voyés, à l'exception des vaiffeaux de guerre napolitains & maltois, qui font encore à Alicante. Trois chébecs efpagnols font partis de Barcelone pour escorter les troupes qui vont au fecours d'Oran, que les Algériens menacent d'emporter d'affaut. Ces lettres ajoutent que le mauvais fuccès de l'entreprise fur Alger a excité un mécontentement général contre le général O Reilly; que fon épouse a été obligée de fe retirer dans un couvent à Madrid, pour fe fouftraire au reffentiment de la populace, & qu'à Sarragoffe, l'effigie de ce général a été traitée ignominieufement. On apprend de l'ifle de Corfe que le comte de Marbœuf eft actuellement à San Fiorenzo, d'où il se rendra à Calvi; il a parcouru toute la Balagne & a fait rentrer dans les garnisons toutes les troupes qui cantonnoient en divers endroits de cette pieve. Ce général eft occupé à faire faire un arpentage général de terres de l'ifle, afin de pouvoir répartir les taxes proportionnément aux biens de chaque propriétaire. On apprend d'Ajaccio que le fameux Zampaglino, dont on n'avoit jamais pu fe faifir, a été trouvé mort de fa mort naturelle, dans une grotte près de Eaftelica; il ne lui refte plus que 7 compagnons de fa révolte qui implorent la clé mence du gouvernement, & qui efperent obte nir leur pardon. CHAMBERY (le8 Septembre.) Mme. la princeffe de Piémont a fait ici fon entrée publique avant-hier, à 8 heures du foir. L. M., qui, avec toute leur famille, étoient allées à fa rencontre aux Echelles, l'accompagnoient. Le cortege confiftoit en différens détachemens de dragons, des gardes-du-corps, & en une compagnie de dragons-légers, que compofoient les principaux habitans de cette ville. Les carroffes de L. M. & de L. A. R. étoient suivis de ceux des fei gneurs de la cour & d'un grand nombre de nobleffe à cheval. La cérémonie du mariage fefit à la chapelle du château, où l'archevêque prononça un difcours, relatif à la circonftance. Lorfqu'elle fut terminée, on l'annonça au peuple par une décharge générale de l'artillerie, & une falve de toutes les troupes fous les armes. Les dames de la cour furent enfuite préfentées à la princeffe, & eurent l'honneur de lui baifer la main. Le foir, il y eut grand gala : toute la ville & le théâtre furent illuminés. Hier, les miniftres étrangers en corps complimenterent fon A. R. Aujourd'hui, on attend Monfieur & Madame, dont la préfence comblera la fatisfaction de L. M. Le roi vient de donner une marque touchante de fa bienveillance & de fon empreffement à faire le bonheur de fes peuples, en accordant à la fociété royale d'agriculture 50, 000 livres, pour être employées aux objets qu'elle croira propres à perfectionner l'agriculture de ce duché. Les membres de cette fociété fe font affemblés pour aller remercier par députation le roi de cette faveur. Ils ont été reçus avec cette bonté & cet intérêt pour le bien de ses sujets qui font le caractere propre de ce monarque bienfaifant. S. Maj. a bien voulu permettre qu'on la plaçat à la tête du tableau de la fociété, dont elle ne dédaigne pas d'être regardée comme le premier membre. ESPAGNE, MADRID (le 8 Septembre. ) Le comte de Sayve, lieutenant-général des armées du roi & capitaine-général de la province de Valence, fentant que les forces diminuoient avec l'âge & ne lui permettoient plus de remplir les fonctions de fes divers emplois, a obtenu fa démiffion du roi, qui, en confidération de fes fervices, lui continue fes appointemens, avec la permiffion de fe retirer dans l'endroit qu'il jugera le plus convenable à fa fanté. S, M. a dispofé de fon pfte de capitaine-général en faveur du marquis Van-Marcke, capitaine-général de l'Andaloufie, qui y eft remplacé par le comte O-Reilly. L'emploi qu'avoit ce dernier de gouverneur & commandant-général de Madrid & de fon diftri, a été conféré à Don Pedro de Cevallos, lieutenant- général, confeiller de guerre, & capitaine-général de l'Eftramadoure-Efpagnole. S. M. a en même tems difpofé de la place de grand-écuyer du prince des Afturies, vacante par la mort du marquis de Hariza, en faveur du comte d'Altamira, qui rempliffoit la même place auprès de la princeffe des Afturies, & auquel fuccede le duc de Yxar. On a expédié à Alicante un ordre au comte O-Reilly, lieutenant-général, de paffer à Cadix avec les autres généraux les Srs. Castejon, Abarca & Don Antonio Riccardo. Les Maures ont pris un de nos bâtimens, qui avoit 19 hommes d'équipage. On écrit de Ste. Croix de Ténériffe, dans les Canaries, que des foldats de la frégate la Pourvoyeufe, qui avoit relâché dans ce port, étant occupés à laver leurs lits fur le bord de la mer, un d'eux fe jetta à la nage pour reprendre une planche qui s'étoit échappée; mais comme il fe noyoit, un de fes camarades courut à fon fecours, & éprou va le même fort; un troifieme les fuivit, & fut auffi malheureux. Cette trifte scene se passa devant la maison du conful de France, qui ordonna d'y faire tranfporter les noyés qu'on avoit retirés. Le chevalier d'Estelle, commandant de la frégate, fit appeller le Sr. Kaudrin, chirurgien major, qui vint, accompagné de fes aides: on leur adminiftra les fecours indiqués pour les noyés; mais on ne put en rappeller qu'un des trois à la vie, les deux autres ayant été fuffoqués par la fatale précaution de leurs camarades, qui, fuivant l'ancien & dangereux ufage, les avoient fufpendus par les pieds pour leur faire rendre l'eau qu'ils avoient bue. CARTAGENE (le 20 Août.) Le 7 de ce mois, le chebec du roi la Notre-Dame du Pilar, commandé par le Sr. de Cafony, partit de ce port, efcortant onze bâtimens marchands de divers pavillons, & condu fant à Oran les deux feconds bataillons des régimens de Murcje & du prince, quí paffent à cette place. Le vaiffeau de guerre le St. Jofeph, de 70 c3nons, commandé par le chevalier de Barona, qui conduifit içi des bleffés de l'efcadre d'Alicante, eft actuellement prêt à faire voile de ce port au premier ordre, conjointement avec le vaiffeau l'Orient, auffi de 70 canons. On arme dans cet arfenal les deux vailleaux de guerre le Monarque & le Sérieux, dont on attend de Catalogne les équipages. It eft arrivé ici deux bâtimens marchands, venant de Barcelone, chargés de fafcines & de piquets deftinés pour Oran." PORTUGAL. 4 LISBONNE (le 30 Juillet.) Le roi vient de fire publier une ordonnance très-intéreffante dont le but eft de rétablir la décence & les mœurs a'empêcher les défor tres qui déshonorent les fi milles, par la féduction & par des mariages inégaux & honteux, fuites de cette même féduction. Il n'étoit pas rare de voir des jeunes gens d'un rang élevé fe répandre dans les milons des clai fes inférieures, où ils étoient attirés par de jeunes perfonnes du fexe, très-aimables, qu'ils félai foient & abandonnoient enfuite; dans quelquesunes de ces claffes, les peres, meres ou tuteurs. des jeunes demoifelles attiroient quelquefois les jeunes gens riches, dans l'efpérance de procurer à ces dernieres des établiffemens auxquels leur naiffance & leur fortune ne leur permettoient pas d'afpirer. Ces mêmes défordres n'étoient pas moins communs dans les grandes maifons où fe trouvoient de riches héritieres; elles étoient recherchées par des gens fans fortune qui parvenoient fouvent à s'en faire aimer, & à en obtenir des faveurs qui forçoient les familles à preffer une union qu'elles n'auroient jamais formée; les mariages. clandeftins avoient auffi lieu. Le roi, par la loi que nous annonçons, profcrit tous les mariages de cette efpece; il ordonne qu'on faffe fubir aux féducteurs, quels que foient leur rang & leur qualité, les peines portées par les anciennes ordonnances, & par celle-ci. Tout féducteur noble fera puni par dix ans d'exil à Angola; celui qui ne le fera pas, par dix ans de galeres ; les peres & tuteurs coupables d'intrigues pour former des établiffemens à leurs enfans ou à leurs pupilles, feront punis de la même maniere; les filles victimes de la féduction feront exclues des familles qu'elles auront déshonorées par leur conduite, & déhéritées ipfo fado. Les loix, partout où elles féviffent contre les coupables, n'ont aucune force contre les gens de naiffance & de fortune, que quelquefois on ménage, & qui paient auffi quelquefois bien cher ces ménagemens; cet abus avoit auffi lieu dans ce pays, & l'ordonnance y remédie. Dès que les défordres de ce genre viendront à la connoiffance des tribunaux, il eft enjoint à la pertie publique d'en pourfuivre les auteurs, quard même il n'y auroit point de plaintes de la part des perfonnes léfées. Elle déférera le crime aux loix, qui pourfuivront le coupable; il fera jugé & |