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qui défendent l'entrée du goife. Le 7, à la pointe du jour, les ennemis attaquerent les navires échoués, la veille, au Nord de la ville de Patras. Ils chafferent, avec leurs canons chargés à boulets & à mitrailles, les Dulcignotes qui les montoient, armerent enfuite leurs chaloupes & canots, enleverent de ces bâtimens les provifions de bou che & les attirails de guerre, & y mirent le feu, qui en confuma 14. Quatre autres qui étoient vis-à-vis la douane de Patras, furent brûlés qar le Gouverneur de la ville,qui voulut, par cet acte de condescendance ou de foumission, fauver la ville du canon ennemi qui auroit pu y faire de grands ravages. Le lendemain, le Général Creigh fignala fa victoire en faluant Patras de 416 coups de canon en 3 faluts fans boulets; après quoi, les Ruffes difparurent, traînant les pavillons tures fufpendus au beaupré de leurs bâtimens, & firent route vers Zante, où ils ont été vus à l'ancre, le 27 Novembre dernier. La perte des Ruffes eft très-légere. Celle des Turcs a été confidérable. On présu• me que l'artillerie de l'efcadre en a tué un grand nombre, tandis qu'ils fuyoient de leur bord. Les bâtimens turs avoient 2 mille 500 hommes & confiftoient en 10 gros navires marchands ragufiens, achetés par le Grand-Seigneur & armés en guerre, 2 chebecs de 18 canons & 14 polacres & barques, dont les moindres portoient to ca nons; en tout 26 bâtimens.

GENES (le 3 Janvier. ) On fit, le 15 du mois dernier, felon l'ufage, l'extraction de cinq nouveaux Sénateurs qui font entrés en charge le 1er. de ce mois. Le fort est tombé fur les nobles Jean-François Spinola, Jean-Baptifte Centurione, Jean-Ambroife Croffa, Jean-Baptifte Raggio & André Cambiafo; les trois premiers avec le titre & les deux autres avec celui de

de Gouverneurs,

Procureurs.

Le 21, Jean-Baptifte Cambiafo, Doge de la république, mourut dans fa 62me. année. Il fut expofé, le lendemain, aux yeux du public, fur un lit de parade, dans une falle du palais tendue en noir, & l'on célébra, le 26, fes obfeques folemnelles dans l'églife métropolitaine. Tous les corps de la ville furent invités à cette cérémonie. Il fut en

terré, la nuit du même jour, dans l'églife des Théatins. On ne procédera à l'élection d'un nouveau Doge qu'après la fête des Rois.

Les finances de Parme font dans un état qui a obligé les Fermiers qui s'en font chargés, à recourir à un emprunt de 60 mille fequins, pour fatisfaire à leurs engagemens ; ils viennent de l'ouvrir ici, & ils ont engagé leurs propres biens pour la sûreté des prêteurs.

LIVOURNE ( le 6 Janvier. ) Il eft certain que l'état de Parme s'eft trouvé dans une grande. difette de grains, & que l'Infant-Duc en peut être regardé comme le fauveur par l'attention cha ritable qu'il a eue de fournir de groffes fommes de fa propre caiffe pour en faire venir de l'étranger.. Ce Prince eft continuellement occupé avec le Comte Sacco, à former de nouveaux plans, d'adminiftration, qui feront mis en exécution dans le cours de ce mois. Ce nouveau Miniftre a déjà fait dans les finances une épargne de 3 mille fequins: par an. On préfume que l'infant-Duc ne fera pas longtems fans rentrer dans les bonnes graces du Roi Catholique.

Plufieurs lettres de Rome portent qu'un grand Monarque a requis le Pape de lui céder la ville: de Ferrare, & de lui fournir une certaine quantité de fourage pour fes troupes. Ces lettres ajou tent que, fi cette demande a quelque fondement il eft plus que vraisemblable que cette puiffance eft d'intention, comme on l'a déjà dit, de faire paffer un corps considérable de ses troupes en Ita lie.

ESPAGNE.

MADRID (le 5 Janvier. ) Le Roi vient d'accorder au Colonel O-Reilly le gouvernement de

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Monjuinch à Barcelone, & la place de SergentMajor de Valence à Don François Fogaza.

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S. M. a auffi élevé au grade de Sous-brigadier dans la compagnie efpagnole des Gardes-du-Corps, le Sr. Infanzon; à celui de Premier Aide-Major au régiment des Gardes-Walonnes, infanterie le Sr. Dufmet; à celui de Capitaine au régiment d'Eftramadure, infanterie, le Sr. Eftevan, & au' même grade, au régiment de Bruxelles, le Sr.: Ruffy.

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S. M. vient de donner une preuve éclatante de Ta juftice & de fon amour de l'ordre. Un Cavalier avoit arrêté à un quart de leue du camp deux déferteurs du efpagnol devant Gibraltar régiment Suiffe Dunant de St. Gall, & il exigeoit pour cela une certaine somme du Lieutenant-Colonel de ce régiment. Celui-ci ayant réfufé de la payer, Don Joachin Mendoza Pacheco, Feld-Maréchal & Général-Commandant de ce Camp, l'a fait mettre aux arrêts au Fort St. Philippe. Ce Général, après l'avoir fait élargir, a appris, par cet Officier même, qu'il en avoit écrit à fon Colonel à Madrid: il lui a donné les arrêts de nouveau en lui ordonnant de payer; ce qu'il a fait; mais il

déclaré à D. Mendoza-Pacheco qu'il avoit porté directement fes plaintes à S. M., & demandé fa démiffion. Là-deffus il a été renfermé plus étroirement au Fort de Ste. Barbe, jufqu'à ce qu'on eut reçu la réponse de la cour. Elle eft arrivée; S. M. a ordonné d'élargir cet Officier, de lui rendre fon argent, & n'a pas voulu recevoir la démiffion d'un homme qui n'avoit fait que remplir fon devoir : on croit même qu'il aura bientôt de l'avancement.

CADIX (le 5 Janvier.) On apprend, par des lettres de Mogador, du 17 du mois dernier que l'Empereur, en accordant fa protection aux

Facteurs de la compagnie génoife, ne les exemp te point des droits auxquels font foumis les autres négocians, & qu'il n'a point égard aux fom. mes qu'ils débourfent chaque jour, pour l'entretien des ouvriers qu'ils ont fait venir pour lui. Le Sr. Lugy, Conful d'Angleterre, eft de retour à Mogador, du voyage qu'il avoit fait à Maroc; il ne lui a pas été poffible d'obtenir la permiffion de faire fa réfidence à Tétuan, ni même de voir l'Empereur. Il compte fe rembarquer pour Gibraltar & fe rendre de-là à Londres. Ces mêmes lettres ajoutent que ce Prince a permis à tous les négocians chrétiens de retourner à Sainte-Croix pour y recueillir les fommes qui leur font dues par les habitans de ce port, & d'y réfider jufqu'au mois de Janvier prochain. Ils pourront, dans l'intervalle, exporter les marchandifes qui leur feront don nées en paiement; mais après ce terme, aucun navire n'y fera admis.

La cour de Madrid a dépêché ici un exprès qui à apporté la nouvelle de l'heureufe arrivée à la Vera-Cruz de la flotte marchande efpagnole qui étoit partie de cette baye, le 29 Mai dernier, fous le commandement du Sr. de Cordova, chef d'efca dre. Cette nouvelle a fait d'autant plus de plaifir aux négocians de cette ville, qu'ils étoient alarmés fur le fort de cette flotte, à caufe des ouragans qui ont régné fur ces mers. Huit jours après, il eft arrivé au même port un bâtiment anglois qui y a débarqué l'équipage & les paffagers des deux galions le Bon-Confeil & le Pruffien, qui ont eu le malheur de périr fur les ifles des Anguilles, & une partie des effets qu'on a pu fauver de la cargaifon de ces deux vaiffeaux.

CARTAGENE ( le 27 Décembre. ) Les deux frégates de S. M. Cath. la Sainte-Luce & la SainteTherefe, commandées par le Sr. de Manfo & d'Ol

midilla, appareillerent le 11 de ce mois, de ce port; elles viennent de Cadix, où elles ont chargé une partie de l'artillerie deftinée au fervice des vaiffeaux de cet arfenal, & 200 mille piaftres fortes, qu'elles doivent tranfporter inceffamment à Naples, avec divers oifeaux de l'Amérique, pour S. M. Sicilienne.

Les 4 chebecs de ce département, qui étoient. dans cet arfenal, ont paffé,le 12, en rade on affure qu'il vont à Barcelone, où le Sr. Barcelo leur a donné rendez-vous pour les incorporer à fa divifion.

PORTUGAL.

LISBONNE (le 4 Janvier.) Le 15 du mois dernier, LL. MM. revinrent de Pancas en cette capitale.

Les troupes deftinées à aller rétablir la tranquillité au Bréfil font prêtes à s'embarquer, & l'on fe flatte qu'elles parviendront facilement à faire rentrer dans le devoir les Négres, & le natifs rébelles, Plufieurs navires, tant efpagnols que pore tugais, arrivés ces jours-ci de l'Amérique, ont confirmé la fâcheufe nouvelle qu'on a apprise précédemment; en ajoûtant que de nombreux corps de troupes indiennes arrivoient fucceffivement du pays des Amazones, pour renforcer leurs compatriotes.

La réforme que le Marquis de Pombal vient d'établir avec tant de fuccès dans l'université de Coïmbre, & qui a été célébrée ici par plufieurs pieces de vers françois, fera, fans doute, l'heureufe époque de la renaiffance des lettres & des fciences dans ce royaume, Selon les nouveaux ftatuts, les étudians en droit ou en théologie, ne pourront être admis au doctorat, qu'après avoir Tubi un rigoureux examen fur les langues latine & grecque, & l'on exige même de ces derniers

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