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titions ne font point en ufage, & que j'y aie passé la plus grande partie de ma vie, j'ai cependant oui parler un de ines amis, avec lequel j'ai été lié plufieurs années dans ma patrie, de différentes perfonnes que cette académie roya le des fciences a envoyées en divers pays, pour y obfer ver tout ce que la nature y offre de fingulier: j'ai entendu ce qu'un Haffelquist a écrit de l'Egypte, pays voi fin de Tripoli, ma ville natale.

Le royaume de Tripoli ne peut, à la vérité, fe glori fier de champs aulli féconds que ceux que fertilifent les inondations du Nil: il ne manque cependant point de terres ornées de fleurs & de fruits, éclos fous l'ombre du Gibel ou du mont Atlas, par les inondations de nombre de rivieres, & par les pluies abondantes de la saison d'hiver, & qui, par leur feule variété, peuvent occuper affez longtems l'œil d'un connoiffeur de la nature.

En reconnoiffance du pain & du fel ( façon de parler orientale, qui fignifie l'entretien ), qu'on me donne dans ce pays; defirant contribuer, autant que je le puis, à rem plir les vues de l'académie royale des fciences; & jaloux de faire connoitre davantage l'excellence de ma patrie, ain$ fi que les bonnes qualités & l'humanité de mes compatriotes, & d'arracher le voile du préjugé, qui fafcine le monde à leur fujet, je prens la liberté de vous propo fer d'envoyer à Tripoli un homme fçavant dans l'hiftoirs naturelle & dans la botanique, pour y faire des obfer. vations. Il peut faire le voyage avec moi fans aucuns frais, & il n'aura non plus aucune dépenfe à faire pour fon entretien dans mon pays; car je lui offre ma table, quoiqu'il puiffe avoir plus d'agrémens à celles des chré tiens qui y font établis, & qui fe font un plaifir & même un devoir de rendre fervice à un Européen. Je lui procurerai la connoiffance des perfonnes les plus illuftres de ma patrie. Il pourra y voyager partout en sûreté, par terre depuis Tunis jufqu'en Egypte, & plus loin dans Pintérieur du pays jufqu'a Orcan, Ben-Olid, & jusqu'au Faume de Taizan, qui confine avec le pays des Negres, tributaire de mon maitre. Je fuis garant que chacun fans aucune exception, l'aimera, le chérira, & le regardera comme fon compatriote. Il n'y a qu'une qualité qu'il doit avoir c'eft le génie des langues; il doit s'accoutu mer prononcer l'arabe; cet avantage lui fera de beau coup d'utilité pour fes deffeins, en lui facilitant l'entrée dans les fociétés & la converfation; & par ce moyen, il pourra avoir des éclairciffemens, & acquérir des cons Poiffances exactes fur tout ce dont il voudra faire le fu

jef de fes obfervations. En un mot, je procurerai routes les commodités possibles à celui qui voudra se réfoudre à ce voyage.

Je me flatte que l'académie royale des fçiences agréera ma propofition , en trouvant qu'elle pourra être utile à la poftérité. Sinon, elle approuvera la fincérité de mes intentions & mon envie de la fervir.

DANEMARCK.

COPENHAGUE(le 28 Février. ) Le roi a nommé confeillers d'état les Srs. Ancheifen & Koxen, ci-devant confeillers de juftice & affeffeurs du tribunal fuprême; chambellans, le comte Adolphe de Raben, ci-devant gentilhomme de la chambre, & le Sr. Chriftian Godefroi de Sohn, envoyé de S. M. à la cour de Portugal. Les colonels Magnus, comte de Moltke, Sames (*), Janfen & le lieutenant-colonel Gude ont été faits généraux-majors, & le premier régiment de Seelande, cavalerie, vacant par la mort du général de Lerfner, a été donné au général-major Claude-Fréderic de Gude.

La commiflion établie pour examiner & perfec

(*) Le Sr. de Sames a fait fes premieres armes en Pruffe en qualité de bas-officier; il paffa en France en 1745, lorfque M. le comte Axel de Ferfen, ( actuelle, ment feldt maréchal & fénateur de Suede) levoit un régiment d'infanterie allemande; il en obtint l'aide-majorité, & enfuite la commiffion de capitaine. Ce fut le Sr. de Sames qui introduifit le premier l'exercice à la Pruffienne. Après la paix de 1748, il tint à Metz une école où quantité de bas-officiers de divers régimens françois fe rendirent & furent formés à cette précifion rapide dans la charge des armes, qui n'étoit connue que des Pruffiens. En 1757, il obtint la majorité du régiment de Horion & quelques années après, M. le comte de St. Germain, qui connoiffoit fes talens mi litaires, l'amena en Danemarck, où il eut d'abord le brevet de colonel, & enfuite le régiment d'Oldenbourg.

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tionner la conftitution militaire de ce royaume, continue de tenir fes féances avec la plus grande affiduité. Le travail de ces commiffaires vient d'occafionner un changement dans le corps de l'artillerie, dont les officiers de l'état-major perdent leurs compagnies ; mais ils confervent les mêmes appointemens dont ils jouiffoient. Quoique ce changement ne doive avoir lieu qu'au Ier. d'Avril, le roi a déjà difpofé des 7 compagnies qui font

cenfées vacantes.

Indépendamment des 4 vaiffeaux, dont on a parlé précédemment, & qui font prêts à mettre à la voile, l'amirauté a reçu ordre du roi d'armer au plutôt 8 autres vaiffeaux de guerre & 4 frégates. Les vaiffeaux font, le Superbe, de 80 canons, lequel eft en même tems le vaiffeau-amiral, & qui fera monté par le vice-amiral Kaas, nommé chef de cette efcadre, & qui aura fous lui le capitaine Schultz en qualité de commandant en fecond; l'Orefund, de 70 canons, capitaine Schindel; le Prince-Frédéric, de 70 canons, capitaine Fontenay; la Princeffe Sophie-Magdeleine, de 60 canons, capitaine Becker; la Seelande, de 60 canons commandée par le capitaine Ellebracht; la Stormarn, de 60 canons pitaine Lous; la Sainte Croix, de 50 canons, pitaine Krogh; l'Ebenezer, fous le commandement du capitaine Charles Kaas. Les 4 frégates font, la Chriftianfoë, de 30 canons, capitaine Grotfchilling; la Falfler, de 30 canons, capitaine Gerner; la Seeritter, de 30 canons, commandée par le capitaine Nionning; Langeland, de 30 canons, fous le capitaine Stock leth. Chacun de ces vaiffeaux, outre fon équipage, aura à bord 100 hommes de troupes de terre, & chaque frégate 50.

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aux ordres du commandeur ca

ca

Le motif de cet armement eft encore un fecret fur lequel on ne peut former que des conjectures incertaines, Cependant, l'opinion la plus gé

nérale, fondée fur l'arrivée & le départ des couriers de Pétersbourg ici, & d'ici à Pétersbourg, eft que notre cour, pour conferver la partie du Holstein dont elle eft en poffeffion, prêtera fes forces navales à la Ruffie, & y joindra des fubfides confidérables. En fuppofant que cette convention exifte réellement, on n'eft pas mieux inftruit pour cela des projets médités par les deux

cours.

La compagnie danoife des Indes vient d'accorder une gratification de 8000 rixdales au Sr. Saly, chevalier de St. Michel & fculpteur françois, pour récompenfer fon zele & fes talens. Ce célebre artiste a exécuté la ftatue équeftre du feu roi de Danemarck Frédéric V, que cette compagnie a confacrée à la mémoire de ce prince.

Les avis reçus de Norwege font des plus fatisfaifans. Le prince Charles de Heffe a fait la vifite des provinces de ce royaume, & y a trouvé les fortereffes & les troupes dans le meilleur état; on ne peut pas dire qu'il y regne une grande abondance; mais le prix des denrées de toute efpece y diminue généralement. Les habitans de la ville de Tonfberg ont fait parvenir au Roi les témoignages de leur reconnoiffance pour les bienfaits dont S. M. les a comblés. Nous allons rap. porter cette lettre, datée du 12 Janvier, pour donner une idée de l'éloquence fimple & naïve des bons Norwegiens, vrai contraste du stile oriental.

SIRE,

Abaiffe tes gracieux regards du haut de ton trône; regarde, ô bon pere, cette partie de tes enfans profternée à tes pieds pour te rendre leurs trèshumbles actions de graces. Nous, tes fideles fujets, avons, avec beaucoup d'autres qu'affligeoit la difette en Norwege, reçu des foins tendres &

paternels de F. M. du fecours dans nos befoins, du bled dans notre difette, du pain dans notre fam, du foulagement à l'égard de nos impôts. Les paroles nous manquent, Sire; mais notre cœur eft plein de mille actions de graces. Notre bouche ne s'ouvrira que pou te bénir & faire des vœux pour toi. Tant qu'il y aura du fang dans nos veines, de la vie dans notre corps, de la force dans notre efprit, nous n'oublierons pas de dire dans nos prieres: dieu béniffe le roi! dieu conferve le roi! dieu prolonge la vie du roi! Oui, fire, nous fupplions e tout-puiffant, qui entend les cris des pauvres, qu'il veuille cette année, & un grand nombre de fuivantes, combler de fes bénédictions les plus précieufes le trône & la couronne de T. M., couvrir de l'ombre de fes ailes ta perfonne facrée, à la grande fatisfaction de tous tes fideles fujets, & renouveller chaque matin fes gracieufes bénédic tions fur T. M. & fur toute l'augufie maison royale &c.

On s'étoit trompé en annonçant la retraite du comte de Scheel, grand-maitre de la cour du prince Frederic: ce feigneur continue de remplir les fonctions de cette charge.

POLOGNE.

WARSOVIE (le 17 Février.) La déclaration par laquelle les cours co-partageantes ont demandé l'affemblée de la diete, pour le 19 Avril prochain, & l'arrangement définitif des affaires, pour le 8 Juin fuivant, a été imprimée par ordre du grand-chancelier de la couronne avec la note, dont le miniftere a accompagné cette déclaration, lorfqu'il en fit remettre copie aux autres miniftres étrangers réfidans ici. Cette piece eft fimultanée, comme les précédentes qui ont déjà été données de la part des trois cours, & il n'y a

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