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curé de Canon a béni les couronnes de rofe pour la bonne hlle, d'épis de feuilles de chêne pour le bon vieillard; ils ont été s'agenouiller aux marches de l'autel, & il les a couronnés au bruit des fifres, tambours & de la moufqueterie. Après le couronnement, un difcours pa thétique & inftructif a été prononcé par M. l'abbé le Monnier, chapelain perpétuel de la Ste. chapelle. Les couronnés ont reçu feuls tous les droits honorifiques de l'églife; &, la meffe achevée, ils font retournés dans le même ordre au château, où un repas public les attendoit, fur la même eftrade, & où ils ont occupé les premieres places. Des chants d'allégreffe & les fantés du roi, de la reine, de la famille royale, bues aux accla mations générales & au bruit des boites, ont terminé ce repas, après lequel, toujours dans le même ordre, on s'eft rendu à l'églife, où ont été chantées les vêpres, le Te Deum & l'Exaudiat, & où les couronnés ont reçu l'honneur de l'encenfement. De retour au château, la fêre & la journée ont été terminées par un feu d'arti fice & une illumination. Le fond de l'eftrade étoit orné de trois tranfparens, dont deux repréfentoient le bon vieillard & la bonne fille comme fur les médailles, & celui du milieu montroit Mme. la comteffe d'Artois préfentant à la France & à la province d'Angoumois, le duc d'Angoulême, fon als nouveau-né, avec cette légende, Spes prævia Gallis. L'affluence des fpectateurs a duré jufqu'à 10 heures du foir, & les couronnés ont été reconduits honorablement chez eux.

Précis du traitement contre les ténia ou vers folitaires, pratiqué à Morat en Suiffe, examiné & éprouvé à Paris, chez M. Cadet, ancien apothicaire-major des camps & armées du roi, & membre de l'acad. roy, des fc.: publié par ordre du roi. A Paris, de l'imprimerie royale. 1775.

Le roi de France ayant voulu acheter le fpécifique contre le ver folitaire, que feu M. Nouffer a découvert, & que Mme. fon épouse, après la mort de fon mari, a adminiftré pendant 20 ans à Morat en Suiffe, avec un fuccès trèsconfiant, M. le contrôleur-général & M. Trudaine ont chargé M. Cadet, ancien apothicaire-major des camps & armées du roi, & de l'acad. des fc., d'en faire l'expérien ce fous les yeux de MM. de Laffone, Macquer, Juffieu de la Motte & Carburi, & d'en publier la recette, ainfi que la maniere de l'adminiftrer.

Préparation des malades. On leur fait prendre pour fou

per, 7 heures après un diner ordinaire, une foupe panade faite de la maniere fuivante :

Prenez une livre & demie d'eau, deux à trois onces de beurre frais, & deux onces de pain coupé en petits morceaux; ajoutez fuffifante quantité de fel pour l'effai. fonner, & cuifez le tout en bon feu, remuant fouvent, jufqu'à ce qu'il foit bien lié, & réduit à une panade. Environ un quart d'heure après, on donnera au malade deux bifcuits moyens & un verre de vin blanc, ou avec de l'eau. ou de l'eau toute pure s'il ne boit pas de vin à son ordinaire. Si le malade n'avoit pas été à la garde-robe ce jour la éu qu'il fût refferré, qu sujet aux conftipations, on lui feroit prendre un quart-d'heure après le fouper, le lavement fuivant: prenez une bonne pincée de feuilles de mauve & de guimauve; faites-les bouillir un peu dans une chopine d'eau; ajoutez-y un peu de fel commun; paffez-le, & mêlez y deux onces d'huile d'olive. Traitement des malades. Le lendemain matin 8 à 9. heures après le fouper, on donne au malade le fpécifique fuivant :

Prenez trois gros de racine de fougere mâle ( 1 ) réduite en poudre très-fine; mêlez la à 4 ou 6 onces d'eau diftillée de fougere ou de fleurs de tilleul, & faites-la avaler toute au malade, rinçant deux ou trois fois le gobelet avec de la même eau, afin qu'il ne reste plus de poudre, ni dans le verre ni daus la bouche. Pour les enfans, on diminue la dofe de cette poudre d'un gros. Si le malade, après avoir pris cette poudre, avoit quelques maufées, il pourroit mâcher un peu de citron confit, ou autre chofe agréable, ou fe rincer la bouche avec quelque liqueur; mais il obferveroit de ne rien avaler: il refpireroit auffi par le nez l'odeur d'un bon vinaigre: fi nonobftant cela il avoit des renvois de la peudre, & des envies de la rendre, & qu'il en montat jufqu'à la bouche, il Ja ravaleroit, & feroit fon poffible pour la garder. Enfin, s'il étoit forcé de la rendre en tout ou en partie, il repren-, droit, dès que les naufées auroient ceffé, une feconde do fe de la même poudre, pareille à la premiere.

Deux heures après que le malade aura pris la poudre on lui donnera le bol fuivant :

Prenez panacée-mercurielle & réfine feche de fcammonée d'Alep, de chacune 12 grains; gomme-gutte, 5 grains;

(1) Filix non ramofa dentata, C. B. Pin. & Inft, R. H. Polypodium filix mafc. Lin.

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faites une poudre très-fine de ces trois drogues, & incorporez-la avec une quantité fuffifante de confection d'Hyacinthe, pour eu faire un bol d'une confiftance moyenne. Telles font les dufes du purgatif dont on fe fert ordinairement ; celle de la confection eft de deux fcrupules & demi. Pour les perfonnes d'une conftitution robufte, ou difficiles à purger, ou qui ont pris auparavant de forts purgatifs, on fait entrer dans le bol la panacée mercurielle & la réfine de fcammonée, à la dose de 14 à 15 grains chacune, & la gomme-gutte à la dofe de 8 grains & demi. Pour les perfonnes foibles, fenfibles à l'action des purgatifs, faciles à purger, & pour les enfans, les dofes doivent être diminuées fuivant la prudence du médecin. Dans un cas où toutes ces circonftances fe réunifoient, on n'a donné que 7 grains & demi de panacée mercurielle & autant de réine de fcammonée avec la quantité fuffifante de confection d'Hyacinthe & fans gomme gutte. Encore a-t-on donné ce bol en deux fuis,. c'eft à-dire moitié deux heures après la poudre, & l'autre moitié trois heures après, parce que la premiere n'avoit prefque paint opéré. Immédiatement après le bul, donnera une ou deux tales de thé vert léger; & dès que les évacuations commenceront on en donnera de temns en tems une taffe, jufqu'à ce que le ver foit rendu. C'eft feulement après qu'il l'aura été, que le malade prendra un bon bouillon, & quelque tems après, un fecond, ou une petite foupe. Le malade dinera enfuite fobrement & fe conduira tout ce jour-là, & à fon fouper, comme on le doit dans un jour de médecine; mais file malade avoit rendu en partie le bol, ou que l'ayant gardé environ 4 heures, il n'en fût pas affez purgé, il pren. droit depuis deux gros jufqu'à 8, de fel de Sedlitz ou d'Angleterre, diffous dans un petit gobelet d'eau bouillante.. Si le ver ne tombe pas en un paquet, mais file, ce qui arrive particulierement lorfqu'il eft engagé, furtout avec des glaires tenaces, le malade ne doit pas le tirer, mais refter fur fon baffin, & boire du thé léger, un peu chaud. Si le ver pendoit longtems, fans tomber, & que gatif n'opérât pas affez, on donaeroit au malade du fel de Sedlitz, comme on vient de le dire, ou d'Angleterre, & on le feroit refter patiemment fur le baffin, jufqu'à ce que le ver fat tombé. Si le ver ne paroit pas jufqu'à l'heure du diner, & que le malade ait bien gardé la poudre & le purgatif, il dinera également, vu que quelquefois quoique rarement, le ver fort dans l'après- diner, Si le ver ne paroit point de tout le jour, ce qui n'arrive guere que lorf.

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qu'on à rendu”, en tout ou en partie, la poudre ou le pur gatif, ou qu'il a opéré trop foiblement, le malade foupera comme le foir précédent, & fera en tout traité de même; & fi le ver ne paroit pas même dans la nuit, le malade reprendra le lendemain à la même heure, la poudre comme dans le jour précédent, & deux heures après, 6 à 8 gros de fel de Sedlitz ou d'Angleterre, & fera en tout traité comme la premiere fois. Il arrive quel quefois que le malade, lorfqu'il eft fur le point de rendre le ver ou un peu avant, ou immédiatement après une forte évacuation, éprouve une fenfation de chaleur autour du cœur, & de défaillance ou d'angoiffe; il ne faut pas s'en inquiéter; cet état cesse promptement, il n'y a qu'à Jaiffer le malade tranquille, & lui faire refpirer de boa vinaigre. Si le malade rendoit le ver, avant d'avoir pris le purgatif, par la feule action de la poudre, on ne lui donneroit que la moitié ou les trois quarts du bol qu'on lui auroit préparé, ou on le purgeroit avec du fel de Sedlitz ou d'Angleterre. Enfin, fi, après avoir fait rendre par ce traitement un ténia, on s'apperçoit qu'il en refte un fecond, on traitera quelques jours après le malade une feconde fois, précisément de même. Ce traitement bien dirigé a conftamment un heureux fuccès en peu d'heures; nous en avons fait l'effai fur fujets. Les ténia contre lefquels ce fpécifique & cette méthode nous ont été propofés & qu'ils font rendre d'une maniere fi prompte, font ceux qui ont les articulations ou jointures, ou anneaux courts ( 2 ) ; ce traitement n'eft pas de la même efficacité contre les ténia dont les articulations font longues, appellés communément vers cucurbitins (3).

(2) Tania prima. Plateri Prax. Med. Tania propre ment dit. Tænia à conduit. Solium à épine ou à nœuds. Andry, des vers.

Tania prima. Le Clerc, Hift. des vers, pl. 5, pl. 6, f. 2; pl. 7, f. 1 ; pl. 8, f. 1, 2, 4.

f. 1;

Tania vulgaris, & Tania lata. Linn, Syft. nat. Tania à anneaux courts, Bonnet, Memoires préfentés "'académie des fciences, t. I.

Tania acephala, & Tania capitata. Vogel, de cogn, & cur. c. h. affect.

(3) Tania fecunda feu Vermis cucurbitinus. Plater, ibid. Lumbricus latus. Tyfon. Act. Ang, 1683, No. 146. Solium fans épine. Andry, ib. Vermi cucurbitini. Valifnieri, Tania fecundi generis. Le Clerc, ib. pl. 1, A

Pour deraciner ces vers, il faut répéter le même trai tement plus ou moins de fois, & plus ou moins fou vent, felon les circonftances du mal & la difpofition du malade: un de ceux fur lefquels nous avons fair nos expériences n'a plus rendu de vers au troifieme traitement,

Il paroitra inceffamment un écrit où l'en trouvera des connoiffances plus étendues de ce traitement, de la préparation des remedes qui le compofent, de l'application qui en a été faite, & des différences des ténia.

GRANDE-BRETAGNE.

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LONDRES ( le 14 Odobre.) La ville de Londres procéda, le 29 du mois dernier, à l'élection d'un lord-maire pour l'année prochaine, & fon choix tomba fur le Sr. Sawbridge, alderman, qui, après avoir accepté cette dignité, déclara qu'il défendroit les droits & les franchifes de la corporation, & de tous & chacun de fes concitoyens au rifque de fa vie & de fes biens ; & qu'elle pouvoit compter fur fon intégrité & fa fermeté dans la préfente crife, qui lui paroiffoit devoir faire éclore des événemens importans & dangereux. Le lardmaire Wilkes remit enfuite à l'affemblée la lettre fuivante, adreffée de la part du congrès à Philadelphie au lord - maire & à la bourgeoifie de Londres.

MYLORD,

Qu'il foit permis aux délégués du peuple des douze anciennes colonies de vous rendre, ainfi qu'au trèsrefpectable corps dont vous êtes le chef, le jufte tribut de reconnoiffance & de remerciment, pour la gé néreufe fenfibilité que vous avez fait paroitre, fans même y être follicités, pour les droits violés d'un peuple libre. La ville de Londres, Mylord, s'étant mon-trée dans tous les fiecles le patron de la liberté & le défenfeur d'un gouvernement jufte contre la tyrannie & l'oppreffion qui ne reconnoit point de loix, nous ne pouvons manquer d'être profondément pénétrés du puif

& pl. 2. Tania à anneaux longs, Bonnet, ibid. Tanie ofculis marginalibus folitariis. Lin, ibid. Tania cucurbitina, Yogel, ibid.

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