vaiffeaux qui y arriverent le 13 de ce mois, fe trouvoit le yacht de la ducheffe douairiere de Kingston: il portoit pavillon françois, pour éviter toute rencontre désagréable de la part du Tartare & des autres armateurs américains qui croifent dans les eaux du Danemarck & de la Norwege. Ce vaiffeau, qui eft magnifiquement conftruit, eft monté d'un équipage affez nombreux, compofé d'Anglois & de François, & la fuite de la ducheffe confifte en 50 à 60 perfonnes. Cette dame fe propofe, dit-on, de faire ici quelque féjour, & de fe rendre enfuite à Pétersbourg, où elle a été invitée par une lettre de l'impératrice : elle étoit partie de Calais le 4 de ce mois.

POLOGNE.

WARSOVIE (le 19 Août. ) Le kiaya ou maître d'hôtel de Numan-bey arriva ici le 7 de ce mois & fe rendit fur le champ aux hôtels du maréchal de la cour & du grand chancelier de la couronne pour leur notifier l'arrivée prochaine de l'ambafiadeur turc. Le 8, il fit une vifite au prince Staniflas Poniatowski, neveu du roi, au comte Ogrodski, fecrétaire d'état au département des affaires étrangers, & à quelques autres dignitaires de la couronne. On lui a offert partout du café, du forbet & du tabac à fumer; mais on a obfervé que tous nos magnats l'ont reçu affis & couverts dans leurs fauteuils, & qu'ils me le font pas levés pour le reconduire.

Le 14, Numan-bey, ambaffadeur de la fublime Porte auprès du roi & de la république arriva ici. Le général-major Byszewski, chargé de faire les honneurs de fa réception, & M. Ktuta, interprête de S. M., étoient allés le matin le prendre à Lazienski, dans une voiture de la cour. La marche fe fit par l'allée d'Ujazdow,

le quartier du nouveau-monde une partie du faubourg de Cracovie, & delà à l'hôtel préparé à ce miniftre près du palais de Saxe. Les officiers de fa maison à cheval entouroient fa voiture, & fes domeftiques alloient à pied fur les deux côtés. Ses bagages, conduits par l'efcorte qui lui avoit été donnée fur la frontiere, fermoient la marche. Ce miniftre ottoman fera admis à l'audience du roi le 25 de ce mois.

Par un réglement que la commiffion du tréfor a fait publier, elle déclare, d'après les décifions du confeil permanent, les biens eccléfiaftiques libres du furcroît du demi-impôt fur les cheminées, en fus de l'ancienne taxe, & cela en confidération du don gratuit auquel le clergé féculier & régulier s'eft affujetti. En conféquence, il eft enjoint de dreffer un nouveau tarif des cheminées appartenant aux eccléfiaftiques dans toutes les villes royales.

Une ordonnance de la commiffion de guerre, en date du 26 Juillet, porte réglement fur l'uni forme de l'armée polonoife & lithuanienne, tant pour les généraux & officiers que pour les bas¬ officiers & foldats.

Le college des nobles, dirigé autrefois par les jéfuites, & nommé enfuite college royal, vient d'être fupprimé, & l'on procédera bientôt à la vente des biens de cet établissement, dont les profeffeurs & les éleves font déja dispersés. On dit que plufieurs de ces jeunes gentilshommes feront admis dans le college thérésien à Vienne & les autres entreront aux écoles pies. que

La commiffion du tréfor a publié une ordonnance portant réglement pour la vente exclufi ve du tabac, en conformité de la loi portée à la diete de 1776, qui a converti cette branche de commerce en droit régalien. En conféquence, toute vente de tabac en poudre ou en feuilles

par des particuliers ceffera à commencer du Ier.. - Janvier 1778; & il est défendu d'introduire du tabac de l'étranger depuis le 1er. Décembre de l'année courante, fous peine d'une amende de 3 ducats pour chaque livre de tabac introduite ou débitée en fraude. Il eft cependant permis de faire venir du tabac de l'étranger pour fon propre ufage, mais à condition d'en affirmer la deftination par ferment, de payer 3 florins pour doit d'entrée de tout tabac ordinaire, & 8 florins pour celui d'Efpagne, & que la quantité n'excede point 100 liv. Cette ordonnance fixe les prix de toutes les fortes de tabac, & établit des magasins de diftribution dans 13 villes principales.

Le comte Oginski, grand-général de Lithua❤ nie, qui n'a pu obtenir jufqu'à préfent la levée du féqueftre que la Ruffie a fait établir fur la plus grande partie de fes terres, a pris le parti d'aller à Pétersbourg folliciter lui-même cette main-levée.

Les troupes ruffes confervent toujours la même pofition le long du Borifthene, & il ne paroît pas qu'elles faffent aucunes difpofitions> pour le retirer au-delà de ce qu'on a obtenu d'elles pour le libre paffage du miniftre de la Porte,

On apprend par des lettres de la frontiere que l'officier ruffe qui avoit entrepris de faire fauter les cataractes du Borifthene, dans la vue de rendre ce fleuve navigable, a trouvé la chofe impoffible, enforte qu'on s'en tiendra au projet du canal, qu'on affure être déjà commencé.

Des lettres de: Wilna en Lithuanie repréfentent cette ville dans la plus grande défolation, causée par un orage des plus affreux, mêlé de tonnerre, d'éclairs, & de tourbillons, qui menaçoit cette ville d'une entiere deftruction. Au: départ de ces lettres, on comptoit déjà plusieurs

maifons écroulées, plus de 100 perfonnes, quam tité de chevaux & autres animaux écrafés fous les ruines des édifices, ou entraînés par les torrens. Cet ouragan a porté les ravages dans plufieurs autres parties de ce royaume, où il a abymé & renversé des villages entiers.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG ( le 24 Août.) Depuis que le colonel Faucitt, miniftre plénipotentiaire du roi d'Angleterre, eft de retour à la cour de Hef fe Caffel, on dit qu'il a obtenu de quelques princes allemands qu'on ne nomme pas, 12 mille hommes de troupes auxiliaires. On affure auffi qu'un Allemand, nommé Von-Eichelbeck, qui a commandé fur la flotte ruffe, en qualité de colonel, un corps de Dulcignotes pendant la derniere guerre contre les Turcs, a offert à la cour de Londres d'engager à fon fervice 12 mille hommes de troupes de la même nation, & de les faire paffer a Minorque ou dans l'Amérique feptentrionale, n'exigeant pour tous frais. que 20 liv. fterling par tête.

Les derniers avis de Conftantinople portent que le grand-feigneur a rappellé de Scio Ifmaël bey, qui étoit reis effendi pendant l'ambaffade du prince de Repnin. On l'a toujours regarde comme l'auteur du différend furvenu entre la Ruffie & la Porte; & s'il eft rétabli, comme on le croit, dans la place de miniftre des affaires étrangeres, la paix ne fera pas de longue durée. La Porte ne peut reconnoître l'élection du nouveau kan comme libre & légale, puifqu'elle s'est faite dans un tems où la préfence des trou pes ruffes en impofoit à la multitude. D'ailleurs, il eft aifé de juger de l'influence que le cabinet de Pétersbourg a eue dans cette affaire, par

le difcours que les députés de la Crimée ont adreffé à la czarine, discours qui ne reffemble pas mal à un acte de contrition de toutes les hordes tartares, & la réponse à une abfolution générale.

BERLIN (le 25 Août.) Le roi vient de conférer le grade d'enfeigne dans le bataillon de fes gardes au prince Guillaume, fils aîné du prince de Pruffe, qui eft âgé de 7 ans. On fait que, dans ce royaume, les princes du fang, & même l'héritier préfomptif de la couronne ne font pas exempts de commencer le métier de la guer re par les moindres grades.

Le 14 de ce mois, le roi, accompagné du prince de Pruffe, eft parti de Potzdam pour fe rendre en Siléfie. S. M. a nommé préfident de la guerre & domaines à Cleves M. de Buggenhugen, qui étoit directeur de la chambre des domaines dans la Nouvelle-Marche.

Les deux agens du congrès de l'AmériqueUnie, dont l'un eft parti depuis quelque tems. pour la Siléfie, ont acheté dans les états du roi 15 mille uniformes complets qui doivent être rendus, tous frais faits, à Embden, d'où ils feront envoyés dans les colonies.

Le 10 de ce mois, on effuya ici un orage des plus violens; les coups de tonnerre étoient fi éclatans qu'on ne le fouvient pas d'en avoir jamais entendu de femblables. La foudre tomba en 5 différens endroits de cette ville, entr'autres fur une grande maifon dont elle pénétra les différens étages depuis le toit jufques dans la ca ve, fans caufer aucun mal à 60 perfonnes qui l'habitoient. Une femme enceinte,faifie de frayeur, fit une fauffe couche, dont elle a l'efprit aliéné. Un Juif traverfant la rue fut renverfé par la foudre, & perdit l'ouie & la parole qu'il n'a re