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Jacques Petit, matelot, a arrêté fur le rivage un foi-difant colon que la tempête y avoit pouffé dans le canot de la corvette du roi l'Expédition, dont il s'étoit emparé à St. Malo pour paffer à Jersey. Cette femme s'étant rendue le. 23 Juillet dernier, entre 7 & 8 heures du matin, dans la greve pour y pêcher, s'y trouva feule, & apperçut dans un petit bateau un homme luttant contre les vents & les flors, pour s'éloigner du rivage. Le croyant un François que la tempête avoit jetté fur cette rive, elle lui cria de venir à elle, parce qu'on pouvoit aborder en cet endroit fans danger: comme il ne changea point de manoeuvre, elle imagina qu'il ne l'avoit pas entendue, & gravit un rocher pour s'appro cher de lui; de-là elle l'exhorta de nouveau à prendre terre dans une anfe qu'elle lui indiqua; mais comme il lui répondit dans une langue qu'el le n'entendit pas, elle ne douta point que ce ne fût un Anglois qui, furpris par la tempête trop près de nos côtes, cherchoit à tenir la mer en attendant le retour du beau tems; elle fe jetta à l'eau, aborda le bateau. Le fuyard fut tellement étonné de fa fermeté, qu'il ceffa de ramer, & ne fongea point à faire ufage d'une pi que dont il étoit armé. La femme ne lâcha le bateau, que lorfqu'il fut venu à fon fecours des foldats du régiment de Champagne, qui fe faifirent du fuyard. Les officiers municipaux de Grandville ont fait venir la femme, ont dreffé procèsverbal de fon récit, & écrit à M. de Sartine, qui leur a fait la réponse suivante:

J'ai, Meffieurs, rendu compte au roi de l'ac tion de Jeanne Elie. S. M. voulant récompenfer cette femme de la fermeté & de l'intrépidité aves lefquelles elle s'eft conduite, lui a accordé une gratification de 300 livres, dont le paiement fera ordonné inceffamment, & en outre une pen

fion de 200 livres fur les invalides de la marine, Vous avez bien fait de m'informer de ce qui eft venu à votre connoiffance à ce sujet, & de me mettre à portée de procurer à cette femme une récompenfe fi juflement méritée.

Le chapitre de l'églife royale & collégiale de St. Philibert de Tournus, diocefe de Châlonsfur-Saône, s'eft affemblé le 14 Janvier dernier, pour affranchir ( conformément à l'édit du mois d'Août 1779) de la main morte tous les fonds qui, dans la cenfive de ce chapitre, fe trouvent a.fujettis à cette fervitude. La délibération qui a été prife à ce fujet, a été publiée le dimanche 30 Janvier, à l'iffue des vêpres.

L'académie royale de chirurgie propofe pour le prix de l'année 1781 la queftion fuivante: Expofer les effets du sommeil & de la velle & les indications fuivant lefquelles on doit en preferire l'ufage dans la cure des maladies chirurgicales. Les mémoires, foit françois, foit latins, feront envoyés, francs de port, à M. Louis, fecrétaire perpétuel de cette académie, Ils feront reçus jufqu'au dernier de Décembre 1780 inclufivement, & le prix fe a diftribué le jeudi après la quinzaine de pâques de 1781.

Les numéros gagnans au tirage de la loterie royale de France du 1er. Mars font: 88, 60, 56, 68, 26.

BREST (le 24 Février.) C travaille avec la plus grande activité à doubler en cuivre & à ar mer les vaiffeaux l'Eveillé, le Jafon & l'Ardent, chacun de 64 canons; ils feront partie de l'ef cadre que commandera M. de Ternay, & qui fera compofée des vaiffeaux le Duc de Bourgogne de 80 canons, qu'il montera; du Languedoc de 90, du Céfar de 74, des frégates la Bellone de 40 & de la Renommée de 30. On ignore ia

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deftination de cette efcadre, dont les capitaines ne font pas encore nommés; on dit feulement qu'elle prendra à bord deux mille hommes det troupes, 6 mois de vivres pour les équipages, 3 mois pour les paffagers, & 4 mois de vivres de débarquement.

Les préparatifs & les affretemens que l'on fait à St. Malo, ainfi qu'au Havre, & la défense faite par le miniftre d'embarquer dans le premier de ces ports les prifonniers anglois rendus par échange, donnent lieu de croire que la cour médite quelque expédition importante. On parle. même de l'embarquement de io mille hommes qui feront commandés, dit-on, par MM. de Rochambeau & de Jaucourt, maréchaux-decamp. Le fret du Havre eft de 20 francs le tonneau par mois, à condition que l'armateur fournira fon bâtiment de vivres pour 12 mois, après lequel terme, il lui fera accordé 25 francs au lieu de 20.

Le commandant de ce port, qui hérite ordinairement des armes des officiers qui meurent en cette ville, a cru devoir déroger à cet ufage à l'occafion de la mort de M. du Couëdic. Il a envoyé l'épée & les piftolets de ce brave marin à fa veuve, pour qu'elle les remette un jour à fon fils aîné, en lui rappellant le noble ufage que fon pere en a fait, & les grandes obligations que ces armes lui impofent.

-Le comte d'Aché, vice-amiral, eft mort le 11 en cette ville: on dit que, quelques heures avant qu'il expirât, il reçut des mains de M. Hector le cordon bleu & le bâton de maréchal de France; que ces honneurs avoient été apportés1 par un courier extraordinaire trois jours auparavant, & qu'il ne les a remis au commandant de la marine que lorsque l'état du malade a été abfolu ment défefpéré.

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été nom

Le chevalier de la Cardonnie ayant par le roi au commandement du vaiffeau Adif, peu de jours après le jugement de fon affaire avec le chevalier de ****, le maréchal duc de Tonnerre, président de MM. les maréchaux de France, lui a écrit la lettre suivante, qui fatisfera, fans doute, ceux auxquels il pourroit refter quelque incertitude fur tout ce qui a été dit pour & contre le chevalier de la Cardonnie.

Paris, le 5 Janvier 1780.

J'ai appris avec le plus grand plaifir, Monfieur, que le roi vous a nommé au commandement d'un de fes vaisseaux. Je vous prie d'en recevoir mon très-fincere compliment. Cette marque de confiance de S. M., & la juftice qui vous a été rendue par le tribunal, fixeroient l'opinion publique fur votre compte, fi l'eftime due à un homme d'honneur & à un bon ferviteur du roi pouvoit être altérée par une calomnie.

J'ai l'honneur d'être, &c.

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Signé, le maréchal duc de Tonnerre. L'Adif, de 74 canons, eft un vaisseau neuf qui n'a encore été à la mer qu'une fois, & qui paffe pour le meilleur voilier de notre marine. On eft informé que le Fendant, de 74 canons, commandé par M. de Vaudreuil, est entré dans la baye de Chesapeak. On fuppofe que c'eft pour réparer les dommages qu'il avoit re-, çus fur la côte d'Amérique, ainfi que les deux autres vaiffeaux reftés fous les ordres du comte de Graffe, le Robufte de 74 canons monté par ce chef d'efcadre, & le Sphinx de 64, par M. de Soulanges. On n'a point de nouvelle certaines de ces derniers; mais on affure que le Tonnant, de 80 canons, qui étoit parti pour l'Europe avec le comte d'Eftaing, a relâché à St. Domingue pour s'y réparer.

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On mande de Fougeres, en cette province, ün

fait qui mérite d'être publié. Environ cent foldats du régiment Royal Corfe, également diftingués par leur valeur & leur conduite, étoient à la fin de leur fervice: ils devoient avoir leurs congés au mois de Mars prochain, & ne vouloient pas contracter de nouveaux engagemens, parce qu'ils étoient devenus néceffaires à leurs familles; mais ayant appris que le régiment qu'ils alloient quitter, étoit destiné à faire la campagne prochaine, ils fe font réunis pour folliciter la grace d'y être confervés, & d'y faire la guerre fous le titre de volontaires. Cette faveur leur a été accordée; & elle a été folemnifée le 3 de ce mois, par une fête & un bal que les officiers du régiment ont donnée à ces foldats au château de Fougeres.

Le Conquérant, de 74 canons, qui étoit parti avec M. de Guichen, eft rentré ici, ayant forcé fon grand mât, & faifant une voie d'eau. Extrait d'une lettre de Nantes du 19 Février.

Aujourd'hui il eft arrivé ici un bâtiment forti de la Martinique le 8 Janvier : il nous apprend qu'à l'époque de fon départ, il ne s'étoit rien paffé d'intéreffant aux ifles du vent, fi ce n'est l'arrivée du convoi de Marfeille, efcorté par M. de Flotte. M. de la Motte-Piquet étoit forti du FortRoyal le 3 Janvier, avec 6 vaiffeaux de ligne & deux frégates. Le but de fon expédition étoit ignoré; mais l'on croit qu'il alloit à St. Euftache prendre un convoi de vivres. En attendant, fa fortie prouve que ce brave chef d'efca ire ne redoute pas les entreprifes des ennemis, quoique Supérieurs en nombre, & qu'ils ne feront pas en état de s'opposer à celles que notre escadre pourra tenter lorfqu'elle fera jointe par de plus grandes forces.

On apprend de BOrient que la flotte deftinée

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