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tuité une grand'meffe folemnelle pour fa con fervation, & une meffe de Requiem après fa mort.

La chambre du commerce de Nantes, pour donner une fuite plus étendue aux fêtes que Mgr. le comte d'Artois a bien voulu accepter de fa part, vient de former le projet d'en fonder une qui fera célébrée à perpétuité, le 24 Mai de chaque année, fous le titre de la Rofiere d'Artois. On y mariera une fille pauvre 2 mais reconnue pour fage & vertueufe, à laquelle on donnera une dot de 4 à 500 livres. Le choix de cette fille a été remis unanimement à la dame Drouin, femme d'un commerçant de cette ville; & après fa mort, les juges du confulat feront re vêtus de cet honorable emploi:

La fête de la rofiere a été célébrée le 8 Juin

à Salency, avec les cérémonies accoûtumées 2 dont l'intérêt a été augmenté par la préfence du maréchal de Broglie, de la maréchale, fon époufe, de toute leur famille, & de leur niece, la jeune comteffe de Lamet. Le comte de Revel, fecond fils du maréchal, & la comteffe de Lamet ont donné la main à la rofiere, & l'ont conduite proceffionnellement à la chapelle de St. Médard, où elle a reçu, des mains de l'abbé de Sineti, vicaire-général de Noyon, le prix de fa vertu. Ils l'ont ramenée enfuite à l'églife, où le Te Deum a été chanté, de-là à la cérémonie des hommages, & enfin chez le prieur-curéde Salency, qui leur a fait fervir une collation, dont le maréchal & la maréchale de Broglie ont fait les honneurs. Les nombreux témoins de cette fête n'ont pu voir fans attendriffement un défenfeur diftingué de la patrie fe rendre l'égal. d'une affemblée de gens de la campagne, affigner la premiere place de la table à la Rofiere, marquer celle de la vertueufe mere de cette fille à côté de la maréchale, & après avoir distribué

les rangs, fe mettre lui-même au dernier, & côté du bon vieillard perè de la fiile couronnée, & donner ainfi plus d'éclat à la vertu, en lui fubordonnant ce que les conventions de la. fociété ont mis au premier rang dans la diftri-bution des honneurs & de la confidération.

Après la colation, la famille du maréchal fe fit in honneur de danfer avec la rofiere, que ce guerrier a particulierement comblée de bienfaits.

On annonce dans le corps des gardes-françoifes un changement confidérable; quoiqu'il ne tranfpire rien du travail qui fe fait fur cet objet, le public croit fçavoir que ce régiment, créé par Charles IX en 1563, & donc la compofition a fort varié, fera réduit de 36 compagnies à 24: plus fortes en hommes,. & de 6 bataillons à 4;. que les capitaines réformés refteront capitaines. en fecond, & qu'à l'avenir il en fera comme dans. la nouvelle formation des gardes du corps, pour qu'aucun officier général ne refte attaché à ce régiment:

Le bruit fe répand' que les gendarmes de la garde & les chevaux-legers vont être rétablis. Dans un de nos ports où il fe trouvoit des navires anglois & anglo-américains, les matelots anglois ayant cherché querelle à ceux d'Amérique, ils en vinrent aux mains, & les derniers fe trouvant plus foibles que leurs agreffeurs, des matelots françois emportés par un mouvement d'humanité, voulurent appaiser le combat, ce qui ne fit que l'animer au point de le rendre fanglant ; & pour le terminer, on fut obligé de mettre les uns & les autres en prifon.

Il paffe pour certain que l'ambaffadeur d'Angleterre a porté des plaintes au miniftereà ce sujet.

Depuis qu'on a adopté à la cour les portraits en bufte, dont la reffemblance eft d'autant plus frappante, qu'on y met des yeux, qui imitent

parfaitement les naturels, & qui fe font par l'é mailleur Auzou, cette mode a gagné la ville. L'empereur même a bien voulu le prêter à ce qu'on fît ainfi fon buste pour la reine. Des artiftes, admirant la tête mâle & forte de M. Franklin, veulent auffi le faire connoître à l'Europe, & vont fans ceffe le folliciter à cet effet à Paffy, où il réfide plus qu'à Paris. Comme cet illuftre Américain l'eft autant par fa fcience, fes écrits, & fes découvertes fur l'électricité, que par les fervices qu'il rend à fa patrie, on a mis ces vers, d'un efprit républicain, au bas de fon portrait :

Le voila ce mortel dont la rare induftrie
Au tonnerre impofa des loix.

Il est beau d'affervir la nature au génie:
Il eft plus beau de triompher des rois.

On a enfin découvert ce qu'eft devenu M. François de Neufchâteau. Il a écrit qu'en fortant du logis pour aller à l'églife contracter un fe-cond mariage, il s'eft fenti tellement pénétré du fouvenir de fa défunte femme, qu'il a fondu en larmes, & qu'il s'eft vu hors d'état de fe préfenter à la future. Cette déclaration, jointe à la fignature du contrat, ne peut manquer de lui attirer un procès: la Dlle., à qui il a fait une espece d'affront, exigera, fans doute, une réparation.

Une vieille femme qui ne vivoit que d'aumônes, eft morte ici, à l'âge de 65 ans. On a trouvé dans fa chambre 20 mille francs en or, qu'elle avoit cachés dans des pots en différens endroits. On dit que lorfque les charités de fes voifins ne fournifloient pas à sa subsistance elle paffoit quelquefois deux jours fans manger, plutôt que d'entamer fon tréfor.

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Pour encherir fur ce trait d'avarice on en cite un autre d'une espece particuliere. Un riche vieillard, qui vient de mourir,avoit coûtume, lorsqu'il

avoit une longue course à faire, d'emprunter les fouliers de fes gens, afin de menager les fiens. Un redoublement d'avarice lui ayant fuggéré l'idée de renvoyer fes domeftiques, il vendit tous fes habits de livrée, & ne garda qu'une manche, qu'il fe paffoit au bras toutes les fois qu'il vouloit jetter de l'eau par la fenetre, afin que fes voifins ne s'apperçuffent point des viles fonctions qu'il exerçoit de main de maître. Pour rendre plus croyables des faits de ce genre, il faudroit au moins en nommer les auteurs.

Une jeune femme que fon mari avoit favorifée d'une dot de 100 mille liv., a eu la foibleffe de s'enfuir en Ruffie avec fon amant, après avoir pris la précaution de voler à fon malheureux époux une cinquantaine de mille livres. Jufqu'à ce moment cette femme avoit donné l'exemple d'une conduite très-réglée; & c'eft dans l'accès d'une paffion qu'elle ne pouvoit ailément fatisfaire, qu'elle a pris le coupable parti de violer en même tems & la foi conjugale & la probité fociale. Dans un pays où le divorce auroit été permis, le mari nauroit perdu que fa fem& non les 50 mille liv.; de plus, il auroit pu fe confoler de cette premiere perte, par un nouveau mariage.

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Il s'eft répandu une autre anecdote dont le motif eft le même, mais qui auroit pu devenir tragique; c'eft ainfi qu'on la raconte. « Une fem me avoit une intrigue, & tout fon defir étoit d'épouser fon amant; pour cela il falloit fe défaire de fon mari, qui occupe une bonne place dans la finance. Elle s'adreffa, en conféquence, à un foldat, & promit de lui donner 50 louis, lorfque l'ayant débaraffée de ce mari incommode, il lui rapporteroit fa boucle de col, fa tabatiere & fa canne; le foldat feint d'acquiefcer à tout, & va attendre l'époux, qui foupoit chez un de fes amis;

1.

en l'abordant,il lui dit qu'il eft chargé de l'affaffiner, mais que, fort éloigné de se prêter à une action auffi abominable, il eft venu l'avertir du danger qui le menace. Après que le mari, fort épouvanté, eut repris fes fens,& qu'il eut entendu l'hiftoire de ce noir complot, il promet au foldat les 50 louis, s'il veut le fervir, lui donne fa boucle, fa canne lui dit de les porter à fa femme, & qu'il va marcher fur fes pas pour fe convaincre de la vérité de fon rapport. A peine la femme voit les indices convenus qu'elle vole à fon fecrétaire pour y prendre la fomme promife; elle fe retourne; & au lieu du foldat,elle voit fon mari accompagné d'officiers de police, qu'il avoit eu le tems de faire avertir; ils se faififfent d'elle, & on l'a renfermée dans une maison de force».

Un orfevre de cette capitale, rentrant chez lui, le 23 du mois dernier, prit une bouteille d'eau régale pour de l'eau de riviere; il en mêla avec du vin qu'il but; il eft mort le même jour, à minuit, après avoir éprouvé les douleurs les plus violentes. L'eau régale eft une liqueur compofée d'efprit de nitre & d'efprit de fel, dont on fe fert pour diffoudre l'or.

L'hiftoire de Bury Defrues vient de paroître. Ce fcélérat, chargé des plus abominables forfaits, a confervé jufqu'au dernier foupir cette tranquillité que donne le témoignage d'une bonne confcience; auffi l'auteur de fon hiftoire a-t-il choifi pour épigraphe ces deux vers:

A force de forfaits il étoit parvenu

A la tranquillité que donne la vertu.

Cette hiftoire, qui eft bien écrite, eft vraiment Curieufe.

On fait voir fur les boulevards une Négreffe

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