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"Il est temps que tout ceci finiffe. Vous ne fauriez croire à quel point les directoires font méprifés par le peuple.

"Celui d'Epernay veut toucher aux petits biens des fabriques de village. Trois communautés ont envoyé des députés qui ont promis de bâtonner les ordonnateurs. Le préfident a voulu prendre la parole: Et vous auffi, M. le préfident, lui ont dit les ambaffa

deurs.

"Prions Dieu qu'on prenne la cocarde blanche d'ici à huit jours à Paris; que les intelligences des princes la faflent prendre aux foldats des garnifons, & la contre-révolution eft faite, en dépit des avocats, des procureurs, des huiffiers, des maîtres d'école, qui cherchent à tenir le peuple des petites villes & des campagnes dans l'équilibre conftitutionnel. Mais que fera-t-on de cette méprifable canaille qui a fervi les fureurs des Jacobins ?

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Vous ne pouvez vous faire une idée de l'infolence de nos petits nouveaux defpotes. Quels font vos moyens & vos raifons pour le ridicule bouleversement que vous voulez faire, difeit notre curé à un de ces ridicules tyranneaux ?

» Nos moyens, répondit-il, font la puiflance, & pro ratione vo

luntas.

Il ajouta: On fait que beaucoup de gens défirent la contrerévolution. Malheur à eux, fi rien n'eft entrepris pour l'effectuer ! te fang coulera de toutes parts.

» Ces menaces font directes à notre village, dans lequel il y a trente-deux maifons de gens aifés.

» Avec l'aide de Dieu, nous nous moquons des menaces; mais le crime auffi impudent nous remplit d'indignation.

» M. le commandeur de Dampierre, mon ami intime, veut s'abonner pour le journal à deux liards. Il demeure entre Troies & Arcis-fur-Aube. Voici fon adreffe. A Dampierre, par Arcis-furAube, Champagne.

» La feule chofe à faire et de lui envoyer toute la collection depuis le commencement; il fera payer par fon portier le prix de l'abonnement, pourvu que vous puiffiez lui faire paller fous le contre-feing je vous réponds de lui. Faites ce bien à votre imprimeur.

» Je vous embraffe.

Je reçois deux journaux & le placard ».

Autre lettre.

J'ai fait propofer, Monfieur, par le journal de la cour & de la ville, dans la feuille de ce jour, de former autour du château un camp de dix mille honnêtes gens choifis dans la garde nationale & autres citoyens de toutes les claffes, qui ne défempareroient la tente, que lorfque leurs majeftés n'auroient plus rien à redouter des brigands.

"Ce corps d'obfervation & de sûreté, qui fe groffiroit bientô du double, feroit un épouvantail pour les fcélérats, & un centre de réunion ouvert aux honnêtes gens.

Il rempliroit, aux yeux de la nation, le devoir le plus fains & le plus facré, celui d'affurer la confervation de ses maîtres.

Il rempliroit encore l'objet de la demande d'un camp fous les murs de Paris; mais au moins celui-ci affureroit au roi la tranquillité dont il ne jouit plus depuis fi long-temps,

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» C'est dans les Tuileries même & fur le Carrouzel qu'il doit tre formé la famille royale fe promèneroit au moins dans ce jardin au milieu de fes fidèles fujets.

» S'il eft permis d'affembler des coquins, de les armer pour commettre des crimes, il doit être permis aux honnêtes gens de fe réunir pour les repouffer. Ce n'eft point déroger, ni violer la loi, que d'arrêter le brigandage, les émeutes & autres excès. » Vous avez des moyens, Monfieur, de faire circuler mon idée dans les différens bataillons & dans l'honnête public.

"On s'infcriroit chez des notaires, &, à jour fixe, on prendroit fon pofte; mais il convient que l'exécution, faite fans éclat, foit auffi prompte que la fufée.

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Je vous foumets mon idée; vous en voyez le motif.

Agréez, s'il vous plaît, Monfieur, l'afurance de mes fentimens les plus chers. Signé, DORFEUILLE ",

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Autre lettre."

Paris, le 9 avril 1792.

L'état-major de la garde fuiffe a demandé, pour le renfort de La troupe qui eft arrivée ce matin au château des Tuileries, & qui couchera fur la paille dans les écuries de l'hôtel de Biron, quatre cent quarante-huit couvertures.

"On en a tiré deux cent vingt-cinq de l'hôtel de Coigny, qui eft tout ce qui refloit. Les deux cent vingt-trois qui restent à fournir pour compléter le nombre de quatre cent quarante-huit, ne devroient-elles pas être fournies du garde-meuble?

Et plus bas, de fuite eft écrit:

» Je prie M. Thierry, & en fon abfence M. de Chantereine, de faire fournir fur le champ au régiment des gardes fuiffes, les deux cent vingt-trois couvertures demandées. Signé, LAPORTE», A Paris, le 9 avril 1792.

Autre lettre.

"Le moment s'avance, mon cher ami; mais il en faudra profiter habilement & vertement pour parer aux plus affreux défordres. Mais fi le gouvernement d'un grand empire eft un pefant fardeau, même quand il jouit de la paix au-dedans & au-dehors, de quel poids doit être celui de la France, dans l'état où elle a été réduite? Si la providence ne devoit pas fe mettre de moitié, on ne s'en tireroit pas, Les fections de Paris, attendu le péril dans lequel l'état fe trouve, doivent fupplier le roi de reprendre toute fon autorité, & d'agir pour le bien public comme il le trouvera bon, & d'abord de congédier l'affemblée nationale, auteur des rifques affreux auxquels nous expofe une invafion étrangère à la quelle on ne peut rien oppofer,

un

Le roi doit deftituer fur le champ toute la municipalité de Paris, rommer un gouverneur, un prévôt des marchands, fyndic, qui fe formeront en confeil de ville.

» Toute la chevalerie françaife eft écartée. Où prendre ce gouverneur? M. de Briffac fuffira-t-il à un emploi de cette importance? On trouvera plus aisément le refte. Il y a sûrement à Paris, dans l'ordre moyen, des gens à qui la révolution a donné lieu de manifefter de l'énergie en fens contraire à tout ce qui a été fait.

» On créera un tribunal de juftice, compofé de cinq membres, dont le premier emploi fera de mettre le fcellé fur les papiers & effets du comité des finances & du tréfor qui lui correfpond, & fur le champ une commiffion intelligente pour vérifier l'état des choses.

» On rétablira le tribunal de la prévôté, dont le coquin de Papillon ne fera point le chef. Cet officier nouveau pour la charge, & non pour le nom, fous celui de grand-prévôt de l'hôtel, pourfuivra & exécutera brièvement tous les criminels révoltés contro le nouvel ordre.

Tous les clubs feront maftiqués. Les cafetiers demeurant refponfables des propos qui feront tenus chez eux, s'ils ne menacent pas de la garde les imprudens difcoureurs. Défenfes foient faites de politiquer dans ces tanières.

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Tous les fpectacles de nouvelle date, fupprimés; & parmi ceux des boulevards, ceux qui auront donné dans l'efprit de la tévolution. Peut-être faut-il, à cet égard, tout remettre fur l'ancien pied, pour épargner de l'embarras à la police.

Voilà Paris bien trifte, mais tranquille : comment rétablic l'ordre précaire dans le refte du royaume?

"Le roi doit déclarer que, forcé de monter à cheval pour aller au-devant des ennemis que l'affemblée a fufcités à la France, fe confiant dans la fidélité des fections dont il a éprouvé les effets, il remet la ville à fa propre garde, ayant lieu de croire qu'elle voudra bien s'entendre avec les magiftrats prudens qu'elle a reçus de lui, les circonftances n'ayant pas permis de procéder par voie d'élection,

"Des ordres fufpenfifs annonceront à tous les départemens que le roi ayant été obligé de diffoudre l'affemblée, on doit s'abstenir de l'exécution des décrets émanés d'elle, & fimplement veiller à la sûreté, tranquillité du peuple, à la perception des impôts, dont la maffe demeureroit dans le tréfor du département, jufqu'à nouvel ordre.

» Ceci fuppofe qu'on prendra un parti prompt pour imaginer le moyen de faire revenir le fang dans le coeur, d'où il s'écoule par 140,000 veines, fans compter les artères,

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Cependant, il fera ordonné aux départemens de fournir, avant toute autre dépenfe, à celle qu'exige l'entretien des prêtres & des religieux des deux fexes, non-affermentés,

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Le roi déclarera que décidé à ne pas retourner qu'il n'ait éloigné de nous les dangers qui nous preffent, ils s'occupera à rétablir l'ordre par-tout où il le trouvera violé, chargeant les administrateurs en place de le maintenir par-tout où ils ont été établis, fous peine de la refponfabilité.

"Ah! fi le roi pouvoit trouver par toute la France des com→ millaires honnêtes & défintére és comme j'en connois pour ici,

un ordre figné Louis, & contrefigné Laporte, lui mettroit les trois quarts de fes fujets dans les mains. Maís qui lui indiquera par-tout des Tujets fermes, honnêtes, intelligens, & tout-a-la-fois eftimés du peuple? Dans une partie du royaume, ces gens là ont été forcés d'émigrer, quand, au milieu de la race moutonnière de Champagne, ils ont pu lever en tout temps la tête, & dire; Je fuis pour Dieu & le roi, contre tous. Où il y a de dangereux réformés, cela n'a pas été poffible.

"Il faut donc, faute de mieux, laiffer tout entre les mains des coquins de départemens & de districts, jufqu'à ce que le roi, armé de toute fa puiffance, reprenne un autre son, avec affurance de le foutenir.

"Tous paiemens feront fufpendus, hors ceux qui regardent l'entretien des troupes qui auront repris la cocarde blanche à la promulgation de l'ordre."

»Toute troupe, toute place qui n'aura pas reconnu les ordres, déclarées rébelles, &c.

» L'entretien des maréchaudées fuit de droit.

"Les fecours aux hôpitaux pareillement.

» Il faut au roi deux fecrétaires d'état; un pour sa maison, Paris & l'intérieur;

» Le fecond pour le militaire & l'étranger.

"Le roi partira de Paris avec fa garde, fes fuiffes & le premier régiment de dragons qui fera à fa portée, fix pièces de petits canons de campagne : il marchera vers les frontières, fe tenant à diftance égale de Paris, des étrangers & des émigrés.

"Les émigrés entreront dans les places de guerre, & juftice y fera faite des régimens dont la conduite fera jugée par confeil de guerre. Tous les corps volant les caifles, mutinés contre leur état-major, feront caflés.

"La France feroit couverte de brigands, fi la gendarmerie émigrée, fubfiftante en pied, n'étoit pas répandue dans tout le royaume pour veiller à leur défarmement & donner main - forte à la maréchauffée.

» Cela fait, l'Allemagne, le Nord & l'Italie avec l'Espagne, renvoyés chez eux.

Le roi revient à Paris, rappelle les parlemens, forme fon miniftère, fon confeil, puis l'affemblée du parlement & l'arrêt en robe rouge qui annulle tous les décrets en préfence de l'affemblée des trois ordres repréfentés : la nobleffe par les princes, ducs & pairs, maréchaux de France, le clergé par les évêques, le peuple par un député de chaque département, choifi par le département même, fans pouvoir être ni avoir été compris, ni dans les députations à l'aflemblée, ni dans le corps de diftrict & département, homme repréfentant la propriété, néceffairement attaché à la glèbe, vivant à la campagne & non dans les villes, & pris depuis l'âge de cinquante ans & au-deffus. A la fuite de cet arrêt du parlement, cette cour, recrutée d'un député magiftrat de chacun de ceux de province & d'un chevalier choifi par eux, prêtera au roi ferment de fidélité, & acceptera, au nom de la nation, l'excellent réglement propofé par Louis XVI, le 5 juin, dans fon lit de juftice, & lui fera prêté nouveau ferment d'inviolabilité, fidélité.

» Comme ma pauvre tête travaille!

Le roi alors rétablisa fon confeil; mais je ne lui confeillerai

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jamais de fuivre le tableau des maîtres des requêtes, pour donner
des intendans à fes provinces, à moins qu'on ne faffe ces mef-
fieurs eunuques de corps comme ils l'étoient des autres facultés,
avant de les départir.

" y avoit quatre pages de l'almanach bien effrayantes pour les
provinces. Ces enfans du luxe ne pouvoient y apporter que l'ef-
prit de diffipation & le mauvais exemple. Au diable la race des
fermiers-généraux & receveurs-généraux des finances. Il faut un
autre plan: j'en avertis.

» Adieu, adieu. J'ai reçu tout ce que vous m'avez envoyé,
même votre bonne lettre du 7: mais mon quatrième mois ?
"Je vous embraffe fous les frimats du 7 mai».

La fuite à l'ordinaire prochain.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Suite de la féance pe manente, du 10 août 1792.

Jeudi 13, à dix heures du matin. On a fait le rapport de la demande faite pour M. Beaurepaire, commandant de Verdun, des honneurs du Panthéon. L'affemblée a décrété qu'ils Jui étoient accordés ; que fa veuve conferveroit la penfion dont il jouiffoit pour quarante ans de fervice, & que le préfident lui écriroit au nom de l'affemblée.

M. Dumas, au nom du comité militaire, a fait décréter les difpofitions fuivantes :

«Le minire de la guerre indiquera des cantonnemens aux bataillons de volontaires qui ne font pas encore armés, & ils n'en fortiront que d'après les ordres des généraux.

» Les bataillons non armés ne fortiront de leurs départemens que d'après les ordres du pouvoir exécutif.

»Les gardes nationaux qui voudront s'engager dans les troupes de ligne recevront 30 liv. par chaque année de leur rengagement. Ces gardes nationaux recevront trois fous par lieue jufqu'au régiment qu'ils auront choifi, & lorfqu'ils y feront arrivés, ils recevront leur décompte de leur paie à dater du jour où ils auront quitté leurs bataillons de volontaires ».

La lecture des adreffes, la réception des offrandes, &c. Différentes pétitions ont occupé l'affemblée pendant quelques heures.

Un juge de paix de la fection de 1792 a adreffé à

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