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que jour : ce prince vient d'acquérir celui de Gray en Franche-Comté, par arrangement avec le comte du Barry, qui en avoit obtenu la conceffion fur la fin du dernier regne. En outre, Monfieur achete, pour l'arrondiffement du marquifat de Brunois, la belle terre de Grosbois, que le préfident Gilbert de Voiuins poflédoit, & qui provenoit de la fucceffion du Sr. de Moras, fon beau-pere. Le comte du Barry avoit auffi eu la conceffion de l'Ifle-Jourdain, domaine magnifique dans l'Armagnac comme il avoit des procès interminables avec les poffeffeurs des fiefs de la mouvancé, il la retrocede à Monfieur, moyenant 37 mille livres de rente, fur le pied de fon acquifition; & Monfieur donne l'Ile- Jourdain, produifant 100 mille livres, au préfident Gilbert des Voisins, en échange de Grosbois.

La nomination du comte de St. Germain au miniftere de la guerre a caufé la furprise la plus agréable, & ce choix fi digne d'un monarque éclairé eft généralement applaudi. On dit que lorfque le comte de St. Germain en apprit la nouvelle, il étoit occupé à la culture de fon jardin. Ce général a été tiré de fa retraite, comme les anciens Romains en fortoient pour être à la tête de la république : il eft arrivé à la cour dans un équipage bien analogue à fa modeftie & à celle des grands hommes. Comme il avoit remis les marques des ordres de France en partant pour le Danemarck, le roi fui a attaché lui-même la -croix de St. Louis.

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On vient de réformer l'abus des arrêts de surd féance pour dettes, ainfi que les faufs-conduits, qui s'accordoient fi facilement fous le dernier regne. Ces graces feront très rares à l'avenir, & ne s'obtiendront que dans des cas urgens ou malheureux, On affure que plufieurs perfonnes de diftinction poursuivies par leurs créanciers, ont

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reçu ordre du roi de fe retirer dans leurs terrés, & de s'y occuper des moyens de liquider leurs dettes.

Il s'eft fait dernierement un refus de facremens fur la paroiffe de St. Séverin; mais ces refus ne font plus d'éclat depuis que le lieutenant de police a ordre de faire adminiftrer par le premier prêtre de bonne volonté, escorté d'exempts. Ainfi ces actes n'étant plus dénoncés au parle-ment, ne fervent plus d'aliment à la curiofité publique, & n'entretiendront plus de division entre le clergé & les magiftrats, parmi lefquels on voit regner la plus parfaite intelligence."

Le Sr. de Caftilhon, avocat général au parlement d'Aix, fi célebre par fes réquifitoires dans -l'affaire des jéfuites & par fon éloquencé, vient -d'envoyer ici une requête ou dénonciation à la cour des pairs, contre le maréchal de Richelieu, comme coupable de fubornation à l'égard de la dame de St. Vincent, parente de ce magiftrat, -& dont la famille a déjà présenté une pareille intervention. Cependant ces plaintes ne touchent point au fond de l'affaire entre cette dame & le maréchal.

Le nommé Dangé, homme de confiance du St. Le Maitre, tréforier-général de l'artillerie, vient d'être condamné au fouet, au carcan, aux galeres, & à être promené fur un âne avec deux que"nouilles, pour avoir époufé deux femmes à la fois. Cet homme, après avoir trahi la confiance de fon bienfaiteur, & abufé de fes fonds, a trompé indignement une jeune perfonne qu'il n'avoit pu féduire; dans le contrat de ce fecond mariage, il avoit pris de faux titres, s'étoit annoncé pour comte, &c. Comme ce bigame s'eft évadé, la fentence a été rendue par contumace.

On peut fe rappeller la cruelle affaire d'Abbeville, & le fupplice du chevalier de la Barre, qui Novembre. ae. quinz. 1775.

C

en fut la fuite, pour crime de profanation qui lui fut imputé. Le Sr. d'Etallonde de Murival, fon compagnon de plaifir & fon ami, ayant appris alors qu'on alloit le décréter, prit le parti de fe retirer en Pruffe, où il obtint de l'emploi. Il vient d'adreffer au roi une requête qui a pour titre : Le cri du fang innocent, au roi très-chrétien en fon confeil. Il demande d'être relevé des condammations prononcées contre lui par contumace, rend compte des motifs qui ont provoqué le jugement fatal, & fupplie S. M. d'ordonner la révifion du procès. On attribue cette requête au Sr. de Voltaire.

Le château de Bicêtre renferme, depuis longtems, des milliers d'hommes, dont la plupart ont mérité d'être frappés du glaive de la juftice. Le grand nombre ne permettant pas de les tenir féparés, on les affocie par centaines dans de vastes falles, où de coquins qu'ils étoient, ils deviennent fouvent des fcélérats par la communication journaliere qu'ils ont enfemble. On prend aujourd'hui des mefures pour arrêter ces abus, & l'on affure que ces malheureux feront employés aux travaux publics, & qu'on leur infligera plus ou moins de peines, fuivant la gravité de leurs délits.

Un autre objet intéreffant dont s'occupe le miniftere, ce font les prifons infectes de cette capitale, où l'on voit quelquefois repofer l'innocence à côté du crime. Le peu d'efpace de ces lieux affreux pour la multitude qu'ils contiennent, & le danger de la corruption qui y regne font les motifs qui vont faire prendre des mefures pour ne laiffer aux prifons du châtelet & de la conciergerie que les prifonniers les plus criminels; les autres feront transférés dans des endroits vaftes & bien aérés. On parle de prendre pour cet objet, une partie du terrein des Céleftins.

A

Entr'autres traits d'humanité & de bienfaifance auxquels le rétablissement du parlement de Metz a donné lieu, le corps municipal de cette ville a marié 13 filles, dont chacune étoit d'une des 13 paroiffes. Ces mariages ont été célébrés très - folemnellement par l'évêque, qui après la cérémonie a donné un grand repas aux nouveaux époux, & à leurs proches parens; la dot, fixée à 3co liv., avec un habillement complet, a encore été augmentée par les libéralités de quelques maifons religieufes.

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Au milieu de la place où plufieurs bourgeois réunis donnerent à 1co vieillards le feftin dont nous avons parlé, on avoit élevé une décoration où, fous un baldaquin porté par 4 colonnes, on voyoit un autel fumant d'encens, au deffus duquel étoient fufpendus les médaillons accolés d'Henri IV & de Louis XVI, le premier ayant pour infcription, Ce que j'ai defiré & n'ai pu faire, il le fera, par allufion au vou d'Henri en faveur des payfans. Le lendemain de la réintégration du parlement, les directeurs des fpectacles ayant donné au public une représentation gratis, les 100 pauvres vieillards furent placés fur le théâtre, & recurent en entrant, chacun un écu de la part des directeurs. On repréfentoit la Partie de Chaffe d'Henri IV. La tranquilité du Spectacle ne fut troublée que par des cris de vive le roi, lorfqu'un des acteurs, à la fin de la piece chanta des couplets qui avoient pour objet le bienfaiteur actuel de la nation françoife tout retentit alors d'acclamations générales qui terminerent cette représentation.

De tous les parlemens qui avoient fubi des fuppreffions, il ne reste plus à réhabiliter que celui de Pau. Cette opération fe fera inceffamment, & c'eft le Sr. le Noir, dit-on, qui fera chargé d'y faire les fonctions de commiffaire du roi.

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- Le maufolée que le roi de Pruffe a fait faire au marquis d'Argens, fon chambellan, devoit être placé à Toulon; mais la famille & la veuve de cet homme célebre ayant defiré qu'il fût placé à Aix, S. M. Pruf. s'eft rendue à leurs vœux. Ce monument représente l'immortalité plaçant fur fon autel le médaillon du marquis d'Argens, & relevant un voile dont il fembloit l'avoir couvert; les attributs font difpofés avec choix, & l'ensemble de ce monument eft plein de goût. On lit fur le piédeftal cette épitaphe: A L'éternelle mémoire de H. & P. feigneur JeanBaptifte de Boyer, chevalier, marquis d'Argens, chambellan de Fréderic le Grand, roi de Pruffe qui lui a fait élever ce maufolée comme un monument de la bienveillance & de l'effime dont il l'honoroit.

On lit fur le maufolée du maréchal du Muy cette infcription touchante, qui prouve tout l'attachement de ce miniftre pour feu Mgr. le Dauphin Huc ufque luctus meus: ma douleur ne finira qu'ici.

Des citoyens généreux de Troyes en Champagne, touchés du malheur qu'a éprouvés la ville de St. Dizier, avoient écrit aux officiers municipaux de cette ville, pour les prier de leur indiquer un endroit où ils puffent dépofer des fecours en faveur des incendiés; la ville leur a indiqué le Sr. Gerard le Blanc, marchand à Troyes, rue de l'Epiciere, qui veut bien fe charger gratuitement de les recueillir, & de les faire paffer à leur destination.

On apprend de Dreux qu'on a donné les témoignages les plus touchans du refpectueux attachement que cette ville porte au duc de Penthievre, fon nouveau feigneur. Ce prince, en y paffant le 7 du mois dernier, pour fe rendre à la terre de Crécy, a trouvé les bourgeois fous les armes, &

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