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Le dey l'a accueilli d'une maniere favorable & en le faifant affeoir à fes côtés, lui a fait fentir le prix d'une faveur qu'il n'accorde jamais à aucun envoyé il l'a chargé d'écrire au roi des François qu'il avoit placé fon envoyé près de lui comme un ami. Il a témoi gné la part qu'il a prife aux troubles de France, en affurant que s'il eût cru pouvoir y remédier, rien ne lui eûr coûté pour prouver fon attachement à la Nation & à la perfonne du roi, à qui il envoie trois de fes chevaux en préfent.

Le grand maître de Malte, fur la nouvelle de la poffibilité d'une rupture entre la régence d Alger & la France, a eu foin de faire efcorter les vaiffeaux françois par les fiens, & d'en faire fortir pour protéger le commerce.

Marseille, raffurée fur les expéditions dans le Levant, témoigne la joie que la nouvelle de l'affurance de la paix a répandue dans fon fein. Elle est d'autant plus intéreffante en ce moment, que fi le commerce des Echelles avoit été interrompu pendant que celui des colonies languit, deux fources abondantes de travail pour les pauvres & de profpérité pour tout l'Empire fe feroient fermées à la fois.

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Cette circonftance prouve que le miniftre dé la marine avoit agi fa,ement, en se bornant à demander des fonds pour un armement de précaution & qu'il n'étoit pas né ceffaire d'adreffer à l'Affemblée un meffage du roi pour annoncer des hoftilités imminentes, puifqu'une fimple démarche a fait renaître la Lécurité.

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M. La Cépede en concurrence avec M. Briffot pour la préfidence de l'Affemblée, a obtenu 321 voix contre 156, & a été proclamé préfident.

La féance s'eft terminée par le vote de deux fommes pour le département de la guerre, l'une, d'un million 371, 728 liv. pour la boulangerie, & l'autre, d'un million 220, 960 liv. pour les fourrages de l'armée. PRÉSIDENCE DE M. LACE PEDE. Du 28 au foir.

Un grand nombre de pétitionnaires ont entretenu l'Affemblée ou d'objets purement perfonnels, ou d'objets dont l'intérêt pour la chofe publique n'eft pas affez marqué pour que nous les mettions fous les yeux de nos lecteurs. Cependant on doit diftinguer un Patriote Hollandois qui, après avoir prié l'Affemblée de furveiller l'adminiftration des penfions accordées par l'Etat à des Hollandois réfugiés en France, lui a donné une grande leçon qu'il a appuyée de l'expérience de fon ancienne patrie, qui fut vaincue pour n'avoir pas attaqué. « Prévenez les attaques, a-t-il die on doit prévenir les crimes pour s'épargner le foin de les punir ».

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Le parti qui dominoit, il y a un mois, à Avighon, & le parti qui y domine aujourd'hui ont fucceffivement entretenu l'Affemblée, le premier, par l'organe de M. Rovere, fon député le fecond, par la voie d'une adreffe. L'un a accufé, l'autre a comblé d'éloges les com miffaires civils: l'opinion publique éclairée par le tems prononcera.

Tous les jours elle prononce en faveur du décret fur les émigrés, & contre le veto dont il a été frappé. La Commune de Touloute; après avoir félicité l'Aflemblée de ce dérer, en provoque un auffi fage & auffi vigoureux contre les prêtres féditieux & fanatiques...

M. Amelot adreffe à l'Affemblée un état des biens nationaux vendus ou à vendre dans quarante-cinq diftrias: ils fe montent à194,000,000

Du 29.

On l'a déjà dit, & il faut le répéter les troubles auxquels les prêtres livrent la France ne font pas des troubles religieux, mais feulement des diffentions civiles. I1 n'est pas ici queftion de querelles dogmatiques, ni même théologiques; il ne s'agit que de débats purement politiques on how

C'eft fur cette vérité, qu'il a développée: avec autant d'é oquence que de philofophie que M. François ( de Neufcha eau) a motivé, l'article additionnel adopté dernierement, fauf rédaction, fur la motion de M. Albitte : cet article porte que les églifes confacrées au culte falarié ne pourront être employées à aucun autre culte, & que les églites jugées inutiles au culte falarié ne pourront être louées ou vendues ,pour être confacrées à un culte exercé par des miniftres qui auront refufé ou rétracé le ferment civique...

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M. François a paffé en revue les différens points de diffentiment qui nous divifent des prêtres infermentés, & il a prouvé que, bien loin de roucher au dogme, ils n'avoient mê me rien de commun avec les questions de la théologie,

Nous avons adopté l'unité du gouverne ment, ils admettent deux puiffances; nous aimons l'égalité, ils la déteftent, nous re connoiffons la fouveraineté du Peuple, ils fe profternent devant un fouverain étranger; ils veulent fe fouftraire à la police civile, ils ont créé l'Infernale police de l'inquifition ; la lis berté de la prefle eft notre ouvrage, l'inder, eft le leutelt un prêtre, qui a inventé les lettres-de-cacher, Ceft nous qui les avons abolies; la Conftitution prononce l'égalité descontributions, le Clergé diffident s'attribuois

l'infolent privilege de n'en pas payer, & daignoit à peine accorder à la nation d'orgueilleufes aumônes, fous le nom de dons gratuits; la conftitution anéantit les corporations, le Clergé diffident veut être une corporation indépendante, dominant; la Conftitution ordonne la vente des biens nationaux, le Clergé diffident tourmente & damne ceux qui les achetent.

Telle est l'analyse de l'éloquent rapprochement que M. François a préfenté. « Meffieurs, a-t-il ajouté, l'Etat n'eft pas dans l'Eglife, & fi l'Eglife veut être dans l'Etat elle doit refpecter les loix de l'Etat »>.

Enfuite il est entré dans les plus beaux développemens fur les dangers dont l'hypocrifie & la rage des prêtres menacent l'Empire, & fur la néceffité de l'article dont if propofoit la rédaction. Un autre article du décret déclare fufpe&t de rébellion tout prêtre qui refufera de prêter le ferment civique. « Comment eft-il poffible, a demandé M. François, que vous permettez à un tel homme de raffembler fes fanatiques profélytes; tolérer leur raffemblement, ce feroit tolérer le ge me de la guerre civile ».

L'Affemblée & le Peuple ont couvert des plus vifs applaudiffemens l'éloquent difcours de M. François, & elle en a décrété l'impreffion & l'envoi aux quatre-vingt-trois départemens.

La rédaction propofée a été adoptée; le décret entier a été relu & envoyé à la fanction du roi.

Voici la rédaction de l'article qui a fait l'objet de la difcuffion.

« Les Eglifes & oratoires nationaux qui fervent à l'exercice du culte falarié par l'Eta Piz Décembre 1791 No. XXXV. C

ne pourront être employes à aucun autre culte, les Eglifes & oratoires nationaux que les adminiftrations déclareront n'être pas néceffaires au culte falarié, pourront être loués ou ac quis par des citoyens d'un autre culte pour y faire exercer le leur; mais cette faculté ne pourra s'étendre aux prêtres qui, ayant sefufé le ferment civique, font déclarés fufpects de mauvaise intention contre la patrie & de révolte contre les loix; le préfent décret ne préjudicie en rien aux droits des proteftans de la confeffion d'Aufbourg, qui jouiffent du culte fimultané dans les départemens du Haut & Bas-Rhin, Doubs & Jura ».

On a ouvert la difcuffion fur le projet de décret préfenté par le comité diplomatique relativement aux mefures à prendre à l'égard des puiffances qui fouffrent fur leur territoire des raffemblemens d'émigrés, & fur les motions de M. Rulh & de M. d'Aveiroult qui avoient le même objet.

Le rapporteur du comité diplomatique a propofé de décréter qu'il feroit envoyé au roi une députation de 24 membres chargée de le prier, au nom de la Nation.

1o. De faire, tant auprès du chef de l'Empire que de la Diete de Ratisbonne, des directoires des cercles & des princes particu liers, toutes les réquifitions néceffaires pour obtenir la ceffation des raffemblemens hoftiles contraires au droit des gens, comme aux loix de l'Empire.

2o. De manifefter la ferme réfolution de diffiper ces attroupemens par la force, fi la juftice, demandée au nom de la nation, lui étoit refufée.

3°. D'accélérer les négociations entamées depuis fi longrems avec les princes poffefGionnés en Aliace.

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