfoncée ; deux perfonnes qui y étoient enfermées,

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tuées, deux autres bleflées. Le drapeau rouge a été déployé, mais l'émeute ayant paru dillipée, la loi martiale n'a point été proclam e. Par des lettres du 20 Novembre " on apprend que de nouveaux troubles ont affligé cetre ville, & il en eft rétulé de nouvelles horreurs. Un nommé Jourdan, menuifier, a été pendu. On lui a coupé la tête, & elle a été exposée fur les murs de la ville. On a tire fur les volontaires; ils ont ripoftés, & un de leurs officiers, M. Rolan, a été tué. Sans donner d'autres détails, ces lettres portent que le 13, le parti ariftocratique étoit vainqueur; que le 14, il étoit vaincu, & que le 15, il étoit acca blé par les Patriotes qui triomphent aujourd'hui & qui font parvenus à rétablir l'ordre. On compte 6 ou 7 pertubateurs tués, & un plus grand nombre de bleffés.

L'efp.ir de fédition couve auffi dans les dé

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partemens du Rhin, & quelquefois il éclate. Le juge de paix de Munfter, exerçant la police correctionnelle vient de condamner, felon la loi, à 50 liv. d'amense & à un mois de prifon, un jeune fanatique atteint & convaincu d'avoir out gé fon curé conftitutionnel. Celui de Souitzbach, administrateur de la cure de Wihr, petite ville volúne lut s'y rendre pour y célébrer l'office divin, loriqu'il rencontra fur le grand chemin une. tourbe de manans & de femmes, atlemblés autour d'un grand feu, & qui attendoient_ce pafteur pour l'y jetter. Ce ne fut qu'avec peine qu'il put fe fouftraire à leur fureur. Ce tait a été dénoncé aux adminiftrateurs à Colmar qui ont reçu une députation de Neuf-Brifac, dont les habitans, bons patriotes dailleurs, réclament la confervation de leurs capucins. Une cinquantaine de communautés du même district fon des pétitions combinées en faveur des prêtres non-conformites.

aux.

A Privet, au département de l'Ardeche, les. habitans, ainsi que dans d'autres lieux du royaume, perfuadés que le baptême ne peut être valablement conféré par des eccléfiathiques dont ils n'adoptent point les opinions religieufes, fe difpenfent de préfenter leus entans fonis baptifmaux de leurs paroiffes & environnent ainsi d'incertitude l'époque de leur naiffance. Le directoire, convaincu que tout ce qu'il peut y avoir de religieux dans lacte de baptême eft étranger à l'ordre politique, arrêté que l'Affemblée Nationale feroic fuppliée de protéger une loi qui prefcrive les formes civiles néceffaires pour conftater las naiffance & le décès des citoyens »; & il a ordonné, qu'en attendant, les municipalités de ce département teendront un registre dans lequel elles. conflateront l'époque de la naissance

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des enfans dont elles fçauront que l'enregistrement fur les registres curiaux aura été différée.

Dans le département de la Vendée, les prêtres non-affermentés font plus que jamais attachés à leurs opinions; mais quoiqu'on ait pu dire, aucun trouble n'y eft furvenu, depuis le départ des commiffaires civils.

Le directoire du département de la CharenteInférieure, vient de fuivre l'exemple qu'a donné celui de Paris, concernant la liberté du culte religieux, & que nous avons rapporté dans le tems. Son arrêté deviendra bientôt, fans doute, l'arrêté général de toutes les affemblées adminiftratives qui voudront marcher fur la ligne de la Conftitution & de la loi, faire jouir les citoyens de la liberté, de l'ordre & de la paix qu'elles leurs doivent, & ne pas épuifer elles-mêmes toutes leurs forces d'administration en mesure de police fauffes, puériles, contradictoires & anarchiques.

Suivant les avis du département de la Meufe, 40 émigrans ont paffé à Montmédy-Bas, où il y a deux compagnies de grenadiers. Sept de ces fugifs ont été arrêtés & reconnus pour être anciens garde-du-corps. Ils avoient chacun deux pistolets une épée, & leurs voitures étoient remplies de fabres. On leur trouvé 7 mille 700 liv. en or dans leurs bonnets & leurs bottes.

Les bataillons nationaux du département de la Meurthe font enfin équipés & armés. Ils ont fi bien profité des trois mois qui fe font écoulés depuis leur raflemblement, qu'un militaire exercé pourroit à peine remarquer quel que différence entre la précifion de leurs ma nœuvres, & celle des troupes de ligne. La difcipline y eft d'autant plus exacte qu'ils

ont éloigné de leurs drapeaux les querelleurs & les infubordonnés. Ils ont d'ailleurs, fur la plupart des troupes de ligne, un avantage précieux, celui d'une entiere confiance dans les chefs qu'ils fe font choifis, & fur le patriotifme defquels ils peuvent compter.

Le quatrieme bataillon des volontaires du même département, a paffé par Toul, le 15 Novembre, en fe rendant à fa deftination fur les frontieres. La municipalité, en écharpe, l'a accueilli à fon entrée; les Gartes Nationaux qui étoient allés à leur rencontre avec leur compagnie d'artillerie, fe font empreffés de lui témoigner, par une fête civique, les fentimens d'amitié & de reconnoiffance dont ils font pénétrés pour ces braves compatriotes qui ont renoncé aux douceurs de la vie privée pour aller, loin de leurs foyers, veiller à la défenfe de la. patrie..

Les ennemis de la Révolution qui, il y a que ques mois, 'regardoient en pitié ces raffemblemens de volontaires, font for cés d'avouer aujourd'hui que cette mefure fauvera la France; & que d'ailleurs la Nation trouvera toutours une fource inépuifable dans la formajion fucceffive de ces bataillons que l'on peur licentier en tems de paix ; & dont les individus difperfés feront encore utiles à la chofe publique, en portant dans leurs foyers l'expérience des exercices militaires, l'habitude de la difcipline, & de l'obéiffance à l'autorité légitime, fi néceffaire à une nation auffi jalouse de conferver fa liberté.

On mande du département de Haute Loire, que les électeurs y ont élu à l'unanimité M. de La Fayette à une place d'adminiftrateur de ce département, en déclarant le defir de le nommer à la préfidence. M. de La Fayette, en recevant la députation qui eft

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