Page images
PDF
EPUB

dre de fe rendre inceffamment à leurs corps refpectifs. Tous les chantiers font remplis de vaiffeaux dont on preffe le radoub ou la conftruction, ou l'armement à Cadix, Cartagene, Seville, Malaga, & autres places maritimes. On y promet de grandes récompenfes à ceux qui veulent s'enrôpour la marine.

ler

Les derniers avis de Parme font regarder comme affez prochain, l'accommodement du différend qui fubfiftoit entre le roi d'Espagne & l'infant-duc. On dit, en conféquence, que S. A. R. rappellera le marquis de Llano, en qualité de miniftre au département des affaires étrangeres; mais qu'il ne fe mêlera, en aucune maniere, des affaires intérieures de l'état.

On apprend de Gênes qu'on y a éprouvé les funeftes effets de la faillite d'Amfterdam; il s'y eft fait, en même tems, trois banqueroutes,' formant entr'elles un objet de près de 12 millions.

Il est tombé à Bologne une grande quantité de neige, accompagnée de tourbillons impétueux, qui ont renversé un grand nombre de cheminées, découvert & enlevé les toits de plufieurs palais, déraciné beaucoup d'arbres dans les campagnes, & renversé une infinité de maifons de payfans. La hauteur de la neige à Florence, étoit fi extraordinaire, que l'on ne fçavoit comment fortir des maisons.

TURIN (le 5 Mars.) Voici le journal de la maladie du roi, & de ce qui l'a fuivie.

« Le roi paffa la nuit du 15 au 16 du mois dernier, dans une très-grande agitation; l'oppreffion étoit très-vive; il ne dor nit point, fouffrit beaucoup dans la journée, & ne parut point en public. La nuit fuivante fut moins mauvaife; la toux continuoit cependant; la fatigue qu'elle lui caufoit & le défaut de fommeil augmenterent encore - Mars, 1773. ae, quinz. C

ce

[ocr errors]

La foibleffe; l'hydropifie faifoit de nouveaux progrès, & les forces de S. M. ne lui permettoient pas de fupporter les remedes qu'on avoit employés avec fuccès depuis quelques années. L'oppreffion redoubla le 17; la foibleffe étoit extrême, & tous les fymptômes annonçoient une mort prochaine. Le roi fe détermina pourtant, avec peine, à fe mettre au lit; la nuit fut très-fâcheufe, la toux très fréquente, & le mal devint fi preffant, que les médecins jugerent inutile de lui adminiftrer des fecours qui n'auroient pu qu'accélérer fa mort. Ce prince reçut les faintes huiles vers les II heures du foir. Le 18, il tomba dans un tel accablement, fans voix, fans aucun figne de connoiflanqu'on crut le moment de fa perte peu éloigné. Il paffa tout ce jour & la nuit fuivante dans le même état d'infenfibilité & d'affaiffement total. Sa Majefté vécut cependant encore toute la journée du 19, & fuccomba enfin la nuit du 20 à une heure moins 10 minutes du matin à la violence & à la longueur de fa maladie, après une agonie de plus de 50 heures. Le duc de Savoie, fon fils, (aujourd'hui le roi Victor Amédée) partit le 21 pour la Vénerie, avec fa famille. Le roi fut expofé, le même jour, dans la falle des gardes, fur un lit de parade, vêtu d'un habit blanc à l'efpagnole, ayant une couronne fur la tête une autre aux pieds, à côté de laquelle étoient pofés fon fceptre & fon épée, couverts d'un crêpe noir. La falle étoit entourée d'autels, fur chacun defquels on a célébré tous les jours le St. facrifice de la meffe; & les fujets de S. M. s'y font rendus en foule pour y prier & y rendre les derniers devoirs à un prince univerfellement regretté. Son cœur & fes entrailles ont été déposés à la métropole.

[ocr errors]

Le chevalier Pioz, maitre des cérémonies, notifia, le 21 après-midi, aux Miniftres étrangers,

de la part du roi de Sardaigne Victor-Amédée, la mort du roi Charles-Emmanuel III, ainfi que le deuil que la cour a pris le 23.

[ocr errors]
[ocr errors]

Le 25, le corps du feu roi fut renfermé dans un cercueil de plomb, en préfence du cardinal des Lances, du grand-chambellan, & des autres grands officiers de la chambre & de la chapelle. Le comte de Lafcaris, miniftre des affaires étrangeres, & en cette qualité, notaire de la couronne, dreffa tous les actes & les procès-verbaux d'ufage. Le cercueil fut placé fur un char funebre, & le cortege qui devoit l'accompagner fe mit en mouvement à huit heures du matin. La marche étoit ouverte par un détachement de dragons, fuivi de deux bataillons des autres régimens qui font en garnifon dans cette ville : venoient enfuite, rangés fur deux haies, les pauvres & les éleves de tous les hôpitaux de la ville, portant des flambeaux; la nobleffe, en manteaux & en grands habits de deuil; la livrée du roi celle du prince de Carignan, & tout le clergé de la chapelle royale. L'archevêque de Turin & trois autres évêques environnoient le char, devant lequel marchoient le prince Victor de Carignan & le prince Eugene, fon frere; le grand-écuyer, à cheval, portoit l'épée du roi : fes quatre premiers écuyers, fuivis des quatre feconds, foutenoient les coins du poële; &, derriere le char, le grand chambellan, à pied, portoit fon grand collier de l'ordre de l'annonciade, fur un plat d'or. La marche étoit fermée par des détachemens des gardes-du-corps à cheval, & deux haies de ces gardes à pied s'avançoient aux deux côtés du char. Le convoi funebre fortit de la ville dans cet ordre. Les troupes y rentrerent un moment après, ainfi que tout ce qui n'étoit deftiné qu'à la pompe du cortege. On tranfporta alors le corps du roi fur une litiere, & il fut accompagné par

le détachement des gardes-du-corps, le grandchambellan, le grand-écuyer, les premiers & feconds écuyers, jufqu'à l'église de la Superga (*). Les chanoines recurent le convoi hors de leur enceinte, & dépoferent le feu roi dans la chapelle ardente, où étoit précédemment le roi Vic

tor

fon pere, qu'on defcendit dans le caveau. Après avoir communiqué au fupérieur de la maifon tous les procès-verbaux, & fait un acte de dépôt, le comte de Lafcaris lui remit une des clefs du cercueil, & garda la feconde. Le cardinal des Lances, qui s'étoit rendu à la Superga, affifta à cette cérémonie avec le grand-chambellan, & les autres grands officiers que leurs charges y appelloient, & figna auffi tous les actes. Le jour n'eft pas encore fixé pour les funérailles.

Le 26, le chevalier Morozzo, miniftre des affaires internes, demanda, de la part du roi, au comte Bogin, miniftre & secrétaire d'état aux départemens de la guerre & de la Sardaigne, la démiffion de ces deux places, qui, jufqu'à ce que S. M. y ait nommé, feront adminiftrées par le Sr. Chiavarina, fecrétaire du cabinet du roi, & ancien premier officier des bureaux du comte Bogin. S. M. conserve à ce ministre ses appointemens & fes penfions en retraite.

Le 27, le roi & la famille royale revinrent de la Vénerie.

Le département de la Sardaigne a été réuni à celui des affaires internes, dont il avoit été séparé anciennement. On ne fçait point encore à qui fera conféré celui de la guerre. Le marquis d'Aigue-Blanche a été créé miniftre d'état, avec la

(*) Cette églife eft fur une colline, à une lieue & demie de Turin; Victor Amédée la fit conftruire pour la fépulture de toute fa famille.

furintendance générale des archives de 3. M. Le lendemain de la mort du roi, le cardinal des Lances s'eft démis de fa place de grand-aumônier de la cour.

S. M. a attaché à fa perfonne les premiers & feconds écuyers, ainfi que les valets-de-chambre qui la fervoient précédemment, & a confervé à ceux du feu roi leurs appointemens & leurs ti

tres.

ESPAGNE.

MADRID (le 6 Mars.) Le roi a disposé de deux places d'exempt dans fes gardes-du-corps, en faveur de Don Frederic Requerrens & de don Paul di Sangro.

On affure qu'il a été conclu un traité entre cette cour & celle de Verfailles.

[ocr errors]

On a reçu avis du port de Cadix, qu'il y eft arrivé, le 8 & le 12 du mois dernier les navires le St. Julien, de la compagnie des Carraques, & le Bon Confeil, venant tous deux de Vera-Crux, & la frégate la Vidoire, venant de Buenos Aires. Ils avoient à bord pour le compte du roi & des particuliers, la fomme de 590, 573 écus forts en argent monnoyé & travaillé; 7,087 faifceaux de cacao; 2, 776 quintaux de cuivre ; 9, 287 arrobes de cochenille; 464 arrobes de petite graine; I, 585 arrobes de jalap; 197 arrobes d'achiote; 52, 563 cuirs en poil; 6,753 cuirs tannés; 32, 590 banilles ; 11,306 livres de laine de Vigogne, & autres productions de ces pays-là,

PORTUGAL.

LISBONNE (le 28 Février.) Le feu prit, la muit du 8 au 9 de ce mois, au monaftere des religieuses, appellé dos Santos, ou Santos No

« PreviousContinue »