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régiment, compofé d'un caporal & de 4 hommes. Ils avoient manqué, peu de tems auparavant, de faire prifonnier le général Leybourne. Le capitaine Beal, arrivé, en 27 jours, de cette ifle à Bofton, rapporte que les troupes, commandées par le colonel Dalrymple, jointes à celle de la Nouvelle-Yorck, fe préparoient à une expédition contre les Caraïbes, qui détruifoient, de jour en jour, les plantations des Anglois, & les incommodoient par de fréquentes efcarmouches, dans lefquelles ils leur tuoient beaucoup de monde. Il ajoute que le retard d'un vaiffeau attendu avec de nouvelles forces, avoit empêché nos troupes, fatiguées des incurfions de ces fauvages, & tourmentées de cruelles maladies, de continuer la guerre.

On mande de Bombay qu'un grand nombre de pirates, dont la plupart des équipages étoient compofés de Portugais, couvroit & infeftoit les mers des Indes; que ces corfaires enlevoient ou pilloient tous les bâtimens du pays, & fe refugioient dans une anfe de l'ifle Caronjon, lieu prefque inhabité, où ils cachoient leur butin au fond de quelques cavernes; mais que les bâtimens armés, envoyés contre eux, avoient découvert leur retraite, les avoient chaffés de cette ifle, & s'étoient emparés de leurs rapines.

On écrit d'Edimbourg, qu'une multitude d'hommes & de femmes formerent une émeute à Perth, le 31 Décembre dernier, vers les 9 heures du foir. Tout annonçoit le plus grand défordre. Au milieu des cris, des emportemens & du tumulte, le peuple fe jetta fur un Sloop chargé d'orge. Les ordres, donnés par les magiftrats, ne purent l'appaifer. On fut contraint de faire avancer un corps de troupes, & le calme parut rétabli. A. 3 heures du matin, la fédition fe ralluma. La popu lace s'attroupa de nouveau, força la maison de

John Scott, boulanger, & enleva le pain & la farine qui s'y trouvoient. On arrêta un de ces mutins, & tout parut tranquille une feconde fois; mais l'envie de délivrer le coupable, réveilla bientôt la fureur du peuple, qui, fe précipitant en foule aux portes de la prifon, menaça de les enfoncer à coup de pierres. On fit encore marcher un détachement de foldats, qui fut repouffé. Alors le prévôt, voulant remédier au mal, fans faire couler le fang, renvoya les troupes, & remit le prifonnier entre les mains de la populace, qui le porta en triomphe jufqu'à Elcho, à 3 milles de Perth. Arrivés devant la porte du Sr. John Donaldson, commiffionnaire de grains, ces forcenés renverferent tout ce qui s'oppofa à leur paffage, faccagerent la maifon du commiffionnaire, en emporterent les clefs, & les remirent au fubftitut du Shérif du comté de Perth, avec ordre de faire tranfporter à Perth les grains du Sr. Donaldfon, & de les faire moudre fur le champ. Ce commiffionnaire tira le Shérif de ce mauvais pas, en faifant conduire lui-même fon grain dans cette ville.

On débite ici deux nouvelles intéreffantes: la premiere porte que le gouverneur Hutchinfon, pour faire exécuter les maximes du gouvernement à Boston, avoit eu recours aux troupes réparties dans la province, & que la chambre des représentans, en faveur du peuple, avoit formellement déclaré que cette démarche étoit un acte de rebellion contre les droits & privileges conftitutionaires, & qu'elle étoit réfolue d'oppofer la force à la force, en faifant mettre la milice fous les armes. On doute de l'autenticité de cet avis.

Par la feconde, on affure que Schaw Allum, empereur légitime de l'Indoftan, qui, depuis longtems, a été privé du trône de fes ancêtres, & chaffé de fes états par une confédération des prin

ees tributaires, qui vouloient fecouer le joug de la fouveraineté de Delli, avoit remporté, avec le fecours des Anglois, une victoire complette fur la plus guerriere des nations ennemies, en avoit tué un grand nombre, enlevé un tréfor évalué à un million de liv. fterl., & fe difpofoit à faire fon entrée dans fa capitale avec fes trophées, à la tête de fon armée victorieuse. Si cette derniere nouvelle fe confirme, elle ne pourra manquer d'influer confidérablement fur les affaires de la compagnie.

On a diftribué une lettre circulaire aux eccléfiaftiques du royaume, fur les difcuffions concernant la lithurgie, dont on a déjà eu occasion de parler elle eft datée de Londres le 23 Décembre, & contient ce qui fuit:

:

En conféquence d'un avis adreffe dernierement au clergé, afin de ne pas donner de l'ombrage par une affemblée trop nombreuse, il s'en eft formé une, compofée de peu de perfonnes, pour délibérer fur la conduite qu'on doit tenir dans les circonf tances aduelles. On n'a arrêté aucurie requête; on eft convenu feulement qu'on demanderoit aux évéques une révifion des articles de la lithurgie ainfi que du formulaire; mais afin d'agir avec tous les égards & toute la prudence convenables, les membres de l'affemblée ont jugé à propos, avant de faire aucune nouvelle démarche, de députer deux d'entr'eux au lord archevêque de Cantorbéry, pour le confulter fur leur projet, & lui demander s'il penfoit que les lords eccléfiaftiques y donnaffent leur approbation, & s'il croyoit qu'ils aimassent mieux s'intéreffer à leur affaire, fans être follicités. L'archevêque a fait réponje aux députés, qu'il communiqueroit, après les fêtes, leurs defirs à fes confreres, auffi-tôt qu'il s'en trouveroit un nombre fuffifant à Londres, & qu'il fouhaitoit, en même tems, qu'on ne fit rien avant de fçavoir la réfo

&

ution des évêques ; qu'il étoit perfuadé que beaucoup de membres du clergé étoient de leur opinion, que la démarche qu'on venoit de faire, fuffifoit pour le préfent. On ceffera donc toute autre pourfuite, jufqu'à ce que les lords eccléfiaftiques aient fait connoitre leurs intentions, L'objet du préfent avis eft d'informer le clergé que l'affaire dont il eft queftion, n'eft point abandonnée; mais qu'elle n'eft que fufpendue.

Le 10 Novembre dernier, le lord Greville Montagu, gouverneur de la Caroline Méridionale, rompit l'affemblée générale de cette province, & prononça, à cette occafion, un discours dont voici la fubftance.

« Il eft de mon devoir de vous observer que le commandant en chef de cette province a le droit de fe faire repréfenter les regiffres de l'affemblée générale, & je fuis faché d'avoir à reprocher à forateur actuel de la chambre des communes, d'ayoir tenu à cet égard une conduite illégale, & dont jufqu'à ce jour, il n'y avoit point eu d'exemple. Ces regiftres renfermoient des actes violens & contraires à la conítitution. L'orateur, en s'en faififfant lui-même, a voulu, fans doute, me dérober la connoiffance de ces excès. Je lui ai écrit pour demander les regiftres; mais je n'en ai eu communication que la veille de l'ouverture de l'affemblée, & je n'ai pu les garder que pendant quelques inftans. Eft-ce ainfi que la chambre des communes prétend cacher au gouverneur des mesures violentes jufqu'au moment où elles doivent être mises en exécution? J'étois obligé de m'oppofer à une conduite auffi irréguliere, & j'ai cru en même tems, vous fournir une occafion de dreffer un nouveau bill pour la levée des droits dans la province. Pour cet effet, j'ai pris le parti, dans la derniere féance, de vous proroger jusqu'à ce jour, perfuadé que vous feriez ufage de

se délai pour dreffer le bill en question, d'après les lumieres que vous fournit une longue expérience, & je me propofois de ne plus opposer alors aucun obstacle à la tenue de vos féances, & à l'expédition des affaires. Mais en prenant connoiffance des regiftres du même jour, où j'avois commencé la prorogation, j'ai vu, avec la plus grande furprife, que la chambre, au lieu de fe rendre fur le champ auprès de moi, fuivant mes ordres, a continué de fiéger, & que même elle a propofé des queftions & pris des réfolutions. Ce procédé, auffi inoui que dangereux par fon exemple, eft une marque évidente de mépris pour la prérogative royale, laquelle cependant fait partie de la conftitution du pays. Je ne puis fermer les yeux fur une pareille conduite. J'ai d'autant moins de peine à me déterminer à diffoudre la préfente chambre des communes, qu'elle me paroit avoir léfé la justice à l'égard de fes propres conftituans. Elle a cherché à éluder leurs intentions, en prétendant, au mépris de l'expé rience & contre l'avis même de leurs

agens,

les

fervir par un moyen dont elle connoifloit l'inefficacité pour procurer le foulagement du peuple, en perdant inutilement fon tems à combattre l'ex ercice d'une prérogative fondée fur la conftitution, & confirmée par l'aven tacite & continu de la chambre des communes, & enfin, en n entreprenant, au mépris des loix du parlement, d'introduire des nouveautés & des procédés inconnus dans les ufages parlementaires. Obligé par les devoir de ma place, de veiller au maintien de l'ordre établi, & réfolu de ne porter aucune atteinte à la loi par une modération mal-entendue, je diffous la préfente affemblée générale, & en conféquence je la déclare & regarde comme difToute dès ce moment ».

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