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rer. de mois, avec M. de Bénoît, & l'on fe flatte que cette affaire fera promptement terminée.

On a imprimé ici en langue polonoife un tarif général, dreffé en vertu du traité fait, le 19 Mars 1775, entre la cour de Berlin & celle de Varfovie, & felon lequel il ne fara payé que deux pour cent des marchandises qui pafferont de la Pologne dans les états du roi de Pruffe & vice verfá, mais 4 pour cent de celles qui feront exportées de la Pologne en d'autres pays, & qui s'importeront de l'étranger audit royaume, dès qu'elles ne feront pas du produit des états pruffiens. On vient auffi d'imprimer un pareil tarif, dont on eft convenu avec la cour de Vienne; ce dernier eft figné du prince Poninski, grand-tréforier de la couronne. Le traité avec la Pruffe a été figné le 15 Mars dernier, par M. Koffowski, tréforier de la cour. Il réfulte de-là que ces deux puiffances briguent le commerce de la Pologne, qui doit leur être fort avantageux, d'autant que le prix des marchandises importées eft le double de celles qui en fortiront.

ALLEMAGNE,

HAMBOURG (le 8 Mai.) On a commencé à embarquer ici le bifcuit deftiné pour les troupes allemandes qui paffent en Amérique. Il doit y en avoir plus d'un million de livres; mais l'embarquement ne s'en fait que de loin en loin.

La derniere divifion de 3 mille heffois & la feconde de 18 cent brunswickois, ont ordre de fe tenir prêtes à marcher; elles prendront la route de Stade & de Bremenlehe, dès que les bâtimens de transport qui doivent les recevoir, y feront arrivés. Indépendamment de ces troupes auxiliaires, on apprend que le colonel Faucit, chargé des pleins pouvoirs du roi d'Angleterre a conclu un nouveau traité avec le prin

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e héréditaire de Heffe-Caffel, fouverain du comté de Hanau, pour la ceffion d'un corps de canonniers, dont il a fait la revue le 26 du mois dernier, & qui doit partir le 15 de ce mois pour aller s'embarquer en Hollande. Un bataillon de 600 hommes des troupes du prince de Waldeck paffe auffi au fervice de la GrandeBretagne.

Quoique plufieurs fouverains de l'Europe aient fait défense à leurs fujets de tranfporter des munitions ou attirails de guerre aux colonies angloifes, on fçait que l'appât d'un gain confidérable y conduit un grand nombre de vaiffeaux de différens états, qui bravent les dangers & les peines qui peuvent être les fuites de ce commerce prohibé. On craint que les troubles de ces contrées n'en occafionnent aussi dans notre continent, & l'on nomme déjà quelques puiffances qui font prêtes à fe déclarer contre l'Angleterre.

Comme la présence du comte de Branicki, grand général de la couronne de Pologne, pourroit exciter quelque fermentation pendant la diete prochaine, on affure qu'il fera retenu encore quelque tems à Pétersbourg. Il fe rendra enfuite dans fes terres, & ne retournera à Warfovie que lorfque fon fort fera décidé avec celui de la nation.

Des avis de Courlande annoncent que cette province eft à la veille de fubir de grands changemens; on dit qu'elle paffera, par échange, fous la domination d'un fouverain du nord & que le duc de Courlande fera nommé gouverneur général d'un vafte district.

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Suivant les lettres de Ruffie, les armemens qui fe font dans les ports de Revel, de Cronf tadt & d'Archangel feront bientôt finis. Les mâtelots destinés à fervir fur cette efcadre ont

reçu ordre de fe rendre à bord des vaiffeaux; leur deftination eft la feule chofe qu'on ignore. Une fille domeftique d'un négociant de cette ville fe trouvant enceinte, eut l'art de cacher fa groffeffe fans que perfonne s'en apperçût. Le terme de fon accouchement étant arrivé, elle s'enferina dans fa chambre, procéda elle-même à fa délivrance, qui fut heureufe, emmaillota fon enfant, & fe mit en état de reparoitre; ce fut l'affaire de deux heures. Sa maitreffe, qui l'avoit appellée & cherchée vainement pour lui donner une commiffion, lui fit une forte réprimande, & voulut fçavoir la caufe de fon abfence. La fervante impatiente, & cédant au pre→ mier mouvement de fon cœur, fui dir: Ek! mais, c'est ce gros garçon qui m'a retenue fi longtems; fi vous fçaviez, Madame, qu'il eft gros! La dame lui ayant demandé de quel garçon elle vouloit parler, la fille la prie de la fui, vre, monte dans fa chambre, & lui montre le nouveau né avec autant de joie que s'il eût été le fruit d'un mariage légitime. La maitreffe tou chée de cette preuve de tendreffe maternelle oublia l'incontinence, ou peut-être la premiere foibleffe de fa fervante, & fe chargea de prendre foin de l'enfant.

BERLIN (le 10 Mai.) Le 26 du mois dernier, le roi arriva de Potzdam au château de Charlottenbourg. Le 27, de grand matin, ce monarque commença la revue des régimens d'infanterie en garnifon dans cette capitale, & continua, le 28, celle de la cavalerie. S. M. eft reftée conftamment à cheval pendant ces revues, & les manoeuvres dont elles ont été fuivies; elle eft enfuite retournée à Potzdam avec les gér néraux qui l'accompagnent ordinairement.

S. M. a nommé fes chambellans le baron de Sierftorpff & M, de Hohberg.

Les jéfuites de la Pruffe-Polonoise font encore dans l'état où ils étoient avant l'édit du roi qui a diffous la fociété dans le duché de Silésie; mais on croit qu'ils ne tarderont pas à éprouver le même fort que leurs confreres.

Le Sr. Janfon, maitre des poftes, arriva ici le 8 de ce mois, expédié en courier de Pétersbourg, & chargé de notifier à L. M. & à la famille royale la trifte nouvelle, que Mme. la grande-ducheffe étoit accouchée, le 26 du mois dernier (N. St.), d'un prince mort, & que S. A. I., après avoir fouffert, pendant 5 jours, les douleurs de l'enfantement, étoit auffi décédée. Cette princeffe, née princeffe de Heffe-Darmftadt, & fœur de la princeffe époufe du prince de Pruffe, était dans la 21e. année de fon âge & avoit reçu, à son arrivée à la cour de Ruffie les noms de Petrowna-Alexiewna,

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FRANCFORT fur le Mein (le 14 Mai.) La our de Baviere vient d'être plongée dans le deuil par la mort de Marie-Jofephine-Anne-Augufte, fille de Charles VII, empereur d'Alle magne, fœur de l'électeur régnant, & douairiere d'Augufte-George-Simpert, margrave de BadeBade. Cette princeffe, qui avoit été frappée, le 6 de ce meis, d'un coup d'apoplexie, eft morte, le 7, à Munich, dans fa 42e. année; elle étoit veuve depuis le 22 Octobre 1762.

Suivant les lettres de Wetzlar, il eft furvenu un grand changement dans la vifitation de la chambre au moment même où l'on alloit installer les fubdélégués de la 4e. claffe; on n'a encore aucun détail de cette affaire. Celles de Stut

gard portent que le duc de Wurtemberg y eft arrivé la nuit du 3 de ce mois, après 3 mois de voyage en France & en Angleterre.

Extrait d'une lettre de Geffenay, au canton de Berne, du 30 Avril.

re,

Il vient d'arriver ici un fait qui mérite d'étre rapporté. Une jeune fille effuya, il y a 7 ans, une grande maladie qui la priva de la faculté de la parole, fans cependant lui ôter celle de l'ouie. Ses honnêtes parens l'ont depuis conftamment envoyée à l'école, où elle a appris à écrire, & participé aux inftructions qu'on y donne à la jeuneffe. On lui avoit donné une ardoise à la maison, fur laquelle elle traçoit fes penfées, & les communiquoit aux auteurs de fes jours, & à fes freres & fœurs, qui font au nombre de fix. Il y a quelques femaines que, plus agitée qu'à l'ordinaielle écrivit fur l'ardoife ces mots : Ma mere 2 jefpere de recouvrer bientôt, par la grace de dieu, l'ufage de la parole. Cette bonne mere lui fit comprendre alors qu'elle devoit fe réfigner à la providence, & qu'il ne falloit pas le bercer d'un efpoir chimérique, qui ne pouvoit qu'aggraver fa peine. Peu de jours après, cette fille, ágée de 14 ans, s'étant couchée, fentit en elle-même une émotion extraordinaire; elle ne put fermer. l'ail, & paffa une grande partie de la nuit, affife fur fon lit. Son pere fe leva de grand matin, pour aller vaquer à fon travail ordinaire, & cette fille fit des efforts incroyables pour prononcer le mot de pere; mais elle ne put y réuffir qu'à l'infant où il venoit de partir. Elle appella fa mere, qui ne pouvoit comprendre d'où fortoit cette voix inconnue. Elle accourt cependant; tout le refte de la famille fe raffemble,& ce fut dans ce moment une de ces fcenes attendriffantes qu'il eft impoffible de décrire. On vouloit, fur le champ, aller an noncer cette heureufe nouvelle au chef de la maifon; mais la fille infifta pour lui ménager à fon retour le plaifir de la furprife. Il revint à l'heu

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