re. Il s'agit de la loi établie contre les braconniers, il y a deux ans, ou dumoins d'une claufe qu'on y a inférée, & qui eft auffi ridicule que contraire à la conflitution. Elle porte que le délinquant doit être puni c'est-à-dire fouetté) trois jours après fa détention, & dans un autre article que le 4e. jour, il peut interjetter appel. Comment une bévue auffi forte a-t'elle échappé aux rédacteurs de la loi? Eft-1 jufte ou conforme aux loix conflitutionnelles de ce pays, de punir un homme avant qu'il ait été jugé coupable? Quoi! les loix deviendroient plus funeftes que les abus qu'elles veulent réprimer? Quelle bizarrerie! A quoi bon d'ailleurs, un appel aux feffions trimestrales? Les juges ne font point chirurgiens, & leur préfence ne peut guérir les coups de fouet donnés la veille. Le même abus s'eft gliffe dans un autre loi; je veux parler de l'ade paffé contre ceux qui volent ou qui tuent les chiens. Cette loi révolte toutes les perfonnes fenfées, & la honte en réjaillit fur notre législation. Ainfi, je crois devoir vous prévenir, Meffieurs, que je pro poferai, la femaine prochaine, de révoquer ces claufes. Ceux qui s'intéressent à l'acte contre les braconniers, peuvent chercher à les réprimer par des moyens plus conformes au bon fens & à nos confti

tutions.

Le 4, la chambre haute examina le bill concernant la naturalifation des proteftans étrangers, & en remit l'examen au 8. On fit à la chambre des communes la lecture d'un acte de la 12e. année de Charles II, & d'un autre de la 18e. du regne de George II, par lefquels il eft porté, entr'autres claufes, qu'aucun étranger ne pourra avoir part à la propriété d'aucun vaiffeau ou bâtiment britannique trafiquant en Afie, en Afrique, ou en Amérique. On allégua comme une infraction à ce fujet le cas actuel, où un étranger a ici deux parts dans un navire deftiné pour la Jamaïque, &

prêt à faire voile. Il demande un prix exorbitant pour les parts, & a arrêté fon départ à la douane. La chambre a été fort indignée de ce procédé, & on y difcutera inceffamment cette affaire.

Le 9, le Sr. Harley fit aux communes rapport des délibérations du comité fecret, chargé d'ap profondir les affaires de la compagnie des Indes la lecture en fut faite, & il fut ordonné de l'im primer. Enfuite, le lord Howe demanda qu'il lui fût permis de préfenter un mémoire en faveur des capitaines de vaiffeaux de guerre à demi-paie; mais le lord North prit la parole, & déclara que tout objet qui affecteroit les revenus publics, ne pourroit être ajouté fans le confentement de la Couronne, fignifié par quelqu'un de fes officiers. Le lord Howe voulut appuyer ce mémoire fur les fervices rendus par ces officiers; le miniftre lui repartit, que s'il ne confultoit que les fenti mens d'humanité & de reconnoiffance, il feroit porté à feconder cet objet; mais que les finances de l'état ne permettoient pas cette augmentation; & que fi on y confentoit, il fe feroit plufieurs reclamations femblables, auxquelles on devroit avoir pareillement égard; ce qui feroit impratica ble, & plongeroit la nation dans des difficultés très-ficheufer. Cependant, il fut arrêté, par une pluralité de 154 voix contre 45, de remettre ce mémoire à la confidération d'un comité de la cham→ bre.

Le 10, on paffa à la chambre des pairs le bill pour naturalifer les proteftans étrangers, & il fut envoyé à la chambre des communes pour y être approuvé.;

Le même jour, les communes commencerent l'examen des papiers conernant la néceffité d'envoyer un corps de troupes à l'ifle de St. Vincent, & en renvoyerent la difcuflion au 12.

Dans l'affemblée générale de la compagnie des

Indes, tenue le 9, le préfident y déclara aux propriétaires que les directeurs avoient follicité la permiflion d'emprunter 1500 mille liv. fterl. à 4 pour cent, fous l'affistance du parlement ; que le lord North avoit reconnu que cet emprunt n'étoit plus fujet aux mêmes inconvéniens que cidevant; mais qu'il exhortcit les propriétaires & les directeurs à prévenir, pour toujours, un dérangement femblable à celui qui regnoit dans leurs affaires actuelles, & qu'ainfi ils euffent à fe pourvoir au plutôt en parlement & pardevant le miniftre, pour y faire leurs propofitions. Enfuite, on lat un projet à préfenter, par lequel la compagnie & le gouvernement partageroient également les profits annuels, &c. Ce projet doit être examiné dans une autre affemblée générale.

Le Sr. Lockyer prononça dernierement dans la chambre des communes, un difcours pour propofer de cafler l'acte de Jacques I, relativement aux filles qui cachent la mort de leur fruit illégitime. Il obferva que cette loi devient inefficace par fa févérité même; que les juges pardonnent, par un motif d'humanité pour ces filles, des délits même prouvés ; que cette indulgence les enhardit dans un crime qu'il eft effentiel de réprimer, & que le feul moyen de détruire un abus fi funefte, eft en effet, de caffer cet acte, & d'y fubftituer une autre loi moins févere & plus efficace.

On a présenté à la même chambre une pétition fignée de 430 habitans de la ville de Bristol. L'objet de cette requête eft d'expofer les inconvéniens & les abus qu'entraîneroit dans cette ville l'établiffement d'un théâtre privilégié, dont le projet doit être mis fous les yeux du parlement.

Comme beaucoup de gens cherchent aujourd'hui à emprunter de l'argent fur un fonds de terre en Amérique, il eft bon d'obferver que, pour apprécier ce fonds, il eft d'ufage d'avoir une ef

timation de la terre, des travaux & des negres, fignée par quelques notables de l'ifle. On fe procure enfuite une copie du bureau des registres de l'ifle, pour connoitre combien on a déjà emprunté d'argent fur cette propriété, & pour qu'il puiffe être remboursé par une partie de la fomme qu'on doit prêter. Les emprunts n'ont jamais excédé la moitié de la valeur du bien, attendu que les richeffes d'Amérique font des richeffes précaires, & que le produit d'une année n'eft jamais égal au produit d'une autre. Quand ces précautions font prifes, on trouve à Londres des maisons chargées de vendre les productions de ces fonds de terre, & qui garantiffent les marchés, & paient aux prêteurs l'intérêt convenu.

L'univerfité d'Oxford, dans fon affemblée du 4 de ce mois, a rejetté la déclaration propofée pour être fubftituée à la foufcription aux 39 articles de la liturgie anglicane. Refte à fçavoir fi le parlement fera une loi pour établir ce changement, deftiné à tranquillifer les confciences timorées..

La petite vérole qui s'est manifestée à Plymouth, y a fait périr beaucoup de perfonnes. Le capitaine Barington, effrayé des ravages caufés par cette maladie, a pris le parti de faire inoculer tout fon équipage, à bord même de l'Albion, qu'il commande, & il n'a perdu aucun homme.

On doit faire à Portsmouth l'effi d'un bateau qui, au moyen d'une machine dirigée par deux hommes, remontera contre le vent & contre la marée, avec autant de vîteffe qu'un bateau à rames qui auroit le vent & la marée favorables.

Quoiqu'on connoiffe le prix immodéré que la nation angloife met aux chevaux rares, on fera étonné d'apprendre que le comte Kelly veut vendre celui qui s'eft rendu célebre dans fes courfes fous le nom de l'Eclipfe, 20, 000 liv. fterl. (environ 440, 000 liv.) comptant, & demande

de plus une rente viagere de 500 (11,000 liv.)& trois jumens de race: ainfi, en mettant cette rente à 10 pour 100, & en fuppofant que chaque jument ne coûte que 100 guinées ou 100 louis, ce cheval feroit évalué à 557, 200 liv.

La nuit du 4 au 5 Janvier, il s'eft formé à Dundée, en Ecoffe, un attroupement de féditieux,qui ont enlevé, de différentes maifons, du fro ment, de l'orge, de la farine, des patates, &c. qu'ils fe font partagés entr'eux. La nuit du 6 au 7, ils ont encore pillé & faccagé plufieurs maifons particulieres. Comme il n'y a point de garnifon dans cette ville, tous les efforts des magiftrats pour réprimer de pareils excès, ont été vains jufqu'à préfem mais on attend 4 ou 5 compagnies de troures réglées.

On minde aufli de Cornouailles, que les pauvres de divers cantons de cette province forment des plaintes fi infolentes fur le prix exorbitant des vivres, qu'il y a tout à craindre de leur part, fi. d'on ne prévient pas leurs clameurs par de fages s'mefutes.

Nous apprenons que les troubles élevés depuis peu dans quelques-uns des établissemens portugais fur la côte d'Afrique, particulierement à Arverri, à Mogador & à Arebo, viennent d'être entierement appaifés par le général portugais commandant à Hunin. Avec 750 européens & 8 milde negres, il a défait une armée de 30 à 40 mille negres, commandée par le roi de Whidas.

HOLLAND E.

LA-HAYE (Le 18 Février. ) On négocie actuellement, dans différentes places des Provinces-Unies, un emprunt de 12 millions de florins pour un monarque du Nord, réduit, dit-on, à cette trifte néceffité par la fituation de fes peuples & des affaires, Chacun retire fon argent des mains des banquiers, pour le placer dans