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augmenta beaucoup forfqu'on les vit vouloir partager avec le foldat qui reprenoit fes fens, ce qu'ils avoient reçu ce moment excita une admiration univerfelle, & des applaudiffemens dont l'action étoit bien digne. Quelqu'un demanda au foldat quel motif l'avoit fait attenter à fes jours; il répon dit qu'ayant perdu au jeu l'argent qui lui étoit néceffaire pour la route, & 18 liv. qu'on l'avoit chargé de remettre à un de fes camarades, il n'avoit point vu dans fa fituation d'expédient plus court que de fe délivrer de la vie, qui lui faifois mal: ce font fes expreffions.

Un jeune homme de 13 ans, tombé à Lyon dans la Saône, en y puifant de l'eau, en a été retiré fans connoiffance, fans mouvement & fans pouls. Les frictions avec de l'eau de vie camphrée animée, l'infufflation d'air chaud dans la bouche, & quelques cuillerées d'eau-de-vie camphrée l'ont rendu à la vie après trois quarts d'heure de foins.

ANGERS (le 20 Juin. ) Cette ville capitale de l'appanage de Monfieur, ayant fait auprès de ce prince les plus vives follicitations pour pofféder fon portrait, il s'eft rendu à fes defirs; & ce portrait a fait ici fon entrée le 19 du mois dernier, fuivant l'ancien cérémonial, déjà obfervé en pareil cas. Toute la ville a fait éclater à cette occafion, le plus vif attachement au fang de fes rois, & particulierement à un prince chez qui les lumieres, le goût de la réflexion & l'amour de la fageffe fe montrent dans le printems de fon âge.

GRANDE-BRETAGNE.

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LONDRES (le 15 Juillet.) Les Srs. Plomer & Hart, shérifs de l'hôtel de ville, s'étant rendus, le 28 du mois dernier, à St. James, le premier s'acquitta de fa com mithion en ces termes : « Qu'il plaife à V. M.: nous avons ordre du lord maire, des` aldermans, & de la

bourgeoifie de la cité de Londres affemblés en corps, 'de rendre nos devoirs à V. M., & de lui demander humblement quand il lui plaira de recevoir fur le trône deur humble adreffe, remontrance & pétition » : S. M. répondit: il vous plaira prendre note, que je recevrai leur adreffe, remontrance & pétition vendredi 30 juin) an cercle. Le St. Plomer dit alors: V. M. nous permettra de l'informer que la bourgeoisie affemblée en corps a réfolu de ne point préfenter fon adresse, remontrance & pétition, à moins qu'il ne plaife à V. M. de la recevoir fur fon trône. Le roi repliqua je fuis toujours prêt à recevoir des adreffes & des pétitions; mais c'eft à moi de juger où je veux les recevoir.

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Le 30, jour axé par le roi pour recevoir l'adreffe du corps de ville, le lord-maire & la bourgeoifie ne se préfenterent pas au palais. La cour parur très-fenfible à ce procédé.

Le lord-maire fit rapport de la réponse que le roi avoit faite aux shérifs relativement à la préfentation de l'adreffe de la ville à S. M.; & il annonça que, puisque la ville avoit réfolu que cette adreffe ne devoit être prefentée au roi que fiégeant fur fon trône, il avoit cru ne devoir point fe rendre à St. James pour la préfenter S. M. Il recommanda enfuite de faire avec modération, fang froid & fermeté, les démarches néceflaires Four maintenir la dignité de la bourgeoifie, & fon droit de s'adreffer au trône, puifque le droit de tout le peus. ple d'Angleterre, auffi bien que le leur, dépendoit de la conduite qu'on tiendroit en cette occafion. En conféquence, on prit les réfolutions fuivantes.

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« Ordonné, que la réponse du roi, dont rapport vient d'être fait, fera inférée dans les regiftres de la bourgeoifie de cette ville ».

« Arrêté, que le roi eft obligé d'entendre les reque tes de fon peuple, puifque c'eft le droit indubitable des fujets d'être entendus, & non une matiere de grace & de faveur ".

« Arrêté, que la réponse de S. M. eft un déni direct du droit qu'a cette affemblée, que fes remontrances foient

Quies ".

« Arrêté, qu'un tel déni tend à rendre infructueux le droit de s'adreffer au tione, reconnu & établi à la

révolution ».

« Arrêté, que quiconque a confeillé à S. M. indirectement de refufer d'entendre fur foa trône l'humble adreffe, remontrance & requête de cette affemblée, eft

également ennemi du bonheur & de la főreté du roi, ain que dela tranquillité & des libertés du peuple ».

» Ordonné, que l'adretle', remontrance, & requête que S. M. a refufé d'entendre fur fon trene, fera imprimée dans les papiers publics, & fignée par le fecrétaire' de la ville "."

« Arrêté, que les inftructions fuivantes feront données à nos repréfentans en parlement ».

MESSIEURS

-Vous êtes chargés par la bourgeoisie affemblée en commun confeil de propofer d'abord après la prochaine ouver sure du parlement, de préfenter de la part de la chambre des communes une humble adresse à S. M, pour la prier d'informer la chambre, qui font les confeillers de ces mefures fatales qui ont établi la religion romaine & le poud voir arbitraire en Amérique, & qui nous ont plongés dans La guerre civile la moins naturelle, à la fubverfion des principes fondamentaux de la liberté angloife, à la ruine de notre commerce fi précieux, & à la deftruction des fujets de S M.; & pour çavoir, qui ont été les confeillers d'une mesure auffi dangereuse pour le bonheur de S. M. & les droits du peuple, que l'eft celle de refufer d'entendre les re quêtes & les plaintes de fes furets. Vous êtes de plus chargés, Meffieurs, de propofer d'intenter une accufation aus auteurs & confeillers de ces mesures, afin qu'en les tram duijant publiquement en juftice, ils puiffent être éloignés de la perfonne du roi, les droits du peuple être vengés, & tout L'empire rétabli dans la jouiffance de la paix, de la libers té, & de la fureté publiqué.

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2 Ordonné, que la dite réfolution, mife au net & fignée par le fecrétaire de la ville, fera remife à nos req préfentans en parlement ».

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« Ordonné, que les shérifs fe rendront auprès de S. M. pour remettre entre fes mains, au nom du lord maire, des aldermans, & & de la bourgeoifie de Londres, assemblés en commun confeil, une copie mife au net des réfolutions prifes le jour de St. Jean & aujours d'hui, fignée par le fecrétaire de la ville ».

Ordonné, que les shérifs, accompagnés d'un des fe crétaires de la ville, fe rendront demain auprès de S. M. avec les dites réfolutions »

"Ordonné, que les réfolutions de ce jour feront im primées dans les papiers publics, & fignées par le fecrétaire de la ville. (Signé par ordre ) Rix. Leles shérifs s'étant préfentés au palais de St Janies, le comte de Rochford, fecrétaire d'état, deman

da à voir ce que contenoient les réfolutions prifes pag le corps de ville; les shérifs lui répondirent qu'ils avoient ordre de les remettre au roi, & non à d'autres. Admis à l'audience du roi, les shérifs s'acquitterent de leur commillion, & S. M. fe retira fans dire un feul mot. Les shérifs ne firent aucune mention dans cette audience, de l'adreffe que le roi avoit refufé de recevoir fur fon tione; mais en conféquence des réfolutions prifes par le corps de ville, elle parut imprimée dans les papiers publics. Elle eft remplie d'expreffions très refpectueuses à l'égard du fouverain, mais très-violentes.contre fes & miniftres & le parlement, à l'occafion des me fures rigoureufes qui ont été prifes, contre les Américains. On y déplore de la maniere la plus touchante les maux qui en font déjà une fuite, & ceux qu'on a lieu d'en cedouter encore, avant que ce différend foit terminé. Le roi y eft vivement follicité d'éloigner de fa perfonne les mauvais miniftres & confeillers; de dif foudre fon parlement, & de placer déformais fa confiance en des miniftres éclairés & patriotiques, qui, par leur fageffe & intégrité, puiffent mettre S. M. à même de ter miner cette conteftation d'une maniere folide, honora ble, & conforme aux vrais principes de la liberté &c.h · Cette pétition a été particulierement occafionnée par une lettre en date du 5 Mai, que le comité de la Nou velle-Yorck avoit adreffée au corps de ville de Londres. On y infifte principalement fur le droit indeftructible que revendiquent les Américains de difpofer de leurs biens avec une entiere liberté; mais au milieu de ces plaintes, on renouvelle les proteftations du vœu fin cere d'accorder au roi tout ce qu'il demandera par des requifitions fuivant l'ancienne forme, & dont toute idée de contrainte fera par conféquent écartée.

Cetre lettre occafionna les plus grands débats dans Paffemblée que le confeil commun de cette capitale tint les. Le député Pool en fit l'ouverture en déclarant « que c'étoit aux Américains à fe tirer de l'embarras où leur opiniâtreté & le defir de vivre dans l'indépendance les avoient mis, & que la ville de Londres avoit peu de droit de fe mêler de ce différend : que l'on n'avoit rien à craindre pour la liberté conftitutionale de la part du Foi regnant, puifque fes dix enfans pouvoient être confidérés comme autant d'otages & de cautions pour la confervation des droits, & des, privileges des fojets,,. Bien des gens, ajouta-t-il, font fonner haut le mot de liberté, mais il y en a peu qui agissent fur des principes

libéraux. Le Sr. Hurford déclama contre le defpotifme que l'on paroiffoit vouloir établir, & propofa un comité pour examiner cette affaire à fond. Il fut foutenu par le Sr. Staveley, qui propofa même des réfolucions pour lui fervir de canevas. L'alderman Harley demanda, qu'avant de s'engager dans cette démarche, on fit lecture d'un acte paffe la 6me. année du regne de George III, fous le miniftere du marquis de Rockingham: & par lequel l'autorité du parlement fur toutes les colonies eft reconnue & expreffément confirmée. Le Sr. Harley fit obferver, "6 que cet acte, auquel le Sr. Beckforis feul étoit oppofé, renfermoit l'opinion de gens qui aujourd'hui conteftent fi fortement cetre autorité,.. L'alderman Kirkman y répliqua, que jamais cet acte n'avoit été reconnu par les Américains, qui s'y étoient unanimement oppofés dans leurs affemblées & il recommanda la modé ration fans cependant fe relâcher de la fermeté. L'a'der nan Lee dir, que cet acte ne pourroit donner un droit, qui n'exiftoit point; que le parlement n'avoit alors aucun droit, ni ne l'a aujourd'hui, de faire un se! acte, &c. Et, après s'être étendur fur les griefs des Américains, il fecoada les réfolutions propofées par le Sr. Staveley, qui furent auffi foutenues par l'alderman. Le Sr. Stone jugea, qu'il n'y avoit que trois partis à prendre, fçavoir, de procéder à des réfolutions; de répondre à la léttre du comité de la Nouvelle York; de préfenter une pétition au roi. Quant au premier, il lui paroiffoit hors de faifon d'aigrir les efprits en publiant des réfolutions irritantes, qui mettroient la corporation hors d'état de s'interpofer en faveur des Américains auprès du roi & du parlement,,,. Le fecond parti ne lui paroiffoit pas plus convenable, parce que n'ayant encore rien fait qui par donner la moindre idée de fuccès, la réponfe de la ville & du comité de la Nouvelle-York ne pourroit contenir rien de fatisfaifant,,, S'expliquant enfin far le troifteme parti, il laiffoit à l'affemblés à déterminer s'il falloit demander au roi la fortie des troupes hors de la ville de Boston, ou la convocation du parlement, auquel cas il faudroit prendre le parlemen: tel qu'il eft, & non tel qu'on pourroit fouhaiter qu'il fût, & il fiait en recommandant la patience' l'impartialité. Les débats devinrent alors plus généraux. L'alderman Kirkman, le chevalier Watkin Lews, & les Srs. Maynard & Stone fe déclarerent contre les réfelutions propofées par le Sr. Staveley, qui furent appuyées par les Srs. Sharpe, l'alderman Lee & le député Piper. D'autres opinerent pour

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