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ception n'a pas été fufpendue par des arrêts par ticuliers, continueront d'être perçus.

Trois Juifs, qui, à la faveur de l'édit du mois de Mars 1767, avoient levé des brevets dans le corps des marchands merciers, ayant éprouvé jufqu'à préfent des difficultés pour leur réception, le confeil d'état, par un arrêt du 30 Juillet dernier; leur permet d'exercer librement leur commerce à Paris.

Des lettres-patentes du roi, en date du 30 Mai dernier, maintiennent & confirment les habitans des paroiffes du Sart-de-Nouvion, en Tiérache, Bergues, Boué & de la portion de celle de Batzy, qui dépend de la Picardie, dans la faculté de tirer le fel blanc néceffaire à leur confommation, des villes de Flandres, Artois ou Hainaut où il y a des raffineries, à la charge par eux de continuer à payer annuellement à la recette des gabelles de Guise une fomme de 40 liv. parisis.

Une ordonnance du roi, du 5 Août, change le nom du régiment d'Eu en celui de Nivernois. Le colonel-lieutenant de ce corps eft fupprimé & l'uniforme continuera d'exifter tel qu'il a été réglé, à la réserve des tambours, fifres & clarinetes, qui prendront l'habit de drap bleu, affecté à la livrée de S. M.

L'arrêt du confeil rapporté ci-deffus, annonce qu'il va s'opérer de grands changemens dans tout ce qui concerne les voitures publiques. Cette partie fera mife en régie au compte du roi, & il y a déjà fix régiffeurs nommés pour cet effet. Cette nouvelle adminiftration procurera beaucoup d'avantages au public. On ne peut encore en donner des détails; mais il paroit conftant que la célérité dans le fervice fe réunira à beaucoup d'économie pour les voyageurs, & que les moindres yoitures feront 20 lieues par jour, Bien des per

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fonnes font intéreffées à fronder ce projet par leur intérêt perfonnel; mais aujourd'hui que tout tend au bien public, ces confidérations ne font plus d'aucune valeur.

Madame Clotilde & Mme. Elifabeth, accompagnées de la comteffe de Marfan, se rendirent le 1er. de ce mois, à la maifon royale de St. Louis, à St. Cyr. La fupérieure, à la tête de fa communauté, eut l'honneur de les recevoir. Mme. Clotilde qui a toujours honoré cette maifon de fes bontés & de fes vifites, lui fit préfent de fon portrait, qui fut reçu avec un tranfport attendriffant & général. La fupérieure, de fon côté, prit la liberté de lui offrir un écran où elle eft représentée en broderie, donnant le plan de fa maifon à la princeffe. Cet écran fut accepté avec cette grace & cette bonté touchante qui font fi naturelles à Mme. Clotilde. Les deux cens cinquante demoiselles élevées à Saint-Cyr, fous la protection & par la munificence de S. M., s'étant avancées enfuite, précédées de la Dlle. Durfort de la Roque, leur compagne, exprimerent par l'organe de cette demoiselle, dans des vers compofés par le Sr. Ducis, fecrétaire de Monfieur, leurs propres regrets & ceux de la France entiere, fur le prochain départ de cette augufte princeffe pour la cour de Turin; l'extrême fenfibilité de toute cette maifon religieufe, & celle que voulurent bien lui témoigner les deux princeffes, rendirent cette vifite des plus intéreffantes.

L'arrangement fait par l'abbé Terray fous le feu roi, avec M. le comte d'Eu, n'aura pas fon exécution; & M. le duc de Penthievre recueil-) lera toute la fucceffion de ce prince au moyen de la rétroceffion que lui en a faite S. M. Pour acquitter les charges, M. le duc de Penthievre fe propofe de vendre plufieurs terres, & celle de Sceaux eft de ce nombre.

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Le duc de la Vrilliere, le feul qui ait rempli la charge de fecrétaire d'état pendant plus d'un demi fiecle, va paffer quelque tems à fa terre de ChâteauNeuf. Son appartement de Verfailles a été donné au miniftre des affaires étrangeres, parce qu'il eft plus vafte pour recevoir, une fois la femaine tout le corps diplomatique. Le Sr. de Malesherbes occupera celui que quitte le comte de Vergennes.

Le prince Camille de Rohan, qui avoit quitté le commandement d'une galere de Marseille pour aller fervir fur la flotte espagnole, eft arrivé à la cour, où il a rendu compte de la bataille qui s'eft donnée le 3 Juillet, fur la plage d'Alger. Il y étoit avec le corps des premiers débarqués ; & lorfqu'il s'eft rembarqué, celui qui lui tendoit la main pour l'aider à remonter dans le vaiffeau, a été emporté d'un boulet de canon.

Le 2 de ce mois, les princes & pairs tinrent une affemblée au parlement, fur l'affaire du maréchal-duc de Richelieu contre la dame de St. Vincent. Peu de jours auparavant, il leur avoit été diftribué un mémoire à confulter pour les parens de cette dame, figné du vicomte de Caftellane, du marquis & du comte de Simiane, & fuivi d'une confultation, fignée par l'avocat Piet Dupleffis. Le motif, qu'en commençant leur mémoire, ils difent les avoir engagés à rompre le filence, eft l'avantage que le maréchal en tiroit. « Les odieufes circonftances dont ce procès eft embarraffé, les avoient tenus éloignés. Mais aujourd'hui ils fe préfentent, conduits par le fentiment de leur propre injure; preffés par la loi, déterminés par l'honneur, ils fe portent fur cette fcene honteufe; ils y voient une femme foible, frivole, étourdie, retenue dans les fers, aux prifes avec cet homme actif & puiffant; il est défendu par l'appareil des plus grandes places; il eft appuyé fur une fortune immenfe; c'eft fa Septembre. 1775. re, quinz. C

parente même qu'il choifit pour fa victime; il l'a arrachée à l'afyle que la prudence de fa famille lui avoit préparé pour la défendre contre fa propre foibleffe, & contre les malheurs qu'elle pou voit lui caufer; il la pourfuit; il veut l'immoler à fa vengeance ». Ce n'eft point cependant l'affire même entre le maréchal & fa parente qu'ils expofent dans leur mémoire; c'eft leur propre injure, celle de leur famille qu'ils veulent venger. « Nous déclarons, difent-ils, que nous ne venons point ici pour foutenir la caufe de Mme. de St. Vincent, confiée au plus augufte tribunal de l'Europe ». Mais ils accufent le maréchal d'avoir ravi la dame de St. Vincent à l'autorité de fes parens, & d'être ainfi lui-même l'auteur des imprudences qu'elle a pu faire, des crimes qu'elle a pu commettre, quoiqu'ils foient perfuadés que la dame de St. Vincent eft innocente de celui dont le maréchal l'accufe; fçavoir, d'avoir fabriqué 34 pieces fauffes de la main du maréchal de Richelieu. « Votre témérité, difentils, & vos accufations font une double injure faite à des familles qui n'ont jamais eu à rougir que des liifons que vous formâtes avec elles. » Sur leur expofé, le confeil eftime le maréchal coupable de rapt (raptus in parentes), & « que la voie la plus réguliere que les parens de Mme. de St. Vincent puiffent prendre quant à-préfent, eft celle de la dénonciation à M. le procureurgénéral, fous la réferve de fe pourvoir après le jugement de ce procès, qui va recevoir fa décifion ». Au refte, ce mémoire, fort concis, eft écrit du ftyle le plus vigoureux, & l'on y attaque briévement, mais avec force, l'abus qu'on croit que le maréchal a fait de fon crédit dans cette affaire au châtelet, particulierement par le moyen du Sr. Marion, intendant du maréchal de Richelieu, & tout-à-la fois greffier de cette ju

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rifdiction, « Les vils inftrumens de fa vengeanee ofent accabler d'injures & d'outrages la petitefille de Mme. de Sévigné on la précipite dans ces prifons, qui ne furent jamais deftinées que pour les criminels d'état, &c ». Le maréchal de Richelieu, offenfé de la vivacité & du ton de reproche qui regnent dans ce mésioire, a rendu plainte, & en a demandé la fuppreffion, en le qualifiant de libelle. La cour des pairs a admis fa requête, pour y faire droit après le jugement, & elle a indiqué une autre féance au 22.

On dénonça le II, au parlement, qu'il y avoit dans quelques greniers de cette ville des amas de Bled gâté, dont quelques boulangers faifoient ufage en le mêlant avec de bon grain. La cour chargea le procureur-général d'en faire l'examen, & d'en rendre compte aux chambres affemblées. Le 12, fur le rapport de ce magiftrat, on nomma des experts qui feront entendus à la huitaine.

Les chanoines comtes de Lyon n'étant pas contens de la décifion du parlement précédent qui les affujettit en quelque forte à leur archevêque, les oblige de porter des livres à l'églife, contre l'ufage ordinaire, &c., s'étoient pourvus par requête civile pour faire caffer ce jugement. L'affaire a été plaidée en plufieurs audiences, l'avocatgénéral Séguier avoit donné fes conclufions en faveur des chanoines. Mais, après une longue défibération, la cour a rendu un arrêt qui les déboute de leur demande en entérinement de requête civile, & les condamne aux dépens.

Le marquis de Saluces Provana & toute fa bran che reparoiffent dans l'oréné du palais pour combattre les marquis & comte de Lur, qui fe font qualifiés de feuis defcendins d'Augufte de Saluces, dernier fouverain du marquifat de Saluces. Il y a déjà eu dans cette importante affaire, des mémoires refpectifs, qui ont exposé l'état de la

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