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honnête homme, ce qu'il n'avoit pu faire fans des recherches rigoureufes für les refforts que l'on avoit mis en œuvre, pour entretenir les abus dans l'adminiftration de la juftice.

Quel que foit le fuccès de l'affaire de la vifitation, on prétend que la cour impériale eft réfolue de mettre fur le tapis celle des monnoies qui ne préfentera pas de moindres difficultés, foit qu'on veuille introduire en Allemagne un tarif général, foit qu'on veuille établir une proportion uniforme entre les efpeces d'or & d'argent. Il paroit que la difcuffion qui concerne les douanes de Baviere, va être terminée inceffamment.

Les Officiers pruffiens qui font en recrue ici difent qu'ils ont reçu ordre de se tenir prêts à à joindre leurs régimens, avec leurs Bas-Officiers & les recrues.

On commence à craindre que le traité conclu, en 1767, entre la Ruffie & le Danemarck, qu'on fuppofe avoir été relatif au Holftein ducal, ne foit point ratifié par le Grand-Duc de Ruffie. Suivant l'opinion publique, ce traité devoit lever enfin les difficultés & les conteftations qui fubfiftent depuis plus d'un fiecle, entre les deux branches de la maifon de Holftein. Comme cette dif◄ uffion occupera probablement les papiers publics,' nous croyons devoir remonter à fon origine, pour faire connoitre à nos lecteurs les droits refpectifs des Princes qui pourront fe difputer ce duché.

Fréderic, Roi de Danemarck, Duc de Slefwic & de Holftein, laiffa deux fils, le Roi Chrétien III & le Duc Adolphe. Le droit d'aineffe n'étoit pas encore introduit alors dans cette maifon royale; les deux freres partagerent en conféquence les états paternels en 1544. Chrétien III obtint les royaumes de Danemarck & de Norwege, qui ne pouvoient pas être divifés. Quant au duché de Slefwick, fouveraineté unie depuis longtems au Danemarck fans y être incorporée, le Roi eut pour La part la ville de Flensbourg & quelques bailliages voifins, compofés de 1979 charrues entieres. On eft

forcé de fe fervir de cette évaluation, parceque les contributions fe levent par charrues dans les deux duchés ; la taxe eft aujourd'hui de trois écus, par mois par chaque charrue. Le Duc Adolphe obtint, en toute fouveraineté, la capitale de Slefwick avec la réfidence de Gotforp & en différens bailliages, le fonds de 4499 charrues. Le duché de Holftein, qui eft un fief de l'empi-. re, & qui tient au corps germanique, fut également partagé entre les deux freres, mais d'une maniere fi extraordinaire, qu'il ne préfente que des lambeaux de dif-i férentes dominations. En effet, ce duché étant compofé de quatre provinces, toutes qualifiées du titre de duché; fçavoir, du Holstein proprement dit, de la Wa grie, de la Stormanie & de la Dithmarfie; les deux freręs voulurent avoir une portion de chacune de ces provinces. Le lot du Roi comprit la capitale de Renfbourg, & dans plufieurs bailliages, le fonds de 270, charrues: celui du Duc renferma la capitale de Kiel, & le fonds de 1732 charrues. Ce partage fubfifta tranquillement jufqu'au milieu du dix-feptieme fiecle : à cette époque, l'attachement des Ducs de Holftein pour la cou-! ronne de Suede, qu'ils regardoient comme leur unique appui contre les entreprifes de la cour de Copenhague fervit de motif à cette cour pour s'attribuer des droits de fouveraineté fur le Slefwick ducal. Ces prétentions furent vivement combattues par les Ducs de HolsteinGottorp; & les traités de Copenhague de 1658 & 1660. de Fontainebleau de 1679, de Hambourg de 1689, & de Travendahl de 1680, conclus fous la médiation, & la garantie des principales puiffances de l'Europe, affurerent l'indépendance du Slefwick ducal, jufqu'en 1712 que le Roi de Danemarck s'empara de cette province après la capitulation du Général de l'armée fuédoife Steenbok, fous les remparts de Toenningue. La Suede confentit par le traité de Frédérichsbourg, conclu en 1720, que S. M. Danoife en confervat non-feulement la fouveraineté, mais encore la propriété domaniale & feigneuriale: mais la branche ducale de Holftein, donc le Grand- Duc de Ruffie eft aujourd'hui le chef, n'a, pas encore renoncé à fes droits fur cette partie de fon héritage, & l'on a vu en 1762 Pierre III fe difpofer à les faire valoir. Aujourd'hui, on préfume que le traité de 1767 décide non-feulement la conteftation exiftante; mais qu'il eft question encore d'un échange des territoi res qui compofent le Holftein ducal, foit qu'on veuille réunir les deux parties du Holftein fous la domination

danoife, moyennant des équivalens à céder à la branche ducale, foit qu'on fe borne à ne former du Holfteinducal qu'une feule & même masse continue, en abrogeant le partage minutieux de 1544.

VIENNE (le 12 Janvier.) Quoique le gouverment eût pris, depuis quelque tems, la précaution d'indiquer au public à quelles marques on pouvoit diftinguer les faux ducats qui s'étoient in-troduits dans le commerce, le nombre en a tellement augmenté, & ils étoient contrefaits avec tant d'art, qu'il n'étoit plus poffible d'en faire la différence avec les ducats hollandois de bon aloi. Le dommage confidérable que cette circulation occafionnoit dans le commerce, a déterminé l'Impératrice-Reine à rendre une ordonnance qui met: hors de cours dans fes royaumes & pays héréditaires, tous les ducats hollandois, fans aucune distinction, à commencer au 1er. Mars prochain; défend de les donner ou recevoir dans les caifles publiques ou particulieres, fous peine de confifcation: pour que les caiffes, ou les particuliers qui feroient pourvus de ces efpeces, puiffent s'en défaire fans une perte confidérable, l'ordonnance permet que chacun puiffe, jusqu'à la fin dudit mois de Mars, les envoyer hors du pays, en les faifant cacheter, ou les changer aux hôtels de monnoies fur le pied de leur valeur intrinfeque; après ce terme, tous les ducats d'Hollande trouvés dans les terres de la domination autrichienne, feront confifqués. Le tranfit en fera néanmoins permis, pourvu qu'ils foient annoncés & cachetés à la douane de la frontiere.

Par une autre ordonnance, du 19 du mois dernier, l'Impératrice-Reine déclare qu'elle auroit bien defiré diminuer une partie des impôts qu'elle leve fur fes chers fujets; mais que des raifons d'état & les circonftances actuelles ne lui permet

tant pas cette diminution, elle fe trouve oblig te de les continuer en 1773, fur le pied qu'ils étoient en 1772, & qu'ainfi chacun d'eux ait à faire remettre à tems à la caiffe impériale fa quote-part, à proportion de ce qu'il eft taxé.

Leurs Maj. Imp. ont nommé Conseiller Intime d'état le Comte Rodolphe de Caronini de Cromberg, Chevalier de l'ordre-royal de St. Etienne, Confeiller au département de Gorice & de Gradifca. L'Impératrice - Reine a accordé en même tems la clef de Chambellan aux Comtes de Seilern & d'Herberftein, Confeillers de régence.

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La cour a fait remettre aux Miniftres étrangers qui réfident ici, & a envoyé, en même tems fes Miniftres dans les cours étrangeres déduction de fes droits fur les provinces de Pologne qu'elle a fait réoccuper par fes troupes.

L'Empereur, qui a befoin de délaffemens, prend affez fouvent le plaifir de la chaffe au fanglier : S. M. voulant détruire ces animaux, qui privent les cultivateurs du fruit de leurs travaux, a permis à tous les Gentilshommes de les chaffer en quelqu'endroit que ce foit.

Le 1er. de ce mois, L. M. Imp. recurent les complimens des Miniftres étrangers & de la principale nobleffe. Le même jour, les éleves du college royal Théréfien, furent admis à l'honneur de baifer la main de Leurs Maj. Imp. Le Comte Profper de Sinzendorf, adreffa à l'Empereur un difcours en langue françoife, au nom de toute l'académie. Le Comte Ant. Colloredo de Wallfée, eut auffi l'honneur de complimenter l'ImpératriceReine en langue allemande.

Les jeunes Officiers qui avoient été tirés de divers régimens pour former la garde-noble, ont été renvoyés à leur corps, & font remplacés par d'anciens Officiers réformés ou penfionnés, hors d'état de fupporter les fatigues de la guerre, Cette

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no uvelle garde, qui a commencé fon service, le Ir. de ce mois, a le même rang, le même uniforme & les mêmes appointemens que l'ancienne, dont elle ne differe que parcequ'elle n'a point de chevaux.

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Le carnaval a été ouvert le 7 par un bal dans la redoute de la cour. L'Ambassadeur de France a commencé auffi à donner en fon hôtel un bal à la principale nobleffe.

On attend ici le Prince-Evêque de Paffau, nommé, depuis peu, Cardinal; il recevra la barette des mains de l'Empereur.

L'Impératrice-Reine vient de réunir en une feule les différentes académies de peinture & de fculpture, d'architecture, de deffin & de gravure au burin & en relief. Ce nouvel établissement portera le titre d'Académie des arts réunis. Le Prince de Kaunitz-Rittberg en a été déclaré protecteur, & elle fera dirigée par un feul chef ou Président, que ce Prince nommera par quatre membres tirés de l'Ordre de la nobleffe, & par quatre autres choifis parmi les amateurs. L'inauguration s'en eft faite avec beaucoup de pompe.

Il arrive ici prefque journellement, des tranfports de recrues, formées des plus beaux hommes de l'empire. On les fait paffer fucceffivement en Hongrie, pour y être incorporés dans les divers régimens qui y font en garnifon.

Il réfulte des informations faites par ordre du gouvernement, touchant les progrès des maladies épidémiques, qui continuent d'affliger la Bohême, que,du Ir. Janvier jufqu'au Ier. Septembre, il eft mort dans ce royaume 168, 331 perfonnes, & que, pendant le même intervalle de tems, il n'y a eu que 82, 050 naiffances; ce qui forme une dépopulation de 86, 281 perfonnes. On craint que le résultat des quatre derniers mois ne préfente un tableau plus effrayant. Les ravages de

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