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tée de foutenir le lord Cornwallis; que les cho fes en refterent là, Washington n'ayant eu pour le moment d'autre objet que celui d'empêcher le général Howe de faire paffer à Burgoyne les renforts qu'il fui deftinoit; qu'en un mot cette manœuvre ayant réussi, les troupes américaines étoient retournées tranquillement à Boun+Brook. Tous ces articles, loin d'éclaircir les doutes, ne font qu'en répandre de nouveaux fur tout ce qui fe paffe en Amérique. Une nouvelle plus certaine eft la prife de la frégate de guerre le For (le Renard) par l'armateur américain le Hancock. Un bâtiment arrivé de Terre-Neuve à Pool, en avoir donné le premier avis, qui vient d'être confirmé par une lettre du capitaine Johnson, commandant le navire le Lyttleton, qui alloit. de Londres à New-Yorck avec une cargaifon confiftant en une grande quantité d'habits pour l'armée royalé, en un certain nombre de fufils, & en 6 pieces de campagne. Dans fa lettre, da tée à bord du Hancock fur les bancs de Terre-. Neuve le 7 Juin, M. Johnson dit, « qu'il eft fâ→ ché d'annoncer que le 29 Mai, étant feulement à la diftance de 24 lieues de la Nouvelle- Yorck, fon vaiffeau avoit été pris par deux frégates amé ricaines, appellées l'une te Hancołk, de 32 canons, l'autre le Boston, de 30 que le jour mê7 Juin, la premiere de ces frégates améri-caines, à bord de laquelle il fe trouvoit, avoit attaqué la frégate du roi, le Fox, & l'avoit obligée à fe rendre, après un combat très-long & trèsepinatre que le Hancock avoit été poursuivi. par un vaifleau de 64 canons mais qu'il lui avoit échappé, qu'au refte, les Américains en ufoient bien avec leurs prifonniers, & qu'il re-. grettoit feulement qu'on ne fui eût pas laiffé prendre fes habits avec lui». Le navire anglois a beau-soup fouffert dans l'action, ayant perdu tous fess

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mâts, & une centaine d'hommes de fon équipage, avant que d'amener. C'étoit un des quatre vaiffeaux de guerre ftationnés fur les bancs de TerreNeuve, pour protéger la pêche; les trois autres font le Romney, de 50 canons, que monte le vice-amiral Montague; la frégate l'Adive, de 28 canons, & la chaloupe le Pegafe.

Les premiers avis de cette prife portoient que la frégate le Fox avoit été attaquée à la fois par les deux armateurs américains, & qu'après s'être longtems défendue, elle s'étoit vue obligée de fe rendre; mais il paroît par la lettre d'un témoin oculaire qu'on vient de rapporter, que ce n'eft qu'à une feule frégate du congrès, & non à la fupériorité de deux que le Fox a été forcé de fe rendre. On fçait d'ailleurs, par un marin françois qui a été témoin de ce combat, que la frégate le Bofton n'a pas tiré un feul coup de canon, & qu'elle a voulu laiffer tout l'honneur de la victoire à la frégate le Hancock.

La nouvelle de cette prife a non-feulement beaucoup affecté le roi, qui manda d'abord le comte de Sandwich, premier commiffaire de la marine; mais il paroît auffi, qu'elle a eu plus d'influence fur le peuple en général qu'aucun autre événement de la guerre. On eft dans les plus vives alarmes pour la flotte marchande de Terte-Neuve, attendu que l'efcadre de l'amiral Montague, qui a l'intendance de la pêche, n'eft actuellement que de trois vailleaux, tandis que celle des Américains, fortie de Bofton le 25 Mai, confifte en deux fregates de 32 canons, & 206 hommes; 2 de 28 canons & 180 hommes; 8 de 20 canons & 160 hommes; I de 18 canons & 140 hommes; 4 de 12 canons & 100 hom mes; 3 de 8 canons & 60 hommes; faitant en tout 21 vaiffeaux, 388 canons, &2912 hommes d'équipage. Cette flotte, a, dit-on, pour prin

eipal but la deftruction de la pêche britannique à Terre-Neuve ; & l'on affure avoir même appris qu'elle tient l'efcadre du roi bloquée dans un des ports de ces parages; qu'elle a démoli les édifices deftinés à fécher & à faler la morue; qu'elle a enlevé 60 bâtimens employés à cette pêche, & que dans cette fâcheule position, M, Montague a envoyé un exprès au lord Howe pour lui demander un renfort de quelques vaiffeaux. Le For eft le troifieme vaiffeau de force dont les Américains fe font emparés depuis peu. Le brigantin, le Bofcawen, de 18 canons, fut pris le 1 Mai près de Nantucket, par l'armateur américain, la Fortune, cap. Simkins de 22 canons, après un combat très vit de plus d'une heure, dans lequel le capitaine du brigantin fut bleffé, & fon lieutenant tué. Le schooner du roi, le prince Guillaume, de 8 canons, commandé par le Sr. Neale, eut le même fort le 2 Mai, ayant été pris par l'armateur l'Espion, de 12 canons, après un combat de trois heu

res. Ces vaiffeaux ont été cònduits tous trois à Bofton, dont le port fourmille d'armateurs, & de leurs prifes.

Le nombre de ces armateurs augmente tous les jours fur les côtes des trois royaumes. Ils ont encore enlevé treize bâtimens fur les côtes d'Ecoffe, cinq au nord de l'Irlande, & ils ont répandu l'alarme de tous côtés. L'amirauté a fait partir plufieurs vaiffeaux de guerre, frégates & chaloupes pour leur donner la chaffe, & en fait armer & équiper d'autres en diligence pour le même effet. En attendant, le commerce eft interrompu d'un port à l'autre. Le Drake, chaloupe de guerre, a ordre de croifer entre Harwick & Goerée pour la protection des paquebots entre la Hollande & l'Angleterre, & la preffe vient de recommencer ici pour mettre

l'amirauté en état de fatisfaire à la protection que demande le commerce de nos côtes.

Il paroît plus évident de jour en jour, que les américains ont des vues fur l'Irlande. Le 13 Juillet, un bateau de pêcheur, appartenant au port de Limerick, fut hêlé par trois corfaires; le patron, en conféquence, ayant paffé à bord du plus gros, montant 22 canons & plein de monde, y fut retenu près de deux heures; ce tems fut employé de la part du capitaine américain à lui faire plufieurs queftions fur le plus ou moins de force de différentes villes d'Irlande, fur le nombre des vaiffeaux que les anglois avoient dans ces mers, & enfin fur les fortifications des ports les plus confidérables de ce royaume. 11 ne put fe défendre de répondre fur ces différens articles, & il remarqua que l'on prenoit note de tout ce qu'il difoit. Après lui avoir fait Iubir ce long interrogatoire, on lui fit préfent d'une bouteille d'eau-de-vie, & de quelques bifcuits; enfuite il eut la liberté de fe retirer. On a communiqué ces détails alarmans aux feigneurs de l'amirauté.

En conféquence des déprédations des armateurs, la foire de Chefter, la plus considérable de toute l'Angleterre, n'a pu avoir lieu cette année, les vailleaux qui apportent d'Irlande les toiles qui forment le principal objet de cette foire le trouvant pour ainfi dire bloqués dans les différens ports de ce royaume.

Le gouvernement a ordonné que l'on répare inceffamment les fortifications de Kiniale, de Waterford, de Carickfergus, de la Calanque, de Corck & d'autres ports & villes d'Irlande. Six frégates vont auffi s'établir en croifiere dans le canal St. George, pour y intercepter les corfaires américains, ou du moins prévenir les deffeins

qu'ils femblent avoir formés contre l'Irlande, & le commerce de ce royaume.

On apprend d'Air, capitale de la province de ce nom en Ecofle, que les bourgeois s'y font enrégimentés pour veiller à la défenfe de leur ville, jufqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à craindre de la part des corfaires qui infeflent les côtes occidentales.

Une des plus riches maifons de la cité, & peut-être de l'Europe, a été obligée ces joursi de faire un emprunt de 50 mille liv. fterl. pour foutenir fon crédit: on parle de fept banqueroutes confidérables qui feront déclarées au premier jour. M. Wooldridgs, alderman de la cité de Londres, vient de faire une faillite confideTable. Son commerce principal étoit avec l'Amérique, & la guerre actuelle lui a fait perdre plus de 100, 000 liv. fterl., tant à défaut de paiement de la part des Américains, que par la prife de quel ques-uns de fes vaiffeaux.

On rapporte le fait fuivant concernant le vai feau de guerre le Phénix, commandé par M. Parker. Lorsqu'il eut jetté l'ancre au pofte qui lui étoit affigné, les gens de l'équipage apperçurent un homme qui rémorquoit un ras de carêne, & paroiffoit fort empreffé à gagner l'autre bord de la riviere; M. Parker envoya fon lieutenant pour découvrir ce que ce pouvoit être; l'homme te voyant approcher, coupa l'amarre, & s'éloigna. On fe faifit du ras de carêne, il étoit chargé de plufieurs barils de poudre que le capit. fit placer dans la Ste. Barbe. Une demie heure après, on vit un autre homme ramant de toute fa force vers le vaiffeau; on le laiffa approcher; il demanda à parler au capitaine, il fut reçu à bord, & conduit dans la chambre de poupe; là il s'informa fi l'on avoit enlevé les barils de poudre, & demanda où en les avoit mis: ayant reçu des réponses à cos

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