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qu'ajouter à ses malheurs. Ce fut alors que notre res pectable et infortuné collègue, tantôt abattu par le chagrin, et tantôt égaré par le désespoir, souhaita voir arriver sa fin, et l'eût peut-être hâtée, si l'amitié et la religion ne fussent venues à son secours. Il se mit à rassembler et à arranger ses chers livres, et ce fut pour lui une utile distraction.

Mais il ne devait pas survivre long-temps à tant de désastres : il était venu, assez bien portant, à la séance publique de l'Institut; mais ayant eu froid en s'en retournant, il eut, le lendemain, de la fièvre et de l'oppression. Etant allés le voir, M. Huzard et moi, au nom de la Société de la Faculté de Médecine, il nous dit: La mort et moi, sommes en présence; certes, je ne reculerai pas devant elle. Heureusement la mort a été douce pour cet homme de bien : il s'est paisiblement endormi, dans le sein de l'Éternel, lundi 15 de janvier, à quatre heures du matin.

M. Tenon avait quatre-vingt-douze ans; il était resté célibataire. Il prodigua, pour le perfectionnement de son art, les sommes que lui avait rapportées la confiance des riches, qui l'avaient toujours, recherché, lorsqu'il ne rechercha jamais que les pauvres. Il avait, dans sa démarche, ses mœurs, ses habitudes et ses goûts, quelque chose de patriarchal, Son langage était magistral et sentencieux; il aimait à raconter, et il racontait parfaitement : c'était un répertoire vivant de tous les évènemens remarquables qu s'étaient succédés pendant sa longue carrière. Nous ne l'entendrons plus ce bon, ce vénérable vieillard: la terre va le dérober pour jamais à nos yeux attendris; mais notre respect, notre reconnaissance, nos regrets, le suivront au-delà du tombeau, et sa mémoire restera éternellement chère à tous ceux qui l'ont connu comme nous, ou sur lesquels se seront étendus ses bienfaits.

SÉANCES DE LA FACULTÉ.

7 Décembre.

D'APRÈS une lettre de Son Excell. le Ministre de l'Intérieur, MM. Chaussier et Dubois sont nommés commissaires pour faire un rapport sur une demande du sieur Luna-Caldéron, qui desire être autorisé à faire l'épreuve d'un remède qu'il regarde comme préservatif du mal vénérien.

M. Desenne, sculpteur, annonce qu'il a déposé dans la salle d'Assemblée de la Faculté, le buste en, marbre de feu M. Thouret, qu'il avait été chargé d'exécuter. Il proposait en même temps à la Faculté d'accepter le buste en marbre de M. Sallin, doyen de l'ancienne Faculté de Médecine, en lui remboursant une partie de ses frais qui lui est encore due par les héri tiers. La Faculté, considérant qu'en payant cette somme, elle ne pourrait se regarder comme propriétaire de ce buste, que les héritiers de M. Sallin pour raient réclamer, a arrêté qu'elle ne pouvait accepter la proposition de M. Desenne.

M. Pinson a présenté deux pièces en cire représen tant une maladie de l'épiploon.

Le reste de la séance a été consacré à des objets d'administration intérieure.

21 Décembre.

M. le professeur Desormeaux lit au nom de la commission nommée pour le concours à une place de prosecteur, un rapport très-détaillé sur ce concours. La Faculté a arrêté que ce rapport serait consigné dans son procès-verbal, et l'adoptant, ainsi que ses conclu

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sions, qui sont, 1.° que M. Breschet est nommé pros secteur; 2.° que d'après les motifs exposés dans ce rapport, M. Jules Cloquet est désigné pour remplir la première place de prosecteur qui viendra à vaquer sans être de nouveau soumis aux épreuves du concours. La Faculté a nommé des commissaires pour faire un projet de réponse à M. le Préfet de police, qui consulte la Faculté sur un réglement relatif à la pratique du magnétisme, par une société qui s'est formée à

Paris.

Des commissions ont été également nommées, 1.° pour proposer un projet de réponse à la commission d'instruction publique, qui demandait l'avis de la Faculté sur l'utilité d'une chaire de la doctrine d'Hippocrate, et sur les titres que présenterait M. Demercy pour être appelé à cette chaire; 2.° pour examiner la recette et un échantillon du sirop dit anti-dartreux, adressés avec une lettre par Son Excell. le Ministre de P'Intérieur.

-La Faculté a fait droit à une lettre de M. Jules Cloquet, qui demandait l'ouverture d'un concours pour une des réceptions gratuites instituées par M. le professeur Cabanis, et a chargé M. le Doyen de pourvoir à l'ouverture prochaine de ce concours.

SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
14 Décembre.

M. Lavialle, chirurgien à Lubersac Corrèze), annonce qu'il est dans l'intention d'adresser à la Société un foetus privé du membre abdominal droit, et qui offre d'autres particularités de conformation.

D'après le rapport de l'un de ses membres, sur les ob

servations-pratiques de M. Ysabeau, chirurgien en chef de l'hospice civil de Gien, la Société arrête qu'il lui sera adressé un diplôme de membre correspondant-national.

M. Béclard lit un mémoire sur les acéphales; il fait partie de ce Bulletin. L'Auteur a rédigé ce mémoire à l'occasion de pièces et d'observations qui avaient été adressées à la Société, et sur lesquelles il avait été chargé de faire un rapport...

M. Chaussier a entretenu verbalement les membres de la Société, d'un cas d'empoisonnement par l'huile animale de Dippel, pris par erreur pure et à lạ dose d'une cuillerée à bouche, au lieu d'une dissolution dans l'eau distillée qui avait été prescrite, .,'.

} 22 Décembre.

M. Nysten lit un rapport sur la lettre écrite à la So ciété par M. Louis Valentin, correspondant à Nancy, relative à l'inspiration de l'ammoniaque qui paraît avoir produit la mort chez un épileptique. Ce rapport et ses conclusions ont été adoptés. A l'occasion de cette lecture, M. le professeur Percy a raconté que le fils d'un pharmacien descendant d'une échelle avec un flacon d'ammoniaque, s'était laissé tomber; que la flacon ayant été brisé dans la chûte, le jeune homme fut relevé presque aussitôt dans un état de suffocation, et qu'il périt en très-peu d'heures.

M. Lallement a fait mettre sous les yeux de la Société, le cadavre d'une femme âgée qui portait au pli de la cuisse droite une tumeur considérable formée par une hernie de l'utérus, qui avait entraîné les deux ovaires et une partie du vagin. M. Lallement a communiqué depuis, l'observation écrite de ce fait. La pièce a été modelée en cire. La description en sera consignée dans le prochain Bulletin.

M. Chaussier a fait aussi présenter à la Société un estomac perforé par cause interne. La partie correspondante du diaphragme était également percée. La femm› qui a donné lieu à cette observation, n'avait éprouvé que des nausées sans vomissement. Les matières qui étaient sorties de l'estomac et qui avaient pénétré dans la cavité de la plèvre gauche, étaient noirâtres, nor fétides, mais d'une odeur comme musquée.

M. le docteur Worbe, correspondant, présent à la séance, a lu une observation médico-légale sur un cas d'hypospadias qui a rendu l'état-civil d'un individu fort ambigu, ce qui l'a fait réputer pendant vingt-deux ans du sexe féminin. ( Cette observation fait partie du Numéro de ce Bulletin.) A cette occasion, M. le professeur Dubois a rapporté que dans deux cas d'hypospadias il avait inutilement tenté de faire fermer le canal incomplet de l'urètre, et d'ouvrir ce canal à l'extrémité du gland, et M. le Baron Des Genettes rappelle qu'en 1790 if a lu à la Société Royale des Sciences de Montpellier, une observation analogue à celle de M. Worbe, dans laquelle il a vu le pénis mal conformé, les testicules n'ayant d'ailleurs passé dans le scrotum qu'à l'âge de seize à dix-sept ans. (Journ. de Médecine de Bacher, tom. 88, pag. 81 et suiv.)

Le même M. Worbe a présenté à la Société le modèle en plâtre d'une tumeur qui pesait plus de deux livres, de la nature du lipôme, qui s'était développée au pli de la fesse droite, chez une femme, et dout T'Auteur a fait très-facilement l'extirpation.

C. DUMÉRIL, Secrétaire.

FIN DU QUATRIÈME VOLUME.

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