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& arrêtées, fans avoir la fignature de deux commiffaires de la fection.

X. » La municipalité fe conformera à la loi pour les me fures de sûreté générale.

» Indépendamment de la peine de deux ans de gêne, portée contre les fauteurs d'arrêts arbitraires, ceux qui feront préposés pour les pourfuivre, & qui ne l'auroient pas fait, fubiront cette même peine.

XI. » Les mandats d'arrêts feront délibérés par le maire & par quatre officiers municipaux..

XII. » Les officiers municipaux donneront connoiffance à l'affemblée nationale, dans le délai de trois jours, des mandats d'arrêts, & des motifs qui les auront déter

minés.

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XIII. » Le miniftre de la juftice & l'accufateur public près le tribunal crisinel, font fpécialement chargés de la pourfuite de ceux qui ordonneroient ou figneroient des ordres d'arrestations arbitraires.

La municipalité de, Riz s'eft préfentée à la barre, & a averti l'affemblée qu'elle a fait arrêter dans fon ter toire de prétendus commiffaires de la municipalité de Paris, qui faifoient des vifites & des enlévemens hors le territoire de la municipalité de Paris. L'affemblée a applaudi, & fait mention honorable.

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Sur une dénonciation d'arreftation faites par la commune de Charente, l'affemblée a décrété que les officiels municipaux & commandans de la garde nationale, qui arrêteroient les voyageurs, feront condamnes aux dommages & intérêts envers ceux qu'ils auroient troublés", autant de jours qu'ils auront tenu les voyageurs en état d'arreftation.

L'affemblée s'eft occupée enfuite des moyens de faciliter la communication du pouvoir exécutif ou même de la convention entre l'armée & les départemens : en conféquence, elle a décrété un établiffement de cou riers qui feront nommés par les fections de Paris & mis à la difpofition du miniftre de la guerre.

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Jeudi 20 Septembre, à onze heures du matin. M. Pétion a rendu compte de Petit de la capitale; il commence à redevenir tranquille; l'activité des bons citoyens redouble.

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Il a été fait lecture enfuite des dépêches de M. Damourier, qui annonce qu'enfin la jonction de M. Kelleimann eft heureufement opérée maintenant. M. Bumourier eft fort de 70,000 hommes, dont plus de 12,000 de cavalerie. Dans peu de jours il fera encore joint par le général Bournouville, avec 15 mille hommes.

Lorfque les fuyards de l'affaire du 14 feront revenus, la perte de cet échec n'ira pas à cinquante hommes. L'armée elle-même a demandé la punition des lâches & des traîtres. M. Dumourier en a fait rayer plufieurs, & les a chaffés fans uniforme.

Quaranté huffards étoient à la découverte ; ils font revenus ramenant chacun un cheval pris à l'ennemi. Un autre détachement à pris un lieutenant & vingt huilards à Rhétel; cinquante ennemis ont été tués, dix chevaux pris & dix Pruffiens ont déferté.

Sur le rapport de la commiffion extraordinaire, l'af femblée a déclaré que les troupes de ligne & volon taires de la garnifon de Thionville, ainfi que les citoyens de cette ville, ont bien mérité de la patrie. Extrait du procès-verbal y a été envoyé.

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Une lettre de Maubeuge a annoncé que l'ennemi a placé un camp entre cette ville, Lille & Valenciennes; elle demande du renfort pour pouvoir le repouffer.

L'affemblée décrète qu'à l'inftant où elle fera inftruite que la convention nationale eft conftituée, elle fe tranf portera au lieu où elle s'eft affemblée pour vérifier fes pouvoirs, & de là l'accompagnera dans la falle ordi

naire des féances.

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Un moment après, douze commiffaires de la convention nationale font entrés dans la falle, & annoncent que la convention eft conftituée, & qu'elle va fe rendre au lieu ordinaire des féances. Sur le champ, M. Cambon, préfident, a proclamé que l'affemblée nationale légiflative avoit terininé fa feffion. Tous les membres fe font levés & ont été au-devant de la convention nationafe."

15. Ce-22 Septembre 1792. PRUDHOMME, électeur, l'an qua, nième de la liberté, premier de l'égalité.

1. de la convention nationale.

REVOLUTIONS DE PARIS.

DU 22 AU 29 SEPTEMBRE 1792;
De la république française.,

CITOYENS! félicitons-nous. L'an 4 de n tre ré

volution eft aujourd'hui l'an premier de la république françaife. Le décret en eft porté; nous nous conftituons répu blicains.

Quelques-uns d'entre vous s'effarouchent encore de ce mot, long-temps anathématifé, & que l'aîné des Mirabeau au lit de mort, & la Fayette dans fa fuite, ont voulu flé- { trir en le donnant pour fynonyme de factieux, de pertur bateurs & même de brigands.

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On vous a dit que le régime républicain eft un gouvernement anarchique, un corps monftrueux compofé d'autant de têtes que de bras. On vous menace déjà d'autant de maîtres que vous aurez de repréfentans & d'administrateurs. L'on ajoute qu'il vaudroit beaucoup mieux obéir à un feul tyran fût-ce Charles IX ou Louis XVI, que d'avoir affaire à plu fieurs autorités conftituées, ne fuffent-elles confiées qu'à des Ariftides ou à des Fétions. On vous a dit encore que le mode républicain eft toujours orageux; qu'il faut combattre fans ceffe, fans ceffe dénoncer & punir....

Citoyens ne croyez pas tout cela. Tout cela n'eft point la république. Gardez-vous de juger de l'avenir d'après Phiftoire de nos quatre premières années; le paffage de la fervitude monarchique à la liberté républicaine eft nécef... fairement bordé d'écueils, & fujet aux tempêtes; mais enfin on arrive au port, & nous y touchons.

On ira plus loin. On vous foutiendra peut-être que même la topographie de la France s'oppose à l'admiffion & au fuccès de ce régime politique; comme fi la nature, qui a fait tous les hommes libres, leur eût affigné pour l'être certains climats préférablement ou exclufivement à d'autres! Mais on infifte: la république ne convient qu'à de petits états, à des pays de montagnes, à des îles; & encore les fruits qu'elle y donne font-ils amers. Voyez, vous dira-t-on, la Hollande & la Suiffe; ils ont le mot de liberté écrit fur toutes leurs enfeignes de guerre, fur la proue de tous vaiffeaux: poffèdent-ils la chofe? & peuvent-ils y pre

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tendre, les uns avee leur ftathoudérat; les autres avec leurs magiftratures ariftocratiques? Pas plus que la république de Venife avec fon doger Les états-unis affemblés en congrès à Philadelphie font plus réellement libres. Mais d'abord leur conftitution eft toute récente; & ensuite, de quelle exiftence politique jouiffent-ils fur ce globe? Relégués au nord de l'Amérique, ils doivent leur indépen dance, ainfi que les fauvages du Canada la leur, au pen de profit qu'il y auroit à les remettre fous le goug

L'hiftoire ancienne, continue-t-on, n'eft pas plus heureufe, ni plus concluante en faveur du républicanifme quoiqu'elle offre des autorités plus graves, des tableaux plus frappáns. Athènes, Sparte & Rome réveillent des idées brillantes. Mais i l'on defcendoit dans les détails de la vie civile de ces fiers républicains, qui de loin nous paroiffent fi grands, fi fages, fi heureux, il y auroit de quoi dégoûter de la république. C'eft pourtant fous le règne de la liberté populaire qu'Ariftide fut condamné à l'oftraciffe, & Socrate à la ciguë. Lacédémone étoit plutôt un féminaire de foldats qu'une cité d'hommes libres : à Rome, les pat iciens feuls pouvoient fe vanter de l'être, aux dépens de la cafte plébéïenne; & que de fang verse à ce sujet en pure perte! Le peuple inconféquent ou ingrat, peut-être l'un & l'autre, immole les deux Gracchus, admire froidement le trépas héroïque de Caton & de Brutus, & va pleurer fur le cadavre de Jules-Céfar, qui le fait fon légataire.

Que n'ajoute-t-on encore le fupplice de Barnevelt &, le fcandale de la mort paifible de Cromwel. Il y a réponte à tous ces faits qu'on peut cumuler à l'infini & rapprocher au défavantage du gouvernement républicain, tel qu'il a été conftitué chez plufieurs nations, jusqu'à l'époque du 21 feptembre 1792.

Nous voulons, nous, la république, mais non pas à la manière des Grecs, des Romains, des Bataves, des Anglais, des Suiffes, &c. Pour ne pas faire mieux que tous ces peuples, ce ne feroit pas la peine de réédifier à plufieurs reprises un gouvernement qui duroit depuis quatorze fiècles.

On vante beaucoup Lycurgue; on regarde comme un chef-d'œuvre de politique de fa part d'avoir fu donner à fa patrie une conftitution mixtionnée de monarchie ou gouver nement d'un feul, d'ariftocratie ou gouvernement de plu fieurs, & de démocratie ou gouvernement de tous. Ces deux rois occupant tour à tour le trône, & furveillés par les éphores ou cenfeurs, ces gérontes ou fénateurs fervant de balanciers entre le monarque de femaine & le peuple, & ce peuple, vivant en commun à table & au lit, toujours dans les horreurs de la guerre, pour éviter le relâchement

de la paix. Tout cela fait l'éloge, peut-être, du génie de Lycurgue. Mais quelle idée prendre du caractère d'une na tion qui a besoin de tous ces moyens forcés & hors de nature, pour exifter en corps de fociété pendant six à sept fèeles? Et que cette durée n'étonne pas! la monarchie. françaife, bien plus monstrueufe encore, & qui ne coûtal point, à beaucoup près, tant d'efforts de génie à fes loixante-fix rois législateurs, fubfifta le double de temps.) Qu'on ajoute à cela que Lacédémone étoit un atome politique en comparaifon de la France.

Athènes, dont les moeurs furent, comme on fait, beaucoup moins auflères que celles de Sparte, étoit pourtant plus près qu'elle de la liberté civile: Solon lui donna un' code que nos députés conftituans ne confultèrent point fans fruit, & qu'ils copièrent fervilement en plus d'un' endroit. Nos repréfentans conventionnaires ne s'en tiendront pas là fans doute. Les Athéniens faifoient euxmêmes leurs loix; c'est-à-dire, ils affiftoient tous en përfonne à leurs affemblées légiflatives. Le fort & le choix préfidoient tour à tour & concurremment à la nomination de leurs archontes eu fénateurs, & de leurs magiftrats. Tout cet échafaudage politique, qui n'étoit point fans mérite, péchoit pourtant par la bafe. Les Athéniens n'avoient que des loix réglementaires; ils pourvoyoient aux befoins du moment fans remonter aux fources naturelles de toute bonne légiflation, & fans fe porter dans l'avenir; ils n'avoient point reconnu les principes; leur code étoit fans moralité; les mœurs locales, ou plutôt des ufages traditionnels, faifoient le refte de la befogne, du légiflateur. Un auffi frêle édifice, mafqué par tout ce que les arts avoient de plus aimable, ne pouvoit tenir longtemps contre la corruption qu'engendra l'opulence des citoyens, contre l'ivreffe caufte par quelques victoires plus glorieufes qu'utiles, & contre le caractère national, in conftant, vaniteux, léger; en un mot, tel que le génie français qu'on nous reprochoit & qu'on nous envioit en même temps.

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-Les Romains ne reconnurent jamais d'autre déclaration des droits, que le droit du plus fort; mais après lávoirí foutenu par des armées bien aguerries, & furrour bien difciplinées, plus prudente que Lacédémone & Athènes Rome, parmi les dépouilles de fes voifins, vaincus par elle,, s'appropria ce qu'elle trouva de mieux parmi leurs loix & leurs ufages. La constitution de la république romaine fut long-temps-écrite fur quelques feuillets épars des livres des fibylles; c'eft-à-dire, les Romains n'eurent jamais d'autre conftitution que les fénateurs-confuls & les plébifcites rédigés felon les occurrences des mouvemens po

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