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les rues illuminées. Il a été harangué par le corps municipal, qui lui a préfenté les clefs de la ville, & par les officiers du bailliage; la ville avoit fait diftribuer d'abondantes aumônes aux pauvres. Le 19, la comteffe de la Marche & le duc de Penthievre fe font rendus, en grand cortege, à la collégiale royale de St. Etienne. Le doyen, à la tête du chapitre, les y a reçus & compli mentés. Une mufique nombreuse exécuta un motet & un Te Deum, après lefquels le duc de Pen thievre, en qualité de comte de Dreux, fut reçu & inftallé chanoine de cette églife avec le cérémonial accoutumé. La princeffe & le duc de Penthievre, accompagnés de la nobleffe du pays, des officiers du bailliage & de ceux de la ville, efcortés par un efcadron de dragons du régiment de Monfieur, & fuivis de la milice bourgeoife, allerent enfuite vifiter les paroiffes, & fe rendirent. à l'hôtel-de-ville, où le maire les reçut, les complimenta, & leur offrit une collation, pendant. laquelle des muficiens exécuterent différens mor. ceaux de fymphonie & de chant. Toutes les maifons étoient illuminées à leur forte; la façade de l'hôtel-de-ville étoit décorée d'un tranfparént relatif à la fête on diftinguoit, furtout l'itlumination du clocher de la collégiale. Le 25,. leurs alteffes féréniffimes & la princeffe de Lamballe vinrent vifiter les différentes maifons & les communautés de cette ville. Dans toutes les occafions, le duc de Penthievre a témoigné aux habitans, la fenfibilité que leur joie & leurs accla-; mations excitoient en lui. Partout fa piété bien-, faifante s'eft fignalée par des dons, des largeffes, & des aumônes. Le chapitre de St. Etienne, pour perpétuer cette époque, a fondé dans fon églife une meffe folemnelle qui fe célébrera cha-, que année, le 19 septembre, pour demander au ciel la confervation de la fanté de ce prince.

eft encore arrivé une catastrophe affreuse à Marseille. Une femme ayant eu quelque altercation avec fon amant, feignit de vouloir fe raccommoder avec lui, l'attira dans fa maifon, & l'éventra d'un feul coup de couteau. Le mourant ayant eu le tems de faire fa déclaration, on s'eft. faifi de la coupable, qui fubira bientôt le supplice que mér te un tel forfait.

Le Sr. Dagron & fes affociés ont établi à Ne-. rouville, fur le ca al de l'Oing, près du château de Loudon, entre Nemours & Montargis en Gatinois, une manufacture d'acier fin, en vertu de deux arrêts du confeil du roi, l'un du 10 Août 1773, l'autre du 26 Septembre 1775, par lefquels S. M. accorde divers privileges & exemptions aux entrepreneurs de cette manufacture. On y fabrique de l'acier pour les couteliers, pour les taillandiers & pour tous autres artistes, des feuilles de refforts très élastiques pour les voitu res, des coins pour les graveurs de la monnoie & autres, ainfi que des limes de toute efpece. L'académie des fciences, qui a fait différentes épreuves de cet acier, l'a reconnu, fuivant fon rapport en date du 12 Août dernier, fupérieur à tous les aciers qui fe débitent ici & dans tout le royaume.

L'en érinement des lettres de grace accordées à un cordelier, & l'hiftoire qui devoit y avoit donné lieu, n'ont été rapportés dans le dernier journal que d'après plufieurs papiers publics. Mais l'auteur des affiches de Picardie affure qu'il n'eft rien arrivé à Amiens, ni de la part des gardesdu-corps, ni de la part des cordeliers, ni même de la part d'aucun militaire ou religieux, qui' ait pu donner le moindre prétexte pour forger une pareille hiftoire, qui eft fauffe à toute forte d'égards.

On fait courir dans le public l'épitaphe du mas

réchal du Muy, dans laquelle on rend hom-
magé a la vertu & à la vérité. La voisi :
Sincere dans les cou ́s, auflere dans les camps,
Stoique fans humeur, généreux fans fiblesse,
Le mérite a fes yeux fut la feule noblesse :
Sous le joug du devoir il fit flechir les grands;
Et bravant leur crédit, mais payant leurs beffures,
Il obtint leur effime, & brava leurs murmures :
Jufle dans les refus, juße dans les bienfaits,
Il n'eut point de flatteurs, & ne voulut point l'étre:
Il fut l'ami, le cenfeur de fon maitre :

Placé près d'un héros (*) objet de nos regrets,
Leurs mánes dans ce temple habitent confondus.
L'état leur doit un double hommage;
L'un fut le Caton de notre age,
L'autre en eût été le Titus.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (28 O&obre. ) Il vient de se paffer ici un événement qui peut avoir des fuites très-intéreffantes; ce qui nous engage à en rapporter toutes les circonftances, telles qu'on les voit dans les papiers publics de cette capitale.

Les Srs. Stavely & Mann, meffagers du roi, accompagnés d'un officier de justice, se rendirent le 23 de ce mois, entre 9 & 10 heures du matin, chez le banquier Etienne Sayre, l'un des sherifs de Londres & du comté de Middlesex, qui viennent de terminer leur échevinage. Ils dirent qu'ils étoient porteurs d'un faux billet de change de 200 livres sterlings, auquel le comptoir du Sr. Sayre étoit intéreflé. Ayant, fous ce prétexte, obtenu l'entrevue qu'ils demandoient ils lui fignifierent un ordre figné du comte de Roch.

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(*) M. le dauphin, pere du roi regnant, dont la fépulture eft dans la cathédrale de Sens.

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ford, l'un des. fecrétaires d'état par lequel il leur
étoit enjoint, « de le prendre fous leur garde
pour crime de haute trahison,, & de rechercher
faifir & emporter avec eux tels de fes papiers
qu'ils jugeroient relatifs à l'accufation portée con-
tre lui». Le Sr. Sayre, fouriant à cette imputa-
tion. leur permit la recherche de fes papiers, par-
mi lefquels ils trouverent une lettre de la de-
moifelle Macoulay, fœur du Sr. Sawbridge, nou-
veau lord-maire de cette ville & une autre let
tre, fignée Barnard's Ghoft, & adreffée à la bour-
geoifi de ondres. Le Sr. Sayre, après avoir fait
avertir l'avocat Reynolds de ce qui fe palloit, &
avoir requis
fon miniftere, fe laiffa conduire chez
le comte de Rochford, où fe trouva,, entr'autres,
le chevalier Jean Fielding. On y fit lecture d'u
ne information donnée par le fieur Richardfon,
officier aux gardes, portant « qu'Erienne Sayre
lui avoit fait part du projet de fe faifir de a per-
fonne du roi, lorfque S. M. fe rendroit au par
lement, de s emparer enfuite de la tour de Lon-
dres, & de renverfer le gouvernement actuel »..

Le Sr. Sayre répondit aux deux points dont, le Sr. Richardfon le chargeoit, en faifant obferver combien peu il le connoiffoit, ne lui ayant jamais parlé qu'une feule fois; & il alloit s'étendre davantage pour prouver la futilité de l'accu-, fation, lorfqu'on annonça au comte de Rochford, que le fieur Reynolds demandoit à parler à fon client. Après quelques difficultés il fut admis;, & le premier avis qu'il donna au Sr. Sayre, fut de ne répondre a aucune quefiion que lui feroient le lord Rochford & le juge Fielding, & de ne figner aucun papier. On fit alors, à la réquifition du Sr. Sayre, la feconde lecture de l'information du Sr. Richardfon. Le Sr. Reynolds dit, que tout ce qu'elle contenoit étoit trop ridicule pour mériter un attention férieufe. Et après quelque altercation entre

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l'on

lui & le Sr. Richardfon, il dit au comte de Roch ford, que fi, de l'avis des grands officiers de la juftice, on jugeoit a propos d'admet e des cautions on en donneroit de très-fuffijantes pour l'élargifement de fon client; mais qu'au cas que fe crút autor fé a le conduire en prifon, il ne daigheroit pas demander la moindre faveur. Le Sr.. Sayre fut enfuite dans un appartement contigu, & de-là, peu de tems après conduit à la tour, l'ordre fuivant, figné Kochford, & adreflé au comte de Cornwalls, qui en eft gouverneur, ou à fon lieutenant.

a

avec

«La présente vous autorife, au nom de S. M., de recevoir fous votre garde la perfonne d'Etienne bayre, écuyer, accufé de trahison par-devant mòi, un des principaux fecrétaires d'état de S. M., & de le garder étroitement enfermé jufqu'à ce qu'il foit délivré conformément aux loix du royaume; la prélente vous fervira de garant pour fon exécution ». Donné à St. James, le 23 080bre, 1775, la 15 me. année du regne de S. M.

Depuis la détention de cet ancien sherif, le comte d'Effiaghan, le ford-maire Wilkes, les Srs. Emund, Burke, Ellis, &c., fe font préfentés vainement à la tour de Londres, pour le voir; fon éoufe eft la feule qui, jufqu'à préfent, ait obtenu cette permillion.."

2

On croit que plufieurs chefs de l'oppofition qui par leurs difcours ou par leurs écrits, ont excité & entretenu les troubles en Amérique, fubiront le même for. On dit que quelques-uns d'entr'eux ont déjà difparu; mais que, la cour a envoyé aux patrons des navires dans les différens ports du royaume, des ordres portant défenie de prendre à leur bord aucun piffager.

t

Le 26, le roi s'étant rendu dans la chambre des pairs, & y ayant mandé les communes, S.

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