Le 2 septembre prochain, on célébrera, dans l'église des Carmes de la rue de Vaugirard, un service pour les évêques, prêtres et autres victimes, massacrées en ce lieu, à pareille époque, il y a 22 ans. On sait que cette église a été achetée et réparée par Mme. de Soyecourt, religieuse carmelite, qui y a réuni plusieurs de ses compagnes, et qui y pratique avec elles les règles de leur respectable institut. Cette vertueuse dame a eu aussi sa part des dernières persécutions. Elle fut exilée à Guise, il y a trois ans, à l'occasion du bref adressé au cardinal Maury. Rendue à son oratoire, elle y a rétabli les offices de l'Église. On ne doute pas que l'époque mémorable qu'elle se propose de célébrer, n'attire beaucoup de personnes pieuses, qui viendront prier sur le lieu même où de généreux confesseurs ont versé leur sang. Un ecclésiastique distingué par ses talens, M. l'abbé Duval, prononcera un discours analogue à l'objet de la cérémonie. -On dit que M. l'abbé des Gallois de la Tour, qui avoit été désigné, avant la révolution, pour remplir le siége épiscopal qu'on se proposoit d'ériger à Moulins, et qui est récemment arrivé d'Angleterre, est chargé par le Roi d'aller à Trieste, pour y prendre et ramener en France les dépouilles mortelles de MMmes. Adélaïde et Victoire de France, tantes de S. M. On sait que ces Princesses, ayant quitté la France en février 1791, se retirèrent à Rome, d'où elles se rendirent à Naples en 1796. Elles habitèrent le château de Caserte jusqu'au 23 décembre 1798, que les progrès des François dans le midi de l'Italie les forcerent de quitter ce séjour. Elles errèrent quelques temps, et firent demander à l'amiral russe Outschacoff d'être reçues sur sa flotte. Mais elles ne purent être arrivées à temps. Elles s'embarquèrent, à Bari, sur une misérable tartane, et passèrent, le 5 mars, sur un frégate dépêchée par l'amiral russe pour les recevoir. Elles séjournèrent quelque temps à Corfou, où on leur rendit de grands honneurs. Le 15 mai, elles en partirent pour Trieste, où il leur fallut encore faire qua rantaine. Ce fut là que Mme. Victoire, qui étoit malade depuis long-temps, succomba à tant de fatigues, de courses et de chagrins. Cette Princesse mourut le 8 juin 1799. Mme. Adélaïde ne lui survécnt que peu de temps. Elle finit ses jours le 18 février de l'année sui-' vante. M. l'évêque de Pergame, leur aumônier, leur rendit les derniers devoirs, et prononça leur oraison fünèbre. Mme. Adélaïde étoit âgée de 68 ans, et Mme. Victoire de 66. M. de Châteaubriand leur a adressé un hommage dans son Itinéraire. M. l'abbé de la Tour va recueillir les cendres de ces illustres exilées, et les rapporter dans leur patrie. On se propose également de faire venir, en France, les restes de la Reine et de MADAME, mortes en pays étrangers. NÎMES. Nous avons eu ici, le 19 juillet dernier, une cérémonie particulière qui prouve au moins le bon esprit qui règne dans notre ville, et le zèle qu'on y a pour le sang de nos Rois. On dit que quelques mauvais plaisans y ont trouvé sujet de s'égayer. Mais les royalistes fervens, les personnes graves, les amis de la religion ont applaudi aux pienses intentions qui ont dicté cette démarche, MM. les marguilliers de toutes les pa-roisses de la ville se sont réunis, et ont arrêté de demander à Dieu, par l'incercession de saint François de Sales, la naissance d'un Prince. Le 19 juillet, ils ont entendu la messe dans l'ancienne église cathédrale de cette ville. Après la communion, M. Ferrand, curé de la paroisse, à prononcé un discours analogue à l'objet de la cérémonie; après quoi, un des marguilliers, qui est conseiller en la Cour royale, a prononcé un voeu pour la perpétuité d'une famille auguste. Ce voen porte qu'il sera offert un enfant d'argent du poids de celui dont accoucheroit Mme. la duchesse d'Angoulême On a commencé une neuvaine, à cet effet, le 1. août. Cet acte religieux s'est passé avec beaucoup de gravité et de recueillement. On a chanté le Veni Creator, Le clergé de la paroisse y assistoit. Les marguilliers avoient tous un cierge, et se sont rendus processionnellement de la sacristie au choeur. Plusieurs ont communié. On s'est rendu ensuite à la sacristie, où l'on a dressé un acte de ce qui venoit de se passer : chacun l'a signé. Nous croyons qu'on ne sauroit donner trop de publicité à cette cérémonie, et au motif honorable qui l'a inspirée. Tous les bons François forment sans doute le même vœu que nous. Nous avons seulement le mérite de l'avoir énoncé les premiers de la manière la plus solennelle, et d'avoir invoqué hautement, à cet égard, la protection du ciel par l'intercession d'un saint qui aimoit particulièrement la France, et à qui nous aimons à croire qu'elle est redevable de plusieurs bienfaits. CAHORS. Au passage de M. le duc d'Angoulême par cette ville, le chapitre de Cahors a eu l'honneur de complimenter S. A. R. Le président du chapitre, M. F'abbé de Saunhac, vicaire-général, a porté la parole. Il a rappelé à S. A. que c'étoit un évêque de Cahors, feu M. de Cheylus, qui l'avoit ondoyé, en 1775, et il l'a assurée du dévouement du clergé et des habitans de cette ville. Le Prince a accordé aux membres du chapitre la permission de porter la décoration du lis. La piété dont il fait profession, a touché sensiblement les bons catholiques de cette ville, et on se flatte de voir renaître l'ordre et toutes les vertus chrétiennes et sociales sons l'empire d'une famille qui donne de si bons et de si religieux exemples. LUNEVILLE. Il est étonnant qu'on n'ait pas parlé du service qui a été célébré ici pour les personnes de la famille royale, que la révolution a moissonnées. Il est peut-être pen de villes qui y aient apporté autant de zèle et de splendeur. Le catafalque étoit magnifique, et accompagné d'ornemens, d'emblêmes et de statues, disposés avec beaucoup de goût. La capitale pourroit nous envier l'appareil que nous y avions mis, et l'empressement avec lequel chacun a fourni tout ce qui pouvoit rendre la cérémonie plus imposante. Un grand nombre d'habitans s'y sont rendus en habit de deuil. La mémoire de nos Princes morts est particulièrement chère aux habitans de Lunéville, qui ont possédé long-temps leur auguste aïeul. Les enfans de Stanislas ne sauroient être étrangers à ceux que ce bon Roi avoit comblés de bienfaits. La Lorraine a joui dernièrement d'un spectacle touchant. Les militaires polonois, réunis à Nanci, ont voulu, avant de quitter la France, rendre un hommage religieux aux cendres d'un Prince de leur nation. Ils ont fait faire un service très-pompeux au vertueux Stanislas, dans l'église de Notre-Dame de Bon-Secours qu'il a bâtie, et où est son tombeau. Ils ont donné, à cette occasion, une somme considérable aux pauvres, ce qui étoit sans doute une excellente manière d'honorer la mémoire d'un prince qui fut l'ami des pauvres, et qui avoit fait dans toute la Lorraine tant de fondations de charité. Notre province, ravagée par le fléau de la guerre, a besoin, pour se consoler de ses pertes, de songer qu'elle vient de trouver, dans l'arrière petit-fils de Stanislas, un héritier de sa sagesse, de sa bienfaisance, et des vertus qui ont fait notre bonheur pendant si long-temps. VALENCE, (en Espagne). Je vous avois promis de vous donner des nouvelles de mon voyage, et sans cette proinesse, les bontés que vous avez eues pour moi pendant mon séjour en France, méritoient seules que je vous témoi– gnasse ma reconnoissance par cette attention. Nous parlines, comme vous vous le rappelez, le 2 mai au matiu. Pendant toute la route nous fûmes l'objet de la charité la plus attentive. Nous recûmes entr'autres, à Cahors, les soins les plus généreux de M. l'abbé La Sève, vicaire-général du diocèse. A Carcassonne, Mr. l'évêque ne nous anontra pas moins d'intérêt. Les bons habitans de la France sembloient vouloir nous dédommager de ce que nous avions eu à souffrir de quelques-uns de leurs compatriotes. Nous entrâmes en Espagne le 19. Lorsque nous tumes sur la ligne qui sépare le territoire des deux nations, nous chantâmes le Te Deum avec un vif sentiment de reconnoissance pour le Dieu qui nous a délivrés. Les habitans des pays que nous traversions, se portoient audevant de nous pour nous féliciter, et nous ne recevions que des témoignages d'attachement et de respect. Nous ne pûmes passer par Barcelonne, encore occupée par la garnison françoise, qui ne permettoit à personne d'entrer dans cette ville ou d'en sortir. Nous nous embarquâmes, le 25, à Mataro; notre navigation fut des plus heureuses, car nous arrivâmes ici le 27 au matin. Le roi avoit déjà donné des ordres pour qu'on rendît aux ordres religieux leurs couvens et leurs biens; ce qui a été exécuté, et déjà nous sommes plus de trente religieux dans notre couvent de Saint-Dominique. S. M. a résidé pendant 19 jours dans cette ville. Elle y a été fort occupée des affaires les plus importantes. Elle donnoit des audiences, expédioit des dépêches, conféroit avec ses ministres, et se montroit affable envers tout le monde. Aussi ce prince a conquis tous les cœurs par sa douceur et ses manières nobles et engageantes. Il a visité les maisons religieuses et les hôpitaux. Il a écrit une lettre au souverain Pontife pour l'assurer de son dévouement filial, et le féliciter de son retour dans ses Etats. Il lui demande la translation à Valence de Mgr. Veremundo Arias, évêque de Pampelune. Ce seroit un choix auquel tout ce diocèse applaudiroit. Les processions de la Fête-Dieu se sont faites ici avec une pompe extraordinaire. Il semble que chacun ait voulu réparer les outrages faits à la religion dans les temps qui viennent de s'écouler. Que Dieu bénisse quelques-uns de vos compatriotes. Qu'il leur rende autant de bien qu'il nous ont fait de mal. Je vous assure qu'alors ils seront fort riches. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Mr. le duc de Berry est arrivé, le 18 août, dans cette ville. S. A. R. avoit assisté à l'office le jour de l'Assomption, dans la chapelle catholique où se rendoient ordinairement |