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Les vols font fréquens dans cette capitale, & l'on vient d'en faire un confidérable à M. de Polignac, dans fa chambre à coucher. On lui a pris un diamant d'une grande valeur, sa montre, fa bourfe, & beaucoup de bijoux. La tolérance religieufe eft fi avantageufe à l'humanité, qu'il femble enfin que la Porte Ottomane veuille, adopter cette opinion. Par un firman très-févere, elle vient de défendre à tout Musulman d'insulter à l'avenir un Chrétien, de quelque fecte qu'il soit, & nommément de l'appeller Chiaour, c'est-à-dire, Chien. C'eft en vertu de cet ordre que le pacha de Belgrade a fait publier que tout Chrétien infulte auroit le droit de demander une fatisfaction qui lui feroit accordée fur le champ, & d'une maniere éclatante; les janiflaires, étant, à cet égard, les plus infolens comme les plus redoutables, on n'a pas voulu les recevoir dans Belgrade, dont la garnifon n'eft compofée que de fpahis. Quoique les Chrétiens aient lieu de fufpecter les intentions du Gouvernement Turc, ils profitent de cette faveur, & rentrent dans le territoire ottoman qu'ils avoient été obligés d'abandonner, fauf à quitter encore, s'ils s'apperçoivent que la rufe & l'intérêt du moment ont eu plus de part à ces déclarations que la bonne volonté & les fentimens d'humanité.

La fievre épidémique qui a emporté le prince Potemkin, fait toujours des ravages dans l'ar mée ruffe, dont elle a attaqué plusieurs généraux. Le Gouvernement prend toutes les précautions pour que cette efpece de contagion ne fe communique pas en Transylvanie, en Hon◄ grie, &c.

FRANCFORT-fur-le-Mein ( le 27 Novembre

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1816

Le décret contre les émigrés eft parvenu à Coblence; mais quoi que faffe l'Affemblée Na tionale, drent les lettres de cette ville, les 'émigrés n'en refteront pas moins fidelement attachés à la cau'e des princes. On y voit avec une indicible fatisfachon ques émigrations continuent, & re e torent pas à Ja Neb effe on y calcule que 30 mille bourgeois, Taboureurs, artifans, &c., ont quitté le royau me; une

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procureur-fyndic, à la ere, le maire

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tête de tous les officiers municipaux, viennent d'y arriver & de mettre Heurs écharpes aux pieds des princes. Le, bel & Hateur hommage! De forte qu'on ole dire

Coblente que la France n'eft plus en France; comme le nombre des émigrés, für il triplé, quadruplé, pouvoit occalionner un vuide fenfible en France, comme fi l'immenfe population de ce royaume pouvoir fe tranfplaner & fe concentrer dans quelques petits Etats d'Allemagne.

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Quelqu'il en foit, tout eff en mouvement Pour Pallembler bientot l'armée des émigrés, qur eft pourvue d'artillerie. On a pudit on déterminer le landgrave de Heffe Caffel, auffi grand ennemi de la Révolution Françoife que vendeur de chair humaine,à céder io à 12 mille hommes de fes troupes. On ignore fi avec ce renfort, on commencera la contre révolution, ou l'on attendra le printems époque de l'arrivée des Ruffles & des Suédois. Au refle, il n'y a pas de for qui force croires gouteulement tout ce que certains papiers publics débitent fur le reflet des féntimens unanimes des émigrés On peut fe convaincre du contraire en lifant les extraits de quelques lettres de Coblence & d'Ettenheim..

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Coblence, le r, Novembre.

L'ennui eft le moindre des maux que nous éprouvons ici. Le grand nombre d'infortunés qui follicitent des fecours & qu'on ne peut foulager, déchire l'ame. Si l'on avoit au moins quelque connoiffance de l'avenir; mais randis que, d'un côté, l'on hous berce de Pefpérance d'être foutenus de l'Europe entere d'autres nous affurent que nous fommes abandon és de toutes parts; ce que la tranquillivé générale, & d'autres railons auxquelles on ne peut se refuser prouvent affez. Nous Tommes que trop convaincus que l'empereur 'entreprenara rien en notre faveur, & que fa cor duite fervira de regle à celle des autres Puiflances. Ce qui acheve de nous ôter tour efpoir, ce font les lettres que fe for a écrites diverles époques, aux princes fes freres,

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Euenheim, le 14 Novembre.

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«L'armée noire n'ayant pu tenir plus longtems dans loncamp, eft entrée en partie, dans des cantonnen ens. Cinq cens le font établis à Pleince weyer, a, compagnie d'Alface & une de cavalerie fonta Ettenheim; Je refte devoin aller

Rennichin, en mai on lesa refulés. Le jour de cette aration a été marqué par une forte défertionis comptent fi per fur cette troupe ramallée, quils les ont fait marcher fans habits & dans un accoutrement grotesque. I n'exifte aucune difcipline dans ce Corps mais il y regne une grande méfintelhgence entre les officiers. Les rixes y font fréquentes les uns fouriennent avec chaleur le gros général & les autres font mécontens de fa maniere de conduire les chofes. L'argent ne manque cependant pas, & les piaftres y font Communes. es, lis Iis commencent à douter eux-mê

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mes du foutien dont on les a bercés jusqu'i• ci; mais ils veulent au moins donner quelque chofe à la hiérarchie facerdotale pour fon ar gent ».

L'abbé Maury a paffé deux jours à Worms chez M. le prince de Condé, qui lui a fait l'accueil le plus diftingué. Son difcours a été flatteur pour les émigrans. Il leur a confeillé de perfifter dans leur noble réfolution, en leur annonçant qu'une contre-révolution les récompenferoit amplement de toutes leurs pertes, tant en argent qu'en privileges. En voyant le funefte abus que fait l'abbé Maury de fon éloquence, on peut dire que ce n'eft pas Dieu, mais le démon de la difcorde qui parle par fa bouche.

Le prince regnant de Wied-Runckel eft mort le 1er. de ce mois, à la fuite d'une pul monie, dans la 6ome. année de fon âge.

ITALIE.

ROME (le to Novembre). Nos gazettes annoncent, ainfi qu'il fuit, la réfolution que le pape a prife relativement à Avignon.

Le fouverain pontife vient d'envoyer à tou tes les Cours, & indistinctement à tous les princes de l'Europe, un long mémoire où il expofe dans un grand détail les procédés injuftes, contradictoires, atroces & barbares de l'Affemblée foit - difant Conftituante par rapport à l'ufurpation d'Avignon & du Comtat. On voit que cette Affemblée, après avoir protefté hautement qu'elle étoit absolument éloignée de tout efprit de conquête, & après avoir reconnu les droits légitimes du SaintStege fur Avignon & le Comtat-Venaiffin, atteftés par une poffeffion paifible de plus de cinq fiecles, vient d'employer les crimes les plus borribles & de faire couler des flots 'de

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fang pour s'emparer de fes Etats. Le pape fait fentir en termes énergiques à tous les princes combien il leur importe de redoubler de vigilance & de précautions pour écarter de leurs domaines cette ligue frénétiqué, qu'infpire le délire philofophique de ce fiecle, & pour les mettre à couvert d'une contagion qui ne tend à rien moins qu'à bouleverfer les provinces & les Empires, & à faire de l'Europe entiere un vafte champ de ruines & de carnage >>.

« Le St. Pere déclare enfin qu'il n'acceptera jamais de dédommagement de l'Affemblée Nationale; & dans la confiance d'être foutenue, Sa Sainteté protefte qu'elle fera valoir fes droits ».

Nous attendons avec impatience l'abbé Maury, qu'on nous affure être en chemin pour se rendre ici. Il recevra en cette ville de plus grands honneurs encore que tous ceux qu'on lui aura rendus dans tous les lieux où il aura paffé. Le pape exige qu'il defcende auVatican, & lui a fait écrire par le cardinalminiftre, qu'il ne vouloir pas qu'il prit un logements ailleurs. S. S. a. fait placer dans fa grande falle d'audience la gravure de cet homme fameux, qu'il a fait richement encadrer, On remarque que, dans cette te falle, on n'a jamais placé aucun portrait, pas même de fouverains. On s'attend que le pape le déclarera Cardinal dès qu'il fera arrivé : car perfonne ne doute qu'il ne foit le vir egregius qui a été nommé in petto dans le dernier confiftoi

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Mesdames, tantes du roi, ont demandé au cardinal de Bernis une des deux gravures de l'abbé Maury, qu'il avoit reçues de Paris, & l'ont placée en évidence dans leur appartement. Les Romains témoignent, pour le voir,

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