RUSSIE.

PÉTERSBOURG (le 19 Décembre.) Les jours anniverfaires de l'inoculation de la petite vérofe à l'impératrice & au grand-duc, & celui de la création des gardes Semennowskoi ont été célébrés fucceffivement. A chacune de ces fêtes il y a eu grande cour le matin, & le foir baĺ paré; à celle du régiment des gardes, l'impératice a diné en public avec tous les officiers de l'état-major de ce corps.

La fanté du comte de Panin eft fi chancelante depuis quelque tems, que ce miniftre ne paroît plus en public.

On écrit de Taganrock fur la mer noire, que le navire le Prince Conftantin, qu'on y avoit conftruit, en étoit parti pour Smyrne avec des marchandifes de la Ruffle, & qu'on y en attendoit deux autres de Conftantinople, de forte que notre commerce s'étend de jour en jour dans l'empire ottoman.

Il fe confirme que les mariniers qui firent une apparition l'année derniere fur les côtes de Kamtschatka, conduifoient le célebre Anglois, capitaine Cook, avec les compagnons de fon voyage. Selon des avis récens du même endroit, en date du mois de Juin, le capitaine Clarke est entré avec deux vaiffeaux anglois dans le port de Petro-Pawlowsky; c'eft par lui qu'on a fcu le trifte fort de leur conducteur, le capitaine Cook dans fon trajet entre l'Afie & l'Amérique : il étoit defcendu dans une ifle qui eft apparemment une des Curiles. Les fauvages qui l'habitent, lui firent d'abord un accueil très-favorable; mais, après s'y être arrêté quelque tems, & fe trouvant au moment de partir, ces perfides infulaires l'attaquerent, & le maffacrerent avec quarre fes matelots; ce qui détermina le capitaine Clar

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ke à quitter cette ifle malheureufe, d'où il fit voile vers le port de Petro-Pawlowsky. Tous les connoiffeurs regretteront cet illuftre fçavant; mais ce qui pourra les confoler en partie, c'eft la certitude où l'on eft que fes cartes & fes journaux font confervés.

DANEMARCK.

COPENHAGUE (le 3 Janvier.) Le roi vient de nommer miniftre à la cour d'Espagne fon chambellan le comte de Reventlau, qui a été jufqu'à préfent chef de la justice à Schleswick.

La fociété royale des fciences propofe pour fujet d'un prix confiftant en une médaille d'or de 100 rixdahlers, l'examen de la quellion fuivante: Peut-on prouver par l'obfervation & par Vexpérience, que la femence des vers en général qui fe forment dans le corps animal, vient du dehors & en ce cas quels en font les remedes? Les mémoires, en françois, en latin, en danois du en allemand, doivent être adreffés, francs de port, avant la fin d'Août 1780, à M. Hielmstierne, président de la fociété.

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POLOGNE.

WARSOVIE le 31 Décembre. ) Les ftatuts de l'ordre de St. Staniflas affujettiffent chaque chevalier à 6 ducats par an, payer dont 4 font employés à l'entretien de l'hôpital de l'Enfant-Jéfus de cette capitale, & les deux autres aux frais de la chancellerie de l'ordre. Les Polonois de nation font obligés de payer en fus un ducat deftiné à faire célébrer des meffes pour le repos de l'ame de leurs confreres ; & chaque chevalier, national ou étranger, doit 25 ducats de réception. Plufieurs chevaliers ayant négligé de remplir ces engagemens, le roi leur a fait enjoindre par un écrit circulaire, d'y fatisfaire avant le 8 Mai pro

chain, jour de la fête de St. Stanislas, fous pei ne d'être dénoncés, & de voir leurs noms infcrits dans les feuilles publiques.

L'ambaffadeur de Russie à remis au ministere une note par laquelle il demande une réparation des infultes faites à quelques-uns des fujets de fa fouveraine.

On continue de faire exploiter les mines d'argent & de plomb qui fe trouvent près de la ville d'Olkus dens la Petite-Pologne; on s'en promet de grands avantages, furtout à caufe des veines d'argent qui vont d'une rive de la Viftule à l'autre.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le Janvier. ) La plupart des papiers publics, allemands & françois, ont rapporté que le pafteur d'un village près d'Erlang, ayant prêché fur le facrifice d'Abraham, ce fermon & quelques rafades de vin avoient tellement échauffé la tête du pâtre du lieu, qu'il s'imagina que Dieu lui demandoit le même facrifice qu'au patriarche. Plein de cette idée, il égorge fes 3 enfans,& va se remettre à la tête de fon troupeau. Sa femme, qui étoit abfente, revient; & à la yue de ce fpeftacle, elle court appeller fon mari, qui avoue & fe fait gloire d'être l'auteur de ce maffacre. On le charge de fers, & la chambre de juftice le condamne enfuite, comme un infenfé, à être renfermé pour le refte de ses jours. Il eft pleinement prouvé que cet événement ne s'eft paflé ni dans la jurisdiction d'Erlang, ni ailleurs; &, par conféquent, que les magiftrats de cette ville n'ont pas été dans le cas de rendre la fentence abfurde qui leur eft imputée par des nouvelliftes qui, fans choix & fans refpect pour un tribunal, font ufage de tout ce qui peut fervis à combler la mefure de leurs feuilles,

Les fpéculateurs s'étonnent que l'Angleterre, qui a dépensé plus de 40 millions sterling, de puis la guerre pour la réduction de fes colonies ait encore fixé à 20 millions fterling, ou près de 500 millions de liv. tournois, les fubfides néceffaires pour la campagne prochaine. Quand on voit, dit à ce fujet un journaliste, « que la France, qui n'eft pourtant pas fervie pour rien, ne confume pas à fon état militaire & civil 400 millions; que l'Autriche, avec 200 mille hommes fous les armes, facrifie à peine à fa dépense totale le quart de cette fomme; qu'en Pruffe il y a encore plus d'épargne, quoique les forces extérieures foient à peu près égales; qu'en Ruffie avec un état militaire prefque auffi nombreux avec des bâtimens fuperbes, des fêtes coûteufes, une cour magnifique, le fouverain n'a pas 600 millions de revenu; qu'en Afie, les reifources annuelles de fes prétendus defpotes font encore inférieures, & qu'il ne s'endettent jamais, il eft impoffible de contester à la nation angloife d'être la plus prodigue de l'univers, & de mettre le plus d'or en circulation ».

Ces efforts étonnans ont pour objet de foutenir la fierté angloife, dont toute l'Europe eft indignée. Cependant on ne peut difconvenir que cette fierté ne foit juftifiée jufqu'à préfent, finon par des fuccès, du moins par l'intelligence & l'activité dans les opérations militaires. C'est beaucoup que la Grande-Bretagne ait eu le courage de réfifter feule aux forces réunies de 3 grandes puiffances, & qu'elle ait fçu jufqu'ici les empêcher de faire fur elle des progrès fenfibles.

Suivant les lettres de Copenhague, le commerce y eft fort allarmé de ce qu'à l'occafion du blocus de Gibraltar, les Efpagnols ont arrêté & conduit à Cadix 12 navires marchands danois, deftinés pour la Méditerranée, & 4 autres à MaAS

laga, qui étoient attendus de retour de la Mditerranée. Ces avis ajoutent que la cour de Danemarck a fait faire des repréfentations à ce fujet à celle de Madrid.

Lettre adreffée à un négociant de cette ville, par un officier efpagnol, & datée de Gand, le 2 Janvier.

En parcourant les papiers hollandois, & notamment la gazette françoife de l'inimitable rédacteur de celle de La-Haye, j'avois cru que la moitié de l'Amérique efpagnole venoit de tomber entre les mains des Anglois. Jamais je n'ai rien vu annoncer avec autant d'emphafe que la prife du petit fort efpagnol, St. Ferdinand d'Omoa; j'en ai été d'autant plus étonné que, connoiffant le local de ce canton-là, je ne pouvois pas comprendre comment les Anglois avoient pu faire tirer le canon de la tour de Londres pour un fi mine avantage; mais enfuite j'ai réfléchi qu'apparemment ils ne font guere accoutumés à recevoir des nouvelles auffi avantageufes. Pour vous mettre au fait de ce qui regarde ce petit fort, j'aurai l'honneur de vous dire en peu de mots, que l'Angleterre n'ayant pas rempli l'article XVI du traité de Paris, dans lequel il eft ftipulé que les Anglois feroient démolir leur fort dans la baye de Honduras, & qu'ils ne conferveroient plus que les cabanes deftinées à mettre à couvert les coupeurs de bois de teinture, &c., la cour d'Espagne, convaincue de la mauvaife foi de l'Angleterre, fit conftruire le fort de St. Ferdinand d'Omoa, afin de veiller de près fur les démarches des Anglois, dont elle ne pouvoit pas fe diffimuler les ufurpations, & dont les autres nations de l'Europe, chacune à leur tour, ont fait la trifle expérience, &n'ont pas été exemptes. Près de ce petit port, qui eft peu de chose en lui-même, fe trouve une

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