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lais électoral, les marques de joie & de fatis faction éclaterent de toutes parts. M. le comte d'Artois vint à lui les bras ouverts, & leurs mains fe prefferent longtems. Le prince conduifit M. l'abbé Maury dans un fallon voifin, où se trouvoient réunis les princes de France & de Saxe. Au bout d'une conférence d'environ un quart-d'heure, la compagnie fe rendit dans la galerie. Monfieur fit l'honneur à M. l'abbé Maury de l'inviter à dîner pour le lendemain. Au moment où on alloit fe mettre à table, Madame appella M. l'abbé Maury, qui parloit au bout de la falle avec M. le comte d'Artois, pour lui donner la main, & le fit placer à fa droite. M. le maréchal de Broglie étoit à gauche de la princeffe. Au deffert, les princes donnerent le fignal, & on but à la fanté du cardinal in petto. Toutes les agrégations de Nobleffe lui ont fait des vifites de cérémonie. Il eft parti de Coblence pour fe rendre à Rome, où il eft appellé par le pape.

La Diete de l'Empire eft rentrée en activité, non pas néanmoins fur les affaires de France le décret de commiffion impériale pour ratifier l'avis de l'Empire, relatif aux plaintes des princes poffeffionnés en Alface, n'étant pas encore arrivé; mais, quand même ces plaintes feroient reprises en confidération, les membres du Corps Germanique font encore bien. toin de recourir d'abord à la voie des armes. Le vœu général en Allemagne eft que la révolution françoife ne trouble point la paix de l'Europe, & l'on ne regarde pas d'un œil favorable les mouvemens que les nobles émigrés fe donnent pour armer toutes les Puiflances contre leur patrie.

Cependant leurs préparatifs, loin de fe raf

lentir, s'accélerent chaque jour. Il eft forti de la chancellerie une capitulation fignée par Monfieur & M. le comte d'Artois, au nom du roi leur frere, pour la levée d'un Corps de chaffeurs royaux des princes, d'environ douze cens hommes, & divifé en 16 compagnies.

Colonel propriétaire, M. Sinclair, officier anglois, qui a fervi chez les Brabançons.

Colonel commandant, M. le chevalier de Ménars Lavalette, capitaine françois, émigré. Lieutenant colonel, M. Ramfay, officier an glois, qui a fervi en Amérique.

Le refte de l'Etat-major, les capitaines & fubalternes, à la nomination du chef, qui en vend les places à des Anglois,

au

Ce Corps doit être complet vers le 1er. de Fanvier prochain, pour paffer la revue, plus tard, le 15 du même mois.

Le dépôt en est établi à Malmédi, pays de Stavelo.

M. de Ménars eft à Liege, député de la part des princes françois pour demander la permiffion de recruter dans la principauté au princeévêque, qui ne la refufera pas, au moins tascitement, vu fes principes connus fur la révolu➡ tion de France, & la façon d'agir au fujet de la révolution de fon pays.

Delà M. de Ménars ira à Bruxelles remplir quelque commiffion, fans doute du même genre, auprès des gouverneurs-généraux, qui ne feront peut-être pas fi zélés que l'évêque de Liege.

On a déjà paffé plufieurs marchés pour la livraison des armes, des tentes, & autres chofes néceffaires à ce nouveau Corps.

Suivent un état du paiement pour les dif férens grades qui le compoferont, & un modele d'engagement.

Le 23 Octobre, la compagnie rouge qui avoit fait partie de la maifon du roi, & qui fut réformée par le comte de Saint-Germain

, ayant

été rétablie par les princes, s'eft rendue en Corps, avec fon aumônnier, à l'églife catholique de Neuwied. Le fervice a été célébré avec beaucoup de folemnité, & l'on y a chanté le Domine, falvum fac regem.

On affure qu'un gentilhomme allemand qui a fervi avec diftinction chez les Ruffes, va lever un régiment de fa nation pour les princes émigrés.

ITALI E.

ROME (le 30 Odubre). Le pape a accordé à tous les Récollets de France (& fans doute à tous les Capucins ) toutes les difpenfes dont ils peuvent avoir befoin, fur l'ufage de la penfion alimentaire ou de la monnoie, & fur leur maniere de s'habiller. S. S. a déclaré légitimes toutes les élections qui fe feront dans les couvens, conformément aux décrets de l'Affemblée Nationale, permettant aux religieux de choifir la vie privée, dès qu'ils ne pourront plus fuivre la vie réguliere dans leur commu nauté.

Une autre ordonnance du St. Pere défend aux laïcs de porter des hauts-de-chauffe trop étroits ou trop ferrés.

Des lettres de Fuligno, en date du 13 de ce mois, portent que le I, cette ville a effuyé les plus violentes fecouffes d'un tremblement de terre. Plufieurs palais, églifes & autres bâtimens confidérables ont été beaucoup endommagés. On ignoroit encore s'il étoit péri quelque perfonne. Les mêmes fecouffes fe font fait fentir à Spolette, à Tolentin, & dans plufieurs autres endroits des environs.

LIVOURNE le 4 Novembre ). Les fentimens pacifiques que le nouveau dey d'Alger a manifeftés dès fon avénement à l'égard de l'Efpagne, ne lui font pas communs pour toutes les Puiffances. Par la frégate de guerre hollandoife, la Concorde de 36 canons, capitaine J. van Peer, qui eft arrivée ici en 5 jours d'Alger, où cet officier a exécuté une commiffion de la part des Etats-Généraux, l'on a appris que le dey a déclaré la guerre à la Suede. Il avoit mandé le conful fuédois pour lui fignifier ( fans donner néanmoins raifon de ce procédé) qu'il eût à quitter la ville dans cinq jours, ajoutant qu'il laiffoit aux navires fuédois un délai de 40 jours pour terminer leurs affaires, & s'éloigner des parages d'Alger, que, ce terme expiré, les corfaires de la régence auroient permiffion de courir fus aux Suédois, & que leurs bâtimens feroient déclarés de bonne prife. Comme on ne fçauroit imaginer l'ombre même de raison pour ce procédé hoftile, on fuppofe que le dey veut venger ainfi, non à l'infçu de la Porte, l'abandon où les Ottomans accufent la Suede de les avoir laiffés au milieu de la guerre. Le conful fuédois fe trouvoir à bord de la frégate bollandoife.

La régence algérienne cherche également querelle à la France, ou plutôt à l'Affemblée Nationale, contre laquelle on l'a fort animée: elle demande que la France falle relâcher tous les Algériens, efclaves ou captifs chez les Génois; faute de quoi elle déclarera la guerre aux François, qui (fuivant les informations de ces Barbarefques) font tous des menteurs & n'ont plus de roi.

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FRANCE.

PARIS (le 22 Novembre ).
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE;
Préfidence de M. Verg niaud.
Du 11 Novembre.

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Après avoir entendu M. Cambon, au nom du comité de la tréforerie, & M. Laurent, au nom de celui des affignats & monnoies l'Affemblée Nationale a décrété que la caiffe de l'extraordinaire avanceroit à la trésorerie fur l'hypotheque de l'arriéré des impofitions 1o. la fomme de 19,730,187 liv., pour remplir le déficit qui fe trouve entre la recette & les dépenses d'Octobre, 2°. la fomnie de 22,720, 000 liv., pour faire face aux dépenses extraordinaires de 1791, 3°. celle de 10,000,000 en petits affignats de 5 liv., pour fubvenir aux befoins journaliers de la trésorerie.

L'Affemblée a accepté un exemplaire d'une belle édition de la Conftitution, préfenté par M. Garnery. Ce libraire patriote a réduit la Conftitution à un très petit format, afin qu'elle put s'échapper aifément aux yeux des Argus de Inquifition, & pénétrer jufques dans l'Italie & dans l'Espagne. M. Garnery attend les plus heureux effets de cette contrebande patriotique. «La Conftitution, difoit-il dans fon adreile eft l'Evangile des François; elle doit être auffi l'Evangile, la bonne nouvelle de toutes les nations; elle doit porter la lumiere jufqu'au milieu des ténebres du fanatifme & de l'ignos

rance ».

En parlant des troubles de Caen, nous avons annoncé qu'ils avoient été excités par le prêtre Bunel. Les dépêches reçues aujourd'hui par l'Aflemblée Nationale nous mettent à portée d'en donner un récit exa&& plus détaillé,

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