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tres, & furrout les habitans de Philadelphie, ont decidé que pour témoigner à leurs freres de Bofton combien ils étoient fenfibles à leur fituation ils ne feroient ce jour-là, aucune affaire. Les principaux négocians de la Nouvelle-Yorck ont fait propofer ceux de Bofton la tenue d'un congrès, compofé des députés de toutes les colonies, pour y avifer aux moyens de maintenir la liberté & les privileges des Américains ; & en attendant, ils ont nommé un comité de so d'entr'eux, qui entretiendra uhe correfpondance fuivie, & fe concertera avec les autres colonies, fur toutes les affaires intéreffantes qui pour roient furvenir. Dans plufieurs endroits, on a réfolu de renoncer à la culture du tabac, & d'employer les terres à toute autre production. Enfin, les colons paroiffent décidés à faire ufage des moyens les plus propres à tếmoigner leur reffentiment à l'Angleterre.

Les nouvelles les plus récentes de cette partie de nos poffeffions paroiffent être moins alarmantes. On affure que les plus modérés des habitans de Bofton font parvenus à calmer les mécontens, & qu'on devoit profiter de ces difpofitions favorables pour rétablir les chofes fur l'ancien pied, fans préjudicier au commerce des colonies, & fans porter atteinte à la dignité de la couronne, ni à l'autorité du parlement; ce qui paroit très-difficile à concibler. Ces nouvelles femblent pourtant s'accréditer par l'ordre que la cour vient de donner de fufpendre un nouvel embarquement de troupes qui étoient encore deftinées pour Bofton. Au refte on attend avec impatience le résultat de l'affemblée qui doit fe tenir a Salem. Le général Gage duit, dit-on, y faire paffer un acte pour procurer l'indemnité du thé qui a été brûlé, jetté à la mer, ou renvoyé. On eftime qu'on a détruit dans le feul port de Bofton pour 8 mille liv. fterl. de cette denrée. On croit que les Boftoniens ne font pas éloignés de confentir à cette indemnité, pourvu toutefois qu'elle ne foit pas regardée comme un acquiefcement au droit que le parlement d'Angleterre prétend avoir de taxer les colonies.

On peut juger par le trait fuivant, de l'enthoufiafme des Anglois pour la liberté. Le Sr. Billes, mort à Cambridge, a ordonné par fon teflament que fon corps foit tranfporté à Bofton, pour y être enterré fous les étendards de la liberté. Il laiffe tous fes blens, qui font confidérables, à deux particuliers qui ne font point fes parens, uniquement pour accompagner fon cercueil, & faire exécuter fidelement fes dernieres volontés.

HOLLAND E.

LA HAYE (le 10 Juillet.) Les états de la province de Frife viennent de diminuir l'impôt sur le café d'un fol par liv. En conféquence, il ne fera pa, é pour chaque liv. de café ou de feve de café que 3, d'entrée. Mais le café brûlé payera 5 f. par liv. Cette diminution ne commencera que le Novembre prochain, de crainte que les marchands en détail ne fouffrent des pertes par la chute fubite du prix fur lequel ils ont compté.

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Un capitaine de haut bord, chargé de protéger les navires marchands fur les cores occidentales de l'Afrique avoit prolongé fa campagne au dela du térme fixé par ses inftruct ons dans la vue de fe procurer quelques dents d'éléphant, dont il faifoit le commerce. A fon retour à Amf.erdam, il a été accusé par les gens de fon équipage d'avoir fait le négoce, & d'avoir diminué leurs rations. L'amirauré de cette ville, après avoir inftruit le procès de cet officier, vient de le condamner à la confifcation des dents d'éléphant qu'il avoit apportées, & à une amende de 1800 florins envers fon équipage. Il a été en mềme tem caffé, & déclaré incapable de fervir la république, en qualité de capitaine, ou d'officier fupérieur.

On apprend que dans une des colonies hollandoifes de l'Amérique, il s'eft élevé entre les habitans & les gens de guerre, une difpute qui ne s'eft pas terminée fans effuhon de fang. Mais cette nouvelle a befoin d'être confirmée.

Par une réfolution du 22 Juillet de l'année derniere, les états-généraux nommerent le Sr. Webiterbloant leur vice-conful à Mogador dans les états de Maroc. Cet offi cier, qui n'a pu être inftruit que tard de fa nomination, ni prenire poffefiion de fon emploi qu'après la conciliatien des différends furvenus entre les maitres & l'empereur de Maroc, vient de prêter ici ferment par procuration. Son vice-confulat s'ét ndra d'un côté jusqu'à Salé, & dé l'autre jufqu'à Stc. Croix. Ia ville de Mogador, quoi que ce ne foit qu'un établiffement: naiffant, devient de jour en jour la plus floriffante des places de la côte. Elle est là plus fréquentée des Européens, & le commerce. y fait des progrès qui décident leur préférence. On écrivoit de ce 'port, le 19 Mars dernier, que l'empereur étoit arrivé à Mequinez dans le palais qu'il a fait préparer, & que ce prinde avoit publié les ordres les plus favorables à la récep

-tion des vaiffeaux de guerre hollandois dans les ports de fa domination. Depuis qu'il eft dans cette derniere ville, les chemins font infettés de voleurs, qui ont commis beaucoup d'excès entre Mequinez & Fez. L'expédition contre les montagnards n'ayant point eu de fuccès l'empereur en a fait arrêter 300; qui étoient venus faire leur paque à fa cour. Les mêmes nouvelles ajoutent que Muley Ali, héritier préfomptif de la couronne, & gouverneur de Fez, eft parti pour Salé, d'où il doit, en fuivant la côte par Safy & Mogador, fe rendre à Maroc, & attendre les ordres ultérieurs de fon pere. Muley Mamon, fecond nls de l'em- rear, demeure à Salé, & les autres font répartis entre Maroc, Fez & Mequinez, fuivant l'ufage des fouverains de cet empire, qui difperfent leur famille dans leurs états.

On écrit de Lisbonne que le 8 Mai dernier, à la fuite des pluies & des vents qui régnoient depuis un mois, un vaiffeau Hollandois fut frappé du tonnerre. La matiere électrique de la foudre fit le tour du mat, defcendit fur le pont, où elle rompit quelques planches, & fe pré, cipita de-là dans l'eau. C'eft la route tracée par les équipages qui prennent actuellement contre l'attraction du tonnerre les précautions dont on a déjà parlé plufieurs fois. Ce qu'il y eut encore de fingulier dans cette circonftance, c'est que la foudre, avant que de s'éteindre dans l'eau, s'attacha à un paquebot anglois, où elle no At cependant aucun dégat. Elle effraya feulement un jeune mouffe, dont elle fendit les boucles en effleurant fes fouliers. Un dernier ricochet la replongea dans l'eau, où finit fon action. On affure que peu de tems après on -entendit fur terre un coup de tonnerre violent.

Les lettres de Batavia donnent un nouvel exemple du malheur arrivé aux fles de Banda dans le fiecle dernier & qui fera longtems à craindre pour les établiffemens hollandois de cet Archipel afiatique au fud des ifles. Moluques. Une maffe de pierre en feu fe détacha, un foir du volcan ou de la montagne brûlante de Gonapi, autrement Gunnanoppi, & tomba fur le magafin des équipages. Elle fendit par le milieu une poutre de 16 pouces avec un cordage de 18 pouces d'épaiffeur. Heureufement le feu qu'elle jetra en éclatant, ne caufa aucun dommage aux toǹneaux de poix & de goudron, placés à peu de diftance de la poutre. La grande chaleur que les morceaux de cette pierre avoient confervée, malgré la quantité d'eau qu'on y verfa, empêcha de les déterrer d'abord. On ne put le faire que 6 jours après. Ils pefoient 295 livres. Dans l'é

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ruption du ficcle dernier, les canons de la citadelle disparurent fous un déluge de cendres qui s'élança des entrailles du volcan, avec une grêle de pierres. On a remarqué que les habitans de l'ifle où eft fitué ce volcan, vivent très-longtems. Il n'eft pas rare de les voir pouffer leur carriere jufqu'à 130 ans. Ce n'eft pas le travail qui prolonge la vie des hommes. Ils ne fubfiftent que de celui de leurs femmes, employées à cueillir & à fécher les noix de mufcade, production exclufive dont on fait la récolte aux mois d'Avril, d'Août & de Décembre, Plus ou moins loin des antipodes des ifles Moluques, on connoit des volcans dont la communication fuivroit les axes de la terre, fi l'on pouvoit donner cette profonde direction aux feux qui en font intérieurement les moteurs.

Les magiftrats de Rotterdam ont accordé l'exemption des droits de leur ville fur les matériaux qui feront employés à la conftruction de nouvelles machines à fèu. Dès le 26 Mai, les états de la province avoient accordé la franchise des matieres combuftibles dont on auroit befoin. On a déjà propofé l'entreprise de ces ouvrages. Chaque citoyen qui fouhaite le bien de fon pays, fait des voeux pour le fuccès d'un projet qui doit coûter tant d'argent & de peines. La premiere idée en eft venue à quelques habitans de Rotterdam, qui, réfléchiflant fur la néceffité de trouver un moyen de dégager le pays de la fuperfluité des eaux, avec promptitude,& fans dépendre du tems ou du vent, ont por té leurs vues fur les machines à feu en ufage dans d'autres pays. Avant que de s'affurer fi de telles machines pourroient être employées aufli avantageufement en Hol. lande, ils fe font rendus.chez les magiftrats pour leur de mander la permiffion d'en ériger à leurs propres frais. Ils les ont priés en même tems de leur accorder, pour leur effai, un endroit fur le rempart de la ville, avec promeffe de remettre enfuite toutes chofes dans leur premier état.

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BRUXELLES (le 21 Juillet. ) Les principaux feigneurs de cette capitale continuent de donner des fêtes à Mgr. l'archiduc. Le 17 de ce mois, ce prince, & Mgr. le duc, notre gouverneur général, firent l'honneur au prince de Ligne de diner chez lui; le maréchal comte de Lafcy, qui étoit du nombre des conviés, eft parti le 18 pour retourner à Vien

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Une ordonnance du confeil des finances de S. M. l'im

pératrice-reine, on date du 9 de ce mois, permet l'exporTMTM tation du froment & du feigle de ce pays, tant en grains qu'en farine, en payant les droits qui étoient exigibles. avant la défenfe. L'exportation aura lieu, tant par eau que par terre, dans les départemens de Bruxelles, Tirlemont, Turnshout, Anvers, St. Philippe, St. Nicolas, Gand Bruges, Oftende, Nieuport, Ypres, Courtrai, Tournai,' Mons Chimai, Charleroi, & Namur. "

Par un octroi du 28 Juin dernier, S. M. Imp. & R. accorde au magiftrat d'Oftende la permiffion de négocier un capital de 250 mille florins à 3 pour 100 d'intérêt. Cette fomme eft deftinée à la conftruction d'un bain pour la fûreté des navires.

On mande de Paris le trait fuivant. « Le roi se promenant au jardin de la Muette, demanda à 2 femmes qui le nettoyoient & en otoient les mauvaises herbes, combien elles gagnoient par jour à ce travail ? Six fols, dirent-elles; c'eft bien peu, dit le roi. De retour au château, le roi fe fit apporter les comptes du jardinier; mais cet article étant mis en bloc, il n'en put tirer aucune lumiere. Le roi fit venir le jardinier, & lui demanda, combien il donnoit par jour à ceux qui netoyoient le jar. din; zo fols, dit-il, c'eft le prix ordinaire. Le roi fit entrer ces 2 femmes, & leur fit la même question. Le jardinier convaincu de prévarication fut renvoyé. Le roi fit donner une indemnifation pour le paffé cette efpece d'ouvriers, & ordonna qu'on leur payât à l'avenir 20 fols par jour. On peut juger de l'impreffion que font fur les efprits ces actes de juftice & de bonté pour la plus basse claffe des citoyens.

Le fupplément à la Gazette d'Utrecht du 12 Juillet, article de Paris, porte ce qui fuit: « Le roi a défendu qu'il foit expédié aucune lettre de cachet fans lui en donner connoiffance, afin de juger par lui-même, fi le motif en eft légitime, & parer aux injußices & aux furprises qui pourroient fe commettre à cette occafion. Sa Maj. s'e

auffi rendre compte de tous les ordres du feu roi, en vertu defquels on retenoit en captivité tant de malheureufes vic times de la cabale & de l'intrigue; & tous les jours il fort du château de Bicêtre, de l'hôpital général, & d'autres prifons des gens qui avoient été arrêtés pour des fautesdont la punition ne devoit pas être févere ».

Les papiers publics anglois donnent les plus grands éloges à Louis XVI. L'un d'entr'eux porte, « qu'il a fair plus de bien à ses sujets dans les 15 premiers jours de

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