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font pour faire la régie des différens droits qui y énoncés, dans les duchés de Lorraine & de Bar. On affure que le roi ayant déclaré au comte de Maurepas le glorieux deffein qu'il a conçu de réformer bien des abus, & furtout les mœurs, & lui ayant demandé quels moyens il jugeroit les plus propres pour y réuffir; ce refpectable miniftre lui a répondu : Sire, on peut exécuter ce beau projet par le moyen des délateurs, ou d'une espe ce d'inquifition; mais cette route, très-incertaine en elle-même, ouvriroit la porte à la vile adulation aux intrigues, & à la cabale; il en eft deux autres plus dignes de V. M., plus efficaces, & plus faciles: l'exemple & les récompenfes accordées à la vertu. Et ce font ceux auxquels je m'attacherai, repliqua le roi.

Lorfque le Sr. de Nantouillet, maitre des cérémonies, alla inviter le parlement aux obfeques du feu roi, il s'étoit gliflé beaucoup de monde dans la grand'chambre pour voir cette cérémonie; les juges même de la tournelle quitterent leur fiege, & vinrent fe placer aux tribunes qu'on appelle lanternes. Un jeune homme, que les huiffiers obligerent d'en fortir, paffa en colere auprès d'un de ces magiftrats, & lui dit quelques groffieretés. Ce magiftrat, ci-devant avocat, cria qu'on l'infultoit, & en conféquence on arrêta le jeune homme, & on le conduisit à la prifon de la conciergerie. Après que le maitre des cérémonies fut forti, le confeiller dénonça le fait aux chambres affemblées, i procéderent fur le champ à ce qu'exige un fagrant délit confiftant en un manque de refpect envers un juge en fonction. Le jeune homme interrogé tâcha de pallier fon tort, dit qu'il ne connoiffoit pas le confeiller, & qu'il croyoit parler à un avocat. Cependant, à trois heu res après midi on rendit un arrêt qui condamne le jeune homme à une aumône de trois livres

envers les pauvres, & lui ordonne d'être plus circonfpect à l'avenir. Il a obéi, & a été élargi,

Le Sr. Linguet a préfenté au parlement une requête d'oppofition à l'arrêt qui interdit cet avocat de fes fonctions. Les chambres s'étant affemblées pour délibérer fur cette requête, il a été décidé que la cour entendroit fes motifs d'oppofition à l'arrêt.

On fe rappelle le procès étrange-intenté par le comte Moftowski contre le prince Czartoriski (Ire. quinz. de Juin, p. 56 & 57). Le parlement, par l'arrêt rendu dans cette caufe, prononça la nullité d'une pourfuite qui ne pouvoit être faite & approuvée en France fans bleffer le droit des nations. Dans les mémoires qui ont été publiés à cette occafion, on a vu des imputations graves contre le prince Czartoriski, mais dont la calcmnie a été bientôt démontrée ; fon adverfaire lui ; conteftoit le titre de prince, & fe l'attribuoit; on ne fera pas fâché de trouver ici l'atteftation du grand-notaire de Lithuanie, qui peut jetter du jour fur quelques ufages juridiques de Pologne, & fur les diftinctions particulieres aux grands de ee royaume. Alexandre comte de Tyrskierwies, farofle de Radun & de Liez, grand notaire du grand-duché de Lithuanie & Ciunt de Wilna, nous atteftons par les prefentes, juridiquement & authentiquement ce qui juit. Fremierement, que dans tous les ades publics & particuliers, la qualité de prince doit etre donnée aux feigneurs de la maison de Czartoriski, en vertu des loix & conftitutions de la république. 2°. Que le titre de prince ne fe donne point aux palatins & aux fénateurs de la république. 3°. Que le prince Adam Czartoriski poffede en Pologne & en Lithuanie de très-grands biens hé réditaires des faroflies d'un revenu confidérable, outre les terres qu'il a eues de feu M. le comte de Flemming, Jon beau-pere. 4°. Que la clause forum

ubiquinarium affigno eft de ftyle très-commun part mi nous; qu'elle ne donne pas néanmoins le droit de traduire un noble possessionné dans les tribunaux du pays qui ne connoiffent que des procès entre roturiers, mais feulement dans ceux qui jugent les nobles poffeffionnés; qu'on n'a jamais entendu par cette claufe très ufitée, fe rendre jufticiable des tribunaux étrangers. 5°. Que la contrainte par corps n'a jamais lieu en Pologne contre les nobles poffeffionnés, & qu'il eft inoui qu'on ait tenté de faire exécuter par corps aucuns ades infcrits dans les greffes publics par des perfonnes telles que le prin ce Czartoriski. En foi de quoi nous avons mis à notre préfente atteftation notre fignature & le fceau de nos armes. A Paris, où nous réfidons pour le moment, hôtel de Londres, rue du Colombier, 15 Mai 2774. Signé, Alexandre comte de Tyrskierwies, grand-notaire du grand-duché de Lithuanie.

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Le fuccès de l'inoculation du roi a eu tout l'effet qu'en efpéroient les partifans de cette méthode falutaire; elle s'établit, & l'on voit les environs de cette capitale remplis de perfonnes qui se font inoculer. Les peres de famille ne craignent plus cette opération, à laquelle ils s'empreffent de foumettre leurs enfans pour les préserver d'un mal dangereux qui pourroit les emporter fans ce fe

cours.

Le duc d'Aumont, premier gentilhomme de la chambre, en exercice cette année, a obtenu 20 mille francs d'augmentation fur fon gouvernement du Boulonnois, qui n'étoit que de 24 mille, & qui fe trouve porté à 44 mille, au moyen de cette augmentation. S. M. a accordé au marquis de la Châtre, l'un des gentilshommes de Monfieur, un domaine de 12 mille livres de rentes pour faciliter le mariage qu'il doit faire inceffam

ment.

Le S. & la dame le Maire, jeunes époux, mar chands de modes rue St. Honoré, près le grandconfeil, ont péri bien malheureufement la nuit du 4 de ce mois. Un étuvifte avoit mis du charbon dans un fourneau dont le tuyau paffoit dans la cheminée de la chambre où couchoient les Sr. & dame le Maire. La vapeur a réflué dans cette cham bre, & lès a étouffés, ainfi qu'un chien qui y étoit. On n'y eft entré que le lendemain matin après l'heure à laquelle ils fe levoient ordinairement.. Le mari, qui fans doute fe traînoit vers la fenêtre pour l'ouvrir, a été trouvé mort au milieu de la chambre, & fa femme avoit les deux jambes hors du lit.

Le 5, l'académie françoife s'affembla pour la réception du Sr. Suard à la place du feu abbé de la Ville. Le Sr. Greffet, directeur, répondit au récipiendaire, & la féance fut terminée par la lecture que fit le Sr. d'Alembert de l'éloge de Maffillon, qui fut reçu avec les plus grands applaudiffemens.

Il a couru dans le public pour 420 mille livres de billets au porteur fous le nom du duc de Ri chelieu, qui a été fort étonné lorfqu'on lui en a appris la nouvelle. Cette affaire fait d'autant plus de bruit qu'il y a une dame qui y eft compromife, & qui en a négocié plufieurs. On prétend que ces billets font faux; mais la fignature eft fi bien imitée, qu'il n'étoit guere poffible de n'en être pas la dupe.

Le 26 du mois dernier, à 10 heures du foir le ciel étant très-férein, & la lune fort brillante, on apperçut à Noyon un météore qui courut du nord au midi, & dont la lumiere étoit très-vive & affez éclatante pour effacer celle de la lune quoiqu'elle fût d'un feu pâle & laiteux. Lorsqu'il eut difparu, on entendit au loin un bruit femblable à celui du tonnerre.

Il est arrivé, dit-on, une aventure si affreuse

à l'Ile de France qu'on auroit peine à la croire fi elle n'étoit pas atteftée par plufieurs lettres. «Deux particuliers qui fe trouvoient dans cette colonie, étant devenus amoureux d'une jeune fille dont la famille eft honnête & fort riche chercherent féparément à la féduire. La mere, qui s'en apperçut, les fit exclure de fa maison. Irrités, ils fe réunirent, quoique rivaux, dans leur projet de vengeance. Ils profiterent de l'abfence du pere pour aller forcer la maifon, accompagnés de negres & de foldats; & à l'aide de ces brigands, ils violerent la mere & la fille, les poignarderent enfuite, & mirent, le feu à la maifon, pour que leur crime ne pût être découvert; mais la providence a permis que les corps des malheureufes victimes de leur fcélérateffe fe foient retrouvés en entier. Leurs beffures encore faignan-tes & plufieurs autres indices ont déterminé à faire arrêter ces affaffins avec leurs complices. Ils ont été embarqués fur le vaiffeau le Beaumont, qui les ramene pour être jugés en France. On ignore pourquoi ils ne l'ont pas été fur le lieu de leur délit

On lit dans les Affiches de Poitou un fair fingulier que nous allons tranfcrire. Un habitant de Pouzanges en bas- Poitou, étant l'année derniere au bourg de S. Pierre-du-Chemin, vit deux fois un cerf accouplé avec fa jument qui paiffoit dans un champ. On ajoute que de cette union, il est né un mulet tenant beaucoup plus du cerf que du cheval & qui ne pouvant tetter, n'a vécu que deux jours.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 30 Juillet,) Le roi a rendu, le 22 de ce mois, une ordonnance par laqu lle le parlement, qui avoit été prorogé au 4 Août, l'eft

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