un autre régiment, où on lui procurera de l'a vancement. Il faut obferver qu'on n'attache point de déshonneur en Allemagne au chatiment que cẻ foldat a subi.

BERLIN (le 9 Juillet. ) Le roi a donné le commandement du corps des gendarmes au général-major de Prittwicz, & il a nommé chef d'un régiment de carabiniers le colonel de Bohlen. S. M. a accordé en même tems plufieurs gratifications à fes officiers-généraux; entr'autres une de 3 mille thalers au colonel prince de HeffePhilipfthal; une de 6 mille au lieutenant-général Ramin, & une de dix mille à la veuve du lieutenant-général de Krufemarck, pour acquitter les dettes de fon époux.

Les perfonnes qui prennent les eaux à Potzdam avec le roi font, le prince Frédéric de Brunfwick, le comte de Finckenftein , premier miniftre d'état, le baron de Buddenbrock, le général-major de Prittwicz, & quelques autres que le roi honore de fa confiance. Le tems où S. M. prend les eaux eft ordinairement confacré à conférer fur des affaires de la plus grande importance. C'est le délaffement du génie actif de ce prince, qui connoit trop bien l'emploi du tems pour en perdre une minute.

On vient de publier un pardon général. en faveur des habitans de la Pruffe - Occidentale, y compris les diftricts fur la Netze & l'évêché de Warmie, qui ont quitté ces provinces, & fe font retirés en Pologne ou ailleurs. Ce pardon, en date du 13 Juin, porte, « que S. M. ayant appris que plufieurs de fes fujets defdits pays en font fortis, depuis fa prife de poffeffion, à caufe de quelques craintes tout à fait malfondées, & fe font retirés au-delà des frontieres, elle a réfolu par affection paternelle, d'accorder une entiere

amniftie à tous ceux defdits habitans qui auront une intention férieufe de fe conduire à l'avenir en fujets fieles & obéiffans, s'ils retournent dans un délai de fix mois, à leurs demeures »,

Dans la vue d'étendre & de favorifer le commerce de la même province, le roi vient d'ordonner qu'il y auroit à l'avenir 4 foires annuelles à Bromberg. La premiere fe tiendra pendant la derniere femaine de Janvier; la feconde & la troificme, pendant les femaines d'après l'afcenfion & la St. Jacques, & la quatrième pendant la derniere femaine de Novembre. Par les lettres-patentes qui ont été publiées à cet effet on invite les négocians & fabricans étrangers à Se rendre à ces foires, qui feront d'autant plus avantageufes que Bromberg, par fa fituation &le nouveau canal, offre de grandes facilités pour le tranfport des marchandifes.

Les effets de la foudre varient à l'infini, & il ne fe paffe guere d'année qui n'en offre quelque exemple. Celui que nous allons citer eft décrit de Magdebourg. Le 8 Juin, vers les 2 heures de l'après midi, il s'éleva un orage allant vers le nord-eft & le fud, entre Salbke, Sohlen & Beinhoff; il parvint une heure après à Bahrendorff & Stemmern, fans éclairs, quoique la pluie eût duré une heure. Le premier coup fendit un tilleul, & le coupa en un nombre infini de morceaux qui furent portés à plus de 50 pas delà. Un fecond coup, qui fuivit d'abord le premier, atteignit près de Bahtendorff, un troupeau de 69 porcs qui refterent tous morts fur la place; il renversa feulement un jeune garçon de 12 ans qui les gardoit. Une vingtaine de porcs un peu féparés des autres, & qui n'avoient été qu'étourdis, revinrent à eux, & voulurent regagner le village; mais ils tomberent morts en chemin. Le pere du jeune porcher étoit parti au premier coup pour al

ler aider fon fils à ramener le bétail. Il l'apperçut de loin; & à 30 pas de cet enfant, enco e couché par terre, il lui adreffa des reproches de ce qu'il ne partoit pas. Le bétail qui étoit là étendu, fumoit de chaleur ou d'angoiffe. Le jeune homme fe releva alors en riant, & fe mit à courir vers fon pere, lorfqu'un troifieme coup de tonnerre les renverfa tous deux. Le pere revenu à lui au bout de quelques momens, apperçut d'abord fon fils prefque nu, fans chapeau, & le vifage couvert de fang; les habits avoient été emportés en lambeaux à plus de 30 pas. Il y avoit au chapeau une ouverture ronde, de la grandeur d'un écu; & de cette ouverture partoit une déchirure qui alloit jufqu'au bout du chapeau. La foudre avoit pénétré dans la tête du jeune garçon du côté de la tempe droite; l'os étoit brifé dans cet endroit; au- deffus du menton étoit un trou, par où l'on fuppofe que la foudre étoit fortie, & plus bas fur la poitrine un autre, par où l'on croit qu'elle étoit rentrée dans le corps. A l'os du genou droit, il y avoit auffi une bleffure de la grandeur d'un écu, & une longue raie qui remontoit vers les reins. Les porcs renverfés pêle-mêle n'avoient auoune marque fur eux; le vieillard n'a eu aucune bleffure, & en a été quitte pour avoir été étourdi pendant longtems.

Quelques phyficiens, dont cet événement a excité l'attention, prétendent qu'il doit prouver que pendant un orage, il est très - prudent de s'éloigner des beftiaux dont le fang alors plus agité & la tranfpiration plus forte ature le ton nerre autour d'eux.

RATISBONNE ( le 7 Juillet.) Le marquis de Bombelles, nouveau miniftre de France a la diete de l'empire, arriva ici le 27 du mois dernier. Le 28, il fit fes vifites à tous les miniftres de la diete

qui fe font empreffés de les lui rendre les jours fuivans.

Le 29, l'électrice douairiere de Saxe paffa par cette ville, venant de Munich, & retournant à Drefde. cette princeffe dina chez l'évêque, & vit Je prêtre Gaffner, qui s'eft rendu fameux en Sou be par les prétendus prodiges qu'il y a opérés devant la foule immenfe de peuple qui le fuivoit partout; il fit ufage de fes talens en présence de l'électrice.

Le bateau marchand qui part ordinairement d'ici tous les dimanches pour Vienne, a eu le malheur de périr le 23 du mois dernier, près de Donau-Stans, petite ville où le prince de la Tour & Taxis a coûtume de paffer une partie de la belle faifon. Il y avoit environ cent paffagers, dont on en'a pu fauver que le tiers; le prince de la Tour & Taxis leur a fait donner des fecours de toute efpece.

D'après la déclaration du fubdélégué de Poméranie, au comte de Colloredo, commiffaire impérial, il paroiffoit que la feconde claffe de la vifitation de la chambre de Wetzlar ne feroit relevée qu'au Ter. Novembre prochain; mais on apprend que la commiffion imp. & le directoire de Mayence ayant déclaré que le terme légal étant expiré le 30, la feconde claffe avoit fini fes fonctions & qu'ils ne délibéreroient plus avec elle; les fubdélégués s'y oppoferent avec tant de force que la féance dura depuis 9 h. du matin jufquà 7 du foir, & qu'on fe fepara fans avoir pu trouver aucun moyen de conciliation. Le 3 de ce mois, dix fubdélégués proteftans de la feconde elaffe fe rendirent à l'heure ordinaire à la falle d'affemblée, d'où ils fe retirerent très-mécontens après une heure de féance. On affure qu'ils ont dreffé un mémoire analogue à leur proteftation, & qu'ils font conve <nus de s'affembler déformais chez le fubdélégué de

Saxe. On eft curieux de fçavoir quelle fera l'iffue de cette affaire. La proteftation d'une partie des fubdélégués eft fondée fur ce que les opérations de la feconde claffe de la vifitation ayant été interrompues par les différends furvenus entre les fubdélégués de Mayence & de Brandebourg, cette claffe eft cenfée n'avoir pas eu fon existence pendant le terme légal, & l'on prétend qu'on anticipe fur fes fonctions en la relevant prématurément.

Suivant les avis de Moravie les payfans de divers diftricts de cette province ont commencé à fe mutiner. Ils ne veulent pas abfolument travailler pour leurs feigneurs, & cela eft d'autant plus inquiétant, que l'on eft à la veille de la moiffon, qui doit être faite par eux. On affure auffi qu'il s'en faut bien que tous les payfans en Bohême foient rentrés dans la foumission & le devoir, & l'on ajoute que les habitans de 13 villages qui compofent un diftrict de ce royaume, ont pouffé leur fureur jufqu'à ruiner les bleds en les arrachant de terre. On croit généralement que c'eft pour ces raifons que les campemens des troupes autrichiennes n'auront point lieu cette année en Bohême & en Moravie.

VIENNE (le 11 Juillet. ) L'impératrice- reine paffa, le 27 du mois dernier, avec toute fa cour, de Schonbrun, au château de Laxembourg.

L'empereur, qui étoit parti le 25 du mois dernier, de Florence, arriva ici le 30 au matin, & fe rendit fur le champ à Laxembourg, où il dina avec l'imp. Les ambaffadeurs & miniftres étrangers & la nobleffe de la premiere claffe ont eu l'honneur de complimenter ce monarque fur fon heureux retour. On croit que S. M. I. ne s'arrêtera pas longtems ici, & l'on parle déjà d'un autre voyage qu'elle doit faire du côté de la Pocutie, de la Transylvanie, de Temefwar, d'Orlowa &c.

Août. 1775, 1e, quinz.

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