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Nous avons lieu de croire que ce dernier parti ferois le plus agréable au peuple de cette province, & que· ce feroit la premiere demarche à faire; la précédente pourroit être réservée pour notre derniere reffource, fi l'autre fe trouvoit infructueuse. Cependant nous espérons que cela n'arrivera pas, puifque nombre de gens éclairés dans la mere-patrie commencent à appercevoir la néceffité d'une bonne intelligence avec les colonies, fur le plan général de la liberté, auffi bien que fur celui du commerce, &c. Nous tácherons de recueillir les idées de là province & des autres colonies, fur cette grande quef tion, & attendons vos fentimens là-deffus. Nous partageons fincerement vos fouffrances, & nous fommes, avec la plus haute eftime pour vos perfon nes, &c.

Dans une feconde délibération du 10 Juin de la ville de Philadelphie, il fut arrêté « que l'acte du parlement pour fermer le port de Boston, eft oppreffif, & donne atteinte aux libertés des colonies britaniques en Amérique; que la formation d'un congrès de députés de toutes ces colonies feroit la voie la plus convenable de procurer du fecours à nos confreres, d'obtenir le redreffement de nos griefs, de garantir le maintien de nos droits & libertés, & de rétablir le repos & l'harmonie entre la Grande-Bretagne & les colonies fur un fondement.conftitutionnaire, &c. ». Sniug

Tels font auffi les fentimens de plufieurs colonies. Le gouverneur de la Virginie ayant fait diffoudre l'affemblée provinciale, au moment où elle alloit prendre des réfolutions vigoureufes pour difcontinuer le commerce avec l'Angleterre, en conféquence des rigueurs dont on ufoit à l'égard -de la ville de Bofton, il fe forma une affociation de 89 membres de cette affemblée, qui indiqua au Ler. Août une féance pour y avifer aux moyens

de faire fentir à l'Angleterre toute l'impor tance de ces colonies. Il fut réfolu qu'on y conviendroit alors d'une confédération générale pour fupprimer tout commerce avec cette ifle; que la culture du tabac feroit difcontinuée; que chacun feroit obligé par ferment de concourir à ce projet, & autres arrangemens pris par les colonies. Dans l'état où font les chofes, les colonies n'ignorent pourtant pas que cette confédération leur feroit très-nuifible; mais elles font déterminées à tout facrifier pour venger leurs compatriotes de Bofton. Cette affemblée termina fon affociation par ces mots : « de tendres égards pour les intérêts de nos concitoyens, les négocians & manufacturiers de la Grande-Bretagne, nous empêchent d'aller plus loin à-préfent, bien perfuadés qu'on ne fui- vra pas le principe inconftitutionnaire de taxer les colonies fans leur confentement, pour nous contraindre de rompre, quoiqu'à regret, toute relation de commerce avec la Grande Bretagne ».

On n'a encore aucunes nouvelles de l'affemblée provinciale tranfportée à Salem. En attendant, "on s'entretient ici de conjecturés, au défaut de nouvelles pofitives; & ces conjectures donnent lieu à des gageures. Il s'en eft faite une affez finguliere au café de la Nouvelle-Angleterre. Un riche marchand a donné 500 guinées à un propriétaire de plantations aux Indes occidentales, qui lui paiera tous les jours une guinée jufqu'à la révocation de l'acte du parlement concernant le port de Bofton: ce paiement n'aura cependant lieu que jufqu'au 25 Décembre 1776, & ceffera alors, au cas que cet acte ne foit point encore révoqué.

Pour fe former une idée de l'importance du commerce entre la Grande-Bretagne & fes colonies d'Amérique, il faut fe figurer d'après un cal

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eul affez jufte, que nous envoyons chaque an née à ces colonies des marchandifes pour 337; 0900 liv. fter., & que nous en tirons pour 392, 4600. C'est un objet trop effentiel, pour être regardé avec indifférence; & nous fenton's déjà que depuis nos différends, d'autres nations ont introduit dans ces colonies beaucoup de leurs pro→ ductions au préjudice de l'Angleterre.

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- La flûte l'Aventure, commandée par le capitaine Furneaux, qui avoit accompagné la flûte la Refo lution, aux ordres du capitaine Cook, parties toutes les deux de Plymouth, Juillet 1772, pour aller faire des découvertes dans les mers auftrales & celle du fud, arriva feule à Portsmouth le 14 de ce mois. Les gens de l'équipage gardent le plus grand fecret fur leur voyage. On fçait feulement qu'après leur départ du cap de BonneEfpérance, les deux vaiffeaux ont d'abord touché à la Nouvelle-Zélande, d'où ils ont dirigé leur courfe vers le pôle, & qu'ils l'ont fuivie jufqu'au 67e. degré 10 minutes : ils n'ont point trouvé le cap de la Circoncifion, quoiqu'ils aient paffé, à deux reprises, par le point où l'on prétendoit qu'il étoit fitué ils ont croifé avec la plus grande exactitude pour découvrir le continentin diqué par le Sr.de Kerguelen; mais leurs recherches ont été inules; ils prétendent qu'il ne peut y avoir que quelques petites ifles dans cette latitude. Les deux navires ont navigé autour du globe, principalement entre le 55e. & le 60e. degrés, & ont trouvé beaucoup de glaces dans cet efpace: ils ont enfuite fait route pour Otahiti, & les ifles adjacentes delà, en paffant par celle d'Amfterdam, ils font retournés à la NouvelleZélande, où la flûte la Réfolution étoit arrivée quatre jours avant l'Aventure, & en étoit partie. On a trouvé dans une bouteille une lettre du capi

taine Cook, par laquelle il confeilloit au capitaine Furneaux de retourner en Europe, parce qu'il leur feroit trop difficile de fe rejoindre. Ce dernier a perdu dans cette ifle dix hommes, qui ont été mangés par les nouveaux Zélandois : il a rapporté une grande quantité de leurs armes, & quelques têtes de ce peuple antropophage. Ces navigateurs ont découvert quelques nouvelles ifles dans la mer du fud. Le capitaine Furneaux a ramené d'une ifle nommée Hualfum un habitant appellé Omaï, & né dans une autre ifle nommée Varetea, que le lord Sandwich a eu l'honneur de prétenter a L. M. C'eft un jeune homme de 21 ans, de la couleur des metis, d'environ 5 pieds einq pouces de France: il n'eft ni du premier ni du dernier rang parmi fes compatriotes; il conçoit facilement, & a beaucoup d'enjouement & de douceur. Outre les reffources de l'hospitalité qu'il a trouvées chez le Sr. Banks, il a de plus l'avantage de pouvoir converser avec lui, ainfi qu'avec le Sr. Solander & un valet du premier, qui tous parlent fa langue. On va lui procurer toutes les connoiffances qui pourront le rendre utile dans fon pays, où on le renverra, cependant fans le contraindre, le plus tard que l'on pourra, malgré le defir qu'il montre fouvent d'y retourner. On fe difpofe à l'inoculer, pour prévenir le mal heur qui a empêché Aotorou de revoir fon pays,. & d'y raconter les bienfaits qu'il avoit reçus en France. On ne croit pas que le capitaine Cook arrive cette année en Europe.

HOLLANDE.

LA HAYE (le 5 Août. ) L'ordonnance de la cour de Berlin, du 11 Mars, en faveur du commerce anglois concerne aufli notre commerce

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dans les articles 1. & 3. Par le premier article, les Hollandois qui feront parvenir en Pologne par la Siléfie des marchandifes, continueront à payer le droit de tranfit fur le pied de 8 pour 100, à moins qu'ils ne prennent leur route par Breflau, En paffant par cette capitale de la Siléfie, les marchandises ne paieront que la moitié dudit droit. Par le troifieme article, les Hollandois & les Hambourgeois font formellement exceptés des exemptions d'accife accordées aux Anglois pour leurs livraifons de tabac & de fel aux compagnies pruffiennes.

Le 2 du mois dernier, on reçut à Bruxelles les premiers harengs envoyés d'Oftende. Cet effai annonce une bonne pêche, & le gouvernement des Pays-Bas Autrichiens donne, avec raifon, une attention particuliere à cette branche d'induftrie & de confommation. On a parlé de ses réglemens pour faciliter le débit du hareng national, avant celui du hireng de la pêche hollandoife & étrangere. Celui qui a inventé la maniere de faler & d'encaquer le hareng, étoit de Biervliet en Flandre, où il eft enterré.

On apprend par un vaiffeau anglois arrivé des mers feptentrion les à Whitby, port d'Angleterre dans Yorkshire, fur la mer d'Allemagne, que la pêche de la baleine & des autres poiffons y a été fort abondante cette année. Le temps n'a pas ceffé d'être beau & favorable en Grænland.

Le Sr. Carette, réfidant à Bruges, a publié ici des avertiffemens au fujet d'un préfervatif qu'il prétend avoir trouvé contre la petite vérole; ce préfervatif, qu'il dit être le fruit d'une longue théorie, eft un fachet qu'il applique fur le creux de l'eftomac. Il a dépofé ici & dans toutes les villes où il en efpere le débit, une quantité de ces fachets dont les familles pourront fe pourvoir.

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