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noiffance. Au terme Axé par la nature pour l'ac couchement, elle mit au monde un garçon bien conformé, mais qui portoit à la jambe droite l'em. preinte d'un mafque bien deffiné, & exactement reffemblant à celui d'un arlequin; tout y étoit dans la plus fcrupuleufe précifion. On fit ce qu'on put pour effacer cette empreinte, fans pouvoir y réusfir ».

Une autre femme de Frepai-le-Vicomte, enceinte depuis trois mois, guidée par la charité, alloit tous les jours panfer une de fes voifines qui avoit un cautere au bras droit. Six mois après, cette femme eut un enfant auquel elle remarqua un cautere naturel, tout femblable à celui de la voifine, & placé précisément au même endroit. On employa inutilement différens remedes pour guérir cette finguliere maladie. Un écoulement périodique séfifta à tout, & ne céda qu'à la mort du fujet.

GRANDE

BRETAGNE.

LONDRES (le 29 Mars. ) La chambre des communes s'étant formée en comité le 9 de ce mois, le lord North, après s'être étendu, fuiyant fa coutume, fur les griefs des Américains, finit par propofer un bill pour borner le commerce de la nouvelle Jerfey, la Penfylvanie, le Maryland, la Virginie & la Caroline méridionale à la Grande-Bretagne, l'Irlande & les ifles britanniques aux indes occidentales, à certaines conditions &c. Comme ge minifire avoit parlé la veille, de voies de conciliation, la chambre parut confternée de cette propofition, & plufieurs membres s'écriereat : quoi ! encore un bil pour reftreindre le commerce! Cependant, après quelques difcuffions, la propofition fut acceptée, & l'on ordonna la rédaction du bill.

Un comité de la chambre des communes ayant`travaillé aux fubfides, réfolut le 10, qu'on accorderoit cette année la forme de 297379 1. ft. pour conftructions, reconf *tructions & réparations des vaiffeaux de guerre; 444680 1, f. pour l'ordinaire de la marine, compris la demi paie des officiers de mer; 6000 liv. fterl. pour les penfionnaires externes de l'hôpital de Greenwich; 2145 liv. fterl. pour graver des cartes de côtes d'Irlande & de la Grande

Bretagne ; & 3112 liv. fterl. pour graver des cores de l'Amérique feptentrionale.

Le même jour, le comte de Darmouth remit à la cham bre haute la copie d'une lettre du général Gage fur l'état des affaires de Bofton. Cette chambre renvoya au 15 la ae. lecture du hill pour reftreindre la pêche de certaines colonies de l'Amérique, & les pairs furent fommés de s'y trouver.

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Le 13, on fit rapport dans la chambre des communes des réfolutions qu'elle avoit prifes le to, & qu'elle approuva. On y luc pour la premiere fois un bill pour reftreindre auffi le commerce des colonies de Jerfey, Penfylvanie, Virginie, Maryland &c. Il fut ordonné de le faire imprimer, & Pon en indiqua la 2e.lec

ture au 16.

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Le 15, la communauté de Londres & les négocians en Amérique préfenterent à la chambre haute des mémoi res contenant des plaintes contre le bill qui tendoit à reftreindre le commerce & la pêche des colonies de Maf fachuffet, &c., & la fupplierent de ne point paffer ce bill en loi. On examina deux négocians, à qui l'on demanda des preuves de ce qu'ils avançoient dans ces deux mémoires, & l'un & l'autre déclarerent que ce bill anéan tiroit la pêche de plufieurs colonies, & les priveroit d'u ze fource abondante de fubfiftance; ce qui leur feroit abandonner leurs habitations &c. Tout qe que ces négocians purent alléguer, n'empêcha point que le bill no fur lu pour la feconde fois.

Le 16, les communes en comité reprirent en confidération les mémoires de Londres & des autres villes du royaume contre l'acte pour refteindre le commerce des colonies. On interrogea divers négocians, & entr'autres le Sr. Gloves, négociant très-intelligent, qui, dans un difcours de près de deux heures, donna des éclairciffemens & des informations fur cet objet, d'une maniere jufta & pathétique en développant les fuites funeftes qui réfulteroient infailliblement des mefures vigoureufes à prendre contre les colonies &c. Il fut écouté avec une attention finguliere; & un applaudissement général. Le 17 quatre des députés de la fete des Trem, bleurs, ou Quakers, fe rendirent à St. James, & y préfenterent au roi un placet en faveur de leurs contreses de la même fecte, qui fe trouvent en grand nombre dans la Penfylvanie, & en d'autres colonies de l'Amérique.. S. M. les reçut très gracieusement, & leur fit une ré. pouse très-flattcufe, en promettant d'avoir égard aux up

pliques refpectueufes de tous les ordres de fon peuple & de faire tout ce qui dépendroit d'elle, felon les conf titutions, pour redreffer les griefs de tous fes fujets.

Le 18, le lord Stormont, ambassadeur du roi à la cour -de France, revint ici de Paris; il eut avec 5. M., ainfi qu'avec les miniftres, plufieurs entretiens dans lefquets il rendit compre des difpofitions pacifiques de S. M. T.. Chr. à l'égard de l'Angleterre, & de la réfolution conftante. où fe trouve ce monarque, de maintenir la tranquillité en Europe. Le 20 les deux chambres s'occuperent de l'examen des bills concernant les colonies, & elles y firent quelques changemens.

Le 21, la chambre des pairs ayant fait la trofieme leaure du bill pour reftreindre la pêche de la NouvelleAngleterre, on propofa de ne point comprendre au nombre des colonies favorifées la Nouvelle-Jerfey, la Penfylvanie, Maryland, la Virginie & la Caroline Méri · ́ dionale; ce qui paffa à la pluralité de 2 contre 21 voix. La propofition faite enfuite de paffer ce bill en loi, eue aufii la pluralité des fuffrages. Les pairs oppofans donmerent alors une proteftation contre cet acte.

Le 22,

le Sr. Burke, l'un des plus fameux partifans de l'oppofition, propofa fon plan de conciliation dans la chambre des communes, Voici la fubftance du difcours. qu'il y prononça.

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«Les colonies britanniques de l'Amérique feptentrionale, confiftant en 14 gouvernemens, contenant près de trois millions d'habitans, n'ont jamais eu de repréfentans en parlement, qui cependant les a chargées de ti. xes, de droits & d'impôts au préjudice du pays, dont, comme n'y étant point repréfenté, & ne pouvant l'être, vu l'éloignement & d'autres circonftances le parlement n'eft pas à même de connoître le fort, ni le foible. Chasune de ces colonies a, dans fon enceinte, un corps élu en partie ou en entier par les bourgeois francs-renan-ciers, &c., connu fous le nom d'assemblée générale, munie, du pouvoir d'impofer & d'établir, fuivant l'ufage de ces colonies, des droits des taxes pour fubvenir aux be foins publics. Ces affemblées ont, en différentes occa→ fions, & felon leurs faculrés, contribué librement & lar gement au fervice du roi, lorfqu'elles en ont été requifes par lettres du fecrétaire d'état; & ce droit leur a été reconnu à diverfes reprifes par le parlement, qui, en jugeant les fubfides qu'elles accordoient, fuffifans, a parlé avec éloge de leur empreffament. L'expérience a fait voir.

que cette méthode de lever les fubfides eft plus agréa ble aux habitans, & plus utile & avantageure au fervice publie, que ne l'eft leur levée & leur établiffement par le parlement ». D'après cet expofé, le Sr. Burke proposa la révocation de plufieurs actes paffés dans la 7e. & la 14e. année du préfent regne, concernant l'établissement de droits & impôts dans les colonies; & il recommanda l'explication d'un acte de la 35e. année de Henri VIII, au fujet des jugemens de crimes de trahifon, &c. Il propofa enfuite, que les chefs de juftice & les juges, auff tôt que les affemblées générales auroient fixé leur falaire, conferveroient leurs charges auffi longtems que leur conduite feroit irréprochable, & qu'ils ne pourroiene être démis que par S. M. en confeil, fur la plainte des affemblées générales respectives, ou fur la plainte du gou. verneur, ou du confeil, ou de la chambre des repréfentans de la colonie, où le cas exifterõit. Le Sr. Burke conclut par repréfenter, qu'il feroit bon de régler les cours d'amirauté & de vice amjrauté, établies dans les colonies par le 15e. chapitre de l'acte paffé la 4e; année du préfent regne, de façon à rendre les procès plus aifés devant ces tribunaux. Quoique l'on eût prêté beaucoup d'attention au difcours du Sr. Burke, & qu'il für vivement foutenu par plusieurs autres membres de la chambre, fon projet eut le même fort qu'effuya celui du comte de Chatham, dans celle des feigneurs, le 1er. Février, e'eft-à-dire, d'être rejetté à la pluralité.

Le 24 le roi fe rendit au parlement avec les formalités ufitées, & il y donna fon confentement à divers bills particuliers; mais le bill de Maffachuffet n'étoit pas de ce nombre. Un corps nombreux de négocians avoit préfenté le matin, à S. M. une requête, pour la fupplicr de ne point donner fa fanétion à cet acte.

Le même jour, lorfque S. Maj, fe fut retirée, les deux chambres reprirent leurs délibérations, & celle des communes difcuta les changemens que les feigneurs avoient fait au bill. Elle en approuva trois, & en rejetta deux; fçavoir, ceux qui concernent la Nouvelle-Jerfey, la Penfylvanie, Maryland, la Virginie, & la Caroline Méridionale, & la reftriction du commerce des colonies à la feule Grande-Bretagne, jufqu'à ce qu'elles fe foient entierement foumifes aux volon. tés du parlement, au lieu que le bill étendoit ce commerce à la Grande-Bretagne, à l'Irlande, & aux ifles britanniques, aux Indes -occidentales. On fit enfuite de mander aux feigneurs une nouvelle conférence, qui a cu

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lieu le 27. La chambre des feigneurs ayant goûtê les r fons de celle des communes le bil va être mis en état d'être préfenté au roi.

Le Sr. Hartley fit ce jour-là, dans la chambre des communes les quatre propofitions fuivantes : fçavoir, 1o. de fupplier le roi de faire expédier des lettres requifitoriales aux colonies de l'Amérique feptentrionale, pour leur demander les fubfides néceffaires à leur défenfe, à leur protection & à leur fureté, & de communiquer au parlement les adreffes que S. M. recevroit de leur part en réponse à ces requifitoriales: 2°. de fufpendre pour trois ans l'acte paffe dans la derniere féance pour difcontinuer le chargement & déchargement de marchandifes à Bafton: 3°. de fufpendre pour deux ans celui de la même féance, concernant l'adminiftration de la juffice dans la province de Massachusset-Baye: 4°. de fufpendre pour trois ans l'acte paffé dans ladite féance pour mieux régler le gouvernement de cette province. Le Sr. Hartley fut fecordé par le chevalier Cecil Wray; mais tous leurs efforts ne fervirent de rien, & ces quatre propofitions furent rejettées fans en venir même aux voix.

Quiaze bâtimens de tranfport fe font rendus à Portfmouth, où les troupes de marine deftinées pour Boston s'embarquent actuellement: ces bâtimens pafferont enfuite en Irlande, pour y prendre les troupes pour la même deftination, & partiront immédiatement après pour Boston.

La compagnie des Indes a reçu, par la voie de terre, une dépêche de Baffora, en date du 19 Novembre 1774, avec le trifte avis que le Midleton, l'un de fes plus gros. navires, avoit échoué fur la côte d'Arabie, près de Muf cat, dans fon trajet de Bengale à Baffora, fans qu'on ait pu en rien fauver, ni l'équipage, ni les effets; fa cargaifon eft évaluée à 80 mille liv. fterl. Une autre lettre du 20 Octobre de la même année,lui apprend que le pacha de Baglad & les Perfes étoient au moment d'entrer en guerre, & que les hoftilités avoient commencé de part & d'autre.

Tous les avis publics & particuliers, reçus des colonies, annoncent que la conduite du miniftere & les actes du parlement britannique pour reftreindre leur commerce & leur pêche, y avoient occafionné de nouveaux défordres; que dans plufieurs colonies on s'étoit décla ré ouvertement pour la réfiftance aux violentes atteintes que le parlement vouloit porter, tant aux libertés dont elles étoient en poffeffion par octrois, qu'aux droits nature's de l'humanité; qu'à Boston les troupes étoiene

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