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ries de Manheim & de Coblence; & il y a longtems qu'on defire voir prendre ce parti.

Sur le bruit qui s'étoit répandu dans quelquesuns de nos ports, que, du confentement de notre cour, celle de Londres feroit faifir fur des navires françois toutes les denrées du crû des colonies du continent de l'Amérique, nos négocians avoient fufpendu leur opération; mais M. de Sartine, miniftre d'état au département de la marine, a écrit à ce fujet à toutes les chambres de commerce une lettre datée de Versai les, le 4 Juillet dernier, & conçue en ces termes :

Je viens d'être informé, Meffieurs, par des lettres venues de la Martinique, qu'on y débitoit que le commandant-général de cette colonie avoit déclaré aux négocians & armateurs, qu'il eft convenu entre la cour de France & celle de Londres que les Anglois pourront faifir fur les navires françois toutes les denrées du crû de la NouvelleAngleterre qu'ils pourroient y trouver, & que les denrées & les bátimens feront de bonne prife.

Je m'empreffe de prévenir les alarmes que cette affertion fans fondement pourroit répandre dans les efprits. Si le cómmandant-général de la Martinique a parlé de la faifie des bâtimens en cas pareil, il n'a qu'annoncer une prétention de la part des Anglois, qu'on a peut-être interprêtée comme l'effet d'une convention entre les cours de France & de Londres; mais le roi me charge de vous faire fçavoir que cette convention entre les deux cours n'existe pas, & que S. M. efi déterminée à réclamer tout batiment françois qui auroit été arrêté fous ce prétexte, & à protéger le commerce, &c.

Des négocians qui n'étoient pas entierement raffurés par cette lettre, ont cru devoir enfuite préfenter une requête, pour demander fi S. M., en réclamant les prifes ainfi faites, ne prétendoit réclamer que les navires, & il leur a été

répondu, conformément à leurs defirs, que la cour revendiqueroit & les navires & les cargaìfons. Ces affurances ont calmé les appréhenfions du négociant, & le commerce a repris toute l'activité poffible.

On voit ici la lifte fuivante des régimens dont les feconds bataillons font déjà dans nos ifles, & dont les premiers ont ordre de s'embarquer par Bordeaux, Breft & St. Malo, avec leurs colonels en premier & en fecond: Agenois, qui est à Vannes: colonels M. le marquis de Cadignan, & M. le comte de Crillon; Armagnac,qui eft à Dinant: colonels, M. le comte de Lowendal, & M. le comte de Puget, fon beau-frere, Auxerrois, qui eft à Blaye : colonels M. le vicomte de Damas, & M. le marquis de Roftaing; Cambrefis, qui eft à Belle-Ifle: colonels, M. lechevalier de Maillé, & M. le comte d'Ailly; Gâtinois, qui eft à Bordeaux: colonels, M. le marquis de Caupenne, & M. le vicomte de Poudens; Viennois," qui eft à Dieppe : colonels, M. le comte de Miromefnil, & M. le marquis de Pardieux. A ces 6 bataillons d'infanterie, on ajoute deux compagnies de chaffeurs des régimens de dragons de Condé & de Belzunce, quatre compagnies d'ouvriers, deux de fapeurs,& quatre de bombardiers.

Un cocher de place s'étant apperçu le foir, qu'une perfonne qu'il avoit menée le matin, avoit oublié dans fon carroffe un fac de 650 livres, alla l'en informer de grand matin. On ne Sçauroit trop, lui dit cette perfonne, vous féliciter fur votre probité. C'eft par-là, répondit le cocher, que je me confole de mes peines & de mon état. Cet honnête homme s'appelle Jofeph Chef de Moy, & fon carroffe porte le numéro 13. L.

Dans une des leçons du cours public d'histoire naturelle qui fe fait au college de pharmacie,

M. Parmentier, l'un des démonftrateurs montré plufieurs épis de bled pris fur des touffes compofées de cinquante tiges, produites chacune par un feul grain ce prodige de fécondité eft du aux foins de l'abbé Poncelet, qui a entrepris fur cet objet un travail fuivi.

On apprend d'Auxerre, que depuis l'établiffement d'un college royal militaire dans cette vil le, dont l'administration est confiée aux bénédictins, les familles de la province s'ompreffent à faire partager à leurs enfans, avec des fujets qui y feront élevés aux frais du roi, les avantages qu'on doit attendre de cet établiffement; it en a déjà été admis un grand nombre. Les religieux, à l'occasion de cet établiffement, ont celébré une meffe folemnelle, à laquelle ont affifté l'évêque d'Auxerre, ainfi que la noblefle des environs, les membres du bailliage, les maire & échevins de la ville, & les principaux habitans.

On mande du Haut-Bugey, que, dans le courant du mois dernier, 13 ou 14 perfonnes paffant avec des beftiaux le bac de Thoicette, fur la viviere d'Ain, efpece de torrent, qui dans cette partie, roule entre des montagnes, & dont les eaux étoient alors groffes & agitées par un orage, le bac eut à peine quitté le bord, qu'il coula à fond avec toute fa charge. Cet accident a coûté la vie à trois hommes, qui n'ont été retrouvés que le lendemain ; quarre ou cinq autres furent aflez heureux pour faifir la queue des beftiaux, qui les amenerent à bord. Le refte des paffagers n'a échappé à une mort certaine que par P'humanité, le zele & l'intrépidité que témoi"gnerent en cette occafion M. Villevert, receveur des fermes au bureau de Thoirette, & les -deux freres nommés Velut, ouvriers fur ce port. M. Villevert fe jetta dans un bateau, n'ayant 1 pour gouvernail qu'un bâton, & parvint à re

tirer des eaux quatre hommes & une femme, qu'il conduifit chez lui, où il leur procura tous les fecours qu'exigeoit leur état. Les nommés Velut, de leur côté, appercevant un homme qui avoit la tête dans l'eau, & dont le bras étoit accroché à une piece de bois, fe jetterent à la nage; & malgré la rapidité du courant qui les entraîna fort loin, ils ramenerent à terre ce malheureux, qui étoit fans connoiffance; ils le porterent enfuite dans la maison la plus voifine, où ils le réchaufferent, & le traiterent fi bien, de concert avec M. Villevert, qui le faigna lui-même, que ce noyé fut rappellé à la vie, & fe trouva en état de retourner le lendemain à pied dans fon village, éloigné de trois lieues. M. Dupleix, intendant de la province, après avoir rendu comp te de ces actions généreufes au miniftere, a écrit, au nom du roi, une lettre à M. Villevert, & a fait donner une gratification aux freres Velut...

M. Reynard, membre de l'académie des fciences de Clermont-Ferrand, & mécanicien ordinaire du roi, a inventé un fufil destiné pour lefervice des troupes, où il y à douze pieces de moins que dans les fufils ordinaires, ce qui ne nuit point à la folidité de l'arme, & la rend moins coûteufe; cette invention a été honorée de l'approbation de l'académie royale des fciences de cette ville.

M. Morand, architecte de la ville de Lyon, connu par différens ouvrages, & notamment par le pont en bois qu'il a conftruit fur le Rhône, vient de préfenter au gouvernement une machine hydraulique de fa compofition, qui réunit les plus grands avantages, par la fûreté du mécanifme, par fa fimplicité & fon peu de dépense. Cette machine eft propre à élever les eaux à telle hauteur qu'on voudra, & pourra être employée également aux différens objets d'agrément

& d'utilité, même pour les arrofemens des prairies & des jardins. Une pente de trois pieds fuffit pour lui donner le mouvement néceffaire, fans autre moteur que celui du poids de l'eau. Cette machine étoit conftruite depuis plus de deux ans à Paris, où elle étoit en dépôt. Ce n'est qu'après des expériences qu'a réitéré M. Morand, dans fa maifon des Brotteaux depuis 1766, qu'il s'eft déterminé à la préfenter comme un objet dont le public pourra retirer une très-grande utilité?

Suivant une lettre de Pontoife, en creusant dans une roche près du pont de cette ville, on a trouvé des coquilles de mer pourvues encore des couleurs les plus vives, une piece de monnoie du tems de St. Louis, appellée alors, une épine, & représentant d'un côté un château, de plus, un requin pétrifié, dont la tête n'a été que foiblement endommagée par les maçons, & qui eft confervée dans le cabinet du procureur du roi de cet te ville. Ce requin eft le fecond qui ait été trouvé dans le pays, en comptant celui qui fut découvert en 1768 ou 9, en creufant dans les carrieres qui font derriere St. Martin. D'où viennent ces requins, & par quel hazard fe font-ils trouvés dans l'intérieur de ces roches? Voilà de quoi exercer l'imagination des maturaliftes & des cu rieux.

Le gros for de 50 mille liv. de rentes viageres de la loterie royale dont les billets étoient de 1200 liv., eft échu à M. de Beville, aide-decamp de M. le maréchal de Broglie; & on mande de Metz, où il eft, qu'on lui en offre 500000 liv.

Les numéros fortis au tirage de la loterie royale de France exécuté le 16 de ce mois, font: 32, 73, 48, 43, 56.

On apprend qu'un événement funefte vient de priver la république des lettres de M. François

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