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verra, avant le 15 Janvier, la lifte de tous ceux qui auront fatisfait à la loi.

Une revue générale de l'armée aura lieu le 15 Décembre prochain, & fera faite par les commiffaires des guerres affiftés de deux officiers municipaux. Hit jours après la revue, les com milfaires des guerres adrefferont les procès-verbaux au ministre, à peine de def stitution, & le miniftre les enverra à l'Affenblée Nationale.

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iM. Dumas a fait rejetter la motion de M. Thurio, qui propofoit d'infliger aux officiers déferteurs la même peine qu'aux foldats dé-ferteurs. L'Affemblée a décrété que les officiers abfens feroient feulement privés de leurs em -plois & de toute expectative de retraite.

Du aj.

Pendant que le fanatifme égare la raifon & étouffe la fenfibilité d'un affez grand nombre de citoyens, d'autres s'éclairent, s'inftruifent, & de leurs efprits encore mal débarraffés des anciens préjugés jailliffent quelques éclairs de philofophie, qui font bien efpérer de l'avenir, mais offrent un mélange bizarre des idées les plus fauffes, & des vues les plus faines.

C'est ainsi que des citoyens de Périgueux commencent par fe plaindre de ce que les féminaires fe rempliffent de payfans, ce qui n'eft affligeant ni pour la religion, ni pour Etat, & donneroit de meilleurs prêtres que n'en procuroit l'ambition ou la cupidité de quelques ci-devant nobles ou bourgeois, des hommes de mauvaises mœurs ne fe gliffent parmi eux. A la fuite de cette idée, ils offrent à la méditation du légiflateur la penfée intereffante de laiffer aux citoyens la liberté de choisir un laïc vertueux, pour que l'évêque en faffe, fur leur demande, un prêtre

digne d'offrir à la divinité les vœux du Peuple, & capable de lui enfeigner la vertu. On entendra peut être crier au fcandale, fur une telle perspective, des hommes qui oublient que, dans le fiecle où les prêtres étoient puisfans, on a promu le même jour au facerdoce & à l'épifcopat un laic, un Dubois, déshonoré par tous les vices, & que Rome décora pourtant bientôt de la pourpre qu'elle refufoit à la vertu.

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La Dame Delattre pourra parler à fon mari détenu à l'Abbaye. Par une fuite d'un ancien ufage, il avoit été mis au fecret: quelques membres ont penfé qu'il pouvoit être néceffaire de ne pas laiffer à des accoufés, prévenus d'un crime contre la fociété, la liberté de concerter avec leurs complices le moyen d'en dérober la trace; mais le rapport du comité de légiflation a rappellé que, felon la Conftitution, chap. 5 > art. 15, tout homme doit avoir la liberté de voir les amis › parens conteils, &c. fi une ordonnance ou jugement ne porte qu'il fera au fecret. D'après cela, M. Saladin, rapporteur, a annoncé que M. Delattre n'ayant pas été mis au fecret par le décret d'accufation, il pouvoit voir fa femme. La loi existant déjà, l'Affemblée a dù fe repofer fur les officiers publics, de fon. exécution, & paffer à l'ordre du jour. Elle eût pu ordonner que l'accufé feroit tenu au secret: en ne le faifant, pas, elle a donné une importante leçon aux juges qui ajoutent trop légerement à la détention des accufés la peine fi douloureufe de l'ifolement & de l'éloignement de tous leurs proches.

M. Rulle a dénoncé des raffemblemens, de nouveaux enrôlemens au delà du Rhin. On forme, dit-il, des magafins, on paffe des

marchés pour des fournitures avec des Juifs; on machine des complots pour s'emparer de Metz. Les forces des émigrés peuvent s'accroître de celles de l'Empire, dont le chef n'a pas des intentions pacifiques affez prononcées. Il faut montrer à ceux qui forgent à nous attaquer que la France n'a pas déchu du rang qu'elle tenoit en Euroe, & prendre de gra des meures. Celles propofées par M. Rulle étoient de mettre en état d'accufation M. de Condé, M. de Rohan & leurs complices • d'inviter le roi à ex ger le licenciement des brigands enrôlés au delà du Rhin, & décorés du nom de foldats de déclarer au magiftrat de Worms, aux électeurs de Treves & de Mayence, qu'on regardera la continuité des raffemblemens comme une hoftilite enfin > de faire une adrefle pour engager le Peuple à la vigilance, mais à la confiance, au courage, & firtout au paiement de l'impôt.

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M. Cambon s'eft borné à quelques déclamations peu remarquables contre le Miniftere, & a laiffé traiter ia queftion avec plus d'étendue par M. Laveyroux. Ce dernier a tracé rapidement un tableau polit que de l'Europe, qui n'offre rien d'alarmant pour la France fi, ajoute-t-il, elle ne donne pas le tems aux Puitlances malveillantes d'amener des conjonctures qui foient contraires à la France & mettent à même de l'attaquer avec fuccès. Il a fini par propofer d'envoyer une députation au roi pour lui faire part des inquiétudes du Corps Législatif, & l'affurer qu'il verra avec confiance & reconnoiffance les démarches que S. Maj. fera pour détruire les raffemblemens au delà du Rhin, & les mesures de vigueur par lefquelles elle accélérera le retour de la tranquillité publique.

Ces importantes propofitions ont été renvoyées au 29, pour être examinées & difcutées elles ne fçauroient l'être avec trop de maturité: car de la décision de l'Affemblée dépendent peut-être le fort de PEmpire, & le bonneur de fes habitans.

La féance a fini par une adreffe de la municipalité de Perpignan, qui fe plaint de fa garnilon, & craint les fuites fâcheules de quelques différends élevés entre les foldats & la Garde Nationale. Renvoyé au comité mili

taire.

Du 28.

La municipalité d'Alais a découvert que 30 perfonnes étoient prêtes à partir pour fe rendre à Coblence, forfqu'elles ont reçu contreordre. Le chef de ce détachement eft arrêté, felon ce qu'on annonce, & on a appris par des papiers faifis que les trente perfonnes qui ont tardé à rejoindre recevoient en France les 45 liv. de paie que les chefs des émigrés donnent à leur foldats. Si, à la vente des biens nationaux, que cet événement n'a pas fufpendue à Alais, la municipalité joint de l'activité pour le recouvrement de l'impôt, & du courage pour faire refpeéter la foi, elle fervira auffi efficacement la chofe publique que par fon zele à rechercher des projets d'émigration que la paix intérieure & le regne des loix pouvent feuls arrêter ou rendre inu tiles.

Dans un pays où il circuloit 1200 millions au moins d'efpeces d'argent, qui font pref qu'en totalité difparues, il n'eft pas étonnant que le besoin des petits affignats qui les remplacent devienne chaque jour plus fenfible,

que ce numéraire nouveau foit aufli l'objet de l'agiotage. Tout ce qui eft à la fois rare

& néceffaire acquiert bientôt un prix que Pintérêt particulier aug mente en raifon.com pofée du béfoin & de la difficulté d'y fatis faire.

Il n'y a donc qu'un moyen unique de faire ceffer l'agiotage des petits affignats: c'eft, de les multiplier, & de retirer les plus forts: jufques là on n'empêchera pas que le porteur d'une fomme de 500 liv. en petits affignats. & qui aura un paiement à faire, ne cherche à gagner, par l'échange contre du papier de plus forte fomme, un vingtieme de la propriété.

L'Affemblée Nationale en décrétant une création de 100 millions de petits affignats,, dont 75 millions doivent être échangés pour de plus gros en faveur des départemens, commencé à tarir la fource du mal.

Elle a ordonné aujourd'hui que la caiffe de l'extraordinaire, qui avoit déjà reçu 10 mil lions des 25 reftans, auroit les 15 autres à fa difpofition, & les 100 millions destinés aux départemens feront remplacés en leur faveur fur les émiffions futures.

L

La publicité des états des chofes échingées avec les noms de ceux qui les ont reçues dans. les départemens, & celle de la maniere de faire les appoints de paiemens à la caiffe de l'extraordinaire & chez les autres receveurs empêcheront du moins l'agiotage & la fraude. dans les fources premieres de la diftribution & dans les caifles publiques, puifqu'i eft impollible de l'empêcher entre les particuliers. Il paroit que le miniftre de la marine a apporre une grande célérité dans la négociation avec le dey d'Alger, & que M. Liquteski, qui en étoit chargé, la parfaitement fe.. que ne conds, puifqu'il a déjà fait parvenir les plus heureufes nouvelles

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