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Aussi-tôt il saute de cheval comme un furieux, tenant son épée d'une main, et de l'autre un pistolet, fond sur ce pauvre garçon, le frappe, en jurant Sacré gueux f...tu gredin! qui te fait chanter ainsi? Il faut que je te tue!.... Le malheureux, demi-mort, tombe à ses genoux, lui demande la vie, et proteste qu'il n'a jamais eu dessein de l'offenser. Eh bien! je te fais grace, dit M. l'officier un peu plus tranquille qu'auparavant; mais il faut qu'à l'instant tu baises mon... derrière et celui de mon cheval... O ciel! le pauvre et malheureux paysan est forcé d'obéir.

Votre serviteur, un de vos Abonnés.

Nouvelles de Rennes.

LE 27 janvier dernier, après plusieurs assemblées, les nobles Bretons se sont décidés à prêter le serment de fidélité à la loi, à la nation et au roi. Ce même jour, nous mande-t-on de Rennes, il y avoit une grande assemblée à la Ville, où ces Messieurs se sont rendus au nombre de cinquante-sept; ils ont prêté le serment et rétracté celui de Saint-Brieux.

On assure qu'ils ont été fort maltraités par des brigands brûleurs de châteaux et d'archives; que cependant les seigneurs qui étoient connus pour faire du bien à leurs vassaux n'ont rien souffert.

Néanmoins, quoique les amis du bien dussent s'attendre à voir la chambre des vacations enregistrer sans difficultés les décrets de l'assemblée, ils ont vu avec peine que cette chambre s'est retirée le vendredi 28, sans en avoir rien fait, et qu'au contraire elle a improuvé la conduite des nobles qui avoient prêté le serment, et ont pris un arrêté en conséquence.

Les officiers de la municipalité, pour obvier aux troubles, ont fait poser deux sentinelles à la porte de chacun de MM. les conscillers, une de la garnison et une de la bourgeoisie on cherche tous les moyens de conciliation, et on a envoyé des troupes pour arrêter les brigands brûleurs de châteaux.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du jeudi 4.

M. Dupont a continué le rapport de la division du royaume au lieu de M. Gossin. On a fixé la division des départemens du Haut-Maine, du Bas-Maine, de Bigorre et de Bas-Berry. Cette opération a été interrompue par la lecture d'un billet du roi, portapt : « Je préviens M. le président que mon dessein est de me rendre ce matin à l'assemblée; je compte m'y rendre vers midi, Certe lecture a et je veux y être sans cérémonie ». excité les plus vifs applaudissemens; il a été arrêté que M. le président porteroit seul la parole en présence du

roi.

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Tous les préparatifs pour recevoir sa majesté ont consisté à jetter sur le fauteuil du président un tapis de velours cramoisi, parsemé de fleurs-de-lis d'or, et à placer du côté droit une chaise pour le président.

Sa majesté est entrée en conversant avec quelques membres de la députation qui avoient été le recevoir, et suivie de M. Necker et de M. le garde-des-sceaux.

Après le discours que nous avons rapporté dans le dernier numéro, l'assemblée a prononcé le serment civique, ainsi que nous l'avons rapporté. Nous avions omis que M. l'abbé de Montesquiou avoît ajouté à son serment ces mots: « Je promets de donner l'exemple d'oublier toutes divisions, s'il est vrai qu'il en ait existé de réclles dans l'assemblée »>.

M. l'évêque de Perpignan a voulu apposer des restrictions à son serment; mais, interpellé par le président, il a juré purement et simplement.

Séance du vendredi. M. le président a rendu compte des députations envoyées au roi et à la reine.

Parmi les dons patriotiques, on a remarqué celui de M. le Sage, chimiste célebre, qui a offert son cabinet de métallurgie qu'il se charge de compléter à ses frais; ce qui formera au total un objet de soixante mille livres Après quelques décrets sur la nouvelle division du royaume, M. Treilhard a fait une motion relative aux biens du clergé, sur laquelle M Freteau a proposé un Ga

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amendement; et il a été décrété que, dans le délai d'un mois, à compter de la publication du présent dé cret, chaque ecclésiastique sera tenu de déclarer devant le juge royal ou la municipalité la plus voisine des lieux où il se trouvera, le nombre et le nom des bénéfices dont il est titulaire, les pensions dont il jouit, soit sur d'autres bénéfices, sur les économats ou autres bicns ecclésiastiques quelconques, à peine de déchéance desdits bénéfices et pensions; ce qui aura lieu tant pour les chevaliers de Malte que pour les chevaliers des autres ordres habiles à posséder des bénéfices, et scront, le juge royal ou la municipalité qui auront reçu les déclarations, tenus de les faire passer au comité des finances, auquel les ecclésiastiques, membres de l'assemblée nationale, peuvent faire directement leur déclaration.

Il a été également décrété sur la motion de M. Treilhard que, dans toutes les municipalités où il y auroit deux maisons religieuses du même ordre, il en seroit supprimé une, deux où il y en auroit trois, trois où il y en auroit quatre; que la ville de Paris déclareroit dans huitaine, et les assemblées de département, aussi-tôt leur formation, quelles maisons elles veulent conserver.

Il a été ajouté quinze nouveaux membres au comité ccclésiastique,

Séance du samedi matin. MM. Gossin, Duport et de Cernon, ont continué le rapport de la division du royaume. Il a été rendu divers décrets.

M. le président a ensuite proclamé les membres du comité de liquidation de l'arriéré des départemens.

MM. d'Entragues, le vicomte de Mirabeau, de Chaillione et de Bouville, ont fait, par lettres adressées au président, des observations sur le serment civique qu'ils n'avoient pas prété pour cause d'indisposition. L'assemblée a décidé que, sans s'occuper des opinions de ces particuliers, elle passeroit à l'ordre du jour.

M. le Brun a fait un rapport sur les réductions à faire dans les départemens du ministère. M. Camus a demandé Timpression des états détaillés arrêtés par le comité de finance. M. Dupont a fait une motion pour qu'on s'occupât des moyens de remplacer les impôts indirects qui ne se perçoivent qu'avec beaucoup de difficultés, et qu'à cet effet on travaillat à fixer d'une manière constitutionmelle le sort du clergé

Cette motion a été appuyée par M. de Roederer;

celle de M. Camus a été ajournée; et, sur celle de M. Dupont, on a rendu le décret suivant:

<< l'assemblée nationale décrète que le comité ecclésiastique lui présentera incessamment le plan de constitution et d'organisation du clergé, et ses vues sur le traitement des titulaires actuels ».

Il a été décidé qu'il y auroit séance le lendemain dimanche.

Séance du samedi soir. Parmi les dons patriotiques, on à remarqué ceux des boursiers du collège de Louisle-Grand, montant à 900 livres; des pensionnaires du collège du Plessis, montant à 1330 liv.; des étudians du collége d'Harcourt, montant à 1334 livres; des élèves de M. Patris, montant à 245 livres.

Les volontaires de la Bastille ont offert en den patriotique ladernière pierre du dernier cachot de cette forteresse. Les officiers du Châtelet ont été admis à prêter le serment civique.

On s'est occupé du délit de la seconde chambre des vacations du parlement de Rennes; il a été décrété, sur la motion de M. Chapelier, que, « dans le moment où le roi est venu se réunir si intimement aux représentans de la nation, l'assemblée ne vouloit se rappeller que les sentimens patriotiques de tous les Français; mais qu'attendu que les ci-devant juges appellés pour composer la scconde chambre des vacations de Rennes ont résisté à la souveraineté de la nation et aux ordres du roi, ils ne pourront être admis à exercer les droits de citoyens actifs, que lorsque, sur leur requête présentée au corps législatif, ils auront été relevés de l'incapacité qu'ils ont

encourue ».

M. Meunier a fait le rapport de la commune de Ris, qui, s'étant trouvée partagée sur le lieu où elle devoit s'assembler, a nommé deux municipalités; l'assemblée a renvoyé cette affaire au pouvoir exé utif, pour, sur une nouvelle convocation qui se tiendra dans l'église à défaut d'hôtel-de-ville, procéder à l'élection d'une nouvelle municipalité.

M. Feydel a rendu compte d'une insurrection qui a eu lieu dans le Quercy. Sur les cbservations de MM. l'abbé Grégoire et Dumetz, l'assemblée a désiré connoître plus particulièrement le détail de cette affaire, qui a été renvovée au comité des rapports.

Séance du dimanche. Cette séance étant principalement

destinée à accélérer le travail de la division du royaume,
l'assemblée a décrété la division du département de Bor-
deaux, du département du Soissonnois et Laonnois; du
département de Beauvais, du Vivarais, et de la haute
Provence.

Après ce travail, on a proclamé les nouveaux membres
adjoints au comité ecclésiastique.

M. Voidel, député de Sarguemine, a fait un rapport concernant un jeune homme de Nancy, qui a mis en danger les jours de son père, lequel est déja détenu en vertu d'un ordre du procureur général du parlement de Nancy, d'après une délibération des parens. M. Chapelier a dit que la famille f'assemblée ne devoit pas s'occuper de cette affaire; il pouvant s'adresser aux juges, a demandé la question préalable, qui a été appuyée par M. le comte de Mirabeau et le duc d'Aiguillon. La question préalable a été mise aux voix et adoptéc.

M. de la Merville a fait un rapport très-intéressant, au nom du comité d'agriculture, sur les desséchemens des marais; il a proposé un projet de décret en douze articles, sur lequel il n'a pour le moment été rien statué.

Séance du lundi. M. le président a lu une lettre de M. Bailly, qui annonce que la commune de Paris a arrêté de faire chanter, dimanche prochain 14, un Te Deum cn réglise de Notre-Dame, et d'envoyer une députation à l'assemblée, pour l'inviter à se trouver à cette cérémonie. Il a été décidé, sur cette invitation, que tous les membres se rendroient à Notre-Dame.

M. Gossin a fait ensuite le rapport de la division de l'Artois et du département de Béarn; M. de Cernon a rapporté la division du département de l'Agénois.

'On s'est occupé d'une motion de M. Loys, tendante à exclure les condamnés des droits de citoyens actifs.

« Ces droits sont trop précieux, a dit M. Garat aîné pour qu'ils soient exercés par un homme frappé d'un décret de justice, et vous conserverez sans doute cette gradation des décrets consacrée par nos ordonnances >>. MM. Pethion et Desmeunier ont démontré que ces décrets n'étoient que des jugemens préparatoires; ils ont demandé l'ajournement de la question. M. Target a proposé le renvoi au comité de constitution.

M. Goupillan a demandé que ceux qui n'avoient pas prêté le serment civique fussent tenus de s'abstenir de

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