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- Le Peuple. « Et quel travail exerciez-vous. dans notre fociété » à

La claffe diftinguée. « Aucun: nous ne fommes pas faits pour travailler ».

Le Peuple. « Comment avez-vous donc acquis ces richesses »?

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La claffe diftinguée. « En prenant la peine: de vous gouverner »..

Le Peuple. a Quoi! voilà ce que vous ap pellez gouverner. Nous fatiguons, & vous jouiffez. Nous produifons, & vous diffipez. Les ri-. cheffes viennent de nous & vous les abforbez..... Hommes diftingués, claffe qui n'êtes pas. le Peuple, formez une nation à part, & gouvernez-vous vous-mêmes »...

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« Alors le petit grouppe délibérant; sur ce cas nouveau, quelques-uns dirent: Il faut nous rejoindre au Peuple, & partager fes fardeaux & fes occupations: car ce font des hommes comme nous. Et d'autres dirent: Ce fe-. roit une honte une infamie de nous confondre avec la foule: ele eft faite pour nouss fervir nous lommes des hommes d'une autre.

race ».

« Er les gouveppans civils dirent: Ce Peuple eft doux & naturellement fervile: il faut lui parler du roi & de la loi, & il va rentres: dans le devoir. Peuple, le roi veut, le four. verain ordonne ».

le

Le Peuple « Le roi ne peut vouloir que falut du Peuple; le fouverain ne peut ordonnes que felon la loi »,

Les gouvernans civils. « La loi veut que vouss foyez loumis »..

Le Peuple. « La loi eft la volonté générale & nous voulons; un, ordre nouveau ..

"

Les gouvernans civils. « Vous ferez un peuples rebelle Do

Le Peuple, a Les nations ne fe révoltent point; il n'y a que les tyrans rebelles ».

Les gouvernans civils. « Le roi eft avec nous il vous prefcrit de vous foumettre »..

Le Peuple. « Les rois font indiviubles de leurs nations. Le roi de la nôtre ne peut être chez vous; vous ne poffédez que fon fantôme »

« Et les gouvernans militaires s'étant avancés,. dirent Le Peuple eft timide: il faut le me macer; il n'obéit qu'à la force. Soldats, châtiez cette foule infolente ».

Le Peuple. « Soldats, vous êtes notre fang :: frapperez-vous vos freres! Si le Peuple périt, qui nourrira l'armée »?

« Et les foldats baiffant les armes dirent à leurs chefs: Nous fommes auffi le Peuple ;, montrez-nous l'ennemi ».

« Alors les gouvernans eccléfiaftiques dirent :: Il n'y a plus qu'une refiource: le Peuple eft fuperftitieux: il faut l'effrayer par les mots de Dieu & de Religion. Nos chers freres, nos; enfans, Dieu nous a établis pour vous gou.

Verner »..

Le Peuples Montrez- nous vos pouvoirs célestes »..

Les prêtres. « Il faut de la foi; la raifon égare ».

Le Peuple. «Gouvernez-vous fans raifonner »?? Les prétres. « Dieu veur la paix. La religion, prefcrit l'obéiflance »..

Le Peuple. La paix suppose la justice; l'obéiffance veut connoître la loi ».

Les prêtres., « On n'est ici- bas que pour fouffrir "..

Le Peuple, a Montrez-nous l'exemple »..
Les pretres. Vivrez-vous fans dieu & fanas

Le Peuple. « Nous voulons vivre fans ty

rans >>.

Les prêtres « Il vous faut des médiateurs, des intermédiaires ».

Le Peuple. « Médiareurs auprès de Dieu & des rois! Courtisans & prêtres, vos fervices font trop difpendieux. Nous traiterons déformais directement nos affaires ».

« Et alors le petit grouppe dit: Nous fom mes perdus, la multitude eft éclairée ».

« Et le Peuple répondit : Vous êtes fauvez: car, puifque nous fommes éclairés, nous n'a buferons pas de notre force. Nous ne voulons que nos droits. Nous avons des reffentimens, nous les oublions. Nous étions esclaves, nous pourrions.commander; nous ne voulons qu'être nous le fommes ».

libres

Un payfan conduifoit un troupeau de dindons dans les rues de Paris, & crioit A 40 fous le dindonneau ! La vente n'alloit pas & les dindons fe fatiguoient. Un citoyen confeille au payfan d'aller dans un autre quartier & de crier A 45 fols les contre-révolutionnaires & foldats d'outre Rhin! Tous les dindons ont été vendus fur le champ & bientôt égorgés; on dit même que quelques-uns ont été mangés cruds.

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Parmi les écrits propres à faire fermenter le Peuple dans le moment du renchériffement des denrées, on peut citer ceux-ci : Sous un roi, nous avions du pain. La puce à l'oreille du bon homme RICHARD, capitaine de la garde non foldée. Invitation à la Noblee Françoife, par Louis-Charles-Augufte DE JASSAND, chevalier, ci devant noble, pus noble encore, toujours noble, &, qui plus eft, citoyen paffif.Tableaux commandés par les députés pour fervir de fuite à ceux du fallon, par M.

LINGUET. Cette diatribe a été défavouée par M. Linguet, en annonçant la réfurrection de fon Journal.

Ainfi va le monde, ou Les Lunettes de mon oncle Simon, eft un recueil de fragmens moraux fous le titre de Coup-d'œit, à a fuite delquels on eft étonné de trouver une espece d'apocalypfe intitulée: Lanterne magique ariftodémocratique. L'auteur, qui fe charge de faire b. biller le montreur de la lanterne magique, prévient fes lecteurs que fon héros a de l'efprit; on va en juger.

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« Et voici des ruifleaux de fang, des mon. ceaux de cadavres, & que les cruels parlent de la patrie, comme fi la patrie ordonnoit les forfaits. Et voici qu'ils apportent à la Nation des têtes toutes fanglantes comme s'il falloit, fur des têtes coupées, élever à la liberté des autels ».

« Et voici que ce fiecle ne doit plus vanter fes lumieres: car un jour elles quadrupleront fes crimes qu'un refte de barbarie eût peutêtre excufés >>.

« Et voici que le royaume n'a plus de roi, & voici que le roi n'a plus de royaume ».

<< Et voici que la petite Pierrine, dont les yeux invitent au plaifir, que la petite Juftine, dont le fichu entr'ouvert infpire la volupté, que l'honnête Sophie, qui, comme les huiffiers-prifeurs, crie fur les bornes des rues: A 24 fous le baifer! nous débitent démocra tiquement au théatre des fentimens magnanimes, des thefes philofophiques & des tirades fur la liberté ».

Viennent enfuite les prédictions confo

1antes.

« Et voici que l'amour de l'ordre fuccede à l'amour du fang, & que le citoyen në

pend plus, & que le bourreau ne protefte plus ».

« Et voici que tous les François commencent à comprendre que, pour que ça aille il ne faut plus chanter ça ira ».

« Et voici que la loi a de la force, & que les hommes qui font fur la terre, & que les oifeaux qui volent dans les airs, & que les poiffons qui nagent dans les eaux, & que les catins qui raccrochent aux Tuileries, tous obéiffent à la loi ».

LE PASSÉ.

Qu'avons-nous été ? Des esclaves
Servant, chantant, jurant gaiement,
Et flagornant très-galamment

Les dieux qui frroient nos entraves.
LE PRÉSEN T.

Que fommes-nous ? De grands enfans
Juges d'hier, foldats naiftans,
Qui, ftupéfaits de voir l'aurore
D'un jour trop longteme fouhaité,
Pour un hochet,
, prenons encore
Le fceptre de la liberté.

L'AVENIR.

Que ferons-nous ? le tems avance
Et de la crainte à l'e pérance
Chaque moment nous fait paffer.
Croyons y; mais, fur l'apparence,
Défendons-nous de prononcer.

M. Bouthillier, chargé du département de Phabillement des troupes, & ci-devant membre de Affemblée Conftituante, vient d'émigrer avec 280 mille livres. « Il a remplit, dit le Patriote François, fon devoir de gentilhomme & d'homme d'honneur: il fait bien: que l'honneur fans argent eft un meuble inutile »

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