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convention a maintenu néanmoins l'envoi des trois commiffaires qui font Lacombe Saint-Michel, Gafparin & Dubois de Crancé, avec le pouvoir de deftituer les officiers fufpects & de les remplacer. Elle laifle à leur pru dence le foin des moyens d'exécuter la deftitution.

Des lettres qui annoncent des intentions hoftiles de la part du canton de Berne ont été renvoyées au pouvoir exécutif.

Le maréchal Luckner a écrit qu'appelé à Paris par le confeil exécutif pour le concerter avec lui fut les plans de campagne, il défire fe présenter à la convention nationale. La convention déciète qu'il fera admis le lendemanà la barre; qu'il dépofera fes obfervations par écrit, & en langue allemande.

Le préfident du tribunal criminel eft venu rendre compte du jugement rendu contre les voleurs du garde-meuble, fon rapport a motivé le décret fuivant:

«La convention nationale, confidérant que les deux criminels condamnés à mort pour crimes & vols faits au garde-meuble, ont déjà révélé une partie de leurs conphiees, & que plufieurs, effets précieux ont déjà été retrouvés ;

» Confidérant qu'il est utile de conferver ces deux criminels jufqu'à révélation complète de l'horrible complot dans lequel ils trempoient; confidérant qu'il n'y a que des hommes pervers qui puiffent s'élever contre cette mefure, décrète qu'il fera furfis à l'exécution de là condamnation prononcée ».

Cambon a propofé de fupprimer à l'infant les rentes apanagères qu'on payoit ci-devant aux ci-deva, t princes, parens du ci-devant roi. Après quelques débats, l'affemblée porte le décret fuivant: « La convention nationale, ne reconnoiffant plus de princes français, fupprime les rentes apanagères ».

Mardi

Kerfaint & Buzot ont demandé 25. que Palfemblée prit des mefures de vigueur contre les attroupemens, & fur-tout contre les agitateurs. Leurs difcours fouvent applaudis & foiblement combattus, ont déterminé l'affemblée à rendre le décret fuivant :

« 1°. Il fera nommé fix commiffaires pour lui rendre compte de la fituation de Paris & de la république. 2o. Il fera fait un projet de loi contre les provocateurs au meurtre & l'affaffinat, 3°. Il fera propofé à la convention nationale un mode pour qu'elle puifle s'environ

ner d'une force armée choilie dans les quatre-vingt-trois départemens ».

Sur une difficulté relative à la nomination d'un membre déjà nominé juré de la haute cour nationale, la convention a décrété qu'il y avoit incompatibilité entre ces deux emplois.

Merlin s'eft plaint de ce qu'il existe un parti qui v ut la dictature ou le triumvirat, & que ce parti a fes chefs dans la députation de Paris, Lafource, Oflelin & Danton ont parlé fucceffivement pour démontrer l'impoffibilité de l'inftitution de ce pouvoir tyranniq e, & l'absurdité des calomnies dirigées contre les députés de Paris. Danton a terminé, en demandant que la peine de mort fùt décernée contre quiconque propoferoit la dictature ou le triumvirat, & en propofant de décréter que la France eft à jamais indivifible. A ces mots, l'affemblée s'eft levée toute entière, au milieu des applaudiffemens.

Un membre eft monté à la tribune, & a nommé Robefpierre comme chef du parti qui veut la dictature. Celui-ci a demandé en réponse la mife aux voix de la propofition de Danton. Marat a enfuite été dénoncé par les écrits qu'il a fignés, & dans lefquels il confeille la dictature. Il a pris la parole pour fe difculper, Boileau s'eft préfenté, une nouvelle affiche de Marat à la main, où il dit que fi dans quinze jours la confitution n'eft pas faite, il faudra nommer un dictateur. A la lecture de cette affiche, plufieurs membres demandent qu'il foit décrété d'accufation. Marat avoue l'écrit, mais il proteste qu'il eft fait il y a deux femaines. On réclame, l'ordre du jour. Marat, à la tribune, tire de fa poche un piftolet qu'il appuie fur fa tempe, & dit: Si vous m'euf fiez décrété d'accufation, je me brûlois la cervelle. Beaucoup de bruit s'en eft fuivi enfin l'ordre du jour a été ̈ adopté, & la propofition de Danton mise aux voix a été décrétée en ces termes : « La convention nationale déclare que la république françaile eft une & indivifible ».

Le miniftre Servan a écrit pour offrir fa démiffion. Sa vieilleffe & le délabrement de fa fanté font le motif qu'il préfente. Le miniftre Roland a préfenté auffi la fenne; il opte de fiéger comme député à la convention.

Le diftri&t & la commune de Lizieux ont écrit qu'ils ont fait arrêter Momoro & Miller, commiffaires du pouvoir exécutif, comme ayant commis des actes propres à troubler la tranquillité publique. (Renvoyé au comité de Surveslance.)

Chaffey a demandé le renouvellement de grands procurateurs de la nation auprès de la haute-cour. Offelin a renchéri & propoté de fupprimer tout à fait la hautecour, & de renvoyer les procédures pendantes à la haute-cour aux tribunaux ordinaires. L'affemblée a adopté ces propofitions.

Le général de l'armée du Rhin a écrit que Jofeph, Broglio eft arrêté à Manheim.

Mercredi 26. Il a été décrété que toutes les adminiftrations des poftes feroient renouvelées, & ce par les af femblées électorales de diftrict.

Roland a écrit à l'affemblée pour l'affurer qu'il reftera à fon pofte de miniftre jufqu'à ce que fon fucceffeur feit nommé. Il a défigné le citoyen Lepage, employé par le miniftre de la marine, comme très-digne de remplir ce pofte. Rouyer vouloit que la convention nationale invitât les trois miniftres qui donnent leur dem ffion, à relter au ministère. L'affemblée a paffé à l'ordre du jour.

Les commiflaires envoyés à Rouen ont rendu compte de leur mihion. La ville de Rouen a fait acheter en Angleterre 500 mille livres de froment, & le Havre contient quinze mille facs de farine dans fes magafins. Ces commiflaires ont fait relacher à Rouen le fieur Dumas, ex-député, que la municipalité de cette ville avoit fait arrêter; ils ont terminé, en difant qu'ils avoient trouvé fur leur route beaucoup de patriotifme & de confiance en l'affemblée conventionnelle.

Des dépêches de Marfeille ont été lues; elles conftatent qu'il s'eft embarqué de cette ville fix mille hommes du canon, & des vivres pour deux mois, à l'effet de fe porter fur le comté de Nice. La convention a décrété les fonds néceffaires pour cet embarquement; elle a décrété enfuite que la ville de Marteille a bien mérité de la pa'rie.

On a lu une lettre du général Montefquiou, du 23 feptembre. I annonce qu'il eft entré en Savoie, que Montmélian a ouvert fes portes, qu'il va prendre poffeffion, au nom de la France & de la liberté, de tout le pays qui eft devant lui, jufqu'au Lac de Genève. Les Français font bien reçus, parce qu'ils traitent généreusement les vaincus, & refpectent les propriétés.

D'après ce rapport le décret fuivant a été rendu : « La convention nationale décrète la fufpenfion de l'exécution du décret de deftitution porté contre Montefquiou, & ajourne le rapport ou la confirmation dudit décret

jufqu'après le compte qui fera rendu par les commiffaires envoyés à l'armée de Montefquiou: ordonne que le préfent décret fera porté, par un courrier extraordinaire aux commiffaires envoyés à l'armée commandée par Montefquiou».

Une correfpondance des généraux Biron & Darembure avec la république de Berne, a appris que cette république demande l'évacuation des gorges de Porentruy. Le ininiftre Servan a donné ordre à Cuftine de les garder foigneufemeut. Il pense que nous n'avons point à craindre d'hoftilités de la part des Suiffes.

Le miniftre des affaires étrangères inftruit l'affemblée que le roi de Pruffe a propofé aux généraux de l'armée de Nord & du Centre, d'entrer en accommodement. Le confeil exécutif confulté par les généraux; a répondu que la république ne vouloit entendre aucune propofition que les troupes ennemies n'euffent préalablement évacué fon territoire.

Le miniftre des affaires étrangères a rendu compte de lá fituation politique de la république, & a présenté le tableau général de l'Europe, respectivement à la France. Nous avons donné ailleurs un extrait de ce tableau.

La commune de Paris a dénoncé Manuel pour avoir demandé qu'il fût délivré à un agent du roi de Pruffe les procès-verbaux de la détention de Louis XVI au Temple. Quelques débats ont fuivi cette dénonciation. Simon y a mis fin, en expliquant que ce prétendu agent du roi de Pruffe n'étoit que Westermann, adjudant-général de Dumourier, qui, chargé de négocier l'échange de Georges, l'ex-conflituant, avec un fecrétaire du roi de Pruffe, avoit promis aux émigrés qui accompagnent ce roi, & qui prétendoient que Louis feize étoit détenu dans les cachots du Châtelet, de leur apporter la preuve qu'il étoit au Temple. La convention, d'après ces détails, a paffé à l'ordre du jour.

Jeudi 27. On a fait lecture de la lettre du général Luckner, traduite en français; il répond aux inculpations dirigées contre lui; il attefte que fes deux fils font au fervice du Dannemark, & non de l'Autriche, &c. Sur les obfervations d'Albitte, qui a demandé pourquoi Luckner n'avoit point fait punir l'incendiaire Jarry. La convention a renvoyé la lettre de Luckner au comité de guerre, & a décrété qu'il ne fortira point de Paris jufqu'à nouvel

ordre.

Décrété que déformais dans toutes les preftations de ferment le mot république fera fubftitué à celui de nation.

Les commiffaires envoyés à Orléans ont rendu compte de leur miffion. Les troubles font appaués dans cette ville. Les commiffaires ont fait remplacer le drapeau rouge par une pique furmontée du bonnet de la liberté.

D'autres envoyés à Maubeuge pour hâter la fabrication des armes annoncent que le plus grand accord règne entre les ouvriers & les administrateurs. L'ennemi eft campé à 700 toifes de Maubeuge. On fabr.que 3000 armes à feu par mois à Charleville.

Cambon a eu la parole pour demander la réduction du traitement des prêtres non-affermentés. Après un débat affeź vif fur la rédaction entre les citoyens Cambon, Offelin, Camus, Bazire & Thuriot, le décret suivant a été rendu. «La convention nationale décrète que les penfions accordées aux eccléfiaftiques, tant féculiers que réguliers non employés, font réduites de manière à ce qu'elles ne puiffent excéder la fomme de 1000 livres, & qu'à l'avenir ces penfions ne feront plus payées d'avance ».

On a lu une lettre envoyée en certificat par le général Dumourier, lettre trouvée dans la poche du prince de Ligne, tué dans le bois de la Croix-auxx-Bois. Nous l'avons donnée ailleurs.

On'a fait lecture enfuite d'une lettre de Thionville, en date du 22, adreffée à Merlin; elle annonce que la ville a é bombardée, & que pendant le bombardement de plus grand fang-froid y régnoit. La garnifon eft difpofée à toutenir le fiége, & plutôt mourir que fe rendre eit le cri général. Dans les différentes forties qu'a faites la garnifon, elle a enlevé à l'ennemi des convois de vivres & de fourrages, dont la valeur eft portée à un million.

Le comité de furveillance de la commune de Paris a dé mandé à être confervé fous le renouvellement de fes membres. Renvoyé au comité de furveillance.

Une députation du confeil général de la commune de Paris fuccide au comité de furveila ce. Elle expofe les befoins qu'e le a de matelats, lits & couvertures, & follicite la levée des feeltés appotés fur les maifons religieufes & des émigrés: ce le moyen d'en avoir. *Cette pétition devient à l'infant l'objet d'une délibération, & la convention decrète que les effets renfermés dans les maifons religientes & des émigrés, feront mis, après inventaire & estimation, à la dispofition du minire de la juftice.

Ce ág feptembre 1792, L. PRUDHOMME, électeur, ban fremur de la république.

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