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héroïques de l'augufte monarque dont nous déplorens la perte, tels que ceux de Parme, Guaftalle, Fontenoy, Rocoux, Lawfeld, & de Mahon.

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Deux corps de baluftrades de bronze doré, dont les pilaftres & les plattes bandes étoient de marbre noir, renfermoient cinq degrés, qui féparoient le chœur du fanctuaire, & conduifoient à l'autel, pareillement élevé fur quatre degrés. Les ornemens de cet autel, dignes de la magnificence & de la piété de nos anciens rois, portent un caractere qui fait connoître les progrès des arts fous leurs regnes. Une riche bordure de bronze doré renferme un bas-relief de vermeil, qui en forme le parement. Il repréfente l'adoration des bergers dans la crèche à la naiffance du fauveur. Les gradins de ce riche autel faits en bronze, font ornés d'entre-lacs, de rofettes & fleurs de lys dorées, & fervent de base à un riche rétable qui renferme trois bas-reliefs dans des cadres de vermeil. Celui du milieu, qui eft d'or, eft entouré de pierres précieuses, & préfente le Chrift, tel qu'il eft peint dans l'Apocalypfe, accompagné des patriarches & des faints de la primitive églife. Ceux des côtés, dorés, d'un ouvrage du meilleur goût & plus moderne, one pour objet l'adoration des rois dans la crêche, & la préfentation de Jefus Chrift au temple. Un focle de bronze doré, orné de compartimens à feuillages, portoit encore trois rangs de lumieres, chargées d'écuffons des armes de France, une croix de vermeil enrichie de pierres précieufts, montée fur un amortiffement qui terminoit ces riches ornemens. La corniche de l'arrierecorps du rétable, foutenue par des colonnes de bronze, portoit des vales en argent, chargés de girandoles garnies d'une très-grande quantité de feux qui s'uniffoient au premier cordon de lumiere qui entouroit l'enceinte du choeur. Ce riche & magnifique autel étoit couvert d'un dais élevé au-deffus de l'entablement du grand ordre, dont la corniche en argent, richement décorée en fculpture, portoit fur les angles de très-grandes aigrettes de plumes blanches & noires, qui en couronnoient l'extrémité. Les pentes de ce dais étoient de velours noir, garnies de franges & de galons d'argent, & préfentoient les armes du roi, faites en broderie d'or en relief. Ces mêmes armes brodées étoient placées dans les angles du plafond de ce dais, qui étoit traversé par une croix de moere d'argent. De grands rideaux de velours noir, doublés d'hermine, couverts de fleurs de lys & de larmes brodées en argent, fortoient des pentes de ce dais, & en accom

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pagnoient la queue, qui defcendoit jufqu'à l'autel. Elle étoit pareillement coupée par une croix d'étoffe d'argent, & portoit aufli dans fes angles les armes du roi, brodées en or & en relief. Les vertus paifibles & héroïques qui ont toujours été chéries du monarque, étoient figurées par la prudence, la justice, la force & la tempérance. Ces glorieux fymboles, qui caractérisent les héros du christianisme, étoient représentés par des femmes, distinguées chacune par fes attributs. La prudence, l'œil fixé fur un miroir, parcissoit méditer fur les profondeurs de l'avenir. Sa main gauche tenoit un fceptre, autour duquel étoit entortillé un ferpent. Son fein, couvert d'une cottes d'armes, & fon cafque qui lui couvroit le front, Caractérifoient la prévoyance, & la fageffe qui l'éclaire. La justice portoit fur fa tête une couronne royale. Ses mains tenoient une balance & une épée, attributs qui annoncent le devoir & l'autorité des fouverains. La force étoit \figurée par une femme armée, tenant, d'une main, une Jance, & domptant un lion. La tempérance, fyn.bole des Vertus paisibles, étoit caractérisée par une femme appuyée fur un éléphant qui tient un mords, & une horloge. Ces figures, enfermées dans de riches cartels dorés, étoient en relief, & relevées en or, fur un fond d'azur, De femblables encadremens préfentoient au - deffus du jubé, la paix & la clémence. La premiere étoit exprimée par une femme majeftueufe, aflife fur un faifceau d'armes, la tête couronnée d'olivier, tenant d'une main un caducée, & de l'autre une corne d'abendance. La feconde, qui caractérifoit l'heureux mêlange de plufieurs vertus, étoit figurée par une femme vêtue de gaze d'or, couronnée de guirlandes de rue; elle tenoit dans fes bras un pélican, & étoit affife au pied d'un arbre ver doyant, planté fur le bord d'une riviere.

Au-deffous, fur les arrieres corps, entre les pilaftres, étoient des cartels en relief, portant des écuffons en or, Couverts des armes de France. Leurs ornemens étoient terminés par un cercle de lumiere, semblable à ceux qui étoient placés fur les cartouches au milieu des arcades. Les gaînes qui couvroient chacun des pilaftres de l'ordre ionique qui entouroit le chœur, portoient chacune au bas des trophées, trois girandoles couvertes de faifceaux de lumieres. Les pilaftres de la balustrade du jubé, au - deffus de la porte de l'entrée du chœur, élevoient chacun des gerbes de feux, pareilles à celles qui étoient placées fur les baluftrades des degrés qui féparoienc le choeur du fanctuaire.

Août. 1774. e, quing.

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Le plafond des ftales portoit le premier litre, dont le fond, de velours noir, étoit parfemé de fleurs de lys en or, & de larmes en argent. Des écuffons fufpendus à une guirlande d'hermine préfentoient les armes & les chiffres du roi. Le deffus de ce litre formoit la base d'un cordon de lumieres, foutenu fur des fleurs de lys en relief & en or. La frife de l'entablement ionique portoit le fecond litre, parfemé, comme le précédent, de larmes d'argent, & de fleurs de lys en or, & préfentoit les mêmes écuffons, couverts des armes du roi. Sur la cimaise de la corniche, des branches faillantes & des girandoles placées fur l'à- plomb des pilaftres, formoient le fecond cordon de lumieres. Le troifieme étoit élevé fur la corniche de l'attique, au-deffous du dernier litre, orné, comme les précédens, d'écuffons fufpendus à des feftons d'hermines. Ce litre renfermoit à fon extrémité, la décoration de cette pompe funebre. Au milieu de ce trifte appareil s'élevoit un monument confacré à l'éternelle mémoire de très-grand, très haut, très puiffant & très excellent prince Louis le bien aimé, roi de France & de Navarre.

Cet édifice, dont le plan formoit un parallelogramme préfentoit un temple ifolé, dont le folide, de verd antique, étoit élevé fur fix degrés de ferpentin de Canope.

Quatre grouppes de cariatides, faites en marbre de Paros, dont les fronts étoient couverts de linceuls & de voiles funebres, exprimoient la plus grande douleur: elles paroiffoient recueillir leurs larmes dans des urnes lacrymatoires. L'extrémité inférieure de ces figures étoit terminée en gaîne. Elles portoient chacune fur leur têre un chapiteau d'ordre ionique, dont elles repréfentoient les colonnes. Ces chapiteaux étoient couverts d'entrelacs, qui formoienr des corbèilles, fur lesquelles pofoit un entablement orné de quatre frontons. Les deux qui couronnoient les parties latérales, portoient chacun fur leur fond un carreau couvert de fleurs de lys, fur le quel étoient pofés la couronne royale, le fceptre, & la main de juftice, accompagnés de branches de cyprèse audeffous de ces ornemens, fous le larmier qui formoit la corniche, deux tables de jafpe renfermoient ces paroles des faintes écritures. La premiere, du côté de l'évangile, étoit exprimée par ces mots :

Defecerunt ficut fumus

dies mei.

Pfal. 101. V.

Celle du côté oppofé préfentoit ces paroles:

Percuffus fum ut fanum,

Et aruit cor meum.

Pfal. 101. V. S.

Les deux autres, placées en face de l'autel & de la principale entrée, préfentoient les armes de France fous une couronne royale, en relief & en or.

Sur se fronton s'élevoit un amortissement, orné de rinceaux & de feftons de lauriers en or. Cet amortiffe ment, qui couronnoit ce monument, fervoit de base à un grouppe de femmes éplorées, repréfentant la France & la Navarre. La premiere, appuyée fur un globe d'azur où les lys qui caractérifoient fes armes étoient relevées en or, étendoit fes bras, & élevoit fes yeux vers le ciel; eble étoit diftinguée par l'écuffon de fes armes, par fa cou ronne, & les ornemens de la royauté. Ce grouppe, de marbre de Paros, étoit furmonté d'un cyprès où étoient fufpendues les triftes dépouilles du héros qui étoit l'objet de leurs larmes.

Aux angles de cet édifice, quatre cippes funéraires, faits de tronçons de colonnes de jafpe fanguin, fervoient de bafe à des faifceaux de lances liées avec des écharpes, auxquelles étoient fufpendus des trophées militaires. Leurs extrémités élevoient fur le fer d'une lance une triple couronne de lumieres. Les tronçons des colonnes fur lefquels ces faifceaux étoient placés, portoient chacun un dé, d'où fortoient des lampes de bronze chargées de pyramides de lumieres. Le plafond de ce maufofée formoit une vouffure ovale, dans les compartimens de laquelle étoient des rofes en or, & des guirlandes de cyprès. Des lampes fépulchrales éclairoient & terminoient l'extrémité des frontons aux quatre côtés de cec édifice. Les fix degrés qui élevoient le foubaffement, formoient fix cordons lumineux, qui ceignoient & entouroient le bas du catafalque. Chacune de ces lumieres étoit chargée d'un double écuffon aux armes du roi. Une urne d'or étoit placée au centre de ce monument; elle portoit fur 2 de fes faces des médaillons qui préfentoient les traits toujours chéris de Louis le bien-aimé.

Ce farcophage étoit couvert d'un ́étique, fur lequel le poêle royal étoit développé un carreau de velours noir orné de franges & glands en argent, portoit la couronne de nos rois fous un crêpe de deuil qui defcendoit jufqu'au bas du farcophage. Les fceptres & les honneurs pofés près de la couronne terminoient cette représentation. Une crédence étoit placée devant le maufolée, fur laquelle étoit déposé le manteau røyal & les armes du roi, La ban

niere de France en velours violet, femée de fleurs de lys d'or, & ornée d'un molet à franges d'or, étoit élevée dans le fanctuaire, avec le pennon du roi, d'étoffe bleue, pareillement femé de fleurs de lys d'or fans nombre, & bordé d'un molet & de franges d'or. Ces bannieres étoient portées fur des lances garnies de velours, entourées de crêpes. Le catafalque étoit couvert d'un grand & magnifique pavillon, fufpendu à la voûte du temple, dont le couronnement formoit une coupole ovale, élevée fur un amortiffement couvert de velours noir, parfemé de fleurs de lys brodées en or, coupé fur les avant-coups par des bandes d'hermine. Ces pentes étoient attachées fous une grande corniche, dont les moulures étoient encore ornées fur chacun de fes angles, de huit grandes aigrettes de plumes noires & blanches, attachées fur des têtes de morts allées, qui formoient autant d'agraffes aux angles faillans de ce pavillon. Son plafond étoit traverfé d'une croix de moire d'argent, & portoit quatre écuffons en broderie aux armes de France. Deffous ces pentes formées par des feftons d'hermine, fortoient quatre grands rideaux de velours noir, couverts de fleurs de lys en or, & de lar mes en argent, partagés par des bandes d'hermine. Ces rideaux étoient foutenus à de gros nœuds, fufpendus à la voûte par des cordons ornés de glands d'or. La chaire du prédicateur étoit placée près des ftales du côté de l'é vangile; elle étoit revêtue, ainsi que l'abat-voix qui lui fervoit de couronnement, de velours noir, orné de franges, & de galons d'argent,

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Cette pompe funebre avoit été ordonnée par le duc d'Aumont, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi en exercice, valier de fes ordres, & conduite par le Sr. Papilfon de la Ferté, intendant & contrôleur-général de l'argenterie, menus plaifirs & affaires de la chambre de S. M., fur les deffins du Sr. MichelAnge Challe, chevalier de l'ordre du roi, profeffeu de fon académie de peinture, deffinateur ordinaire de fa chambre & de fon cabinet, & la fculpture avoit été exécutée par le Sr. Bocciardi, fculpteur des menus-plaifirs du roi,

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Des lettres-patentes de S. M., données à la Muette le 12 luin dernier, & enregistrées au parlement le 14 Juillet, commettent Jean Baptiste Rouffel,

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