licateffe; fes moeurs étoient aufteres, & fon caractere plein de franchife; il avoit quelquefois la foibleffe de dire beaucoup de bien de lui-même; fes ennemis effayerent en vain de le faire paffer pour un athée; on rapporte de ce favant un trait affez fingulier; il avoit épousé une femme très-jolie, mais de fort peu d'efprit : il ne s'apperçut de ce défaut que le jour de fes nôces; quelques inftances qu'on lui fit, il refufa de coucher avec elle, & ne voulut plus la voir: 3. Jean de Papa, difciple de Bellini, & Auteur de plufieurs ouvrages eftimables fur la physique; il défendit la véritable fcience des corps contre les clameurs de la fuperftitieufe ignorance, qui prétendoit qu'adopter la machine pneumatique, découvrir, au moyen du télescope, les fatellites de Jupiter, difféquer un cadavre, ofer douter des qualités occultes, c'étoit détruire l'économie de la religion chrétienne: 4°. Le P. Gérard Capaffi, Religieux Servite, grand littérateur, excellent théologien, favant profond; il fut eftimé & protégé des Papes Innocent XIII & Benoît XIII, ainfi que du Cardinal Profper Lambertini; mais il n'eut guere à fe louer des Souverains Pontifes Clément XI & Clément XII, non plus que de Côme III, Grand-Duc de Tofcane; fes ouvrages firent beaucoup de bruit dans le tems; mais comme ils n'avoient pour objet que des controverfes, ils font prefqu'entiérement inutiles, & oubliés aujourd'hui : 5°. Le Docteur Antoine Cocchi, homme de beaucoup d'efprit, favant aimable, très-eftimé des Anglois; il avoit un penchant invincible pour les paradoxes; il a fait dans fes ouvrages, qui font en grand nombre, un pompeux éloge de la fobriété de Pythagore, & fa table n'étoit rien moins que frugale il écrivit contre le mariage, & il avoit une femme qui, par fa beauté, fon efprit, fes vertus, faifoit les délices de fa vie; de femblables contradictions entre les écrits & la conduite ne font pas affez rares pour qu'il foit permis de s'en étonner: 6°. Le P. Berti, Religieux Augustin ; fa Théologie paffe pour le meilleur de fes ouvrages, parmi lefquels il en eft de très-médiocres; il fut un des plus zélés défenfeurs du fyftême de St. Auguftin fur la grace: 7°. Le P. Valfecchi, Bénédictin, savant antiquaire, mais théologien affez fuperficiel : 8°. Le P. Benedetti, Phénicien de nation, & qui fe fit Jéfuite à l'âge d'environ 70 ans; ce fut alors qu'il entreprit la traduction des œuvres de St. Ephrem, Syrien d'origine; mais la mort l'enleva avant qu'il eût achevé le troifieme torie: 9°. Le fameux Alphofe Borelli, dont le Prélat Fabroni analyse rapidement les ouvrages, tant phyfiques que mathématiques; l'inquiétude de fon naturel, le feu de fon tempérament, ainsi que fon caractere fombre & em. porté répandirent bien de l'amertume fur fes jours qu'il finit à Rome, chez les Peres des écoles pies; la mort l'empêcha de terminer fon grand ouvrage intitulé, De motu animalium: 10°. Marchetti, difciple de Borelli: il eft moins connu par fes disputes mathématiques avec Viviani, & le P. Grandi, qui, dans cette partie, étoient, fans contredit, fes maîtres, que par fa traduction énergique de Lucrece, qui ne put trouver grace devant la congrégation de l'Index, mais à laquelle tous vrais littérateurs, tous les gens de goût applaudirent, & qui fait encore leur délices. LIVRES NOUVEAUX. Amour (P) des François pour leur Roi, Poëme, par Mme. le Brun, in-4to. A Paris, chez Moutard, Libr. Quai des Auguftins, broc. 12 fols. Dictionnaire Philofophique de la Religion, où l'on établit tous les points de la Doctrine, attaqués par les Incrédules, & où l'on répond à toutes leurs objections, par M. l'Abbé Nonotte, 4 vol. in-12. A Paris, chez Moutard, Lib. Quai des Auguftins. 12 liv. Epître à Henri IV, fur l'avénement de Louis XVI à la Couronne, par M. de V. Svo. A Paris, chez Stowpe Lib, rue de la Harpe. 1 Mandement de Mgnr. l'Evêque d'Amiens, qui ordonne tins. 2 fols. Oraifon Funebre de Louis XV, Roi de France & de Navarre, prononcée dans la Chapelle du Louvre, par M. l'Abbé de Boifmont, l'un des Quarante de l'Académie Françoife, 4to. A Paris, chez Demonville Lib. rue S. Severin, bro. I liv. 10 fols. Pieces d'Eloquence qui ont remporté le prix de l'Académie Françoife, Tome IV, 1 vol. in-12. A Paris, chez Demonville, Lib. rue S. Severin, rcl. 3 live Piété (la) Filiale, Epître à Mefdames de France, vie d'une Piece de Vers fur l'Inoculation du Roi, par M. D***. 8vo. A Paris, chez Moutard, Libr Quai des Auguftins. 2 fols. fui NOUVELLES POLITIQUES. a appris, le 6 de ce mois, par le courier ordinaire de Le 13 it ariva- ici un courier de la Cour de Vienne, qui remit des dépêches au Sr. Thugut, Internonce de L. M. I.; on préfume qu'elles font relatives à la paix, parce que l'Interprete de ce Miniftre & celui de l'En voyé de Pruffe ont eu, depuis ce jour, de fréquentes conférences avec les principaux Miniftres de la Porte. Le bruit s'étoit répandu qu'il y avoit eu à l'armée une émeute confidérable, dans laquelle l'Aga des Janissaires & fon Lieutenant avoient perdu la vie; mais cette nouvelle ne s'est pas confirmée. Il paroît feulement qu'il y a eu quelques mouvemens parmi les Janiffaires, qui font dans l'ufage de témoigner de l'inquiétude quand on recule de quelques jours le paiement de leur folde. Les murmures ont ceffé dès qu'ils ont appris que l'Ecuyer du Grand-Seigneur faifoit conduire de groffes sommes à l'armée. Les lettres qu'on vient d'en recevoir font mention de quelques rencontres avec les Ruffes. Un de leurs corps ayant paffé le Danube, nos poftes avancés, trop foibles pour tenir ferme, fe replierent fur le camp. Le Grand-Vifir préfumant que les Ruffes en vouloient à Warna, fit avancer de gros détachemens pour faire échouer leur projet ces mouvemens ont donné lieu à quelques petits combats, dont les troupes légeres ont fait tous les frais. De PETERSBOURG, le 4 Juillet. L'Impératrice vient de faire publier un nouveau rituel pour l'élection & l'inauguration des Prélats de fon Em pire. Par ce réglement, que le Sénat dirigeant a fait traduire en Latin, il eft ordonné, l'orfqu'un Siege vien à vaquer, d'affembler tous les Archevêques & Evêques qui fe trouvent dans la Capitale. Ils doivent fe rendre au Synode, qui, ayant élu deux Candidats par la voie du fcrutin, les préfente à S. M. I. pour en choisir un. Alors le Récipiendaire appellé au Synode eft déclaré Archevêque ou Evêque de tel lieu, & l'Archevêqueprimat lui impofe fur la tête l'Epítrachilon, en récitant avec l'affemblée fept différentes prieres à cet ufage: après quoi le célébrant récite cinq collectes, dont l'une eft une priere pour S. M. & la Maifon Impériale; l'au rre pour le Synode; la 3me. pour le Récipiendaire, auquel on donne le titre de fa nouvelle dignité; la 4me. pour l'Eglife; la 5me. eft une priere de rémiffion, ou une abfolution, après laquelle le Célébrant déclare au Récipiendaire, que S. M. I. l'a jugé digne de gouverner cette Eglife qu'elle a bien voulu lui confier : le Prélat répond qu'il reçoit avec respect la grace dont S, M, l'a honoré, & qu'il fe conforme à fes ordres fuprêmes. Cette cérémonie achevée, le Candidat eft reconnu, & fe prépare à être confacré dans la Cathédrale. La veille de ce jour, il y a préparation folemnelle, & le lendemain, le facre fe fait avec la pompe & les cérémonies prefcrites, & un grand nombre de prieres; ce qui donne à cet acte Religieux un air, augufte & impofant qu'il n'avoit pas avant la publication de ce rituel. De COPENHAGUE, le 19 Juillet. Le 8 de ce mois, jour anniverfaire du mariage de la Reine-Douairiere avec le feu Roi Frédéric V, il y eut une grande fête à Rothschild, lieu où fe trouve le maufolée de nos Souverains. On pofa au fon de toutes les cloches de la ville, & au bruit des timballes & des trompettes, la premiere pierre de la nouvelle chapelle deftinée à agrandir le tombeau de la Famille Royale. On mit fous cette pierre une plaque de cuivre quarrée, où font gravés ces mots : Chriftian VII, Roi tout-puifant de Danemarck, a fait conftruire cette fepulture, & en a fait pofer la premiere pierre le 8 Juillet 1774, la gme, année de fon regne, pour conferver les cendres des immortels Monarques Chriftian VI & Frédéric V de gloricufe mémoire. On mit fous la plaque dans un endroit ménagé pour cela la médaille frappée à la mort de Chrif tian VI, & à chaque coin de la plaque des médailles frappées à la mort de Frédéric V. De VARSOVIE, le 17 Juillet. On avoit toujours cru que la perte de nos Provin ces démembrées feroit au moins compenfée par le retour de la tranquillité & du bon ordre dans ce Royaume; mais le fort des citoyens y eft encore indécis; & en attendant que la nouvelle forme de Gouvernement foit réglée, quelques Polonois ne rougiffent point de profiter de l'efpece d'anarchie qui regne encore, & qu'ils ont foin d'entretenir, pour s'enrichir par tous les moyens que leur offrent les circonftances. Depuis que ces membres méprifables de la Délégation se font fait connoître par leurs manoeuvres, on ne craint plus d'élever publiquement la voix contre leur conduite, & les Miniftres Etrangers eux-mêmes ne peuvent plus cacher combien ils en font fcandalifés; mais quand on leur demande pourquoi ils les ont approuvés, ils répon❤ dent que le mal eft fait, & qu'il pourra fe réparer avec |
