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OUATRIÈME ANNÉ E

DE LA LIBERTÉ FRANÇAISE.

TREIZIÈME TRIMESTRE

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LE voilà donc enfin rendu ce décret, ou plutôt cette dé

claration néceffaire, urgente, indifpenfable, qui convoque les affemblées primaires, & les invite à former une prompte convention nationale. Le voilà rendu, & déjà l'avenir le plus confolant fe préfente à l'efprit de tous les amis de la liberté. Qu'il eft beau le temps où nous vivons! qu'elles feront plus belles encore les deftinées que No. 163. Tome 13.

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nous préparons à nos neveux! Heureufe France! tu vas devenir la mère-patrie de l'univers, le berceau du monde, l'école du genre-humain. Salut, ô ma patrie! falut; depuis le 10 mai tu mérites d'être faluée par des hommes. Avant cette époque, le mot patrie étoit un vain mot la liberté une chimère; nous n'étions que les vils efclaves du plus diffimulé des tyrans, & nous ne fommes libres que parce que le monftre eft enchaîné. C'est à nous d'ufer avec précaution de la liberté qui nous eft rendue; que l'énergie 'nationale ne s'éteigne plus, que la fervile confiance ne vienne plus remplacer un ardent civisme; la France eft debout, qu'elle y refté: l'augufte liberté veut qu'on foit levé devant elle.

Jufqu'à ce jour la maffe des Français n'avoit eu que l'inftinct de la liberté, mais la France n'avoit pas d'efprit public. Les hommes vouloient bien être magiftrats, adminiftrateurs, repréfentans du peuple; mais nul ne favoit être citoyen; & c'eft là ce qu'il faut favoir quand on veut conferver la liberté. Il n'eft pas difficile de trouver des législateurs & des guerriers, l'amour de la gloire en produit autant que l'amour de la patrie; mais des citoyens, des citoyens qui n'ont à exercer que des vertus obfcures. .... l'amour de la patrie feule peut en former. C'est principalement de ces fortes de vertus que nous allons parler ici, c'eft-à-dire, des difpofitions-intérieurés, & de la confcience civique que chaque individu doit apporter dans les affemblées primaires. D'abord, il y faut être affidu; chaque citoyen doit avoir la conviction intime que fon fuffrage, quel qu'il foit, peut influer fur le fort de la patrie. L'honorable indigence avoit été repouffée des aflemblées par des législateurs corrompus, elle y eft appelée aujourd'hui; mais cette réconciliation des citoyens paffifs avec les citoyens actifs impofe à ces derniers un devoir terrible, celui de réparer, par les avantages d'une confidération méritée, tous les torts qu'ils ont fait effuyer à leurs frères en acceptant une loi atroce qui les diftinguoit d'eux, & qui avoit, pour ainfi dire créé deux classes d'hommes en France.

Ces torts réparés, tous les citoyens confondus dans les étreintes de la fraternité, tous étant affidus à leurs poftes, le premier foin doit être de difcuter publiquement les qualités perfonnelles des candidats, de reprocher fans crainte les crimes ou les fautes, ou les incapacités les

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moins connues; de dire avec la même impartialité les vertus de fes amis, de fes parens, fût-ce même de fon fils. Mais fur-tout que les citoyens prennent garde de donner leur voix pour la convention nationale à aucun des individus qui vivent des abus qu'il faut réformer, quelle que foit leur intégrité, leur vertu, non que nous prétendions qu'il ne fe trouve pas un honnête homme dans les emplois abufifs de l'ancien régime, mais parce qu'il s'en trouve peu', parce qu'il ne s'y en trouve que comme par exception, & qu'il feroit abfurde de prendre des exceptions pour règle d'inconduite générale. Or, quels font ceux qui vivoient des abus de l'ancien régime, c'est-à-dire, du régime de 1789, 90, 91 & 92? Tous les agens du pouvoir executif, tous les amis du roi, tous les hommes employés par le roi, tous les conftitutionnels tous les feuillans, tous les prêtres, tous les juges, tous les adminiftrateurs, enfin tous les fonctionnaires publics qui correfpondoient d'une manière quelconque avec le chef du pouvoir exécutif, ou plutôt le chef de tous les contre révolutionnaires: ainfi, point d'anciens miniftres, point d'anciens commis, point d'agens de la trésorerie nationale, point d'officiers nommés par le roi, point d'anciens commiffaires du roi près les tribunaux, point de membres de ces mêmes tribunaux, point de fecrétaires-greffiers, enfin pas un feul individu qui fe foit autrefois trouvé dans la dépendance de Louisle-Traitre. Les avocats & tous les gens de loi, tous les avoués près des tribunaux font également fufpects & indigens, ou incapables de figurer à la convention nationale; leur bavardage & leur intérêt perfonnel doit les exclure de toutes les places jufqu'à ce qu'ils foient devenus citoyens. Quant aux prêtres, même conftitutionnels, en eft-il un bon dans toute la France? Il faut auffi que ceux-là deviennent citoyens avant qu'on penfe à les admettre aux emplois de la république. Pour ceux qui fe font imperturbablement dits les amis de la conftitution de la conflitution toute entière, on fait affez qu'ils font dans ce moment les ennemis les plus dangereux de l'état ; c'eft la conftitution qui a caufé tous les maux paffés : ne feroit-ce donc pas une contradiction révoltante que d'appeler à la convention les amis de cette même conftitution? Citoyens des affemblées primaires, depuis trois ans Vous avez la mesure du patriot fme de vos concitoyens:

rappelez-vous ceux qui ont été le plus calomniés, le plus perfecutés; rappelez-vous ceux qui ont été défignés, comme factieux, républicains, agitateurs du peuple; voilà, voilà les teuls hommes qui conviennent à la convention nationale. Non, la France ne doit aujourd'hui regarder comme dignes de fa confiance que ces hommes tévères qui ont bravé tous les préjugés, méme celui de la conftitution, pour conferver dans leur coeur & dans les affemblées du peuple ces fentimens brûlans, ce feu facré du patriotime que des traîtres avoient voulu éteindre fous le poids d'une conft tution informe & diamétralement oppofée à la liberté, à l'égalité. S'il faut des preuves pour être admis aux emplois publics, ceux-là n'en ont-ils pas donné d'affez éclatantes, qui ont conftamment résisté au -torrent des perfécutions, prefque légalifées par l'ignorance du vulgaire?.

Si le malheur de la France étoit tel que la convention nationale ne fût pas entiérement compofée de ces hommes prétendûment exagérés, de ces hommes qu'on avoit rendus odieux en les qualifiant de factieux & de républicains, c'en feroit fait de l'empire, les modérés, tous mercenaires par nature, fe vendroient aux puiffances qui en offriroient le plus. Ne calculons pas le temps de la convention fur le temps actuel ; nous fommes en infurrection aujou d'hui, & quand un peuple eft infurgé, tout tremble devant lui; mais de jour en jour nous verrons la fainte fureur du peuple fe calmer, nous verrons les hommes conftitués en autorités fe livrer de -nouveau à leurs penchans; & fi vous les cho fiffez tels que leurs penchans foient néceffairement vicieux, que - pouvez-vous attendre d'eux ? Rien: il faudra encore avoir recours à l'infurrection; mais contre qui cette infurrection? Contre les repréfentans du peuple. Ah! ce feroit - le dernier des malheurs. Une infurrection contre les re-préfentans du peuple jette un état dans l'anarchie, ouvre la voie à toutes les factions, précipite la ruine de la patrie. Le moyen de l'éviter eft de choifir des hommes qui fervent fi bien le peuple, que le peuple ne puiffe pas faire mieux qu'eux: & encore une fois ces hommes font tous indiqués par les calomnies & les liftes de profcription de l'ancienne cour...

Citovens, pefez bien ces vérités, & la patrie eft fauvée, lauvée par vous tous, c'eft-à-dire, par l'exercice fimul

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tané de ces vertus obfcures qui ne font ni l'orateur ni I héros, mais qui font le bon citoyen: voilà en peu de mots tout ce qui concerne le choix des membres qui doivent composer la convention nationale. Mais ce n'est pas tout fans leur donner précisément des mandats généraux, il faut cependant que les affemblées primaires leur impofent des loix qu'ils ne puiffent pas franchir, & contre lefquelles ils ne puiffent pas délibérer. Le moment eft arrivé de dire une grande vérité, c'est qu'aujourd'hui nous sommes tellement avancés dans la carrière de la liberté, qu'il n'eft pas poffible qu'il y ait déformais de rois en France leurs ftatues renversées, ce nom devenu odieux, les crimes inouis du dernier d'entre eux, jettent, une telle horreur fur la royauté, qu'un magiftrat, portant Pinfâme nom de roi ne fauroit plus jouir de la confiance publique les loix dans fes mains ne feroient plus que des objets de terreur ou d'averfion; & cet état. de chofes ne fauroit convenir à un peuple qui veut être, libre par la loi. Il n'eft pas dans le cœur de l'homme de refpecter jamais l'idole qu'il a une fois brifée, les Français ont brifé l'idole de la royauté, iis ne la refpecteront jamais. Quand un peuple a détruit une inftitution le législateur eft un fot ou un fourbe s'il veut la reproduire il en faut créer une nouvelle ainfi il faut au, peuple français quelque chofe à la place de l'ancienne inftitution de la royauté; il lui faut un chef du pou voir exécutif qui ne porte plus ce nom, qui ne foit plus ni héréditaire, ni à vie, qui n'ait plus aucune de fes anciennes prérogatives, enfin qui ne lui reflemble en rien, dans tout ce qui concerne les formes extérieures qui parlent aux yeux donc les affemblées primaires doivent,

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. recommander à leurs députés à la convention natiomale de changer la forme du gouvernement. Plus de roi, plus de roi doit être le premier mandat impératif des repréfentans du peuple."

2. Les affemblées primaires doivent dire à leurs députés que tout article de la nouvelle conftitution, qui ne. feroit pas conforme à la déclaraion des droits, est d'avance cenfé nul & non-avenu.

Nous obferverons, en troifième lieu, qu'à la première & à la feconde légiflature, beaucoup d'intrigans ont abúfé de la confiance de leurs commettans fans que ceuxcaient pu les révoquer; & pour que ce même incon

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